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Chloé Delaume
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Dans toutes les histoires d’amour se rejouent les blessures de l’enfance : on guérit ou on creuse ses plaies.
Pour comprendre la nature de sa relation avec Guillaume, Clotilde Mélisse observe les souvenirs qu’elle sort de sa tête, le temps d’un voyage en train direction Heidelberg. Tandis que par la fenêtre défilent des paysages de fin du monde, Clotilde revient sur les événements saillants de son existence. La découverte de la poésie dans la bibliothèque maternelle, le féminicide parental, l’adolescence et ses pulsions suicidaires, le diagnostic posé sur sa bipolarité. Sa rencontre, dix ans plus tôt, avec Guillaume, leur lien épistolaire qui tenait de l’addiction, l’implosion de leur idylle au contact du réel.
Car Guillaume est revenu, et depuis dix-sept mois Clotilde perd la raison. Elle qui s’épanouissait au creux de son célibat voit son cœur et son âme ravagés par la résurgence de cet amour impossible. La décennie passée ne change en rien la donne : Guillaume est toujours gay, et qui plus est en couple. Aussi Clotilde espère, au gré des arrêts de gare, trouver une solution d’ici le terminus. -
Un roman d'apprentissage féministe contemporain et plein d'humour.
Comment c’est possible, personne n’en sait rien ; c’est en train d’arriver, c’est tout. Ainsi, très soudainement, un certain nombre de filles et de femmes ont la capacité psychique de faire imploser les phallus. Ces super-héroïnes d’un genre particulier ont pour nom les Phallers. Violette a dix-sept ans et se serait bien passée de cet étrange pouvoir. Mais elle aimerait, comme toutes, apporter une réponse à cette question cruciale qui hante notre société : comment fait-on pour que les hommes cessent de violer ?
Née en 1973, Chloé Delaume est l’autrice d’une œuvre importante et variée, saluée par la critique et le public. Elle a reçu le prix Décembre pour Le Cri du sablier (2001), et son prix Médicis pour Le Coeur synthétique (2020) a été un grand succès de librairie. Son dernier roman, Pauvre Folle, est paru aux éditions du Seuil (2023). -
Adélaïde vient de rompre, après des années de vie commune. Alors qu’elle s’élance sur le marché de l’amour, elle découvre avec effroi qu’avoir quarante-six ans est un puissant facteur de décote à la bourse des sentiments. Obnubilée par l’idée de rencontrer un homme et de l’épouser au plus vite, elle culpabilise de ne pas gérer sa solitude comme une vraie féministe le devrait. Entourée de ses amies elles-mêmes empêtrées dans leur crise existentielle, elle tente d’apprivoiser le célibat, tout en effectuant au mieux son travail dans une grande maison d’édition. En seconde partie de vie, une femme seule fait ce qu’elle peut. Les statistiques tournent dans sa tête et ne parlent pas en sa faveur : « Il y a plus de femmes que d’hommes, et ils meurent en premier. »
À l’heure de #metoo, Chloé Delaume écrit un roman drôle, poignant, et porté par une écriture magnifique. -
" Ceci est une adresse. Aux femmes en général, autant qu'à leurs alliés. Je vous écris d'où je peux. Le privé est politique, l'intime littérature. "
En France, la quatrième vague féministe a fait son entrée : non plus des militantes, mais des femmes ordinaires. Qui remettent en cause les us et les coutumes du pays de la gaudriole, où une femme sur dix est violée au cours de sa vie, et où tous les trois jours une femme est assassinée par son conjoint.
Dans ce court texte incisif qui prône la sororité comme outil de puissance virale, Chloé Delaume aborde la question du renouvellement du féminisme, de l'extinction en cours du patriarcat, de ce qu'il se passe, et peut se passer, depuis le mouvement #metoo.
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Il s'est passé de bien vilaines choses, en France, entre 2017 et 2020, avec l'arrivé au pouvoir du Parti du Cercle, émanation d'une secte féministe qui a voulu compenser quelques millénaires de domination masculine. De ces trois ans il ne reste toutefois rien : l'amnésie collective a été décidée par un référendum. On l'appelle le Grand Blanc.
En 2062, au Tribunal du Grand Paris, anciennement Stade de France, la fondatrice du Parti du Cercle va enfin être jugée. Son nom est la Sibylle. Prophétesse de métier, conseillère des déesses de l'Olympe, elle va devoir tout raconter.
Pièces à conviction à l'appui, la Sibylle lève le voile sur l'histoire des femmes et sur les rapports de domination.
Dans ce roman à l'imagination virevoltante, Chloé Delaume dit l'avenir. Le nôtre ? Son humour est féroce. Il faut se laisser emporter.
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L'Apocalypse n'est pas un événement visible, parce qu'elle frappe individuellement. Ainsi, la narratrice se plie à l'ordre de l'Ange annonciateur : Écris donc ce que tu as vu, ce qui est, et ce qui doit arriver ensuite. Elle s'attelle au récit d'une certaine Fin des Temps, celle des valeurs patriarcales et normées, incarnées par le couple hétérosexuel. Modifier le réel est l'unique solution, mais l'usage de la fiction se complique lorsqu'il engendre le suicide au sein de son propre lectorat.
Par-delà son exercice de déconstruction, ce livre est un roman d'amour. Chloé, Igor, la Clef, une femme un homme une femme, quelques possibilités. Tenter des formes de vie alternatives, c'est toujours se heurter à une remise en cause de son identité. Au lecteur de choisir, et peut-être d'inventer ce qui doit arriver ensuite. À l'héroïne, comme à lui-même. Le hasard n'existe pas, alors autant s'organiser.
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Chloé Delaume, l'une des plus importantes romancières de la jeune génération, décide de prendre le taureau par les cornes. Les débats sur l'autofiction n'ont cessé de réduire cette pratique à celle d'une forme littéraire de narcissisme. Il est vrai que nombreux sont les praticiens avérés de l'autofiction à s'y complaire. Pourtant, il suffit de considérer à nouveau l'histoire de la littérature pour constater que celle-ci se confond avec l'autofiction : de Madeleine de Scudéry à Boris Vian, de Jean-Jacques Rousseau à Jean-Jacques Schuhl, d'Arthur Rimbaud à Pierre Guyotat, la littérature a toujours été invention de soi. Que ce Soi n'ait rien à voir avec la personne même de l'auteur est ce qui rend l'autofiction si paradoxale, et si ironique. Loin de n'être que le miroir d'egos minuscules, l'autofiction - ou plutôt, comme préfère le dire Chloé Delaume, l'« autoréalisme », ou encore la "psychofiction" - est une manière de refuser les cloisonnements que la critique, l'Université ou un certain bon goût aiment à introduire entre auteur, narrateur, personnage et lecteur. En ce sens, l'autofiction représente d'abord la dimension politique de toute littérature : en elle se joue une nouvelle manière d'organiser ces cloisonnements - manière subversive, dont aucun "Moi "ne sort indemne. Au cours de son enquête en direction des nouveaux « Moi » qu'invente l'autofiction, Chloé Delaume dialogue avec les plus grands auteurs, les plus grands critiques et les plus grands philosophes du moment : où l'on découvrira que nul ne peut se dire absout du péché autoréaliste.
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Je m'appelle Chloé Delaume. Je suis un personnage de fiction. Je le dis, le redis, sans cesse partout l'affirme. Je m'écris dans des livres, des textes, des pièces sonores. J'ai décidé de devenir personnage de fiction quand j'ai réalisé que j'en étais déjà un. A cette différence près que je ne m'écrivais pas. D'autres s'en occupaient. Personnage secondaire d'une fiction familiale et figurante passive de la fiction collective. J'ai choisi l'écriture pour me réapproprier mon corps, mes faits et gestes, et mon identité.
S'écrire mode d'emploi, début.
Écrire, pourquoi. On connaît les réponses célèbres. Mais, ici, justement : pas de réponse.
On revient creuser en arrière les livres déjà écrits. Il s'y jouait quoi, de soi ? On s'y est pris comment, on a buté sur quelle part d'abîme ? On en a pris quoi pour le livre suivant ?
Des questions posées ici chaque paragraphe après chaque paragraphe, nul de nous n'est indemne. A preuve la référence Artaud. A preuve le questionnement renvoyé au monde, le réel dans sa profusion d'image, le réel comme seul terrain du risque, et comment assumer ce risque.
Sauf que. Modestement, ici, on met en page, on propose des formats, et on met en circulation. D'un texte discret, on souhaite seulement que la question résonne. Auteur c'est un travail, il faut du temps, du désarroi, il faut savoir progressivement rejoindre ces limites de soi-même.
s'écrire, non pas à nu, mais parfaitement à vif
Et la suite :
sans le tissu soyeux de la fiction classique, sans les transferts, les masques
Pour rebondir :
et tous les ornements qui rendent plus confortables tant le pacte d'écriture que celui de lecture
Importe de comment et d'où cela parle. Des livres et de la théorie sur l'autofiction, il n'en manque pas (ce texte est l'intervention préparée par Chloé Delaume pour un colloque à Cerisy, qui se termine aujourd'hui même). Mais ce qui s'énonce ne part pas de ce qu'on sait, ce qui s'énonce part de l'inconnu où la suite successive des livres, où chaque livre l'un après l'autre, nous a emportés.
Ainsi, s'écrit une autobiographie, l'auteur revenant à rebours sur chaque tentative, depuis l'autonomie de ces tentatives. Mais précisément, son histoire alors devient cette construction par l'inconnu, pan à pan.
Chloé Delaume n'a pas beaucoup varié de chemin depuis ses Mouflettes d'Athropos. Son chemin s'est élargi, densifié, compliqué : les performances peuvent valoir à égalité des livres, en particulier depuis les « Sims » (Corpus Simsi. Le personnage même de l'auteur a pu devenir en partie indépendant de ce qui reste, à elle comme aux autres, le lot ordinaire de la lecture qu'on affronte, du temps à la table, des traversées de silence - voir, dans ses Remarques, ce qui transparaît du livre en préparation pour Fiction & Cie au Seuil. Son chemin est une exploration mentale, là où cela suppose d'affronter, démonter, pousser, représenter les obstacles matériels et concrets qui sont la seule et fine tension du monde et du langage, où précisément se retourne cette expérience du mental mis en écriture.
Ainsi, ce texte met à mal la façon dont a été reçue la trilogie « télévision » de Chloé Delaume (Les Sims, J'habite la télévision, La nuit je suis Buffy Summers) : la mise en expérience est volontaire (« 22 mois de flux télévisé continuel »), et l'outil qu'on affronte mêle les forces financières, les bulldozers d'affadissement culturel (citation de patrick Le Lay, ex manager de TF1 aux ordres du groupe de béton Bouygues), et la façon dont le monde est pour nous, même si Schopenhauer nous en avait prévenu, représentation dans sa façon même de nous englober.
La fin de Buffy Summers renvoie à une fiction tout entière contenue dans l'expérience psychique d'une narratrice en hôpital psychiatrique : boucle parfaite avec un des livres les plus dangereux de Chloé Delaume : Certainement pas.
Il n'y a pas, chez Chloé Delaume, refus de la théorie. On passe par Debord, Stiegler ou Benassayag. Mais : Autofiction : comme en physique quantique le fait d'observer change l'état de ce qui est observé. Autofiction : le sujet n'observe pas seulement ce qu'il vit, le sujet vit ce qu'il observe. Et c'est cela qu'il nous faut comprendre, chemin en 14 stations parce qu'autant sont les phases d'écriture successives qu'a traversées Chloé Delaume. La vie, pas l'écriture. Accepter qu'il y ait une limite, valider la notion de limite. Faire le deuil de l'immersion totale.
Ce qui est dangereux, c'est de faire de l'autofiction une catégorie reconnaissable, une spécialité dans le rayon littérature. C'est bien commode, justement pour les colloques, les unités de valeur ou même la courbe des ventes. Ça peut rater aussi.
Si ce texte est important, c'est qu'il nie cette possibilité de frontière close : c'est la notion de fiction que dès le premier paragraphe on décortique, et auquel on rend sa complexité, dans cette tension entre Je et monde, ou ce que Chloé Delaume assigne comme Je-monde.
Il y a la littérature, et comme elle nous place en bascule devant ce qui ne se nomme pas, mais exige qu'on se nomme soi pour un instant y tenir. Et ce qu'on nomme, alors, n'est pas l'habitat social ordinaire du je. Pour Chloé Delaume, dès le départ, c'était en s'assignant un nom qui soit fiction, un personnage qui puisse se traverser par l'ampliation qui commence.
Respect.
FB -
Longtemps laissé en sommeil, le concept de sororité a refait surface avec le mouvement #Metoo : être soeurs, c'est être, ensemble, plus fortes. Envisagée comme outil de pouvoir féminin, la sororité nous invite à repenser ce que signifie être une femme aujourd'hui, à questionner les rapports de domination et à imaginer le monde de demain. Sous forme de récits, fictions, textes réflexifs, poèmes et chansons, ce collectif, dirigé par la romancière Chloé Delaume, appelle à une solidarité qui ne nie pas les différences mais embrasse la diversité. Car c'est grâce à la sororité, véritable parole en acte, que la révolution féministe adviendra.
Sous la direction de : Chloé Delaume
Avec les textes de : Juliette Armanet, Lauren Bastide, Iris Brey, Estelle-Sarah Bulle, Rébecca Chaillon, Jeanne Cherhal, Alice Coffin, Camille Froidevaux-Metterie, Kiyémis, Lola Lafon, Fatima Ouassak, Ovidie, Lydie Salvayre
et Maboula Soumahoro -
Où le sang nous appelle
Chloé Delaume, Daniel Schneidermann
- Seuil
- Fiction & Cie
- 19 Septembre 2013
- 9782021124378
Il est journaliste, elle est écrivain. Elle ne veut pas d'enfant, lui en a déjà trois : ils feront un roman. Deux cœurs de pierre partagent leurs éboulements, et suivent les appels du sang.
Leur été 2012 se passera au Liban, à Kobayat, tout près de la frontière syrienne. Il l'accompagnera dans ce village maronite, au creux des montagnes, où elle a vécu ses cinq premières années, où est né et enterré son père, où survivent ses oncles, ses tantes, le clan Abdallah. Ils seront tous là sauf l'oncle Georges. Georges Ibrahim Abdallah, chef présumé des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises, condamné à perpétuité pour actes terroristes, incarcéré en France depuis vingt-huit ans. Toutes les familles ont leurs secrets et leurs drames. Celle-ci plus que d'autres.
Daniel Schneidermann était tout jeune père et grand reporter au Monde quand la France fut ensanglantée par une série d'attentats, dans les années 1985-1987. Chloé Delaume vivait au cœur d'une tragédie qui est au fondement de son œuvre. Leur rencontre et leur relation les fait plonger dans ces années sombres, dans une interrogation de soi-même mais aussi les enjeux pour le moins obscurs de l'époque.
En amoureux d'écriture, ils se posent toutes les questions possibles, sans toujours trouver des réponses. Ils se confrontent à leur passé, sans concession, avec poésie et humour.