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D*Face
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« Ce livre va écorcher vos rétines. » Shepard Fairey alias OBEY GIANT
« Au moment où vous prendrez ce livre entre les mains, il se sera écoulé au moins six ans depuis la parution de ma dernière monographie. Cela peut sembler peu de temps mais il ne faut pas oublier que ce que vous voyez dans ces pages, c'est ma vie. Je ne parle pas seulement des longues sessions de travail en studio, ni des journées de douze heures que mon équipe et moi consacrons à nos fresques. Il y a aussi tous les instants de la journée, et parfois de la nuit, que je passe à réfléchir, à créer, à déconstruire et à critiquer ce que je peins. Ce n'est pas juste un travail. C'est toute ma vie.
À l'origine, je voulais que cet ouvrage soit consacré à mes murs. J'en ai peint un certain nombre maintenant, entre 70 et 80. Puis j'ai réfléchi à toutes les expos et à tous les projets auxquels j'ai participé, et je me suis dit que c'était dommage de ne pas y intégrer quelques pépites supplémentaires. Ceux qui ne connaissent pas mon travail y trouveront quelques réalisations plus anciennes. Ceux qui me suivent depuis longtemps y découvriront mes nouvelles créations et pourront, métaphoriquement, jeter un oeil en coulisse. »
D*Face
Un livre-objet spectaculaire sous coffret transparent sérigraphié sur les 2 faces représentant ses deux grands murs (réalisés en 2018 et 2019), visibles à Paris le long du métro aérien - ligne 6 - dans le 13e arrondissement. -
« Aujourd'hui nous sommes le 4 février 22, ma mère est morte. J'apprends cette nouvelle par mon frère aîné, tôt le matin en arrivant au bureau. Cette annonce m'anéantit, un tourbillon de pensées me traverse, et puis s'arrête, je bloque sur une banalité, dois-je dire, ma mère est morte, ma mère est décédée, j'ai perdu ma mère ? Je sens mon intérieur disséqué. Une vive sensation de déchirure, brûlure intérieure m'envahit, je ne me sens pas bien. Je pleure, je n'arrête pas, ni rien, ni personne n'arrive à arrêter ses pleurs, mes yeux jaillissent, de pleurs, comme un robinet qui dysfonctionne, coule, coule, impossible de l'arrêter. Pendant ce temps, autour de moi, un élan d'humanité, d'affection, de tous, professionnels, amicaux, familiaux vient m'entourer, me réconforter, mais rien n'y fait, j'ai l'impression de chute d'une falaise mais retenue par je ne sais quoi. Ça mouline dans ma tête, elle va exploser. La boucle se remet en marche, comment dois-je parler du décès de ma mère, ma mère est décédée ? Elle est morte ? J'ai perdu ma mère ? La dernière formulation me heurte, m'agace au plus profond, si la plupart des civilisations pensent à la réincarnation, au jugement dernier, alors la mort n'est donc pas une perte, c'est juste une transformation : « j'ai perdu ma mère » cette notion de perte me perturbe. Oui, pourquoi dit-on alors que les morts ne sont pas morts ? Ça veut bien dire que l'âme, esprit, bidule, n'est pas si loin, ok, j'arrête, je n'en sais rien.
C'est décidé, je vais simplement dire : "ma mère est morte". »
Gisèle Face naît à Zingui, un petit village d'Afrique situé au coeur du Cameroun. Fille d'enseignants, elle exerce à présent comme assistante sociale dans un hôpital. Humaniste et militante, elle est membre active d'une association qui prône l'idée suivante : « l'autre comme soi, l'autre comme soin ». Elle met en pratique ce concept quotidiennement au coeur du terrain hospitalier, où elle accorde une grande considération à ses patients. Femme de caractère, elle écrit sans cesse.