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Bruno Latour
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James Lovelock n'a pas eu de chance avec l'hypothèse Gaïa. En nommant ainsi le système fragile et complexe par lequel les phénomènes vivants modifient la Terre, on a cru qu'il parlait d'un organisme unique, voire d'une Providence divine. Rien n'était plus éloigné de sa tentative. Gaïa n'est pas le Globe, la Terre-Mère, une déesse païenne. Elle n'est pas non plus la Nature, telle qu'on l'imagine depuis le XVIIe siècle, cette Nature qui sert de pendant à la subjectivité humaine.
À cause des effets imprévus de l'histoire humaine, ce que nous regroupions sous le nom de Nature quitte l'arrière-plan et monte sur scène. L'air, les océans, les glaciers, le climat, les sols, tout ce que nous avons rendu instable interagit avec nous. Nous sommes entrés dans la géohistoire. C'est l'époque de l'Anthropocène. Avec le risque d'une guerre de tous contre tous. L'ancienne Nature disparaît et laisse place à un être dont il est difficile de prévoir les manifestations. Loin d'être stable et rassurant, il est constitué de boucles de rétroactions en perpétuel bouleversement.
En explorant les mille figures de Gaïa, on peut déplier tout ce que la notion de Nature avait confondu : une éthique, une politique, une étrange conception des sciences et, surtout, une économie, voire une théologie. -
Où atterrir ? comment s'orienter en politique
Bruno Latour
- La découverte
- Cahiers libres
- 19 Octobre 2017
- 9782707197818
Peut-on continuer à faire de la politique comme si de rien n'était, comme si tout n'était pas en train de s'effondrer autour de nous ? Dans ce court texte politique, Bruno Latour propose de nouveaux repères, matérialistes, enfin vraiment matérialistes, à tous ceux qui veulent échapper aux ruines de nos anciens modes de pensée.
Cet essai voudrait relier trois phénomènes que les commentateurs ont déjà repérés mais dont ils ne voient pas toujours le lien -; et par conséquent dont ils ne voient pas l'immense énergie politique qu'on pourrait tirer de leur rapprochement.
D'abord la " dérégulation " qui va donner au mot de " globalisation " un sens de plus en plus péjoratif ; ensuite, l'explosion de plus en plus vertigineuse des inégalités ; enfin, l'entreprise systématique pour nier l'existence de la mutation climatique.
L'hypothèse est qu'on ne comprend rien aux positions politiques depuis cinquante ans, si l'on ne donne pas une place centrale à la question du climat et à sa dénégation. Tout se passe en effet comme si une partie importante des classes dirigeantes était arrivée à la conclusion qu'il n'y aurait plus assez de place sur terre pour elles et pour le reste de ses habitants. C'est ce qui expliquerait l'explosion des inégalités, l'étendue des dérégulations, la critique de la mondialisation, et, surtout, le désir panique de revenir aux anciennes protections de l'État national.
Pour contrer une telle politique, il va falloir
atterrir quelque part. D'où l'importance de savoir
comment s'orienter. Et donc dessiner quelque chose comme une
carte des positions imposées par ce nouveau paysage au sein duquel se redéfinissent non seulement les
affects de la vie publique mais aussi ses
enjeux. -
Où suis-je ? leçons du confinement à l'usage des terrestres
Bruno Latour
- Empécheurs de penser rond
- 21 Janvier 2021
- 9782359252019
Depuis la terrible expérience du confinement, les États comme les individus cherchent tous comment se déconfiner, en espérant revenir aussi vite que possible au " monde d'avant " grâce à une " reprise " aussi rapide que possible. Mais il y a une autre façon de tirer les leçons de cette épreuve, en tout cas pour le bénéfice de ceux que l'on pourrait appeler
les terrestres. Ceux-là se doutent qu'ils ne se déconfineront pas, d'autant que la crise sanitaire s'encastre dans une autre crise bien plus grave, celle imposée par le Nouveau Régime Climatique. Si nous en étions capables, l'apprentissage du confinement serait une chance à saisir : celle de comprendre enfin où nous habitons, dans quelle terre nous allons pouvoir enfin nous envelopper - à défaut de nous développer à l'ancienne !
Où suis-je ? fait assez logiquement suite au livre précédent,
Où atterrir ?Comment s'orienter en politique. Après avoir atterri, parfois violemment, il faut bien que les terrestres explorent le sol où ils vont désormais habiter et retrouvent le goût de la liberté et de l'émancipation mais autrement situées. Tel est l'objet de cet essai sous forme de courts chapitres dont chacun explore une figure possible de cette métaphysique du déconfinement à laquelle nous oblige l'étrange époque où nous vivons. -
Pasteur : une science, un style, un siècle
Bruno Latour
- Empécheurs de penser rond
- Les empêcheurs de penser en rond
- 3 Novembre 2022
- 3127030034267
Le virus responsable de la Covid-19 n'est pas un professeur adepte de nouvelles méthodes pédagogiques. C'est un maître dur à l'ancienne qui répète inlassablement la même leçon. Et de reprendre encore une fois la démonstration de sa puissance : " Vous me prenez pour un intrus dans votre monde, mais c'est vous qui êtes des intrus dans le mien. " Chaque mutation de ce virus imprime dans notre cerveau rétif à quel point nous faisons société avec les microbes.
Un monde de microbes ? Cette leçon a été donnée aux sociétés humaines pour la première fois au XIXe siècle. Il était donc inévitable de revenir à l'histoire de la microbiologie en essayant de comprendre pourquoi nous ne sortirons pas de ces intrigues où s'emmêlent si étroitement la science, le droit, la politique et la structure des sociétés de ce temps.
Si je me suis tellement intéressé à Louis Pasteur, c'est parce qu'il offrait un cas unique au milieu de cette histoire de liens entre sociétés et microbes. Unanimement admiré pour ses découvertes, il est aussi le savant qui s'était mêlé, comme on va le voir, de toutes les questions de son temps. Pour la nouvelle histoire et sociologie des sciences, c'était le test idéal : une science à l'importance indiscutable qui avait transformé la société de façon radicale. Voilà qui allait permettre de nous sortir de ces visions figées qui continuent à vouloir séparer la science et la politique, les découvertes savantes et les collectifs humains alors qu'ils sont, à l'évidence, si étroitement mêlés. -
Nous n'avons jamais été modernes ; essai d'anthropologie symétrique
Bruno Latour
- La découverte
- Poche / Sciences humaines et sociales
- 12 Décembre 2013
- 9782707178848
Pollution des rivières, embryons congelés, virus du sida, trou d'ozone, robots à capteurs... : ces " objets " étranges qui envahissent notre monde relèvent-ils de la nature ou de la culture ? Comment les comprendre ? Jusqu'ici, les choses étaient simples : aux scientifiques la gestion de la nature, aux politiques celle de la société. Mais ce traditionnel partage des tâches devient de plus en plus impuissant à rendre compte de la prolifération des " hybrides ". D'où le sentiment d'effroi qu'ils procurent, et que ne parviennent pas à apaiser les philosophes contemporains, qu'ils soient antimodernes, postmodernes ou éthiciens. Et si nous avions fait fausse route ? En fait, notre société " moderne " n'a jamais fonctionné conformément au grand partage qui fonde son système de représentation du monde : celui qui oppose radicalement la nature d'un côté, la culture de l'autre. Dans la pratique, en effet, les modernes n'ont cessé de créer des objets hybrides, qui relèvent de l'une comme de l'autre, et qu'ils se refusent à penser. Nous n'avons donc jamais été vraiment modernes, et c'est ce paradigme fondateur qu'il nous faut remettre en cause aujourd'hui pour comprendre notre monde.
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Politiques de la nature ; comment faire entrer les sciences en démocratie
Bruno Latour
- La découverte
- Poche / Sciences humaines et sociales
- 8 Décembre 2016
- 9782707194930
Comment combler le fossé apparemment infranchissable séparant les sciences (chargées de comprendre la nature) et la politique (chargée de régler la vie sociale), séparation dont les conséquences deviennent de plus en plus catastrophiques ? La nature a toujours constitué l'une des deux moitiés de la vie publique - celle qui nous unit -, l'autre moitié formant ce qu'on appelle la politique, c'est-à-dire le jeu des intérêts et des passions - qui nous divise. L'écologie politique a prétendu apporter une réponse mais, à cause des controverses scientifiques qu'elle suscite, à cause de l'incertitude sur les valeurs qu'elle provoque, elle oblige à abandonner la nature comme mode d'organisation publique. Selon Bruno Latour, la solution repose sur une profonde redéfinition à la fois de l'activité scientifique (à réintégrer dans le jeu normal de la société) et de l'activité politique (comprise comme l'élaboration progressive d'un monde commun). Ce sont les conditions et les contraintes de telles redéfinitions qu'il explore ici.
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Changer de société, refaire de la sociologie
Bruno Latour
- La découverte
- Poche / Sciences humaines et sociales
- 16 Janvier 2014
- 9782707160324
" Il faut changer de société ", dit-on souvent, et on a bien raison. Mais, pour y parvenir, il faut d'abord s'efforcer de changer la notion même de société, et distinguer deux définitions du social. La première, devenue dominante dans la sociologie, le présente comme l'ombre projetée par la société sur d'autres activités (l'économie, le droit, la science, etc.). La seconde préfère le considérer comme l'association nouvelle entre des êtres surprenants qui viennent briser la certitude confortable d'appartenir au même monde commun. Dans ce second sens, le social se modifie constamment. Pour le suivre, il faut d'autres méthodes d'enquête, d'autres exigences, d'autres terrains.C'est à retracer le social comme association que s'attache depuis trente ans ce qu'on a appelé la " sociologie de l'acteur-réseau " et que Bruno Latour présente ici. Sa proposition est simple : entre la société et la sociologie, il faut choisir. De même que la notion de " nature " rend la politique impossible, il faut se faire à l'idée que la notion de société est devenue l'ennemie de toute pensée du politique. Ce n'est pas une raison pour se décourager... mais l'occasion de refaire de la sociologie.
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La fabrique du droit ; une ethnographie du Conseil d'Etat
Bruno Latour
- La découverte
- Poche / Sciences humaines et sociales
- 7 Mai 2020
- 9782348061318
Le recours aux liens juridiques prend dans nos sociétés une importance grandissante. Il existe pourtant peu d'études empiriques sur la fabrique quotidienne du droit. Alors que la très grande technicité de la matière juridique réserve le droit aux juristes de profession, la sociologie l'explique trop rapidement par les rapports de forces qu'il ne ferait que dissimuler. La méthode ethnographique se trouve donc particulièrement bien ajustée à l'analyse du droit. C'est toute l'originalité de cette étude du Conseil d'État que propose Bruno Latour. Il porte une grande attention aux actes d'écriture, à la fabrication et à la manipulation des dossiers, aux interactions entre les membres, aux particularités du corps des conseillers d'État, et surtout à la diversité des ressorts qui permettent de bien juger. Par une grande qualité de style, l'auteur sait rendre compte de la technicité des jugements et renouer les nombreux liens entre le droit et cette société qui le nourrit et à laquelle il sert, en même temps, de garant. Après l'étude des laboratoires scientifiques, du discours religieux, de la parole politique, Bruno Latour continue, avec le droit, son programme d'anthropologie systématique des formes contemporaines de véridiction.
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Petites leçons de sociologie des sciences
Bruno Latour
- La découverte
- Poche / Sciences humaines et sociales
- 9 Avril 2020
- 9782348056550
Porte-clefs, ralentisseurs, ceintures de sécurité, chatières, grooms de porte, nous entrons tous les jours en relation avec des dispositifs que l'on ne peut sans dommage réduire réduire à leur simple fonction d'objets techniques. Molécules, formules chimiques, cartes, diagrammes, microbes et galaxies, nous nous trouvons quotidiennement confrontés à des ensembles que l'on ne peut réduire sans risque à de simples faits scientifiques. Décidément, la connaissance est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux seuls savants. Amateur de science (comme on dit " amateur d'art "), Bruno Latour nous invite à " goûter " avec lui les techniques et les sciences, à en apprécier les forces et les faiblesses, à en critiquer la forme et le facture. Dans ce recueil de chroniques, il nous promène du bureau de Gaston Lagaffe, nouvel Archimède, aux anges du paradis, en passant par Berlin, les sols d'Amazonie, le fonctionnement du rein, et les cornéliens dilemmes d'une ceinture de sécurité... Dans un style allègre, il nous fait partager sa jubilation devant des objets et des faits qui mêlent toujours plus intimement les choses et les gens. Conçues pour un large public, ces leçons s'adressent à tous ceux qui ne peuvent se résigner à réserver le nom de culture aux seules oeuvres d'art, et qui cherchent à se former le goût pour les faits avérés comme pour les techniques efficaces.
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Cogitamus ; six lettres sur les humanités scientifiques
Bruno Latour
- La découverte
- Poche / Sciences humaines et sociales
- 14 Mai 2020
- 9782707184979
À l'automne 2009, une étudiante allemande fait part à Bruno Latour de son désarroi devant les disputes qui font rage avant le sommet de Copenhague sur le climat. Il lui signale l'existence d'un enseignement qui porte sur les liens multiformes entre les sciences, la politique et la nature. Pour diverses raisons, l'étudiante ne peut pas suivre le cours, que le professeur lui résume en six lettres. Au fil de l'actualité que l'étudiante suit de son côté en tenant son " journal de bord ", elle découvre peu à peu comment se repérer dans ces imbroglios créés par le développement même des sciences et des techniques. D'Archimède à Avatar, c'est l'occasion pour le lecteur d'un époustouflant galop dans le domaine des " humanités scientifiques " : si la nature est entrée en politique, il faut bien que les sciences et les techniques fassent partie de ce qu'on appelait autrefois les " humanités ". Bruno Latour, dans ce véritable plaidoyer pour la " culture scientifique ", montre qu'il est impossible d'aborder les crises écologiques sans comprendre le caractère collectif et concret de l'acte de penser et de prouver. D'où le passage du cogito, cher à Descartes, à ce cogitamus, parce que " c'est grâce au fait que nous sommes nombreux, soutenus, institués, instrumentés que nous accédons au vrai ".
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Pasteur : guerre et paix des microbes ; irréductions
Bruno Latour
- La découverte
- Poche / Sciences humaines et sociales
- 26 Avril 2012
- 9782707172556
La découverte par Louis Pasteur des microbes dans les années 1870 fait partie des pages célèbres de l'histoire des sciences, et même de l'histoire de France. Loin des clichés et des mythes, Bruno Latour en propose dans ce livre une lecture originale. En étudiant le travail de Pasteur et des pastoriens entre 1870 et 1914, il montre comment la bactériologie et la société française se sont transformées ensemble. C'est ainsi l'invention proprement politique d'une science, d'un savant et d'une époque qui se trouve mise en évidence. Pasteur apparaît, dans les détails de son travail sur les microbes, comme un remarquable sociologue et un fin politique, puisqu'il parvient à ajouter les microbes au corps social. Entre épistémologie, histoire et sociologie des sciences, ce livre, devenu un classique de l'histoire sociale des sciences, invite à revenir sur la division entre rapports de forces et rapports de raison, entre politique et savoir. C'est l'objet de la seconde partie du livre, qui se présente comme un petit précis de philosophie dans lequel l'auteur se propose de pratiquer, au lieu des réductions qu'impose la division entre science, nature et société, des irréductions. Il s'agit de rendre les sciences et les techniques moins opaques et peut-être moins périlleuses.
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Sur le culte moderne des dieux faitiches ; iconoclash
Bruno Latour
- Empécheurs de penser rond
- 12 Mars 2015
- 9782359251074
Ce livre marque une étape clef dans le projet que poursuit Bruno Latour : faire une anthropologie positive des sociétés occidentales. Il se compose de deux textes qui remettent en cause deux notions : celle de " croyance " et celle de " critique ". Le premier texte est le résultat d'un long stage dans la consultation d'ethnopsychiatrie du Centre Devereux, le second (inédit en français) est l'introduction au catalogue de l'exposition Iconoclash dont Bruno Latour a été le commissaire en 2002.Avec la notion de faitiche, Latour montre qu'il est possible de respecter les sciences sans avoir à les opposer aux délires de la subjectivité. Avec la notion d'iconoclash, il propose de suspendre le geste critique pour en étudier l'impact. Grâce à ces bricolages conceptuels, il devient possible de prendre pour objet d'étude deux des principales ressources que les modernes ont mises en oeuvre pour se distinguer des autres : la critique de la croyance et la croyance en la critique. Résultat : le monde ne se sépare plus entre ceux qui baigneraient dans de chaudes illusions et ceux qui ne connaîtraient que la froide raison. Avec ce mélange d'audace intellectuelle et d'humour qui en fait l'un des penseurs les plus connus au monde, Bruno Latour crée de nouveaux outils pour nous comprendre nous-mêmes et rouvrir la discussion avec les autres cultures.
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Aramis ou l'amour des techniques
Bruno Latour
- La découverte
- Anthropologie science technique
- 14 Mai 2020
- 9782348061295
" Aramis est un métro automatique, que l'on a failli construire au Sud de Paris. J'en ai fait le héros d'un dossier de scientifiction. Toutes les aventures de ce héros non humain sont véridiques. Mais elles n'apparaissent jamais vraisemblables, parce que nous ne sommes pas habitués à enquêter en détail sur les amours et les haines des techniques de pointe. Pour la première fois, je crois, l'histoire d'une enquête de sociologie et l'histoire amoureuse d'une machine se déploient de concert. Pour la première fois aussi les ingénieurs parlent directement, et leur voix comme leurs documents ne ressemblent guère au mythe terrifiant de la technique sans âme. Aux humanistes, j'ai voulu offrir l'analyse détaillée d'une technique assez magnifique, assez spirituelle, pour les convaincre que les machines qui les entourent sont des objets culturels dignes de leur attention et de leur respect. Aux techniciens, j'ai voulu montrer qu'ils ne pouvaient pas concevoir un objet technique sans prendre en compte la foule des humains, leurs passions, leurs politiques, leurs pauvres calculs et qu'en devenant de bons sociologues et de bons humanistes, ils en deviendraient de meilleurs ingénieurs et des décideurs plus avisés. Un objet purement technique n'est qu'une utopie. Aux chercheurs en sciences humaines, enfin, j'ai voulu montrer que la sociologie n'est pas cette science des seuls humains, mais qu'elle peut accueillir à bras ouverts les foules de non-humains comme elle le fit au siècle passé pour les masses de pauvres gens. Notre collectif est tissé de sujets parlants, peut-être, mais auxquels s'attachent en tout point les pauvres choses, nos frères inférieurs. En s'ouvrant à eux, le lien social deviendrait sans doute moins mystérieux. Oui, je voudrais que l'on pleure de vraies larmes en lisant la triste histoire d'Aramis et que nous apprenions de cette histoire à aimer les techniques. "
Prix Roberval 1992 -
In a series of televised interviews broadcast in spring 2022, Bruno Latour explained, in clear and straightforward terms, how humans have changed the planet and why environmental disasters are an intrinsic part of modern life. We have now come to realize that all life depends on a thin skin of our planet that is only few kilometres thick - what scientists call the `critical zone'. Our capacity to continue to live on a planet we are transforming is now at risk and if we wish to survive as a species, we must put an end to the mechanisms of destruction, rethink our connection to living beings, and face head-on the confrontation between the extractivists who are exploiting the Earth's resources and the ecologists. This poignant reflection on the greatest challenge of our time was also an opportunity for Latour to explain the underlying thread that guided his work throughout his career, from his pathbreaking research on the social construction of scientific knowledge to his last writings on the Anthropocene.
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In this book, Bruno Latour pursues his ethnographic inquiries into the different value systems of modern societies. After science, technology, religion, art, it is now law that is being studied by using the same comparative ethnographic methods. The case study is the daily practice of the French supreme courts, the Conseil d'Etat, specialized in administrative law (the equivalent of the Law Lords in Great Britain). Even though the French legal system is vastly different from the Anglo-American tradition and was created by Napoleon Bonaparte at the same time as the Code-based system, this branch of French law is the result of a home-grown tradition constructed on precedents. Thus, even though highly technical, the cases that form the matter of this book, are not so exotic for an English-speaking audience.
What makes this study an important contribution to the social studies of law is that, because of an unprecedented access to the collective discussions of judges, Latour has been able to reconstruct in detail the weaving of legal reasoning: it is clearly not the social that explains the law, but the legal ties that alter what it is to be associated together. It is thus a major contribution to Latour's social theory since it is now possible to compare the ways legal ties build up associations with the other types of connection that he has studied in other fields of activity. His project of an alternative interpretation of the very notion of society has never been made clearer than in this work. To reuse the title of his first book, this book is in effect the 'Laboratory Life of Law'. -
The present ecological mutation has organized the whole political landscape for the last thirty years. This could explain the deadly cocktail of exploding inequalities, massive deregulation, and conversion of the dream of globalization into a nightmare for most people.
What holds these three phenomena together is the conviction, shared by some powerful people, that the ecological threat is real and that the only way for them to survive is to abandon any pretense at sharing a common future with the rest of the world. Hence their flight offshore and their massive investment in climate change denial.
The Left has been slow to turn its attention to this new situation. It is still organized along an axis that goes from investment in local values to the hope of globalization and just at the time when, everywhere, people dissatisfied with the ideal of modernity are turning back to the protection of national or even ethnic borders.
This is why it is urgent to shift sideways and to define politics as what leads toward the Earth and not toward the global or the national. Belonging to a territory is the phenomenon most in need of rethinking and careful redescription; learning new ways to inhabit the Earth is our biggest challenge. Bringing us down to earth is the task of politics today. -
Bruno Latour's long term project is to compare the felicity and infelicity conditions of the different values dearest to the heart of those who have `never been modern'. According to him, this is the only way to develop an anthropology of the Moderns. After his work on science, on technology and, more recently, on law, this book explores the truth conditions of religious speech acts.
Even though there is no question that religion is one of the values that has been intensely cherished in the course of history, it's also clear that it has become immensely difficult to tune in to its highly specific mode of enunciation. Every effort to speak in the right key sounds awkward, reactionary, pious or simply empty. Hence the necessity of devising a way of writing that brings to the fore this elusive form of speech to render it audible again. In this highly original book, the author offers a completely different tack on the endless `science and religion' conflict by protecting them both from the confusion with the notion of information. Like The Making of Law, this book is one more attempt at developing this `inquiry on modes of existence' that provides an alternative definition of society. -
The emergence of modern sciences in the seventeenth century profoundly renewed our understanding of nature. For the last three centuries new ideas of nature have been continually developed by theology, politics, economics, and science, especially the sciences of the material world.
The situation is even more unstable today, now that we have entered an ecological mutation of unprecedented scale. Some call it the Anthropocene, but it is best described as a new climatic regime. And a new regime it certainly is, since the many unexpected connections between human activity and the natural world oblige every one of us to reopen the earlier notions of nature and redistribute what had been packed inside.
So the question now arises: what will replace the old ways of looking at nature?
This book explores a potential candidate proposed by James Lovelock when he chose the name 'Gaia' for the fragile, complex system through which living phenomena modify the Earth. The fact that he was immediately misunderstood proves simply that his readers have tried to fit this new notion into an older frame, transforming Gaia into a single organism, a kind of giant thermostat, some sort of New Age goddess, or even divine Providence.
In this series of lectures on 'natural religion,' Bruno Latour argues that the complex and ambiguous figure of Gaia offers, on the contrary, an ideal way to disentangle the ethical, political, theological, and scientific aspects of the now obsolete notion of nature. He lays the groundwork for a future collaboration among scientists, theologians, activists, and artists as they, and we, begin to adjust to the new climatic regime. -
Un diptyque essentiel pour comprendre le monde d’aujourd’hui et de demain.
Dans Où atterrir ? Comment s'orienter en politique, l’hypothèse est qu’on ne comprend rien aux positions politiques si l’on ne donne pas une place centrale à la question du climat et à sa dénégation. Tout se passe comme si une partie importante des classes dirigeantes était arrivée à la conclusion qu’il n’y aurait plus assez de place sur terre pour elles et pour le reste de ses habitants. C’est ce qui expliquerait l’explosion des inégalités, l’étendue des dérégulations, la critique de la mondialisation, et le désir panique de revenir aux anciennes protections de l’État national. Pour contrer une telle politique, il va falloir atterrir quelque part.
Une fois atterris, parfois violemment, il faut bien que les terrestres explorent le sol où ils vont désormais habiter et retrouvent le goût de la liberté et de l’émancipation mais autrement situées. Tel est l’objet de l’essai Où suis-je ? Leçons du confinement à l'usage des terrestres. Chaque court chapitre explore une figure possible de cette métaphysique du déconfinement à laquelle nous oblige l’étrange époque où nous vivons.
Bruno Latour, l’un des plus grands penseurs de notre temps, révèle les lignes de faille qui bouleversent nos sociétés et propose des pistes de réflexions pour dessiner le Nouveau Régime Climatique. Christophe Brault, comédien engagé, assure la lecture ces deux textes fondamentaux, accompagné par l’auteur qui s’est fait un plaisir de lire le début d’Où suis-je ?
Où atterrir ? Comment s'orienter en politique : pistes 01 à 22.
Où suis-je ? Leçons du confinement à l'usage des terrestres : pistes 23 à 36.
Durée : 06H54
© Editions La Découverte, Paris, 2017, 2021 © et (P) Audiolib, 2021 -
After the harrowing experience of the pandemic and lockdown, both states and individuals have been searching for ways to exit the crisis, many hoping to return as soon as possible to `the world as it was before the pandemic'. But there is another way to learn the lessons of this ordeal: as inhabitants of the earth, we may not be able to exit lockdown so easily after all, since the global health crisis is embedded in another larger and more serious crisis - that brought about by the New Climate Regime. Learning to live in lockdown might be an opportunity to be seized: a dress-rehearsal for the climate mutation, an opportunity to understand at last where we - inhabitants of the earth - live, what kind of place `earth' is and how we will be able to orient ourselves and exist in this world in the years to come. We might finally be able to explore the land in which we live, together with all other living beings, begin to understand the true nature of the climate mutation we are living through and discover what kind of freedom is possible - a freedom differently situated and differently understood. In this sequel to his bestselling book Down to Earth, Bruno Latour provides a compass for this necessary re-orientation of our lives, outlining the metaphysics of confinement and deconfinement with which we will all be obliged to come to terms by the strange times in which we are living.
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"À l'heure des mutations écologiques, de la remise en cause des idéaux de progrès continu et d'abondance, de la défiance à l'égard du savoir scientifique, la célèbre question tripartite d'Emmanuel Kant (Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m'est-il permis d'espérer ?) semble recouvrer sa vertigineuse pertinence. Une question que le philosophe et sociologue des sciences Bruno Latour - en compagnie de Nicolas Truong - reprend en quelque sorte à son compte. À travers l'examen de son oeuvre personnel et de ses travaux collectifs, il réinterroge la place de l'humain dans le monde, les conditions de possibilité de son existence et de production du savoir scientifique. Ces ultimes entretiens résonnent comme le testament philosophique de l'un des penseurs les plus féconds de notre temps."
Christophe Lointier & Patrick Frémeaux
Partie 1 : Le changement de monde
Partie 2 : La fabrique de la vérité
Partie 3 : La pratique philosophique
Partie 4 : Notions et concepts -
Le métier de chercheur, regard d'un anthropologue (2e édition)
Bruno Latour
- Quae
- 1 Juin 2008
- 9782759204793
Cet ouvrage remet en cause beaucoup d'idées reçues sur l'activité scientifique. Il constitue une excellente introduction à l'oeuvre innovante du philosophe Bruno Latour, et plus généralement à la sociologie des sciences contemporaines. Destiné en priorité aux chercheurs, ce texte très accessible s'adresse aussi à un large public.
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Chroniques d'un amateur de sciences
Bruno Latour
- Presses des mines via openedition
- 12 Avril 2013
- 9782356711847
« Amateur de sciences » comme on dit « amateur d'art », Bruno Latour a rédigé chaque mois pour la revue La Recherche son journal de passion en nous parlant de la science en train de se faire, du travail des disciplines, de la profession de chercheur, mais aussi de politique des sciences, de controverses, de vaches folles, de momie... D'un ton vif, tantôt allègre et tantôt polémique, ces courtes chroniques très imagées sont une initiation plaisante et synthétique pour ceux qui voudraient goûter à cette nouvelle approche des sciences sociales, la sociologie de la traduction, qui remet en cause l'ennuyeuse distinction entre « littéraire » et « matheux ».
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Comment habiter la Terre
Bruno Latour, Nicolas Truong
- Éditions les liens qui libèrent
- Les Liens Qui Libèrent
- 30 Novembre 2022
- 9791020911513
Bruno Latour a souhaité revisiter ses cinquante années de recherches au cours d'un entretien en deux parties avec le grand reporter Nicolas Truong. C'est pour le philosophe l'occasion de reprendre et poursuivre les éléments les plus importants de sa pensée sur notre nouvelle condition terrestre. Il déploie ses réflexions à partir de cette conviction : si l'homme tient à sa survie en tant qu'espèce, il lui faut apprendre à s'émanciper des grands paradigmes qui le guident depuis les Lumières. Un plaidoyer pour la philosophie envisagée comme une tentative magnifique et impossible d'embrasser la totalité.
Une coédition avec Arte éditions.