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Grasset
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A l'heure où le débat politique fait de nouveau référence, avec insistance, mais aussi avec confusion, à la liberté du peuple souverain, il redevient indispensable de se demander ce qui fait précisément qu'un peuple peut se penser comme libre.
La liberté d'un peuple se mesure-t-elle à la façon dont les droits des individus qui le composent se trouvent protégés ? Ou bien devons-nous considérer qu'un peuple libre est aussi, voire surtout, un peuple dont les vertus civiques sont suffisantes pour soutenir la participation des citoyens à la vie publique ?
Deux modèles hantent ainsi notre imaginaire démocratique : celui du libéralisme politique, celui du républicanisme. Sont-ils incompatibles ? Peuvent-ils s'articuler, et à quelles conditions, l'un à l'autre ?
Cet essai à la fois historique et critique entreprend de reconstruire la logique interne de ce dédoublement qui, dans les actuelles divisions de notre vie politique, joue un rôle de plus en plus déterminant, au point de subvertir les anciens clivages entre gauche et droite, ou entre progressisme et conservatisme. -
En décembre 1933 paraissait L'Etre et le néant. Cinquante ans après, l'impossibilité de concevoir un projet du même ordre fournit la meilleure approche négative de notre situation philosophique. Dernier philosophe d'un style aujourd'hui disparu, Sartre fut aussi le premier philosophe de renom dont le trajet consacra le divorce entre production philosophique et institution universitaire. S'y rattache le singulier destin qui fit de lui, après 1945, le détenteur du plus absolu magistère intellectuel jamais connu jusqu'à ce jour. C'est à interroger les raisons de cette mutation, inscrites au coeur de la philosophie du premier Sartre, que s'emploie ce livre : ni sartrien ni sartrolâtre, mais contribuant à ouvrir une interrogation sur ce qu'il pourrait en être de la condition philosophique à la fin du XXe siècle.
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Qu'est-ce qu'une politique juste ?
Alain Renaut
- Grasset
- essai français
- 13 Octobre 2004
- 9782246654995
Cet essai renoue avec la grande tradition de la philosophie politique « pratique » telle que le philosophe John Rawls l'a conceptualisée. Un va-et-vient permanent entre la théorie et l'action, entre les « représentations du monde » et l'actualité, donne à cet ouvrage sa singularité - et sa formidable utilité.
Les repères du débat politique sont aujourd'hui pour le moins brouillés. L'explosion du bloc de l'Est avait déjà fragilisé, depuis une quinzaine d'années, une gauche longtemps dominée par des schémas de pensée issus du marxisme. Ni les septennats de François Mitterrand, où les illusions ont vite cédé le pas au pragmatisme, ni les chances qu'offrit en 1997 une reconquête du pouvoir vite obérée par l'échéance présidentielle, n'ont donné lieu à un aggiornamento d'ampleur. Le séisme politique de 2002 acheva de jeter notre univers politique dans une situation d'extrême désarroi. Les échecs successifs de la droite, sur les quelques dossiers qu'elle tenta d'ouvrir depuis son retour au pouvoir, n'ont rien arrangé à cet état de confusion. Depuis le rassemblement républicain d'avril 2002 contre le Front National, le débat politique, inaudible à gauche comme à droite, a atteint ainsi son degré zéro. Seule la répétition d'alternances rapides paraît désormais pouvoir maintenir politiquement l'apparence d'une dynamique.
Parce que la vie de la cité requiert des choix qui engagent une représentation de l'avenir, cet essai exprime une conviction : plus rien aujourd'hui, sur les principes ultimes auxquels nous nous référons, ne distingue suffisamment gauche et droite. Plus de justice sociale dans le respect des mêmes libertés fondamentales : qui n'adhérera à un tel programme ? Un véritable débat sur ce qui serait politiquement juste requiert avant tout, à gauche comme à droite, la capacité de faire valoir des choix. Et pour dégager les conditions d'une « politique juste », l'auteur s'emploie ici à montrer que nous pouvons mieux faire resurgir la force des principes en nous demandant, non plus seulement de quelle manière les fonder en raison, mais comment il peut se faire qu'à partir des mêmes principes, viennent à se creuser, dans la politique telle qu'elle se fait, des désaccords dans leur application. Au-delà d'une perception plus claire des principes de justice, la voie d'une politique juste requiert la capacité à mieux discerner, quand il s'agit d'appliquer ces principes, quelle est la logique des possibles. Ce qu'Alain Renaut tente de faire ici à partir de dossiers particulièrement délicats où s'est embourbée en France l'action politique la plus récente : celui de l'enseignement des langues régionales, celui de l'autonomie des universités. -
Une éducation sans autorité, ni sanction ?
Albert Jacquard, Pierre Manent, Alain Renaut
- Grasset
- Collège de Philosophie
- 19 Février 2003
- 9782246646396
L'éducation est, pour les sociétés démocratiques, un problème et un enjeu majeurs. S'il est vrai que nulle société ne peut faire l'économie d'une réflexion sur les conditions qui permettront d'assurer la bonne transmission des savoirs et des pratiques sans lesquels elle ne pourrait subsister, il n'en demeure pas moins que le problème de l'éducation paraît singulièrement aigu pour les sociétés démocratiques et modernes qui se doivent d'articuler les exigences de l'éducation aux valeurs de l'individualisme.
On parle communément d'une " crise de l'éducation ", et l'on associe parfois celle-ci à la mise à mal de l'autorité. Autour de ce thème, se livre aujourd'hui un dur combat d'idées sur la pédagogie de l'âge démocratique. De quelle nature est cette crise de l'éducation ? Et quelles solutions pouvons-nous envisager ? Albert Jacquard, Pierre Manent et Alain Renaut en débattent et font émerger, à cette occasion, des clivages qui permettent d'éclairer d'un jour nouveau ces interrogations. -
La guerre des dieux
Sylvie Mesure, Alain Renaut
- Grasset
- Collège de Philosophie
- 6 Novembre 1996
- 9782246483199
La Guerre des Dieux est une expression célèbre utilisée par Max Weber, en 1919, pour caractériser le conflit des valeurs dans le monde moderne. Le philosophe allemand voulait, par cette formule, dire que le conflit entre deux individus ne partageant pas la même conviction était, dans nos sociétés laïques, si impossible à trancher rationnellement, que cela ne pouvait se comparer qu'au combat des dieux de l'Olympe. Ce fait est une conséquence de l'évolution de nos sociétés, dans lesquelles il n'existe plus d'autorité traditionnelle susceptible d'émettre des jugements acceptables par tous. Comment, dans ces conditions, "vivre ensemble" ? Comment arbitrer des conflits où s'affrontent des subjectivités irréductibles ? C'est à l'histoire de ce problème - de Max Weber à Aron ou Sartre et Heidegger - que s'attache ce livre.
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Ici, la vraie question ne sera plus de savoir si Martin Heidegger fut, ou ne fut pas, le complice philosophique des nazis. Ne serait-il pas plus raisonnable, dès lors, de se demander pourquoi et comment les intellectuels français n'ont pas osé, depuis trente ans, désacraliser une pensée si fermement enracinée dans son refus de la culture démocratique ? Plus encore : Heidegger fut-il, pour nos Modernes anti-modernes, l'ultime caution disponible après l'effondrement des marxismes ? Et ses principales thèses n'ont-elles pas fourni, à l'insu de tous, la matrice dans laquelle des intellectuels en mal de références ont voulu forger leurs slogans et leurs aversions d'époque ? Tel est donc l'objet de ce livre : refaire, à partir d'une oeuvre désormais suspecte, le chemin d'une histoire de l'esprit français et de ses aveuglements. Sur ce chemin, les auteurs rencontreront, bien sûr, la plupart des débats contemporains - du refus de la modernité à la critique soixante-huitarde de nos sociétés, de la haine de la technique à l'anti-humanisme obsessionnel de certains maîtres penseurs. On aura compris que, par-delà le philosophe de Etre et Temps, et par-delà ce qu'il appela lui-même sa "grosse bêtise", ce livre analyse d'abord les singulières naïvetés des intelligentsias qui n'ont jamais pu résister au plaisir de s'égarer.
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Philosopher à 18 ans ; faut-il réformer l'enseignement de la philosophie ?
Luc Ferry, Alain Renaut
- Grasset
- essai français
- 19 Mai 1999
- 9782246589396
L'enseignement de la philosophie est-il en "crise" ? On ne saurait, en tout cas, continuer d'écarter les faits car ils sont têtus et parlants : plus de 70% des élèves obtiennent au baccalauréat une note inférieure à 10. A l'agrégation, concours suprême de recrutement des professeurs, la moyenne à l'écrit n'atteint pas les 5/20 malgré de longues années d'études après le bac. Lors de la dernière session, sur 1400 copies de la première épreuve... 6 seulement ont obtenu plus de 12/20 !
Ces données brutes sont d'autant plus navrantes que les finalités de la philosophie et de son enseignement sont plus légitimes que jamais : en un temps où la vitesse de la communication l'emporte si souvent sur la patience du raisonnement, comment ne pas maintenir, et même développer, dès l'adolescence, l'idéal de penser sa vie par soi-même ? N'est-ce pas là la condition même de l'accession à la citoyenneté dès l'âge de dix-huit ans ? Que faire, dans ces conditions, pour que la philosophie cesse d'être la discipline maudite, celle qui fait peur, non par l'audace des pensées auxquelles elle donne accès, mais par la dureté de la sélection qu'elle risque de pratiques plus ou moins arbitrairement ?