L'avarice commence où la pauvreté cesse. Le jour où l'imprimeur entrevit la possibilité de se faire une fortune, l'intérêt développa chez lui une intelligence matérielle de son état, mais avide, soupçonneuse et pénétrante. Sa pratique narguait la théorie. Il avait fini par toiser d'un coup d'oeil le prix d'une page et d'une feuille selon chaque espèce de caractère. Il prouvait à ses ignares chalands que les grosses lettres coûtaient plus cher à remuer que les fines ; s'agissait-il des petites, il disait qu'elles étaient plus difficiles à manier. La composition étant la partie typographique à laquelle il ne comprenait rien, il avait si peur de se tromper qu'il ne faisait jamais que des marchés léonins. Si ses compositeurs travaillaient à l'heure, son oeil ne les quittait jamais. S'il savait un fabricant dans la gêne, il achetait ses papiers à vil prix et les emmagasinait. Aussi dès ce temps possédait-il déjà la maison où l'imprimerie était logée depuis un temps immémorial. Il eut toute espèce de bonheur : il devint veuf et n'eut qu'un fils ; il le mit au lycée de la ville, moins pour lui donner de l'éducation que pour se préparer un successeur ; il le traitait sévèrement afin de prolonger la durée de son pouvoir paternel ; aussi les jours de congé le faisait-il travailler à la casse en lui disant d'apprendre à gagner sa vie pour pouvoir un jour récompenser son pauvre père, qui se saignait pour l'élever.
À première vue, cela semble rassembler le Bon, la Brute et le Truand : le père Goriot qui se sacrifie pour ses deux filles, Rastignac qui ne pense qu'à devenir un personnage important et Vautrin qui cache sous ses cheveux teints le visage d'un bagnard... Mais Balzac rend ces personnages plus complexes, et donc plus attachants. Entrez dans la pension Vauquer, ils sont tous là.
Au fil du roman :
o 2 analyses de texte
o 1 commentaire de texte
Le dossier est composé de 8 chapitres :
1 - Histoire littéraire : Le réalisme
- 2 Balzac et son temps
3 - Présentation du Père Goriot
4 - Les mots importants du Père Goriot (éducation ; passion : mariage ; boue/crotte)
5 - La grammaire
6 - Groupement de textes : les relations père-fille dans le roman :
Émile Zola, L'Assommoir
Guy de Maupassant, Une vie
Annie Ernaux, La Place
Marie NDiaye, Trois femmes puissantes
Texte d'opinion : Louise Hernant, 'Peut-on être traître à sa classe sociale?'
7 - Prolongements artistiques et culturels
8 - Exercices d'appropriation.
La Comédie humaine - Études de moeurs. Deuxième livre, Scènes de la vie de province - Tome I. Cinquième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Un grand jeune homme blond, pâle et frêle, ayant d'assez bonnes façons, timide en apparence, mais qui venait de dépenser à Paris, où il était allé faire son Droit, huit ou dix mille francs en sus de sa pension, s'avança vers Eugénie, l'embrassa sur les deux joues, et lui offrit une boîte à ouvrage dont tous les ustensiles étaient en vermeil, véritable marchandise de pacotille, malgré l'écusson sur lequel un E. G. gothique assez bien gravé pouvait faire croire à une façon très-soignée. En l'ouvrant, Eugénie eut une de ces joies inespérées et complètes qui font rougir, tressaillir, trembler d'aise les jeunes filles. Elle tourna les yeux sur son père, comme pour savoir s'il lui était permis d'accepter, et monsieur Grandet dit un « Prends, ma fille ! » dont l'accent eût illustré un acteur. Les trois Cruchot restèrent stupéfaits en voyant le regard joyeux et animé lancé sur Adolphe des Grassins par l'héritière à qui de semblables richesses parurent inouïes. Monsieur des Grassins offrit à Grandet une prise de tabac, en saisit une, secoua les grains tombés sur le ruban de la Légion-d'Honneur attaché à la boutonnière de son habit bleu, puis il regarda les Cruchot d'un air qui semblait dire : - Parez-moi cette botte-là ? Madame des Grassins jeta les yeux sur les bocaux bleus où étaient les bouquets des Cruchot, en cherchant leurs cadeaux avec la bonne foi jouée d'une femme moqueuse.
Colonel dans l'armée napoléonienne, Hyacinthe Chabert est mort en donnant la charge durant la bataille d'Eylau. Du moins, c'est ce que son entourage pense. Sa veuve Rose Chapotel, ancienne fille de joie remariée avec le comte Ferraud, a revendu tous les biens de son ancien époux. Lorsqu'un homme revient à Paris dix ans plus tard en affirmant qu'il est son premier mari, elle l'accuse d'imposture. Au comble du désespoir, le colonel Chabert demande l'aide de maître Derville, avocat, pour retrouver son rang et son honneur. Mais il ignore encore jusqu'où la bassesse de ses proches peut aller...
o Objet d'étude : Individu et société : confrontation de valeurs?
o Dossier pédagogique spécial nouveaux programmes
o Prolongement : Étude d'images et corpus de textes réalistes.
Classe de quatrième.
Les grands classiques en texte intégral
Raphaël de Valentin a perdu au jeu. Il envisage de se suicider. Errant dans les rues de Paris, il finit par entrer dans la boutique d'un antiquaire. Le vieil homme lui montre alors un étrange objet : la "Peau de chagrin". Celle-ci a le pouvoir d'exaucer tous les voeux de son propriétaire. Quelques lignes sont inscrites dessus : « Si tu me possèdes, tu posséderas tout, mais ta vie m'appartiendra. »
Le vieillard met en garde le jeune homme : chaque désir exaucé fera diminuer la taille de cette peau, symbole de sa vie.
Que va faire Raphaël de Valentin ? Cette "peau de chagrin" peut-elle être son salut ou au contraire lui coûter son âme ?
Avec La Peau de chagrin, Balzac nous livre un roman fantastique puissant qui a marqué durablement l'histoire de la littérature.
Honoré de Balzac (1799 - 1850), romancier, dramaturge, critique littéraire et journaliste, est l'auteur de plus de quatre-vingt-dix romans et nouvelles composant le cycle de la comédie humaine. Il est considéré comme le précurseur du mouvement réaliste.
BnF collection ebooks - "Vers la fin de l'année 1612, par une froide matinée de décembre, un jeune homme dont le vêtement était de très mince apparence, se promenait devant la porte d'une maison située rue de Grands-Augustins, à Paris. Après avoir assez longtemps marché dans cette rue avec l'irrésolution d'un amant qui n'ose se présenter chez sa première maîtresse, quelque facile qu'elle soit, il finit par franchir le seuil de cette porte..."
BnF collection ebooks a pour vocation de faire découvrir en version numérique des textes classiques essentiels dans leur édition la plus remarquable, des perles méconnues de la littérature ou des auteurs souvent injustement oubliés. Tous les genres y sont représentés : morceaux choisis de la littérature, y compris romans policiers, romans noirs mais aussi livres d'histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou sélections pour la jeunesse.
La Comédie humaine - Études de moeurs. Deuxième livre, Scènes de la vie de province - Tome I. Cinquième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Cette personne était une femme. Aucun homme ne s'arrache aux douceurs du sommeil matinal pour écouter un troubadour en veste, une fille seule se réveille à un chant d'amour. Aussi était-ce une fille, et une vieille fille. Quand elle eut déployé ses persiennes par un geste de chauve-souris, elle regarda dans toutes les directions et n'entendit que vaguement les pas de Brigaut qui s'enfuyait. Y a-t-il rien de plus horrible à voir que la matinale apparition d'une vieille fille laide à sa fenêtre ? De tous les spectacles grotesques qui font la joie des voyageurs quand ils traversent les petites villes, n'est-ce pas le plus déplaisant ? il est trop triste, trop repoussant pour qu'on en rie. Cette vieille fille, à l'oreille si alerte, se présentait dépouillée des artifices en tout genre qu'elle employait pour s'embellir : elle n'avait ni son tour de faux cheveux ni sa collerette. Elle portait cet affreux petit sac en taffetas noir avec lequel les vieilles femmes s'enveloppent l'occiput, et qui dépassait son bonnet de nuit relevé par les mouvements du sommeil. Ce désordre donnait à cette tête l'air menaçant que les peintres prêtent aux sorcières.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
La Comédie Humaine Etudes de moeurs. Scènes de la vie parisienne. Tome XVII - Houssiaux, 1848. Extrait : Cette hyène était d'autant plus furieuse contre ce chérubin, fils de la belle madame Brunner, que, malgré des efforts dignes d'une locomotive, elle ne pouvait pas avoir d'enfant. Mue par une pensée diabolique, cette criminelle Allemande lança le jeune Fritz, à l'âge de vingt et un ans, dans des dissipations anti-germaniques. Elle espéra que le cheval anglais, le vinaigre du Rhin et les Marguerites de Goethe dévoreraient l'enfant de la juive et sa fortune ; car l'oncle Virlaz avait laissé un bel héritage à son petit Fritz au moment où celui-ci devint majeur. Mais si les roulettes des Eaux et les amis du Vin, au nombre desquels était Wilhem Schwab, achevèrent le capital Virlaz, le jeune enfant prodigue demeura pour servir, selon les voeux du Seigneur, d'exemple aux puînés de la ville de Francfort-sur-Mein, où toutes les familles l'emploient comme un épouvantail pour garder leurs enfants sages et effrayés dans leurs comptoirs de fer doublés de marcs banco.
Renée et Louise sont amies. Lorsqu'elles quittent le couvent, elles empruntent chacune des voies différentes : la première se marie et fonde une famille, tandis que la seconde cherche à vivre une passion amoureuse. L'une incarne la force tranquille, l'autre est pleine d'ardeur.
Pendant plus de dix ans, ces deux héroïnes aux tempéraments bien distincts échangent des lettres. À travers cette correspondance, c'est toute la condition des femmes qu'elles interrogent : leur éducation, la place de l'amour dans le mariage, la maternité
Raison ou sentiments ? Dans ce roman épistolaire, Balzac dresse le portrait antagoniste de deux personnages féminins fascinants.
Objet d'étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXI siècle
Dossier pédagogique spécial bac : parcours « Raison et sentiments »
Prolongement : Sense and Sensibility, de Jane Austen (corpus de textes).
La Comédie Humaine Etudes de moeurs. Scènes de la vie parisienne. Tome XVII - Houssiaux, 1848. Extrait : Il est facile maintenant de comprendre l'espèce d'attachement extraordinaire que mademoiselle Fischer avait conçu pour son Livonien ; elle le voulait heureux, et elle le voyait dépérissant, s'étiolant dans sa mansarde. On conçoit la raison de cette situation affreuse. La Lorraine surveillait cet enfant du Nord avec la tendresse d'une mère, avec la jalousie d'une femme et l'esprit d'un dragon ; ainsi elle s'arrangeait pour lui rendre toute folie, toute débauche impossible, en le laissant toujours sans argent. Elle aurait voulu garder sa victime et son compagnon pour elle, sage comme il était par force, et elle ne comprenait pas la barbarie de ce désir insensé, car elle avait pris, elle, l'habitude de toutes les privations. Elle aimait assez Steinbock pour ne pas l'épouser, et l'aimait trop pour le céder à une autre femme ; elle ne savait pas se résigner à n'en être que la mère, et se regardait comme une folie quand elle pensait à l'autre rôle. Ces contradictions, cette féroce jalousie, ce bonheur de posséder un homme à elle, tout agitait démesurément le coeur de cette fille. Éprise réellement depuis quatre ans, elle caressait le fol espoir de faire durer cette vie inconséquente et sans issue, où sa persistance devait causer la perte de celui qu'elle appelait son enfant. Ce combat de ses instincts et de sa raison la rendait injuste et tyrannique. Elle se vengeait sur ce jeune homme de ce qu'elle n'était ni jeune, ni riche, ni belle ; puis, après chaque vengeance, elle arrivait, en reconnaissant ses torts en elle-même, à des humilités, à des tendresses infinies.
« Splendeurs et misères des courtisanes » est un roman d'Honoré de Balzac écrit et publié sur une période de neuf ans, avant de prendre sa forme actuelle et finale, celle d'un roman fleuve, sorte de mini- Comédie Humaine, commençant comme un roman d'une facture balzacienne classique, et se métamorphosant en roman judiciaire, avant de se conclure avec le dernier coup d'archet de Jacques Collin, alias Vautrin, alias Carlos Herrera, alias Trompe-la-mort, qui triomphe une nouvelle fois de ses ennemis, et devient chef de la Police. Balzac n'a jamais dissimulé la parenté entre le personnage de Vautrin et Vidocq->aut160], qu'il rencontre dès 1822, dont il découvre les Mémoires en 1828, et qu'il continue à « fréquenter » par la suite. Comme dans Une ténébreuse affaire->art405], Balzac nous fait aussi la démonstration de son excellente connaissance du système pénal, de l'Instruction, il nous fait visiter les recoins les plus sombres du Palais de Justice. Esther, Rubempré, Sérizy, Rastignac, Nucingen, et évidemment Vautrin, tous apparaissent dans ce long roman, un roman charnière dans l'oeuvre de Balzac-, un de ses plus grands romans. Précédé d'une préface détaillée et d'une biographie originales. A lire !
1842. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome III. Troisième volume de l'édition Furne 1842. Comment un mariage, même souhaité et même socialement brillant, peut conduire une jeune fille au malheur. Comment une jeune mère résiste à une passion adultère, mais sombre dans le chagrin. Comment une jeune femme dans tout l'éclat de sa maturité retrouve le goût de l'amour puis se trouve punie dans le destin tragique de ses propres enfants. Voilà la trame du roman. Extrait : La marquise, laissée à elle-même, put donc rester parfaitement silencieuse au milieu du silence qu'elle avait établi autour d'elle, et n'eut aucune occasion de quitter la chambre tendue de tapisseries où mourut sa grand'mère, et où elle était venue pour y mourir doucement, sans témoins, sans importunités, sans subir les fausses démonstrations des égoïsmes fardés d'affection qui, dans les villes, donnent aux mourants une double agonie. Cette femme avait vingt six ans. A cet âge, une âme encore pleine de poétiques illusions aime à savourer la mort, quand elle lui semble bienfaisante. Mais la mort a de la coquetterie pour les jeunes gens ; pour eux, elle s'avance et se retire, se montre et se cache ; sa lenteur les désenchante d'elle, et l'incertitude que leur cause son lendemain finit par les rejeter dans le monde où ils rencontreront la douleur, qui, plus impitoyable que ne l'est la mort, les frappera sans se laisser attendre. Or, cette femme qui se refusait à vivre allait éprouver l'amertume de ces retardements au fond de sa solitude, et y faire, dans une agonie morale que la mort ne terminerait pas, un terrible apprentissage d'égoïsme qui devait lui déflorer le coeur et le façonner au monde.
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Les romans de l'énergie : création et destructiono Voie générale
Raphaël de Valentin vient de perdre son dernier sou au jeu. Ruiné, il ne lui reste que le suicide. Sa déambulation dans le Paris de 1831 le mène par hasard chez un vieil, très vieil antiquaire. Et voici comment la " Peau de chagrin ", qui a le pouvoir d'exaucer tous les voeux de son propriétaire, se retrouve entre les mains d'un jeune désespéré. Mais, à chaque désir exaucé, la Peau rétrécira. Inexorablement. Alors, qu'est-il préférable ? Vivre intensément une courte existence ou renoncer à tout désir pour s'assurer une fade longévité ?
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o Voie technologique
Renée et Louise sont deux jeunes filles de la bonne société qui sortent du couvent. Le roman est constitué de leurs lettres, qui détaillent le chemin de vie de chacune. Renée, la raisonnable, part vivre en province avec un mari qui la laisse indifférente et fonde une famille, Louise, la passionnée, s'étourdit dans les mondanités de la vie parisienne et ne rêve que d'amour absolu.
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Au détour d'une rue mal famée de Paris, l'officier de cavalerie Auguste de Maulincour aperçoit au loin Clémence Desmarets dont il est secrètement amoureux. Elle jette des coups d'oeil par dessus son épaule, et pénètre dans une maison délabrée.
Le soir venu, chez madame de Nucingen, Clémence assure ne jamais être sortie de chez elle de la journée. Intrigué et quelque peu inquiet, Auguste décide alors d'espionner la maison...
Ce roman ouvre la série de l'« Histoire des Treize » et fait découvrir cette étrange organisation digne de la franc-maçonnerie, sombre et mystérieuse.
Honoré de Balzac (1799-1850) est un écrivain français issu d'une bonne famille. Durant ses études, il travaille chez un notaire, et bien qu'il obtienne son baccalauréat de droit, il décide de se consacrer entièrement à la littérature. Son expérience, notamment par ses études, de la société de son temps déteint fortement dans ses romans dans lesquels il dépeint de façon réaliste la condition humaine du XIXème siècle. Ses romans ont été adaptés plusieurs fois au cinéma français, notamment le film « Le Colonel Chabert » (1994) de Yves Angelo avec Gérard Depardieu et « Le Lys dans la vallée » (1970) de Marcel Cravenne avec Delphine Seyrig.
"Les Chouans" est un roman historique d'Honoré de Balzac publié en 1829. Après avoir écrit de nombreux romans sous différents pseudonymes, mais aussi sous son propre nom, c'est avec ce livre que Balzac deviendra célèbre. L'action se situe en Bretagne en 1799, en pleine guerre entre les Bleus et les Chouans. Afin d'avoir la peau de Montauran, Fouché envoie son espionne Marie de Verneuil. Elle s'éprendra du Gars, le trahira, puis cherchera à le sauver. Mais peut-on parler de roman historique quand le roman est postérieur de seulement trente ans aux faits qu'il décrit ? Dans la préface, nous expliquons qu'en décrivant la violence des faits, et la déchirure profonde que subit la France trente ans avant, "Les Chouans" jouent en rôle essentiel dans la Comédie Humaine : éclairer la société de 1829 par ses origines, le bouleversement de 1799 et de la Révolution. A lire absolument !
La Comédie humaine - Études de moeurs. Deuxième livre, Scènes de la vie de province - Tome III. Septième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Ce qui, de Paris à Pékin, aurait fait remarquer le chevalier, était la douce paternité de ses manières avec ces grisettes ; elles lui rappelaient les filles d'autrefois, ces illustres reines d'Opéra, dont la célébrité fut européenne pendant un bon tiers du dix-huitième siècle. Il est certain que le gentilhomme qui a vécu jadis avec cette nation féminine oubliée comme toutes les grandes choses, comme les Jésuites et les Flibustiers, comme les Abbés et les Traitants, a conquis une irrésistible bonhomie, une facilité gracieuse, un laissez-aller dénué d'égoïsme, tout l'incognito de Jupiter chez Alcmène, du roi qui se fait la dupe de tout, qui jette à tous les diables la supériorité de ses foudres, et veut manger son Olympe en folies, en petits soupers, en profusions féminines, loin de Junon surtout. Malgré sa robe de vieux damas vert, malgré la nudité de la chambre où il recevait, et où il y avait à terre une méchante tapisserie en guise de tapis, de vieux fauteuils crasseux, où les murs tendus d'un papier d'auberge offraient ici les profils de Louis XVI et des membres de sa famille tracés dans un saule pleureur, là le sublime testament imprimé en façon d'urne, enfin toutes les sentimentalités inventées par le royalisme sous la Terreur ; malgré ses ruines, le chevalier se faisant la barbe devant une vieille toilette ornée de méchantes dentelles respirait le dix-huitième siècle !... Toutes les grâces libertines de sa jeunesse reparaissaient, il semblait riche de trois cent mille livres de dettes et avoir son vis-à-vis à la porte. Il était aussi grand que Berthier communiquant, pendant la déroute de Moscou, des ordres aux bataillons d'une armée qui n'existait plus.
1830. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome I. Premier volume de l'édition Furne 1842. Ginevra Piombo fait la connaissance de Luigi Porta, réfugié dans l'atelier d'un peintre chez qui elle prend des leçons. Luigi Porta a été blessé à Waterloo. Ginevra le secourt, le protège, et veut le présenter à sa famille. Mais elle découvre que les familles Piombo et Porta sont ennemies. Malgré le refus et les menaces de son père, elle épouse Porta pour le meilleur et pour le pire... Extrait : Les jeunes personnes qui composaient le groupe des nobles appartenaient aux familles royalistes les plus exaltées de Paris. Il serait difficile de donner une idée des exagérations de cette époque et de l'horreur que causaient les bonapartistes. Quelque insignifiante et petite que puisse paraître aujourd'hui l'action d'Amélie Thirion, elle était alors une expression de haine fort naturelle. Ginevra Piombo, l'une des premières écolières de Servin, occupait la place dont on voulait la priver depuis le jour où elle était venue à l'atelier ; le groupe aristocratique l'avait insensiblement entourée : la chasser d'une place qui lui appartenait en quelque sorte était non-seulement lui faire injure, mais lui causer une espèce de peine ; car les artistes ont tous une place de prédilection pour leur travail. Mais l'animadversion politique entrait peut-être pour peu de chose dans la conduite de ce petit Côté Droit de l'atelier. Ginevra Piombo, la plus forte des élèves de Servin, était l'objet d'une profonde jalousie : le maître professait autant d'admiration pour les talents que pour le caractère de cette élève favorite qui servait de terme à toutes ses comparaisons ; enfin, sans qu'on s'expliquât l'ascendant que cette jeune personne obtenait sur tout ce qui l'entourait, elle exerçait sur ce petit monde un prestige presque semblable à celui de Bonaparte sur ses soldats.
La Comédie humaine - Études philosophiques - Tome II. Quinzième volume de l'édition Furne 1842.Extrait : Monsieur d'Albon admira les longs cils de ses yeux, ses sourcils noirs bien fournis, une peau d'une blancheur éblouissante et sans la plus légère nuance de rougeur. De petites veines bleues tranchaient seules sur son teint blanc. Quand le conseiller se tourna vers son ami pour lui faire part de l'étonnement que lui inspirait la vue de cette femme étrange, il le trouva étendu sur l'herbe et comme mort. Monsieur d'Albon déchargea son fusil en l'air pour appeler du monde, et cria : *Au secours !* en essayant de relever le colonel. Au bruit de la détonation, l'inconnue, qui était restée immobile, s'enfuit avec la rapidité d'une flèche, jeta des cris d'effroi comme un animal blessé, et tournoya sur la prairie en donnant les marques d'une terreur profonde. Monsieur d'Albon entendit le roulement d'une calèche sur la route de l'Île-Adam, et implora l'assistance des promeneurs en agitant son mouchoir. Aussitôt, la voiture se dirigea vers les Bons-Hommes, et monsieur d'Albon y reconnut monsieur et madame de Grandville, ses voisins, qui s'empressèrent de descendre de leur voiture en l'offrant au magistrat. Madame de Grandville avait, par hasard, un flacon de sels, que l'on fit respirer à monsieur de Sucy. Quand le colonel ouvrit les yeux, il les tourna vers la prairie où l'inconnue ne cessait de courir en criant, et laissa échapper une exclamation indistincte, mais qui révélait un sentiment d'horreur ; puis il ferma de nouveau les yeux en faisant un geste comme pour demander à son ami de l'arracher à ce spectacle. Monsieur et madame de Grandville laissèrent le conseiller libre de disposer de leur voiture, en lui disant obligeamment qu'ils allaient continuer leur promenade à pied.
La Comédie humaine - Études philosophiques - Tome II. Quinzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : En ce moment, le fournisseur leva les yeux sur moi ; son regard me fit tressaillir, tant il était sombre et pensif ! Assurément ce coup d'oeil résumait toute une vie. Mais tout à coup sa physionomie devint gaie ; il prit le bouchon de cristal, le mit, par un mouvement machinal, à une carafe pleine d'eau qui se trouvait devant son assiette, et tourna la tête vers monsieur Hermann en souriant. Cet homme, béatifié par ses jouissances gastronomiques, n'avait sans doute pas deux idées dans la cervelle, et ne songeait à rien. Aussi eus-je en quelque sorte, honte de prodiguer ma science divinatoire *in anima vili* d'un épais financier. Pendant que je faisais, en pure perte, des observations phrénologiques, le bon Allemand s'était lesté le nez d'une prise de tabac, et commençait son histoire. Il me serait assez difficile de la reproduire dans les mêmes termes, avec ses interruptions fréquentes et ses digressions verbeuses. Aussi l'ai-je écrite à ma guise, laissant les fautes au Nurembergeois, et m'emparant de ce qu'elle peut avoir de poétique et d'intéressant, avec la candeur des écrivains qui oublient de mettre au titre de leurs livres : traduit de l'allemand.
La Comédie humaine - Études de moeurs. Troisième et quatrième livres, Scènes de la vie parisienne et scènes de la vie politique - Tome XII (sic, erreur pour le tome IV). Douzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Madame Michu leva douloureusement les yeux au ciel. Belle blonde aux yeux bleus, faite comme une statue antique, pensive et recueillie, elle paraissait être dévorée par un chagrin noir et amer. L'aspect du mari pouvait expliquer jusqu'à un certain point la terreur des deux femmes. Les lois de la physionomie sont exactes, non-seulement dans leur application au caractère, mais encore relativement à la fatalité de l'existence. Il y a des physionomies prophétiques. S'il était possible, et cette statistique vivante importe à la Société, d'avoir un dessin exact de ceux qui périssent sur l'échafaud, la science de Lavater et celle de Gall prouveraient invinciblement qu'il y avait dans la tête de tous ces gens, même chez les innocents, des signes étranges. Oui, la Fatalité met sa marque au visage de ceux qui doivent mourir d'une mort violente quelconque ! Or, ce sceau, visible aux yeux de l'observateur, était empreint sur la figure expressive de l'homme à la carabine.
La Comédie humaine - Études de moeurs. Cinquième livre, Scènes de la vie de campagne. Treizième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Malgré les innombrables spectacles de sa vie militaire, le vieux cavalier ressentit un mouvement de surprise accompagné d'horreur en apercevant une face humaine où la pensée ne devait jamais avoir brillé, face livide où la souffrance apparaissait naïve et silencieuse, comme sur le visage d'un enfant qui ne sait pas encore parler et qui ne peut plus crier, enfin la face tout animale d'un vieux crétin mourant. Le crétin était la seule variété de l'espèce humaine que le chef d'escadron n'eût pas encore vue. A l'aspect d'un front dont la peau formait un gros pli rond, de deux yeux semblables à ceux d'un poisson cuit, d'une tête couverte de petits cheveux rabougris auxquels la nourriture manquait, tête toute déprimée et dénuée d'organes sensitifs, qui n'eût pas éprouvé, comme Genestas, un sentiment de dégoût involontaire pour une créature qui n'avait ni les grâces de l'animal ni les priviléges de l'homme, qui n'avait jamais eu ni raison ni instinct, et n'avait jamais entendu ni parlé aucune espèce de langage. En voyant arriver ce pauvre être au terme d'une carrière qui n'était point la vie, il semblait difficile de lui accorder un regret ; cependant la vieille femme le contemplait avec une touchante inquiétude, et passait ses mains sur la partie des jambes que l'eau brûlante n'avait pas baignée, avec autant d'affection que si c'eût été son mari. Benassis lui-même, après avoir étudié cette face morte et ces yeux sans lumière, vint prendre doucement la main du crétin et lui tâta le pouls.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Honoré de Balzac. "Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, marchand parfumeur, adjoint au maire du deuxième arrondissement de Paris, chevalier de la Légion d'honneur, etc." appartient aux "Scènes de la vie parisienne" de "La Comédie humaine". César Birotteau fait de bonnes affaires et il espère être nommé chevalier de la Légion d'honneur. Il décide donc d'agrandir sa maison. Le notaire Roguin lui propose alors une spéculation consistant à acheter des terrains au quart de leur valeur avant de les revendre à des amis. L'instigateur de l'opération est le jeune Du Tillet, ancien commis de Birotteau devenu spécialiste de la haute finance sur la scène parisienne. Birotteau s'endette lourdement mais le notaire s'enfuit après avoir dilapidé l'argent. Les créanciers frappent bientôt à la porte. Birotteau est ruiné, sa belle entreprise de parfums est mise en faillite. Il garde cependant l'espoir d'obtenir sa réhabilitation. Le sujet du roman s'inspire de faits bien réels mais Balzac en a comme d'habitude étendue la portée en faisant de son personnage l'incarnation de la petite bourgeoisie marchande de Paris. Grisée par l'effervescence de l'époque, celle-ci ambitionne de s'élever dans l'échelle sociale en se mêlant aux hautes sphères de la finance, de la politique et des affaires. "César Birotteau" est incontestablement l'un des romans les plus réalistes de Balzac.