Rostand, mort en dix-huit - il y a donc cent ans * -,
M'a éteint, acte cinq, dans un halo d'argent...
Mais mon souffle a repris en cet anniversaire,
Et me revoilà donc, debout comme naguère !
Je fus ma vie durant dans le verbe et l'action ;
Mes élans, mes émois, mes sombres réflexions,
Je n'en ai rien livré... Le poète est silence,
Qui noie au fond d'un vers vague à l'âme et souffrances...
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Le rideau est tombé : à vous de le rouvrir !
Fervent, indépendant, vainqueur comme martyr :
Aujourd'hui plus qu'hier, au seuil de l'« Autre monde »,
Que faut-il retenir de mes choix, de mes frondes ?
Vous croyez tout savoir de l'homme et de ses gestes
Mais êtes-vous bien sûrs de ce qu'il vous en reste ?
Entendez-moi confier bien des années plus tard
Ce que l'on dit enfin quand il n'est plus de fard.
Je m'abandonne à vous dans ce long testament...
Écoutez ces échos venus d'un autre temps,
Sentez battre mon coeur, encor', dedans ces lignes,
Levez le nez au ciel, Cadets, je vous fais signe !
Mourir, je ne le peux car, pour qui m'aime encor',
Mon panache, toujours, cabrera sous le mors !
Je m'en recouvre là, et prends ici congé.
Je reste entre vos mains et retourne au passé.
J'y veillerai pour vous, avec ou sans lumière :
Elle ne tient qu'à qui en fera son affaire !
*Acte VI a été écrit en 2018, à l'occasion du cent cinquantième anniversaire de la naissance et du centième anniversaire de la mort d'Edmond Rostand.