La création artistique est envisagée ici au travers de trois aspects : l'élaboration de l'oeuvre, son aboutissement et sa réception par le public. Traditionnellement, l'oeuvre plastique prend naissance dans l'atelier, lieu fondateur, d'autres fois dans la nature ou dans l'espace urbain. Le processus créateur est un phénomène complexe, voire mystérieux. Le résultat obtenu est généralement autre que le projet qui l'a suscité. Que se passe-t-il durant ce laps de temps au cours duquel l'oeuvre se construit, s'organise ? Comment l'artiste procède-t-il ? Quels obstacles rencontre-t-il ? L'imprévu, la contingence, le hasard, l'accident ne manquent pas de surgir. Comment l'artiste réagit-il à ces manifestations ?
Partant de l'idée qu'il n'y a pas de création ex nihilo et que l'artiste tente néanmoins de réaliser quelque chose de nouveau, d'inédit, d'insolite, l'appropriation est au coeur de sa démarche. Que s'approprie-t-il ? Qu'est-ce qui se joue dans cette pratique particulière ? Qu'advient-il de la source ou de la référence ? Comment l'artiste affirme-t-il sa singularité ?
L'oeuvre achevée poursuit son existence dans la réception qui en est faite. Alors qu'elle est un aboutissement pour l'artiste, elle devient un point de départ pour le public et pour la critique d'art. Elle échappe à son auteur. L'expérience esthétique peut procurer plaisir, déplaisir ou indifférence. L'oeuvre quant à elle donne lieu à une multitude d'interprétations. Le discours sur l'oeuvre peut-il alors être considéré, à son tour, comme une nouvelle création ou une recréation ?
Comment s'élabore le processus créateur ? Pour le regardeur, si l'oeuvre visuelle conserve son potentiel énigmatique, il en va de même pour les modalités de sa création. Quel parcours, quelles étapes ont conduit l'artiste jusqu'à l'oeuvre qu'il considère comme achevée et qu'il offre alors au regard du public ? Ce que l'on sait au travers de témoignages et de réflexions à ce sujet de la part d'auteurs et d'artistes, c'est qu'entre l'intention du créateur et le résultat obtenu, un cheminement complexe a été suivi. L'oeuvre réalisée, dans une certaine mesure, est autre que l'intention qui l'a engendrée. Que s'est-il passé dans cet entre-deux ? Créer c'est prendre en compte l'apparition, en cours de réalisation, de l'imprévu, de l'accident, du contingent, du hasard. Comment ce surgissement de l'incontrôlé influe-t-il sur l'élaboration de l'oeuvre ? Comment l'artiste réagit-il ? Qu'en fait-il ? Ces quelques textes sur le hasard apportent des éléments de réponse à ces questions, montrant toute la complexité du travail conduisant à l'oeuvre aboutie.
L'art des Antilles se caractérise-t-il par un certain nombre d'aspects spécifiques ? Est-il identifiable comme tel ? Voici ici des entretiens d'artistes réalisés entre 1996 et 1999. Ils constituent une première série de témoignages inédits. Les thématiques traitées sont : « Appropriation » (1996), « La critique » (1997), « Trace(s) » (1998), « Hybridation, métissage, mélange des arts » (1999). Tout en présentant leur travail et leur démarche, les artistes expliquent ce en quoi ces notions les concernent.
Destination touristique, la Martinique est toutefois moins connue pour ce qu'elle recèle en termes de richesse artistique. Ainsi que le montre cet ouvrage, s'y développe en réalité une grande diversité des pratiques : peinture, sculpture, assemblage, installation, vidéo, performance, hybridation des techniques, etc.
L'auteur, qui fréquente depuis près de trente ans les ateliers de nombreux artistes, nous invite à découvrir leurs démarches ainsi que l'univers mystérieux de leurs oeuvres. Cet essai fait également apparaître que les notions de lieu, de mémoire, d'héritage sont souvent communes à ces artistes qui leur donnent des formes et des traitements à chaque fois singuliers.
Derrière les images de cartes postales de la Martinique, existe une autre réalité : un important bouillonnement artistique et un réel foisonnement de création. S'y développe une grande diversité des pratiques : peinture, sculpture, assemblage, installation, vidéo, performance, hybridation des techniques, etc. Les notions de lieu, de mémoire, d'héritage, de trace, d'identité, de fragmentation, sont souvent communes à ces artistes.
Quelles relations l'art entretient-il avec le trouble ? Cette notion renvoie au moins à trois acceptions : le trouble des éléments, le trouble des émotions et le trouble social. Trois aspects qui renvoient à l'ambiguïté, l'étrange, l'imprévu, au surprenant, au bouleversant, au malaise. Les oeuvres troublantes déstabilisent, dérangent le regardeur. Cet art perturbe et fait vaciller les codes, il déjoue les positions morales, malmène les convenances, la morale, les règles. En cela, cette esthétique du trouble relève d'une posture de résistance.
Ces 40 entretiens d'artistes contemporains de Martinique et de Guadeloupe rassemblés dans ces deux volumes ont été réalisés entre 1996 et 2014. Les thématiques traitées dans ce second volume sont : « Tradition, modernité, art actuel » (2000), « Marge(s) et périphérie(s) » (2001), « L'audace » (2002), « Errances » (2003), « L'ailleurs » (2004), « Utopies » (2005), « La rencontre » (2006), « La relation au lieu » (2007), « Le fragment » (2008), « L'imprévisible » (2009), « L'insolite » (2010), « Le trouble » (2011), « Transgression(s) » (2013), « Art et engagement » (2014). Ces axes de réflexion sont l'occasion pour les artistes de dire ce que ces notions leur inspirent.
On peut envisager différentes catégories de l'ailleurs : l'ailleurs géographique connu ou non-connu, l'ailleurs imaginé, projeté, fantasmé, ou encore les ailleurs artificiels. L'ailleurs est donc multiple et complexe. Il est à envisager aussi bien comme espérance et désir que comme menace et risque. Entre magie et crainte, appel et répulsion, possible et impossible, vécu et fantasme, il est un moteur de la vie.
Dans le domaine artistique, l'imprévisible n'est pas nécessairement envisagé de manière inquiétante ou négative. L'incontrôlé, l'imprévisible, l'aléatoire peuvent être des moteurs de création. Il s'agit d'accepter leur surgissement et de s'en servir. L'imprévisible est à la fois inquiétant, troublant, incontournable et déterminant.
Quelle est aujourd'hui l'utilité de la critique ? Quelle est son dessein ? Que sommes-nous en droit d'attendre d'elle ? Ces questions, qui touchent la critique en général, résonnent-elles de la même manière dans un contexte d'insularité ? Certains textes rassemblés dans ce volume proposent une réflexion plus spécifiquement liée à la Caraïbe.
Cet auteur est complexe, ce qui renforce son intérêt. Ses positions vis-à-vis de l'art comportent certaines ambiguïtés comme celle qui fait de lui, à la fois un défenseur d'un art qualifié de moderne, d'idées avant-gardistes et parallèlement, un moraliste prônant un art " rationnel ", éducateur, au service de la collectivité. Cette étude analyse les positions du philosophe vis-à-vis de l'art, des artistes, des critiques d'art, du public de même que ses relations avec Gustave Courbet.
Le terme "rencontre" renvoie à une diversité de situations qui n'ont pas toutes les mêmes implications. Elle est définie à la fois comme un coup de dés, un combat, un duel, une circonstance fortuite, la mise en contact de deux personnes par hasard ou de manière concertée, le fait d'aller au-devant. On parle aussi de mauvaise rencontre et de malencontre. Puisque le même mot désigne des cas de figure aussi différents les uns des autres, il convient de lui donner un relief particulier en l'associant à un autre terme.
Cet ouvrage présente une analyse du lieu, de son importance et de son influence sur les pratiques artistiques, littéraires et sociales. Le lieu influe sur nous, il est toujours silencieusement actif. La découverte d'un espace, d'un territoire ou d'un pays, peut produire des effets imprévisibles. Il peut en naître un trouble momentané, une vive émotion esthétique, une expérience marquante, une mutation durable, un basculement de vie.
Prendre l'art comme sujet de réflexion amène à prendre en considération trois éléments : l'oeuvre, sa production et sa réception. L'oeuvre est au centre d'une double relation. En amont et en aval se trouvent deux univers distincts : celui de l'artiste et celui du public. Dans un premier temps, l'artiste réalise ou fait réaliser une création. Lorsque celle-ci est montrée, elle échappe à son auteur et pénètre dans le monde du récepteur. S'opère alors une transformation du regard porté sur l'oeuvre. Tandis que celle-ci est pour l'artiste un aboutissement, elle devient au contraire pour le public le point de départ d'une émotion, d'une expérience esthétique, d'une interprétation. Le créateur et le récepteur ne conçoivent pas l'oeuvre de manière semblable. Il existe donc deux moments qui donnent lieu à deux approches et à deux formes de relations distinctes. La réception est une aventure qui entraîne l'oeuvre dans une infinité de regards et d'interprétations débouchant sur un accueil pouvant être positif, négatif ou encore suscitant l'indifférence. La réception est souvent imprévisible, à moins qu'elle ne soit délibérément provoquée. Il n'est pas rare que des réactions soient critiques, voire hostiles.
Qui est le critique d'art ? Quelle est son intention ? Quelle est sa méthode ? Quel type de discours produit-il ? Quelle est l'utilité de la critique ? Qu'advient-il de l'oeuvre ? Qu'attend le public du critique d'art ? Dominique Berthet s'interroge sur la relation particulière qu'entretient le critique d'art avec l'oeuvre.
L'insolite ne manque pas de se manifester dans les pratiques artistiques de façon souvent salutaire. En effet, quel serait l'intérêt d'un art qui ne chercherait pas à s'extraire de la répétition, du connu ou du déjà vu ? L'insolite dans l'oeuvre peut se manifester au travers d'un détail curieux, anachronique, ou de manière plus visible et transgressive. La présence de l'insolite dans l'art est souvent la marque d'une originalité voire d'une audace.
L'errance, aux si nombreux visages et aspects, intrigue, fascine ou au contraire inquiète. Mais à quoi renvoie-t-elle ? Ce recueil montre toute l'ambiguïté de la notion, liée au pire (perte de soi) comme au meilleur (éloge de l'imprévu), et contribue à en mieux cerner les innombrables manifestations.
La transgression est une posture critique. On peut l'associer à l'audace, à la subversion, à la révolte. La transgression s'affiche, elle est revendiquée. Elle remet en cause ce qui est considéré comme acquis, accepté par tous, et ébranle la légitimité d'un système de valeurs. Elle est donc contestation. La transgression est à la fois une forme de résistance et la proposition d'autre chose. Elle ouvre de nouveaux espaces, de nouvelles aventures, débouche sur de nouvelles expériences. Transgresser, c'est donner à voir et à penser autrement.
Les textes qui composent ce volume envisagent la trace en tant que marque, passage, questionnement du lieu et de l'origine, regard sur le passé qui travaille le présent, effet de survivance. Ils témoignent d'une épaisseur de la trace, de l'irréductibilité de la mémoire, du phénomène de mutations. La trace est considérée ici comme une sorte de lien entre le passé, le présent et le devenir.
" Métissage ", " hybridation ", deux termes qui, au regard du champ artistique, renvoient au croisement des arts, à leur interaction, aux rencontres, aux dialogues, aux emprunts, aux connexions dans une tentative de renouveler les pratiques, d'élargir les horizons, d'élaborer des sens nouveaux. Dans cette effervescence, s'expriment des pratiques parmi les plus insolites, voire les plus insolentes vis-à-vis des codes artistiques. Témoignage sur le métissage artistique, sur une esthétique du métissage qui ne va pas toujours de soi.
Un certain nombre d'utopies réalisées furent des échecs. Tel est le constat porté sur le siècle qui vient de s'écouler. Mais les utopies sont-elles mortes, comme on s'est empressé de le déclarer ? Ce serait faire abstraction de l'évidence : l'homme ne peut vivre sans utopie. Elle n'est pas, contrairement à l'idée reçue, l'irréel ou le rêve, mais un espoir chevillé à la vie. Quelles sont les relations que l'art entretient avec l'utopie ? L'art non seulement n'est pas étranger à cette notion, mais dans bien des cas, l'utopie semble s'incarner dans l'art.
La situation d'insularité contribue-t-elle à produire une création spécifique qui se distinguerait des autres créations ? Il est difficile d'imaginer un art qui serait détaché d'un lieu. Le lieu influe directement ou indirectement sur l'artiste. Vivre sur une île détermine un certain regard, une certaine appréhension des choses, une relation particulière au monde, un rapport singulier à l'espace. L'insularité n'est pas qu'un fait géographique, elle induit une mentalité, une approche, des conceptions spécifiques. L'île est pour les uns une réalité et pour les autres, un fantasme de vie idyllique. L'artiste insulaire, quant à lui, vit et travaille au coeur de cette réalité, de ces contraintes auxquelles il doit s'adapter et qui génèrent certaines pratiques. Cet ouvrage apporte des éclairages sur ces différents aspects et présente le travail de plusieurs artistes de la Caraïbe.
L'oeuvre d'Ernest Breleur, qui vit et travaille en Martinique, est singulière et marquante à bien des égards. Le choix qu'il a fait d'abandonner la peinture au profit de la radiographie comme support, ouvre sur la question du corps, un corps interrogé de façon inhabituelle, un corps énigmatique, anonyme, reconstitué. Bref, un corps qui ne cesse de nous intriguer. Par ailleurs, cette réflexion est accompagnée de trois entretiens avec l'artiste.
Les termes de modernité et de tradition, selon que l'on est originaire d'Europe, d'Afrique, d'Asie ou des Amériques, ne font pas l'objet d'une même perception ni d'une même conception. Que revêtent ces deux notions lorsque l'on est par exemple antillais ou africain ? Ces textes de philosophes de l'art, d'artistes, d'historiens de l'art des Antilles et de France, sont issus d'un colloque qui s'est tenu en Guadeloupe en décembre 2000. Déplacer le lieu du questionnement est toujours source de surprises et d'enrichissement.