Au cours des trois dernières décennies, Jean Raspail a énormément écrit dans la presse, - entre autres la presse-magazine -, sur les sujets les plus divers. Méthodique, il prenait soin de conserver chacun de ses articles publiés, qui ont donc été découverts après sa disparition. Petits éloges de l'ailleurs se propose d'offrir au lecteur un vade-mecum de l'essentiel de ces textes d'où se dégagent plusieurs grandes lignes de force : « Politique etsociété », « Écrivains et Écriture », « Voyages », « Patagonie », « Histoire » ... C'est l'occasion séance tenante de repartir en voyage, et au galop,avec les Indiens d'Amérique, de disserter sur certains aspects de la langue française, de s'interroger sur des débats de société, et de rendre hommage à des écrivains et voyageurs au style de vie étincelant qui continuent à fasciner, et qui offrent des horizonsinaltérés.
Qui est ce vieux prélat vagabond qui, lorsqu'on l'interroge, répond simplement : « Je suis Benoît » ? Un usurpateur ? Un illuminé ? Pourquoi les services secrets du Vatican lancent-ils sur ses traces leur meilleur agent ? Le Saint-Siège se sentirait-il menacé ?Nous sommes pourtant en 1993. L'autorité de Rome n'est plus contestée depuis le concile de Constance qui déposa Benoît XIII, le dernier des antipapes d'Avignon, en 1417. La trace des « Benoît » s'est perdue, entre Provence et Aveyron. Le Grand Schisme qui déchira l'Eglise catholique est oublié. La querelle est éteinte, l'affaire close. Close à jamais ? Qui donc peut l'affirmer?
Sur la tombe d'Antoine de Tounens, en Dordogne, on peut lire : Ci gt Orlie-Antoine 1er, roi de Patagonie, dcd le 18 septembre 1878. Une bien trange pope, aux bornes du monde austral, entre rve et ralit A ce modeste avou prigourdin, il fallut une sacre dose de courage chimrique et d'inconscience pour aller se faire proclamer roi, le 18 novembre 1860, par les tribus de cavaliers qui menaient contre l'Argentine et le Chili les derniers combats de la libert. Quelques semaines, il rgna, galopant leur tte en uniforme chamarr, sous les plis de son drapeau bleu, blanc, vert. Et puis, la chance l'abandonna. Trahi, jet en prison, jug, il parvint regagner la France o un autre destin l'attendait, celui d'un roi de drision en butte tous les sarcasmes, mais jamais il ne cda. Roi il resta, solitaire et abandonn. Il mourut dans la misre, Tourtoirac, o il tait n. Les indiens ont disparu, mais ses sujets se comptent aujourd'hui par milliers, en France et travers le monde, car son royaume est ternel.
Histoire passionnante leve au rang des grandes aventures de l'esprit, Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie a valu son auteur, Jean Raspail, le Grand Prix du roman de l'Acadmie franaise en 1981.
Ce livre a vu le jour en 1998, sous le titre flamboyant de Hurrah Zara ! Nous ne pouvions, mon éditeur et moi, prévoir que ce nom sacré de Zara, première souveraine von Pikkendorff, allait devenir l'enseigne d'une chaîne de prêt-à-porter féminin ! Pour l'honneur des innombrables Pikkendorff et pour le mien, il fallait, dès la première opportunité, laver l'affront, et redonner au livre un titre qui reflétât la grandeur de cette prestigieuse famille.Les Pikkendorff, c'est l'Europe. La vieille et éternelle Europe. La vraie. La nôtre. La mère de la civilisation occidentale. Von Pikkendorff pour les Germaniques, de Pikkendorff pour les Français, Pikkendoe pour les Britanniques... Je les ai cherchés, je les ai trouvés, je les ai connus, je les ai enviés. Leur élan, c'est un socle sûr, un recours, une forme d'exemple. Je ne veux pas qu'on les oublie, de telle sorte qu'ils nous abandonnent, qu'ils nous dédaignent. Telle est la raison principale, profonde, essentielle de la présente réédition. Fermez le ban !
Jean Raspail
Il y a cinquante ans, presque jour pour jour, naviguant sur le détroit de Magellan, j'ai vu apparaître un canot d'Indiens à travers un rideau de pluie. Deux hommes, trois femmes, un seul enfant, et les braises du feu dans un pot de terre : les derniers nomades de la mer, la fin d'un monde. Cette vision ne m'a plus quitté. Elle a déterminé mon existence. La Terre de Feu, la Patagonie, les extrêmes confins du cap Hom ont dès lors occupé mes pensées, emporté mon imagination jusqu'à devenir une seconde patrie où rien ne bride l'âme et le coeur. J'y suis retourné souvent. J'y ai suivi tant de pistes qu'elles ont fini par s'entrecroiser, formant le tissu de ce livre. Il y passe des voiliers mystérieux, des navires corsaires, des colonnes de soldats perdus, des missionnaires énigmatiques, des princes en fuite, des peuples disparus, des gentilshommes d'aventure, des survivants, des cavaliers... Un théâtre d'illusion où galopent les souvenirs du roi de Patagonie, Sa Majesté Orélie-Antoine - dont je suis le consul général - qui règne pour l'éternité. Ce Sud du Sud est mon pays. Nul ne pourra plus m'y rattraper. J.R.
« Notre monde à nous, c'était le chemin d'eau. Un grand silence nous entourait. Nos canots se frayaient leur route à travers un no man's land de deux cents années, soit le temps qui nous séparait des découvreurs et des pionniers de l'ancienne Amérique française. »
Jean Raspail
1949. Jean Raspail a vingt-trois ans et un rêve : descendre en canot du Saint-Laurent à La Nouvelle-Orléans sur les traces des premiers explorateurs français. Sept mois durant, avec trois compagnons, il va affronter intempéries, accidents et naufrages, tenant chaque soir son journal de bord. Miraculeusement retrouvées, ces notes sont aujourd'hui l'occasion pour lui de revivre ce singulier voyage et de nous faire partager un extraordinaire récit où l'on croise Champlain, Le Moyne d'Iberville, le père Marquette, Cavelier de la Salle, mais aussi les officiers du Roi, les garnisons des forts... Hymne à la France américaine, ce « voyage d'apprentissage » est aussi une fabuleuse aventure humaine.
Imaginez une frontière aux confins septentrionaux de l'Europe. Elle court au nord et à l'est sur quelques quatre cent soixante dix lieues, traverse d'interminables forêts, des plaines spongieuses semées de lacs couleur de plomb. Elle enjambe des marécages et des rivières torrentueuses roulant vers des destinations incertaines. Au-delà s'étend la Borée, une contrée dont on ne sait rien sinon qu'elle est le royaume d'un petit homme couleur d'écorce qui manie l'arc et le javelot mais que nul n'a jamais approché. Quel est son nom ? Qui est-il ? Quelle est sa destinée sur cette terre ?
Aux héros de cette histoire, il aura fallu plus de trois siècles, du XVIe à nos jours, d'aventures, de batailles, d'assauts, de poursuites et de rêves, pour atteindre les mystérieuses réponses à ces questions qui ne l'étaient pas moins. Leur quête a été la mienne. Elle a donné sens à nos vies, mais c'est du petit homme au javelot, survivant d'un monde révolu, que surgira l'ultime lumière, juste avant qu'elle ne s'éteigne...
J. R.
Deux jeunes femmes se partagent le charme et le mystère de ce roman : Irène, blonde et reconnaissable à ses yeux verts ; Aude, tout aussi belle avec son regard bleu. Elles figurent, l'une et l'autre, deux principes contraires, comme l'eau et le feu, le jour et la nuit, Dieu et le Diable...
Surgissent alors de nombreuses questions : Pourquoi deux portraits de femmes, peints à cinq siècles de distance, se ressemblent-ils tant ? Pourquoi Salvator de Orth, jeune homme riche et comblé, qui, par désespoir d'amour, s'était retiré dans un monastère d'Auvergne, en ressort-il trente ans plus tard pour courir s'enfermer dans un phare, en Bretagne, d'où il appelle au secours son ami d'enfance, Frédéric ? Et pourquoi Frédéric Fons, écrivain vivant en Provence, répondant à cet appel et partant pour la Bretagne en compagnie de la jeune femme aux yeux bleus, trouve-t-il sur son chemin des messagers involontaires pour jalonner la piste : Yves, un petit garçon ; sir Thomas Murdoch, amiral britannique ; Hervé Le Guen, un marin, le cardinal Hohenlo, étrange prélat romain, le commissaire divisionnaire Kersaint...
De rebondissement en rebondissement, c'est l'amour, thème majeur de ce roman, qui en forme la trame et son double regard, celui des Yeux d'Irène. Le temps présent aussi le révèle. Il l'éclaire de lueurs sombres...
Troublante création, et inattendue sous la plume de Jean Raspail, ce livre est écrit avec l'allégresse de la vie et un tempérament d'écrivain qui sait mêler le rêve et la réalité. Cela, les lecteurs de Jean Raspail le savent déjà. Aux autres, nous souhaitons la bienvenue et l'immense plaisir de la découverte !
Inventer un crime parfait. Quel milieu s'y prête le mieux que celui de la politique ?
Les crocodiles s'y entre-dévorent plus férocement qu'ailleurs et certaines mises à mort peuvent atteindre la perfection. C'est donc celui-là que j'ai choisi. Selon la formule consacrée, toute ressemblance serait fortuite, d'autant que ce texte fut écrit dans les années 80, mais enfin on se retrouve vite en pays familier. Dans la galerie de portraits, on peut faire feu de tout bois.
Cela commence par un sombre règlement de comptes à la Libération et se poursuit quarante ans plus tard à l'Élysée, puis lors d'un voyage officiel en Amérique latine, autour d'un président de la République particulièrement tordu et doué...
Sujet scabreux ? Stimulant plutôt, car il s'agit en réalité de tout autre chose que de politique. Ce roman est l'histoire d'une ambition, avec son tumultueux cortège : l'amour, la trahison, l'amitié, la haine, la fidélité, le cynisme, la naïveté, la vengeance.
Quand on représente une cause (presque) perdue, il faut sonner de la trompette, sauter sur son cheval et tenter la dernière sortie, faute de quoi l'on meurt de vieillesse triste au fond de la forteresse oubliée que personne n'assiège plus parce que la vie s'en est allée ailleurs.Jean Raspail