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Didier Decoin
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Nous sommes à Bizerte, en Tunisie, janvier 1921, sous le protectorat français. La vie serait presque douce pour le jeune docker du port de Bizerte, Tarik Aït Mokhtari, nageur longiligne et musculeux, s'il ne s'était heurté un matin, dans sa ligne de nage, à un obstacle infranchissable : il ne le sait pas encore, mais il s'agit d'un croiseur de bataille, survivant de la flotte impériale russe qui fuit l'irréversible et sanglante poussée des « rouges » et transporte à son bord toute une population d'exilés, de « blancs » aristocrates désormais appauvris, bousculés par le vent de l'histoire. Mais il ignore la guerre qui divise la Russie. Il vit à Bizerte, il est beau et pauvre, il a une soeur désirable, une mère veuve.Ce destroyer est-il « maskoun » ? Hanté, habité par un djinn, infréquentable pour le docker aux longs cils ? D'où vient le navire fantôme couleur d'âme grise ? Quel est son nom ? Que cherche-t-il à fuir ? Quelles horribles scènes de pogroms, de fermes incendiées quand les soviets lancent « le coq rouge », pillent, tranchent au sabre et fusillent, quelles images hantent à jamais les passagers du Georguii Pobiedonossetz ? Depuis le 18 décembre 1920, les Russes sont confinés à bord des bateaux de guerre en rade de Bizerte. Des prisonniers flottants. Tarik aurait été avisé d'en rester là. Mais, comme le chant d'une sirène, le docker entend soudain la voix d'une jeune femme, une voix de théâtre, et il aperçoit, chatoyante, sa robe de mousseline blanche, gonfler sur le pont du navire.A l'instant il en est captif.Yelena Maksimovna Mannenkhova, fille unique d'un riche baron, personnage qu'on dirait issue de La Cerisaie, a la beauté fragile d'une porcelaine qui va se briser. Chaperonnée par sa tante Sofia, elle fuit la même horreur que toute une classe sociale gisant sans pouvoir s'en libérer dans les coursives d'un navire qui sera leur prison, et peut-être leur destin. Tarik parviendra-t-il à la rencontrer ? Avant que le cosaque Bissenko ne tranche la blanche gorge de notre héroïne ? Avant que la soeur du docker ne se marie ? Avant que le monde ne referme les rideaux d'un théâtre pourpre sang sur ces deux innocents ? Vivront-ils ?
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Empire du Japon, époque Heian, xiie siècle. Être le meilleur pêcheur de carpes, fournisseur des étangs sacrés de la cité impériale, n'empêche pas Katsuro de se noyer. C'est alors à sa jeune veuve, Miyuki, de le remplacer pour porter jusqu'à la capitale les carpes arrachées aux remous de la rivière Kusagawa.Chaussée de sandales de paille, courbée sous la palanche à laquelle sont suspendus ses viviers à poissons, riche seulement de quelques poignées de riz, Miyuki entreprend un périple de plusieurs centaines de kilomètres à travers forêts et montagnes, passant de temple en maison de rendez-vous, affrontant les orages et les séismes, les attaques de brigands et les trahisons de ses compagnons de route, la cruauté des maquerelles et la fureur des kappa, monstres aquatiques qui jaillissent de l'eau pour dévorer les entrailles des voyageurs. Mais la mémoire des heures éblouissantes vécues avec l'homme qu'elle a tant aimé, et dont elle est certaine qu'il chemine à ses côtés, donnera à Miyuki le pouvoir de surmonter les tribulations les plus insolites, et de rendre tout son prestige au vieux maître du Bureau des Jardins et des Étangs.
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Triomphante, folle de ses richesses, de sa démesure et de ses rêves, New York se délabre pourtant, rongée de l'intérieur. John L'Enfer, le Cheyenne insensible au vertige, s'en rend bien compte du haut des gratte-ciel dont il lave les vitres. Il reconnaît, malgré les lumières scintillantes des quartiers de luxe, malgré l'opacité du béton des ghettos de misère, les signes avant-coureurs de la chute de la plus étonnante ville du monde : des immeubles sont laissés à l'abandon, des maisons tombent en poussière, des chiens s'enfuient vers les montagnes proches...
Devenu chômeur, l'Indien rencontre deux compagnons d'errance : Dorothy Kayne, jeune sociologue qu'un accident a rendue momentanément aveugle, et qu'effraye cette nuit soudaine ; et Ashton Mysha, Juif hanté par sa Pologne natale, qui vit ici son ultime exil.
Trois destins se croisent ainsi dans New York l'orgueilleuse, New York dont seul John L'Enfer pressent l'agonie. Trois amours se font et se défont dans ce roman de l'attirance et de la répulsion, de l'opulence et du dénuement.
Abraham de Brooklyn chantait la naissance de New York. Avec John L'Enfer, voici venu le temps de l'apocalypse.
L'apocalypse possible dès aujourd'hui d'une cité fascinante et secrète, peuplée de dieux ébranlés et d'épaves qui survivent comme elles peuvent dans le fracas et les passions.
Prix Goncourt en 1977.
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Dictionnaire amoureux : des faits divers
Didier Decoin
- Plon
- Dictionnaire amoureux
- 6 Novembre 2014
- 9782259227506
Didier Decoin raconte sa passion pour le monde des fait divers, leur environnement, leurs langages, leurs tics et leur manies, leurs accessoires, de la malle sanglante aux machines à écrire Underwood, tous ces terrains vagues où ils aiment à éclore et à proliférer : les arcanes de la police, de la justice, des médecins et des bourreaux -qui parfois sont interchangeables-.
Les faits divers imprègnent, irriguent notre monde. Ils prolifèrent partout, depuis Aokigahara que les Japonais appellent la forêt de la mort, jusqu'à l'ancien Belleville du temps des apaches, dans les forêts profondes de la Papouasie jusqu'aux plus hautes terrasses de New York. Ils sont de la ville et de la campagne, ils sont de tous les temps. Ils concernent tout le genre humain, des plus misérables aux plus opulents, du brutal assassin, comme le curé d'Uruffe, aux saints moines de Tibérine. Ils touchent même les petites bêtes, comme en témoigne cet ahurissant procès intenté contre des... hannetons ! Les faits divers de cet ouvrage sont les pièces de la collection personnelle de l'auteur, ceux qui, depuis son enfance, le fascinent ou l'émeuvent, comme l'histoire de cette jeune noyée repêchée dans la Seine et devenue " la femme la plus embrassée du monde ". Les faits divers ont le mérite, au-delà du sang et des larmes, d'avoir inspiré des créateurs de tous les domaines. Que serait la littérature si, d'Emma Bovary aux héros morbides de Truman Capote, elle ne s'était nourrie de personnages monstrueux et prodigieux, mais issus du réel ? Que serait l'opéra si Lucie de Lamermoor et Carmen n'étaient pas nées de faits divers ? Et le cinéma ! Et la presse, et le journalisme qui doivent la vie, au sens propre, à la bonne fortune du fait divers ! -
Est-ce ainsi que les femmes meurent ?
Didier Decoin
- Grasset
- Littérature Française
- 4 Février 2009
- 9782246682295
Catherine Kitty Genovese n'aurait pas dû sortir seule ce soir de mars 1964 du bar où elle travaillait, une nuit de grand froid, dans le quartier de Queens à New York. Sa mort a été signalée par un entrefilet dans le journal du lendemain : « Une habitante du quartier meurt poignardée devant chez elle. » On arrête peu de temps après Winston Moseley, monstre froid et père de famille. Rien de plus. Une fin anonyme pour cette jeune femme drôle et jolie d'à peine trente ans. Mais savait-on que le martyre de Kitty Genovese a duré plus d'une demi-heure, et surtout, que trente-huit témoins hommes et femmes, bien au chaud derrière leurs fenêtres, ont vu ou entendu la mise à mort ? Aucun n'est intervenu. Qui est le plus coupable ? Le criminel ou l'indifférent ? A la fois récit saisissant de réalisme et réflexion sur la lâcheté humaine, traversée d'un New York insalubre et résurrection d'une victime, le roman de Didier Decoin se lit dans un frisson.
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Dictionnaire amoureux : de la Bible
Didier Decoin
- Plon
- Dictionnaire amoureux
- 16 Décembre 2010
- 9782259214186
Didier Decoin nous rappelle que la Bible en fait est une bibliothèque, que chacune de ses deux grandes parties, l'ancien et le nouveau testament se compose d'écrits forts différents et qui nous parlent de la destinée humaine.
La Bible de mes dix ans se résumait à un mince petit ouvrage cartonné, L'Histoire sainte, qui racontait les relations agitées de quelques héros de temps très anciens et d'un Dieu interventionniste qui se disait lui-même jaloux et prompt à la colère. Des décennies plus tard, ma bible d'homme parle du (et au) monde entier. Amoureuse et nomade, elle m'a entraîné en Terre sainte, chez les imprimeurs du ghetto de Venise, à Doura Europos, dans les champs de coton de la Bible belt, à Babylone, sur les pentes du mont Ararat, chez les Amish, dans les grottes de Qumran, sur les traces des chasseurs d'Eden qui traquent sans relâche le Paradis perdu d'Adam et Eve, etc. Mes étoiles pour ce grand voyage dans le temps et dans l'espace ont été toutes ces bibles dont la vie m'a permis de tourner les pages : la Bible des pauvres, la Bible du Diable, la Bible paysanne, la Bible de Voltaire, la Bible d'argent, la Bible de Marcel Carné, la Bible du dernier des Mohicans, la Bible low cost, la Bible de l'Homme noir qui assure que, de Moïse à Jésus, tous les personnages bibliques étaient noirs, sans oublier la Bible des Gédéons et enfin la bouleversante Bible-vitrail que Chagall fit en mémoire d'une jeune fille noyée. D.D. -
Là-haut, tout au bout de la France, c'est la Hague, terre de granits et de landes fauves, qui poignarde l'une des mers les plus dangereuses du monde.
Babe Ozouf, Catherine et Carole sont filles de la Hague. Leur saga - qui s'étend sur trois générations - est scandée par un même geste, un acte que l'amour inspire : faire naître la lumière et le feu dans la nuit. Par trois fois, ce geste simple et fatal provoquera un naufrage : naufrage de navires et naufrage de trois destins.
Emmenée par deux gendarmes, Babe Ozouf va vivre une mise à l'épreuve qui sera aussi une délivrance. Sa fille Catherine, mariée à quinze ans, connaîtra l'exil, de l'autre côté de l'océan. Et Carole, la fille de Catherine, sera irrésistiblement rappelée vers cette falaise, lieu de rencontre avec la nuit et le brouillard.
Trois hommes traverseront la vie de ces jeunes femmes : Michael Bernstein, le pianiste ; le peintre Louis Asfrid et le mystérieux Recruteur qui hante les quais de Liverpool. Ils apprendront que l'amour est aussi ce calme effrayant qui précède et annonce les tempêtes.
"La Hague, dit l'auteur, ne m'a pas inspiré ce roman : elle me l'a imposé. Je l'ai écrit dans la solitude, le tumulte et la passion, à l'image du pays étrange qui l'a fait surgir."
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"J'ai fait ce livre pour dire que je n'habite pas une maison mais que je suis habité par elle..."
La lumière du jour avait disparu lorsque la voiture, dont la carrosserie gémissait sous la griffure des fougères, s'engagea sur la route étroite qui, à travers une lande courue de murets de pierre sèche, dévalait en longues virgules jusqu'au hameau de La Roche. À un virage, juste à l'amorce du raidillon de terre qui menait au premier des chalets, le pinceau des phares éclaira, l'espace d'un instant, quelque chose de livide et de furieux. ? C'est la mer, annonça Mme T* du ton à la fois respectueux et embarrassé qu'on prend pour présenter une aïeule acariâtre.Sans doute voulait-elle plaisanter. Car j'eus beau écraser mon nez contre la vitre, je ne vis que les cheveux blancs d'un vieil ogre hurlant sa faim, une gigantesque marmite de vomi en ébullition d'où montait un remugle sauvage et musqué, un charivari de bêtes écumantes qui crachaient au ciel. ? La mer n'est pas du tout comme ça, dis?je avec assurance à la fille de la cuisinière (Baptistine, Bathilde, Bénigne? Un de ces vieux prénoms, c'est sûr...) qui, elle, ne l'avait encore jamais vue que sur des calendriers.Déjà la voiture s'engageait dans une allée envahie par les hortensias qui poussent dans la Hague avec une insolence d'ivraie. Avec sa courte tour trapue et ses gros murs de granit, la maison semblait sortie tout droit d'un roman de Daphné du Maurier dont je venais de lire, avec des frissons de terreur jubilatoire, "L'Auberge de la Jamaïque". On n'imaginait pas y arriver autrement qu'en calèche à capote de cuir attelée à des chevaux squelettiques menés par un cocher patibulaire, tandis que des nuées effilochées couraient devant la lune et que des chiens féroces hurlaient sur la lande. Le menton presque dans la mer ? enfin, dans cette fureur qui tenait lieu de mer ?, le chalet où nous allions loger calait sa nuque contre une falaise pâle qui évoquait irrésistiblement ces canyons sur la crête desquels on voit soudain, dans les westerns, se profiler des silhouettes d'Indiens. D'ailleurs, comme pour forcer letrait, des hordes de chevaux y galopaient en liberté. La fille de la cuisinière (Calixte? Camille? Caroline?...) se serra contre moi. Bien qu'on fût en été, le gardien avait allumé un feu dont les hautes flammes, attisées par le suroît, se contorsionnaient dans la cheminée. Ce n'était pas tant, nous apprit?il, pour assainir la maison restée longtemps inhabitée, que pour empêcher le Diable de descendre par le conduit, tout en rendant service, à peu de frais, aux gnômes des bruyères qui sont toujours en quête de tisons pour rallumer leur pipe. Il était toujours utile, en un lieu aussi éloigné des bienfaits ordinaires de la civilisation, de se concilier les faveurs des gnômes, conclut le gardien du chalet sur le ton le plus sérieux du monde.Les embruns avaient mis sur les vitres des fleurs de sel pareilles aux cristaux de neige. Un volet, quelque part, claquait au vent. La mer était invisible, mais on l'entendait feuler comme une bête féroce. -
" Vingt-deux ans après sa première publication, ai-je un mot à ajouter ou à retrancher à Il fait Dieu? Non. Même si, depuis, j'ai largement avancé dans mon âge d'homme, l'éblouissement de cette " rencontre " ne s'est pas fané. Il y a des choses trop fortes pour être dites avec d'autres mots que ceux de la toute première émotion. D'ailleurs, le " temps " de Dieu n'oscille pas du jour à la nuit, du soleil au brouillard: quand il fait Dieu, c'est pour toujours. Mais si Dieu résiste à toute usure, les livres meurent. Celui-ci était devenu introuvable, alors même que de nombreux croyants _ et incroyants _ le réclamaient. C'est pour ces nouveaux lecteurs que j'ai accepté cette réédition sans retouches. "
Didier Decoin
juin 1997
Prix Goncourt 1977 pour John l'Enfer, Didier Decoin, secrétaire général de l'Académie Goncourt, est l'auteur d'une oeuvre considérable. On peut citer, parmi ses plus grands succès, Abraham de Brooklyn, La Femme de chambre du Titanic et La Promeneuse d'oiseaux. -
Tout commence par un massacre d'Indiens en décembre 1890 dans le Dakota du Sud. Jayson Flannery, un photographe anglais veuf de son état, recueille une petite fille de trois ans dont la mère a été victime du massacre. Il songe bien sûr à confier Emily à un orphelinat, s'apprête à reprendre son paquebot pour l'Angleterre, mais il ne repartira pas seul et décide d'enlever la petite Emily aux soeurs qui l'ont prise en charge.
On les retrouve tous les deux dans un manoir du Yorkshire où Jayson a toujours vécu. Emily grandit, va à l'école, apprend à lire. Tous dans le village se posent mille questions à son sujet. Jayson l'a-t-il adoptée, kidnappée ? Viendra-t-on un jour la chercher ? Un policier mène son enquête, s'obstine et s'entête à rechercher les véritables origines d'Emily. Jayson comprend bientôt que, s'il veut donner une véritable identité à son Indienne d'Emily et donc des papiers et donc une appartenance sociale, il n'a d'autre choix que celui de l'épouser. Le mariage sera grandiose et mettra fin à la suspicion de tous, y compris celle du policier.
Emily rêvait d'un cheval, dans sa corbeille de noces elle trouve une bicyclette. Jayson ne pouvait imaginer que ce cadeau de mariage allait changer la destinée d'Emily. Elle commence par rouler pendant des heures, puis pendant des jours, puis pendant des nuits. Au terme de ses randonnées, elle fait une découverte spectaculaire : deux fillettes de quatorze et seize ans dans un village lointain prétendent fréquenter des fées au bord d'une rivière. Tout le monde a envie de les croire, Emily la première. Le père des jeunes filles, lui aussi photographe, demande à ses enfants de photographier la preuve de ce qu'elles avancent. Les fillettes s'exécutent et rapportent cinq clichés stupéfiants. Le village où a grandi Emily avait des doutes sur sa véritable identité, l'Angleterre toute entière va se diviser en croyants et non-croyants de l'existence des fées. Dans cette Angleterre qui entre dans les années folles de l'après-Première Guerre mondiale vieillit Sir Conan Doyle, qui se console et se passionne jusqu'à l'obsession pour le spiritisme. Cette fabuleuse histoire de fées tombe si bien dans sa vie. Il y croira dur comme fer, en fera son dernier combat et entraînera Emily dans la protection de la vérité et des mensonges des petites filles.
Hélas, il y a toujours une vérité, aussi parfois vaut-il mieux la taire. -
Oui, la vie dHenri Decoin valait bien un roman. Et elle valait bien un roman de son fils. On na pas retenu de Decoin père quil avait été dans sa jeunesse, recordman de France de natation et sélectionné pour les Jeux olympiques de 1912. On ne se souvient plus de lui comme ayant fait partie de lescadrille de Guynemer durant la Première Guerre mondiale. Cest pourtant durant la Grande Guerre quHenri Decoin se met à écrire des nouvelles. Démobilisé, il se lance dans une carrière de journaliste sportif puis dans le cinéma et cest avec sa deuxième femme, Danielle Darrieux quil a épousée en 1935 quil commence à connaître le vrai succès.
Le couple ayant signé un contrat avec Universal (elle comme actrice, lui comme superviseur ), ils partent tous deux aux Etats-Unis fin 1937. Parce que cela fait plus américain, Henri fait place à « Henry ». De retour en France, ses films jusque-là plutôt légers deviennent plus noirs, plus profonds, des films qui pour certains deviendront de vrais chef-duvres du patrimoine cinématographique français : La Vérité sur bébé Donge (1952), Razzia sur la Schnouf (1955)...
De la vie de ce père au destin exceptionnel, Didier Decoin a fait un roman où tout est vrai. Un livre irrésistible, drôle, sensible. Un livre dans lequel transparaît léblouissante personnalité dHenri Decoin et le formidable amour que lui voue son fils. -
Elle s'appelle Shane. Elle a quatorze ans, des jambes de faon et cinq chemises blanches. Des chemises d'homme, celles de son père, Greg Orwell, amiral de l'US Navy, tué à Pearl Harbor. Didier Decoin a mené Shane en enfer, sur l'île de Kawan : les rivages de la mer de Chine au début de 1942, au plus fort de l'offensive japonaise, c'était l'enfer en effet. Et c'est dans ce décor d'apocalypse que l'histoire de la petite fille américaine va se transformer en une véritable épopée.
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La pendue de Londres
Didier Decoin
- Grasset
- « Ceci n?est pas un fait divers » dirigé
- 2 Mai 2013
- 9782246783916
Allemagne, 1945. L'exécuteur en chef du Royaume Britannique, envoyé en mission, pend la gardienne de camps nazis Irma Grese. Même s'il éprouve un réel dégoût à exécuter des femmes, surtout si elles sont jeunes et jolies, le bourreau fait son devoir : c'est un as dans l'art de la longueur des cordes, un expert dans le minutage de la mise à mort. Pourtant, le reste du temps, c'est un homme comme un autre, époux modèle, bon citoyen.
Londes, immédiat après-guerre. Ruth Ellis ressemble à Betty Boop, enjouée et désirable, elle plaît aux hommes, et sans doute les choisit-elle fort mal. Mais derrière son sourire et sa bouche trop maquillée, que cache-t-elle ? Dans le Londres charbonneux de l'après-Blitz, d'entraîneuse, Ruth devient prostituée. Un jour, malheureuse, jalousée, violentée, mais toujours belle, et mère de famille, elle tue son amant, à bout portant. La voici condamnée à la pendaison. Bourreau, fais ton oeuvre ! Et si le bourreau avait une âme ? Et s'il répugnait soudain à supprimer une innocente aux boucles blondes ?
Dans ce roman envoûtant, reconstitution en cinémascope d'un Londres luisant de « fog » et de pluie, théâtre de vices cachés dans une société bien-pensante, Didier Decoin alterne le chant du bourreau et de la victime. Saisissant. -
Simon est ouvrier sur le chantier du pont de Brooklyn. Le soir, il traîne son ennui le long des docks. Il y rencontre Kate, évadée du pénitencier. À 20 ans, cette jeune fille étrange et mutique ressemble à une gamine. Simon tombe amoureux, d'un amour chaste, mystique ; il la croit pure, veut la sauver. Il quitte Brooklyn, cet enfer de poutrelles et de boue, pour l'emmener dans l'Ouest.
Didier Decoin, né en 1945, est journaliste et scénariste (pour Marcel Carné et Henri Verneuil). Il est l'auteur d'une vingtaine de romans dont John l'enfer, prix Goncourt 1977, et La Femme de chambre du Titanic, disponibles en Points.
" Un livre net, sûr, fort, beau. Un vrai roman. " Elle
Prix des Libraires 1972
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1880, dans l'île anglo-normande d'Alderney. Parce qu'un accident a réduit sa voix à un murmure et l'isole des autres jeunes filles. Sarah McNeill passe le plus clair de son temps à courir les landes sauvages. C'est dans cette solitude qu'elle découvre l'histoire de lady Jane, qui, pendant un quart de siècle, espéra contre toute raison le retour de son mari, John Franklin, disparu au cours d'une expédition polaire.
Un soir de bal. Sarah rencontre Gaudion, un maraîcher breton faisant route vers l'Angleterre et dont la goélette chargée d'oignons s'est échouée sur le rivage. Le temps que la mer remonte, tous deux vont connaître une telle passion qu'à la fin de cette nuit unique la petite paysanne comprend que l'homme aux mains de géant est l'amour de sa vie. "Je désire, écrit-elle à lady Jane, dont elle a décidé d'imiter l'extraordinaire fidélité, que vous m'expliquiez comment on peut aimer comme ça, c'est-à-dire comme vous. C'est la manière dont je voudrais être capable d'aimer moi aussi."
Et Sarah de s'élancer à la recherche de Gaudion. D'abord sur les docks de Londres, où elle survit en livrant des oiseaux naturalisés aux clients d'un étrange empailleur, puis sur les côtes de Normandie, où une société brillante mais cruelle s'adonne à la nouvelle mode des bains de mer.
Aucune déchéance, pas même celle de la prison, ne fera renoncer Sarah à la quête éperdue de son amour. Alors, ébranlé par tant d'obstination, le destin finira peut-être par céder.
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" Voilà l'histoire d'un amour si étrange, dit l'auteur, que je n'étais pas sûr d'oser jamais l'écrire. Mais l'envie de raconter aura été plus forte que mes pudeurs.
Raconter la passion qui, durant l'année 1912 – l'année du Titanic –, a entraîné un docker de cinquante-deux ans, Horty, et Marie Diotret, une très jeune femme de chambre du transatlantique, dans un monde qui n'était pas fait pour eux. "
Dans le sillage d'Horthy et de Marie, de la taverne de la Tête d'Écaille aux quais mouillés de Southampton, des terrains vagues de New York aux lacs rêvés de l'État du Maine, des lumières du Grand Théâtre à la nuit des docks où rodent amants et assassins, cette " extrême histoire d'amour " met en image Zoé, la petite épouse rouquine et patiente qui attend qu'Horty rentre enfin à la maison ; Zeppe, le garçon de cirque qui croit pouvoir tirer fortune de l'amour d'Horty pour Marie ; la trop fragile Aïcha à qui le destin ne laissera même pas le temps d'apprendre à compter jusqu'à onze ; Sciarfoni, le lamaneur qui gîte comme une bête sauvage sous une grand barque renversée ; Maureen, la voleuse de bijoux qui opère dans les théâtres de Drury Lane ; et tout le peuple du port – dockers, soutiers, filles de joies, riches voyageurs, émigrants misérables... Le roman à la fois le plus imaginaire et le plus vrai de l'auteur d'Abraham de Brooklyn et de John l'Enfer.
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"c'est un véritable conte de Noël qu'a inventé Didier Decoin en écrivant Un policeman. il se révèle à la fois policier, amoureux, vagabond, plein de douleur, de tendresse et d'enfance. Tout se passe à Londres et dans la campagne anglaise. Aussi pense-t-on à Dickens et à ses enfants menacés."
Kléber Haedens.
"Il est parmi les très rare jeunes romanciers qui nous parlent de leur monde personnel avec assez de clarté et de conviction pour nous obliger à interroger le nôtre."
Robert Kanters.
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En 1865, Charles Lutwidge Dodgson, mieux connu sous le nom de Lewis Carroll, ecclésiastique indécis et professeur de mathématiques inemployé bien que vivant au Christ Church College, connaît le plus grand, et peut-être le seul, chagrin de son existence : la jeune Alice, objet unique de ses feux, est devenue nubile. Quand tout le pouvoir d'aimer que l'on porte en soi se concentre sur l'enfance, le passage à l'âge adulte est en effet pire qu'une trahison, c'est la mort même.La confession de ce malheur, Lewis Carroll ne nous l'a pas donnée. Mais Dider Decoin a repis sa plume, imaginant que l'auteur d'Alice, pour lui conter sa vie, ses bonheurs et ses tourments, avait, jusqu'à sa mort, adressé une correspondance sans échos à Charles Dickens, qu'il avait peut-être croisé et dont l'image d'écrivain glorieux, presque officiel même, était l'inverse exacte de la sienne. Et il n'est rien de plus délicieux que ces deux musiques confondues, quand la sensibilité, touchante et singulière, de l'Anglais se trouve prolongée par l'écriture subtile et la fine culture du Français.
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Pleine de colère et de jalousie, Catherine s'insurge contre son ami Blaise :
" De toute ma vie, je n'ai rien vu d'aussi stupide que cette femme et toi... Est-ce que tu l'as embrassée ?
_Tu es folle !
_ Essaie seulement, ça te donnera mal au cœur, et ça te fera très peur. "
Blaise essaierait volontiers. Sauf que la libraire, que toute cette ville du nord de la France appelle Docile, a trente-deux ans, et qu'il est encore un enfant. D'ailleurs, Docile sait-elle seulement qu'il l'aime ?
Blaise a beau l'aider à vendre ses livres trop beaux, trop étranges et trop chers, et voler pour elle, les jours de disette, aux étalages de la rue Tournemonde, Docile ne se gêne pas pour le mettre à la porte quand le soir tombe et qu'elle reçoit des cclients d'un genre particulier dans sa réserve, au premier étage.
Malgré la guerre, les dérobades de docile et l'amour de Catherine, Blaise accomplira son rêve : partir à la découverte d'une terre encore sans baptême pour lui donner le nom de la femme qu'il a encore aimée quand il avait douze ans...
Pris entre la lumière et l'ombre, la faute et la pureté, otages de leur propre histoire comme de la grande Histoire, Docile et Blaise iront jusqu'au boit du double destin, inattendu et bouleversant, que leur a tracé le romancier de La Femme de chambre du Titanic.
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Ariane a dix-sept ans. Ariane est enceinte. Ariane est seule.
Seule au milieu du jardin de Normandie où ses parents l'ont exilée, pour cause de calme.
Seule face à Flora, la grand-mère pour qui elle n'est binetôt plus qu'un cas médical.
Seule avec le docteur Maleaux, aux mains qui tremblent, et dont la science s'effrite avec l'émotion.
Seule avec lui dans son ventre. Lui, dont elle ne peut se séparer, jamais, pas même le temps de reprendre son souffle.
Seule parce que le couple était impossible, et que c'est une petite fille non accompagnée qui se présente au rendez-vous de "La mise au monde".
Et d'Ariane, finalement, ne peut naître qu'Ariane.
Didier Decoin, né en 1945, est journaliste et scénariste (pour Marcel Carné et Henri Verneuil). Il est l'auteur d'une vingtaine de romans dont John l'enfer, prix Goncourt 1977, et La Femme de chambre du Titanic, disponibles en Points.
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La sainte vierge a les yeux bleus
Didier Decoin
- Seuil
- Essais religieux (H.C.)
- 29 Août 2019
- 9782021437072
"Les gens ne t'aiment pas pour de bon, Marie. Enfin, si, ils t'aiment. Mais comme une prière. Pas comme une vivante. C'est ma différence. Peut-être choquante, scandaleuse et coupable. M'en fous, d'ailleurs. Je ne rugis pas ce livre pour faire bonne impression. Dis, je ne vais pas me mettre à glapir en public le contraire de ce que je te murmure en secret ? Le chrétien en moi n'a pas squatterisé toute ma nature d'homme. J'ai été créé charnel, charnel j'existe, charnel je mourrai. C'est vêtu de peau d'homme, ma jolie jeune fille du Ciel, que je m'effondre à tes genoux."
Didier Decoin
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Joanne Guiberry a quarante ans, un modeste salon de coiffure à Saint-Pierre-et-Miquelon, une bouteille de whisky fétiche héritée d'Al Capone, une mère qui vole des petites cuillers dans les bars. Deux fois l'an, à chaque solstice, Joanne s'envole au septième ciel en compagnie de son amant, un voyageur de commerce américain.
Deux fois l'an aussi, de l'autre côté de la mer, sur les rives de l'immense fleuve Saint-Laurent, trois cent mille oies des neiges se posent dans un bruit de tonnerre pour quelques semaines de festin pendant leur migration.
Comme une passerelle entre le temps des solstices et le temps des oiseaux, il y a Manon, une fille de vingt ans, étudiante et ravissante, escortée d'une grande oie blessée : Louise.
Chacune à sa façon, Manon et Louise vont faire l'expérience de l'amour. Et, d'une manière plus exceptionnelle, l'expérience de la mort. En passant du fleuve à l'océan, du cap Tourmente aux brouillards du petit archipel français qui dévisage l'Amérique, Manon et son oie sauvage vont apporter à Joanne un nouvel élan vers la liberté, une nouvelle idée du bonheur.
Et peut-être une révélation : imaginons que la vie ne soit pas tout à fait ce qu'on croit, imaginons qu'elle soit beaucoup plus étonnante...
D. D.
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Dans la cour d'un hôpital, le regard d'un jeune homme croise celui d'une petite fille de treize ans. Et plus rien ne compte : ni la leucémie de la petite fille, ni les doutes du médecin incapable de la sauver, ni le cri de la mère - un cri qui se résume par une fuite.
Il ne reste en définitive que cela : l'amour immense d'un homme pour une petite fille qui saute à la corde entre la vie et la mort, entre l'innocence et l'impureté.
Un amour aussi furieux que le typhon qui s'abat sur cette ville du sud des Etats-Unis où tout a commencé et où tout s'achèvera dans un souffle d'enfant.
Didier Decoin confirme ici un talent fait de rigueur et de pouvoir d'envoûtement.
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Il était une fois... Andersen
Didier Decoin
- FeniXX réédition numérique (Ramsay)
- Affinités électives
- 5 Novembre 2015
- 9782402036658
Où l'on voit un vilain petit canard qui rêvait de chanter l'opéra, devenir malgré lui un écrivain célèbre, depuis le cap Farewell jusqu'en Terre Adélie. Où l'on révèle que pour être né dans un cercueil, Andersen n'en finit pas moins sa drôle de vie en allant boire du chocolat chaud chez la Reine. Où l'on découvre que les héros d'Andersen osent par amour, défier la Mort en personne, mais que le conteur s'évanouit comiquement en demandant la main d'une jeune fille. Où l'on apprend pourquoi ce bonhomme étrange, à qui Dickens et Hugo disaient « mon ami, » s'entend familièrement appeler « mon frère Hans » par l'auteur de ce livre. Où la preuve est faite que cet Andersen-là est bien la clef secrète qui ouvre le petit monde de cet autre (ra)conteur d'histoires qu'est Didier Decoin !