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Baruch Spinoza
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Le point de départ de la réflexion de Spinoza, c'est son expérience propre : il sait, par l'observation, qu'il a un corps, et il a conscience de ses affects. Mais, si c'est bien là une sorte de connaissance, c'est une connaissance incomplète et douloureuse : avoir conscience, c'est, pour l'être humain, sinon toujours souffrir, du moins pâtir, être contraint, accablé.
Selon Spinoza, il importe de se faire de son être propre - et des accidents dont sa vie se compose - une idée comparable à celle qu'un mathématicien a d'une figure et des propriétés qui la constituent. Voilà pourquoi il écrit son Éthique "suivant l'ordre géométrique".
À la passion succédera alors l'action, à une nécessité extérieure et contraignante, une nécessité conforme à sa volonté devenue raison. Mais, pour atteindre ce but, une connaissance adéquate des rapports que l'être humain entretient avec l'univers est indispensable. L'Éthique, en un mot, prétend nous élever de la conscience à la connaissance de nous-mêmes, et cette connaissance commence par celle de Dieu. -
En 1670, Spinoza publie anonymement, en latin, le Traité théologico-politique pour défendre la liberté de penser. Un anonymat rendu nécessaire par le climat délétère qui régnait alors à Amsterdam. Le succès de l'ouvrage fut considérable et nourrit une polémique dans toute l'Europe. La pensée des Lumières, quelques décennies plus tard, lui doit l'essentiel : l'émancipation de la raison de toute espèce d'autorité extérieure. Son « athéisme » fit alors scandale. Avec une extrême vivacité, Spinoza ne témoignait pourtant que de son attachement à la tolérance et à la démocratie. Au regard de certaines questions qui nous taraudent, des défis que nos sociétés doivent relever, les pages qu'il consacre aux rapports de la Religion et de l'État sont d'une actualité brûlante et peuvent être l'occasion d'approfondir le sens et l'approche que nous avons de la Liberté.
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Voici Spinoza tel qu'en lui-même : il plaisante, travaille, s'inquiète, s'enthousiasme, parfois même se fâche. Des amis proches ou des lecteurs lointains lui écrivent des questions, auxquelles il répond comme il peut. Ses réponses ne sont pas celles d'un maître dispensant son enseignement, mais celles d'un homme construisant sa pensée dans la pensée des autres, avec leurs mots. On ne trouvera donc pas ici le philosophe en gloire, mais le philosophe en diffi culté, embarrassé à son bureau, mordant sa plume. Et c'est lorsqu'il est parfaitement pris au piège que Spinoza écrit ses pages les plus inspirées.
Pour la première fois, sa correspondance est reconstituée à l'aide de tous les documents disponibles et dans l'ordre chronologique : on y trouvera notamment les indications expédiées en urgence par Spinoza au moment d'éditer son manuscrit des Principes. Le dossier de cette édition propose en outre quatre textes devenus introuvables : le brouillon envoyé à Oldenburg, les notes de Blyenbergh sur l'échange oral qu'il eut avec Spinoza, les lettres de Huygens à propos du « Juif de Voorburgh », et la Profession de foi de son proche ami Jarig Jelles. -
Traite de la reforme de l'entendement
Baruch Spinoza
- Fayard/Mille et une nuits
- La Petite Collection
- 25 Mars 1998
- 9782755501964
Longtemps considéré comme un"brouillon" de "L'Ethique", le "Traité", véritable méthode, d'ailleurs sous-titrée "Traité de la meilleure voie qui mène à la vraie connaissance des choses", délivre un message philosophique original : l'Homme peut être sauvé. Par quelque intervention divine, par quelque grâce de la Providence? Nullement. Par ses propres moyens, par ses propres forces. Telle est, sans doute, la thèse la plus "hérétique" de la philosophie de Spinoza, aujourd'hui encore inacceptable.
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Dans les Lettres à M. de Blyendbergh, marchand de Dordrecht qui s'intéressait à la théologie, Spinoza revient sur la question du Mal, sur ses formulations oiseuses. Une vieille affaire, en effet, pour la philosophie et la théologie : le Mal est-il ? N'est-il que la privation du Bien (privatio boni) ? Comment Dieu a-t-il pu créer Adam pécheur ? Comment concevoir à la fois un Dieu bon et la présence du Mal ? Dans la Lettre à M. Louis Meyer, docteur en philosophie et médecine, il traite du libre-arbitre. Dans la Lettre à Henry Oldenburg, diplomate et homme de science d'origine allemande, devenu premier secrétaire de la Royal Society, qui entretint une vaste correspondance avec les chercheurs, savants et philosophes les plus en avance sur son temps, il aborde la question de Dieu et des miracles. Dans la Lettre à Isaac Orobio, (d'origine marrane, grand médecin très reconnu, physicien il trouva refuge à Amsterdam, ou peut-être à Jacob Osten) il répond à une sorte d'analyse critique du Theologico-Politicus faite par un autre de ses collègues médecins, et parle notamment de la superstition. Dans la Lettre à Albert Burgh, protestant nouvellement converti au catholicisme, il examine la démarche de Burgh et la mesure de son engagement dans l'Église romaine.