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Petit éloge de l'Amérique
Brice Matthieussent
- Gallimard
- Folio 2 euros / 3 euros
- 22 Août 2024
- 9782073057594
"L'idée d'un "petit éloge" ou d'un éloge mesuré, raisonnable, de l'Amérique me semble incongrue, voire erronée : j'aime ce pays avec passion et un autre en moi déteste furieusement certains aspects du même pays. Voilà pourquoi nous sommes deux, pourquoi nous parlerons à deux, l'un critiquant l'oeuvre de Dieu, l'autre défendant la part du Diable, mais tous deux dialoguant sans jamais avoir recours à l'insulte ni à la vocifération, nos échanges témoignant d'une confiance partagée en l'oreille de l'autre. Ainsi, loin des diatribes et des échauffourées, notre entretien évoquera davantage une conversation, chacun écoutant l'autre, chacun plaidant sa cause à tour de rôle en tenant compte des arguments de l'autre. Par quoi commençons-nous ?"
Ouvrant un dialogue avec lui-même autant qu'avec quelques immenses voix de la littérature américaine - Whitman, Dickinson, Kerouac, Harrison... -, Brice Matthieussent compose, attentif à ses multiplicités, un éloge de l'Amérique en forme d'archipel. -
Ils sont quatre amis à se retrouver rituellement depuis des années, chaque premier samedi du mois, dans un petit restaurant vietnamien de Paris. Tous ont en commun les souvenirs d'une ancienne vie passée sur le continent asiatique.
Ce soir-là, c'est Marco qui prend la parole - et il ne la lâchera plus. Sous le regard tour à tour intrigué, amusé ou inquiet de ses trois comparses, il plonge au coeur de ses ténèbres les plus intimes. Son récit va les ramener au temps du Vietnam des années 1970. Marco, alors tout jeune homme, revenu de l'utopie hippie et incertain de son avenir, inspiré par la figure de Malraux, avait décidé de partir jouer à l'aventurier au bout du monde, dans l'espoir de trouver un sens à son existence. Là-bas, deux rencontres cruciales, aussi belles que terribles, vont le bouleverser à jamais.
Un roman d'initiation et d'amitié en forme de subtil hommage aux grands classiques de Joseph Conrad. -
Traduire, c'est faire se rencontrer deux langues. Dans tous les sens du terme, y compris l'érotique. Entre Paris et New York, 1937 et 2007, sous cette couverture, les langues s'agitent, se délient et délirent, s'enroulent, bien pendues. Un traducteur français multiplie les notes en bas de page dans le roman américain qu'il traduit : ces (N.d.T.) excentriques tirent le livre vers le bas, en déplacent le centre de gravité, soutiennent une statue absente, celle du père sans doute. Puis un auteur vieillissant tente d'imposer à son traducteur des changements de décor inacceptables. Enfin, Dolores Haze - la Lolita de Nabokov - apparaît au seuil d'un passage secret parisien, tandis qu'une autre femme, sans lieu ni vergogne, vagabonde entre les langues. Vols et emprunts se multiplient, ainsi que caviardages et coups fourrés, jusqu'à l'envol final du traducteur, son apothéose et sa vengeance. Ceci est un livre d'images. Ceci est un roman.
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Lu-xuo-sa : ces trois syllabes légèrement nauséeuses pourraient désigner une maladie - J'ai attrapé une Luxuosa carabinée -, ou bien, à l'inverse, un médicament - As-tu pris ton Luxuosa ?.
C'est ici le nom d'un gigantesque paquebot de croisière où, sans savoir pourquoi, embarque Lola, belle grue cendrée, sagace et indépendante, chaussée de Converse et portant un sac Tati à rayures rouges et blanches.Comme dans W de Georges Perec, deux récits alternent, chacun trouvant son sens dans le miroir de l'autre : au fil de diverses rencontres, agréables ou terrifiantes, Lola s'aperçoit que ce bâtiment, à la
fois centre commercial et base de loisirs, est régi par un plan business et un système infantilisant Playmobil®. Dans le second récit, imbriqué au premier comme les nuits succèdent aux jours, les cauchemars de Lola tissent une trame sans défaut : y figurent un camp de prisonniers, un centre de tri, un navire évoquant le Luxuosa, d'anodines séances
de gymnastique dégénérant en torture collective, un casino sanglant donnant sur un aquarium à requins.
Une seule pensée obsède alors Lola : s'évader. Sur le mode du conte ou de l'allégorie, ce livre est une fable contemporaine dont la morale serait, pour paraphraser une formule célèbre : Un spectre hante le monde : les loisirs.
Car une utopie inversée cul par-dessus tête se profile à l'horizon de ces pages : dans le meilleur des mondes possible, nous serons bientôt tous sous Luxuosa. -
Expositions : Pour Walter Benjamin
Brice Matthieussent
- FeniXX réédition numérique (Fourbis)
- 8 Avril 2016
- 9782402067812
Napoléon : « Commander, c'est parler aux yeux. » Les regards de la foule convergent sur l'empereur, l'officiant ou l'oeuvre d'art et lui confèrent une aura. Ainsi se cristallise un culte. À l'inverse, dans le panopticon carcéral de Jeremy Bentham, tous les prisonniers sont exposés au regard centrifuge du surveillant. Ces deux dispositifs optiques renvoient à deux types de société qu'ont analysés, chacun de son côté, Benjamin et Foucault. Mais dans la scène inaugurale de L'Épiphanie chrétienne ou dans l'icône byzantine, le culte et l'exposition ne sont-ils pas indissociables ? Tout comme dans ce phénomène majeur du XIXe siècle qu'est l'Exposition universelle. Zola et Manet ont leur mot à dire sur cet éclairage global du monde et sur le « déclin de l'aura » de l'oeuvre d'art que Benjamin associe à la naissance de la photographie. Enfin, Warhol confirme de manière éclatante les thèses de Benjamin sur l'image reproductible ; mais il annonce aussi le culte de la seule exposition en notre présente époque de souveraineté de la technique. B.M.
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Good Vibrations est une célèbre chanson des Beach Boys datant de 1966. Dans le présent livre, un groupe disco funk comorien des années 2010 choisit de s'appeler ainsi en hommage aux Garçons de la Plage. Ces «bonnes vibrations» sont aussi celles d'une grande école d'art contemporain, où il neige beaucoup. Quelques étudiants passionnés et amoureux, tout vibrants de l'élan nouveau qui les emporte vers l'art et les lie, y sont comme de jeunes poissons dans l'eau limpide d'un bocal invisible. Une disparition et un cataclysme remettent bientôt les pendules à l'heure des bad vibrations et font exploser le bocal. Quand le chaos et les hallucinations prennent le dessus, comment les alevins - et de plus gros poissons - continuent-ils de nager?