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Editions l'Escalier
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Extrait
Gamiani
Monsieur, c’est une bien misérable surprise. Votre action n'est qu’un odieux guet-apens, une lâcheté infâme !...
Vous me forcez à rougir. (Je voulus me défendre.) Oh ! Monsieur, sachez qu’une femme ne pardonne jamais à celui qui surprend sa faiblesse.
Je ripostai de mon mieux. Je déclarai une passion funeste, irrésistible, que sa froideur avait désespérée, réduite à la ruse, à la violence.
D’ailleurs, ajoutai-je, pouvez-vous croire, Gamiani, que j’abuse jamais de ma témérité. Oh ! Non, ce serait trop ignoble. Je n’oublierais de ma vie l’excès de nos plaisirs, mais j’en garderai pour moi seul le souvenir. Si je fus coupable, songez que j’avais le délire dans le coeur, ou plutôt ne gardez qu’une pensée, celle des plaisirs que nous avons goûtés ensemble, que nous pouvons goûter encore.
M’adressant ensuite à Fanny, tandis que la comtesse dérobait sa tête, feignant de se désoler :
- Gardez-vous, mademoiselle, des larmes dans le plaisir.
Oh ! Ne songez qu’à la douce félicité qui nous unissait tout à l’heure, quelle reste dans vos souvenirs comme un rêve heureux, qui n’appartient qu’à vous, que vous seule savez. Je vous le jure, je ne gâterai jamais la pensée de mon bonheur en la confiant à d’autres.
La colère s’apaisa, les larmes se tarirent ; insensiblement, nous nous retrouvâmes tous trois enlacés, disputant de folies, de baisers, de caresses...
Oh ! Mes belles amies, que nulle crainte ne vienne vous troubler. Livrons-nous sans réserve, comme si cette nuit était la dernière, à la joie, à la volupté.
Et Gamiani de s’écrier : "Le sort en est jeté : Au plaisir !
Viens, baise donc, folle, tiens... Que je te morde... que je te suce ; que j’aspire jusqu’à la moelle. Alcide en devoir...
Oh ! Le superbe animal... Quelle richesse ! Vous l’enviez, Gamiani ? A vous donc. Vous dédaignez ce plaisir, vous le bénirez quand vous l’aurez bien goûté. Restez couchée, portez en avant la partie que je vais attaquer.
Ah ! Que de beautés, quelle posture ! Vite ! Fanny, enjambez la comtesse, conduisez vous-même cette arme terrible, cette arme de feu ; battez en brèche, ferme, trop fort, trop vite... Gamiani, ah ! Vous escamotez le plaisir.
La comtesse s’agitait comme une possédée, plus occupée des baisers de Fanny que de mes efforts. Je profitai d’un mouvement qui dérangea tout pour renverser Fanny sur le corps de la comtesse pour l’attaquer avec fureur. En un instant, nous fûmes tous les trois confondus, abîmés de plaisir...