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Seuil
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La névrose courtoise
Henri Rey-Flaud
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Bibliothèque des Analytica
- 3 Décembre 2018
- 9791036907128
C'est le philologue Gaston Paris qui inventa, vers 1880, l'expression amour courtois pour désigner l'érotique révélée par les littératures des XIIe et XIIIe siècles. Érotique marquée par le respect pour la dame et une savante élaboration du désir masculin - premier « art d'aimer », crut-on, de l'Occident émergeant de son long voyage au bout de la nuit. On a voulu voir dans la fin'amor des troubadours le fin du fin de l'amour, au risque de méconnaître que cet art d'aimer était en vérité une technique subtile de ne pas aimer. La permanence de la courtoisie atteste qu'elle n'est pas l'accident d'une culture. Aussi convenait-il de rechercher l'âme de ces textes. Surprise de cette enquête : la clef de l'amour élaboré dans la « chambre des dames » au XIIIe siècle est délivrée au début du nôtre sur un divan de Vienne où Freud reçoit d'un jeune juriste le récit de l'étrange attachement qui le lie à « une dame qu'il vénère mais n'aime pas vraiment ». Le Journal de l'Homme aux rats se découvre comme une autre page éblouissante de l'érotique courtoise marquant la place incontournable de la transgression dans le devenir de l'homme.
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L'éloge du rien ; il faut croire quelque chose dans le monde
Henri Rey-Flaud
- Seuil
- Champ Freudien
- 15 Juillet 2021
- 9782021028638
« Il faut croire quelque chose dans le monde », disait Sganarelle à Don Juan : un précepte qui ne relève pas du religieux, mais désigne une nécessité vitale, inhérente à la nature humaine. En cela Molière rejoint Freud qui définit la psyché de l’homme par sa capacité à croire, l’incroyance signant la catastrophe de la psychose. Au-delà des menus objets qui lui donnent sa consistance, la croyance s’adresse à l’Autre en tant que tel, c’est-à-dire à la puissance représentative, chargé de consoler l’homme de la perte du Bien.
Molière, mis à la question par Freud et Lacan, illustre cette fatalité sous les traits de trois figures. Sganarelle, l’hystérique, prêt à faire feu de tout bois pour nourrir sa croyance – en quoi il incarne le bienheureux qui a toujours un petit rien sous la main pour nourrir un désir. Face à lui, Alceste campe l’obsessionnel qui, incapable de prêter foi aux semblants qui tissent la réalité quotidienne, est exclu de la communauté des hommes. Quant à Don Juan, paradigme d’une superbe perversion, sa mé-créance exprime, au-delà de son mépris pour les croyances ordinaires, son refus de faire crédit à l'Autre en tant que tel.
La leçon conjointe de Molière et de Freud reste plus actuelle que jamais en un temps où les croyances « malades » produisent dans le monde un désert mélancolique ou, à l'inverse, une terre brûlée par la flambée des intégrismes.
Henri Rey-Flaud, psychanalyste, est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages dont « Et Moïse créa les Juifs… ». Le Testament de Freud (Aubier, 2006), L'Enfant qui s'est arrêté au seuil du langage. Comprendre l'autisme (Aubier, 2008).