Le destin de l´existence est-il d´être déchiré entre l´absolu et l´être particulier, contingent et relatif, soumis à une nécessité aveugle et fatale ? Le monde, pour avoir une valeur, doit-il être relié à un idéal transcendant qui le sauve de lui-même, c´est-à-dire du mal et de la privation ? Enfin, la vie d´un individu est-elle enfermée dans un dilemme : ou l´altruisme du sacrifice à la communauté, ou l´égoïsme exclusif et dominateur ? Il faut lire et relire Spinoza pour surmonter ces faux problèmes, marqués par l´impuissance et le ressentiment. Les individus sont puissants et libres, malgré leurs limites ; ils expriment dans leur être et dans leurs rapports une activité, qui affirme l´infini en toute chose singulière. La réalité du monde se confond avec sa perfection, dans une infinité d´effets dont la richesse est inépuisable. Enfin, c´est au sein de la multitude que se déterminent les conditions de la libération, à travers l´assomption vécue et pensée, par chacun, des rapports nécessaires qui constituent son existence. Cet essai veut expliquer en quoi la finitude de l´existence humaine exprime une réalité positive et infinie. Il montre comment l´expérience - affective, pratique, politique et morale - est le lieu où s´inventent des individualités libres, agissantes et aimantes. Hadi RIZK, ancien élève de l´ENS, est professeur de khâgne au lycée Henri-IV (Paris).