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Littérature
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Shabbat, ma terre : Trois propositions pour repousser le jour du désastre
Jean Rouaud
- Gallimard
- Tracts/Gallimard
- 23 Mars 2023
- 9782073028679
"Pas de shabbat, pas de dimanche pour les machines. Et les hommes suivent au rythme infernal du cirque consumériste. Et ça se dit libre."
Jean Rouaud
Alors que le débat sur la place du travail dans nos vies anime à nouveau la société française, il est utile de nous remémorer le jour de paresse que, selon les Écritures, s'octroya le Créateur au septième jour de la Genèse. Cette sagesse n'est certes pas celle des hommes, occupés depuis le Néolithique, et l'invention géniale de l'agriculture, à exploiter sans répit ni mesure ce qui leur a été donné : la Terre, les animaux et eux-mêmes. Exploiter jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à tirer, exploiter jusqu'à l'épuisement de toutes nos vraies richesses, naturelles et humaines. Comme Dieu le fit pour lui-même, et à l'exemple de ce que fut la succession des saisons, octroyons-nous ce temps de repos, laissons vivre le vivant et, avant qu'il ne soit trop tard, accordons des vacances à la terre :"Vacances pour la Terre, Repos la Terre, Shabbat ma Terre".ebook (ePub) 3.49 €Jean Rouaud mène ici une analyse alerte et brillante de la progressive marginalisation des poètes et de la poésie, proportionnelle à la prise de pouvoir inverse des valeurs bourgeoises et du réalisme. Cette réflexion est composée de textes brefs, en vers ou en prose dans une écriture vivante, rythmée, impliquée : une sorte d'art poétique qui interroge la tradition autant que l'aujourd'hui pour réaffirmer la nécessité du chant. Flamboiement de la métaphore est un éloge résolu de la poésie et du lyrisme.
ebook (ePub) 9.99 €"C'est la plus belle énigme de l'histoire du monde.
Pas la plus mystérieuse, la plus belle. Une litanie de splendeurs : Lascaux, Rouffignac, Niaux, Pech-Merle, Font-de-Gaume, Altamira, le Roc-aux-Sorcières, Chauvet, Cussac, devant quoi on reste bouche bée, médusé. Ceux-là, qu'on imaginait en brutes épaisses tout juste descendues du singe, qu'on habillait de peaux de bêtes et qu'on coiffait avec un clou, ceux-là en savaient aussi long que nous sur la meilleure part de nous-mêmes. Quant à comprendre ce qui leur passait par la tête, comment on en vient à s'enfoncer sous terre, en rampant parfois, pour peindre des merveilles qui échapperont au regard de la petite multitude du temps, il nous reste à l'imaginer. Le paléo-circus, ce serait donc l'histoire du premier coup de pinceau. Mais nos ancêtres n'en restèrent pas là. Quelques milliers d'années plus tard, en bord de mer, ils inventaient le premier site en ligne. Bien sûr. À Carnac."
Jean Rouaud.ebook (ePub) 8.49 €« Comédie d'automne constitue le sixième et dernier épisode de « La vie poétique ». Je travaillais au kiosque quand « le tournant de la rigueur » nous a précipités dans une course à l'argent. Parmi les habitués se trouvait un homme d'une soixantaine d'années, Albert, dont j'appris au fil du temps qu'il était rentier, d'où son intérêt pour la seconde édition du Monde et des cours de la bourse. Spécialiste de Stendhal, il sera mon premier lecteur, et un conseiller avisé. Il est un des trois personnages centraux du livre. Avec ma mère qui ne vit pas d'un bon oeil la parution des Champs d'honneur, et encore moins l'attribution à son fils du prix Goncourt. Ce qui nous amène à cette « comédie d'automne ». On pourrait croire que le prix récompense le seul mérite d'un livre. Ô naïveté, les arcanes de l'édition ne fonctionnent pas sur des critères aussi élémentaires. C'est oublier les intérêts économiques, les rivalités, les ambitions, de sorte que les jurés du prix, dont la probité aux yeux de la presse était sujette à caution, furent très contents de pouvoir l'attribuer à un innocent n'ayant rien à voir avec le milieu, qui plus est auteur d'un livre paru aux très austères et vertueuses Éditions de Minuit. L'entreprise de blanchiment était parfaite. Le troisième personnage crucial, car c'est par lui que le livre existe, c'est l'éditeur. Moins détaché qu'il n'y paraît. Et le narrateur ? Tout d'abord spectateur, venant d'une époque où ce genre de prix était discrédité, il assiste depuis son kiosque à cet étrange ballet de journalistes, de curieux, de rumeurs, de caméras de télévision, sans se sentir vraiment concerné. Le moment venu, ce ne sera pas aussi simple. Mais c'est bien grâce à ce livre qu'il fit la connaissance de deux hommes merveilleux : Bernard Rapp et Robert Doisneau. Ensuite, ce n'est plus la même histoire. »J.R.
ebook (ePub) 14.99 €Sept années durant, de 1983 à 1990, jusqu'à l'avant-veille du prix Goncourt, un apprenti-écrivain du nom de Jean Rouaud, qui s'escrime à écrire son roman Les Champs d'honneur, aide à tenir rue de Flandre un kiosque de presse.
A partir de ce « balcon sur rue », c'est tout une tranche d'histoire de France qui défile : quand Paris accueillait les réfugiés pieds-noirs, vietnamiens, cambodgiens, libanais, yougoslaves, turcs, africains, argentins ; quand vivait encore un Paris populaire et coloré (P., le gérant du dépôt, anarcho-syndicaliste dévasté par un drame personnel ; Norbert et Chirac (non, pas le maire de Paris !) ; M. le peintre maudit ; l'atrabilaire lecteur de l'Aurore ; Mehmet l'oracle hippique autoproclamé ; le rescapé de la Shoah, seul lecteur du bulletin d'information en yiddish...)
Superbe galerie d'éclopés, de vaincus, de ratés, de rêveurs, dont le destin inquiète l' «écrivain » engagé dans sa quête littéraire encore obscure à 36 ans, et qui se voit vieillir comme eux.
Au-delà des figures pittoresques et touchantes des habitués, on retrouve ici l'aventure collective des lendemains de l'utopie libertaire post soixante-huitarde, et l'aventure individuelle et intime d'un écrivain qui se fait l'archéologue de sa propre venue aux mots (depuis « la page arrachée de l'enfance », souvenir des petits journaux aux couvertures arrachées dont la famille héritait de la part de la marchande de journaux apitoyée par la perte du pater familias jusqu'à la formation de kiosquier qui apprend à parler « en connaissance de cause ».)ebook (ePub) 7.49 €" Chaque fois qu'on se met à la recherche d'un esprit libre, c'est vers lui qu'on se tourne. Toujours. "" Chaque fois qu'on se met à la recherche d'un esprit libre, c'est vers lui qu'on se tourne. " Parce que l'intolérance et la barbarie menacent toujours et encore, et parce qu'il estime que Montaigne, avec sa parole de la fin du XVIe siècle, offre la réponse la plus pertinente à l'oeuvre destructrice des fous de Dieu,Jean Rouaud a imaginé un affrontement entre l'auteur des Essais et un juge sectaire chargé de mener son procès. " Un jugement pour de faux pour tenter de dire le vrai. "" C'est ici un livre de bonne foi, lecteur " : ainsi commencent les
Essais. Quelle audace quand, au temps des guerres de Religion, c'est précisément cette question de la bonne foi qui divise l'Europe... Jean Rouaud propose cette clef pour éclairer l'oeuvre de Montaigne et son humanisme intemporel.
Dans cette tragi-comédie, qui mêle vers rimés et non rimés, morceaux choisis, étude littéraire et réflexion politique, Jean Rouaud s'adonne à une écriture poétique, étonne, amuse et s'amuse, et trouve un terrain où s'exercent sa virtuosité comme son humour, mais aussi sa capacité d'indignation.ebook (ePub) 10.99 €Une vie poétique ? Disons une vie dont la poésie est le guide-fil. On embarque avec un héritage (des valeurs pieuses, un père mort, une enfance pluvieuse), avec un désir d'écriture, un rêve d'amour, et puis, son maigre bagage sur le dos, on traverse un territoire marqué par des événements, ici l'onde de choc de mai 68. Ce qui oblige à répondre à la question : qu'est ce que l'époque m'a fait ? Elle m'a fait qu'à vingt ans, par exemple, il n'était pas envisageable de penser sérieusement à travailler - ce qui allait bien avec l'idée poétique - et encore moins honnêtement quand, dans les milieux marginaux qui quittaient la ville pour s'installer en communauté à la campagne, on vivait surtout de combines et de rapines. Elle m'a fait que, dans ce juste refus du règne de l'argent et des mirages consuméristes, il ne restait plus que les petits boulots pour survivre. Et ce qui devait être une vie insouciante, libre et joyeuse se transformait, les années passant, d'une enquête sur un apéritif à la gentiane à la vente d'une encyclopédie médicale au porte-à-porte, en un sentiment de gâchis.
Jean Rouaud.ebook (ePub) 8.49 €Comment peut-on, adolescent, faire la démonstration d'un talent inouï au point de devenir une sorte de bête de foire dans les milieux littéraires parisiens, et à vingt ans, renoncer brutalement à la poésie pour partir vendre du café et des casseroles en Afrique ? C'est ce qu'on a l'habitude d'appeler le mystère Rimbaud. Cette répudiation lui a valu anathème (André Breton) et incompréhension (Etiemble), certains comme René Char se montrant plus compatissants (« tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud »). Mais aucun ne s'est demandé si ce n'était pas plutôt la poésie qui l'avait lâché, inapte désormais à rendre compte de la modernité qui, sous la bannière du progrès, rendait obsolète le vieux monde de l'alexandrin et du sonnet.
Or le jeune Rimbaud fut en première ligne dans ce changement à vue. Il fut hébergé par Charles Cros, poète et inventeur du phonographe, fréquenta Paul Demeny dont le frère Georges est un des pionniers du cinéma, usa abondamment des trains et des vapeurs, posa pour Carjat, le photographe des « people », assista à la construction du premier métro du monde, celui de Londres, et il connaissait au moins par Castaner les discussions enflammées du café Guerbois où Monet, Manet, Cézanne, procédait au dynamitage de l'académisme.
« Il faut être absolument moderne », lâche-t-il dans Une saison en enfer, établissant bien moins sa feuille de route que reprenant un mantra du temps. Et la poésie dans tout ça ? « Ne va-t-il pas être bientôt temps de supprimer l'alexandrin ? » glissa-t-il à Banville, alors grand maitre du Parnasse. Il s'en chargea dans Une Saison en enfer et dans les Illuminations.
Pour nous aider à percer le mystère, restent heureusement les témoins. Et dans cette constellation, les étoiles de première grandeur : Ernest Delahaye, l'ami du collège, Georges Izambard, le professeur à peine plus âgé que son élève, Isabelle qui accompagna avec un dévouement amoureux l'agonie de son frère, et Alfred Bardey qu'on ne peut soupçonner d'avoir été influencé par un passé dont il ignorait tout quand il engagea à Aden pour surveiller ses entrepôts de café un jeune Français trainant dans les ports de la Mer Rouge. Mais tous s'entendent pour confirmer la prophétie du vieux professeur du collège de Charleville que fixait derrière son pupitre le regard pervenche : « Rien de banal ne germera dans cette tête. »
Jean Rouaudebook (ePub) 7.99 €"La bande-son de notre enfance était rudimentaire : les cloches de l'église, le chant des coqs, et derrière le mur du jardin les seules notes d'un piano sous les doigts d'Émile. Cette pauvreté musicale était d'autant plus étonnante que nous venions d'une famille de musiciens. Ma mère qui dans le souvenir de sa soeur jouait si bien, pourquoi nous avait-elle privés de musique quand on apprenait qu'un naufragé volontaire avait dû son salut aux partitions de Bach embarquées dans son canot ? C'est ainsi que je mis les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu, jouant mal de plusieurs instruments, courant les routes, une guitare en bandoulière, sommant une charmante vieille dame de me donner des cours de piano, reprenant dans un anglais approximatif les hymnes du temps, demandant au jeune homme sombre derrière l'écran de ses cheveux de mettre en refrain sa mélancolie. "Si je me plains c'est une espèce de façon de chanter", écrivait Rimbaud à sa mère, du rocher brûlé d'Aden. Voilà très précisément ce qu'il faut entendre : une espèce de façon de chanter."
Jean Rouaud.ebook (ePub) 7.99 €"Normalement, voir débarquer un homme en tenue de plongeur sous-marin, encadré comme un prévenu, dans une gendarmerie de Basse-Normandie, inciterait plutôt à la méfiance. Seulement voilà, la normalité, le plongeur qui a tout perdu et la jeune femme venue déposer plainte pour le cambriolage de sa demeure en ont visiblement fait le tour. Que le sort se soit ainsi acharné sur eux, c'est sans doute à leurs yeux un signal d'alerte, l'occasion d'affronter enfin les ombres du passé.
Le passé, pour Daniel, chercheur en physique nucléaire, c'est une enfance orpheline désastreuse, entre un réparateur de cycles mutique et une grand-mère comateuse. Pour Mariana, artiste plasticienne, qu'on pourrait dire de bonne famille si son grand-père collaborateur n'avait été exécuté par la Résistance, c'est un désir de création dont elle semble aujourd'hui douter.
Mais il y a l'éblouissement de la rencontre, mais il y a le père de Mariana, enfermé dans sa grotte qui attend de la contemplation des fresques paléolithiques la révélation de son identité, mais il y a madame Moineau et ses intuitions à l'emporte-pièce, mais il y a ce portrait inachevé qu'il va bien falloir faire parler, mais il y a l'auteur qui poursuit un rêve semblable, et à qui cette même Mariana aurait demandé quelques lignes pour sa prochaine exposition."
Jean Rouaud.ebook (ePub) 7.99 €"À ce moment précis la littérature n'a tenu qu'à un fil. Deux amis conseillaient à un troisième qui venait de leur lire une longue mélopée dans laquelle il avait mis le meilleur de lui-même, de carrément laisser tomber. Pas grave, dirons-nous. La littérature s'en remettra. Oui, mais plus comme avant. La littérature pour survivre passe ici, à Croisset, près de Rouen, par un renoncement. Car le jeune Gustave, fils bon à rien du docteur Flaubert, jusque-là s'en faisait une autre idée. Pendant de longs mois il s'était donné dans sa Tentation de saint Antoine des "éperduments de style" qu'il ne retrouverait jamais. Pour l'opérer de son "cancer du lyrisme", Maxime Du Camp et Louis Bouilhet, les deux amis, lui prescrivent un traitement de cheval : écrire un roman "à la Balzac", "terre à terre". Ce sera, contraint et forcé, Madame Bovary. Pas commodes, les temps qui s'annoncent pour ceux-là qui privilégient la phrase et le chant. Désormais le réalisme impose sa loi d'airain, les visions sont renvoyées au désert et les morts priés de ne pas ressusciter. Comme si cette fission entre la terre et le ciel renvoyait à une autre guerre secrète, déclenchée il y a plusieurs siècles autour de cette question de la double nature. La rencontre de Croisset, ultime avatar du concile de Nicée ?"
Jean Rouaud.ebook (ePub) 3.49 €La splendeur escamotée de frère Cheval ou le secret des grottes ornées
Jean Rouaud
- Grasset
- essai français
- 17 Janvier 2018
- 9782246815686
« Les fresques animalières des grottes ornées, miraculeusement préservées, nous disent la cosmologie du paléolithique supérieur : durant vingt-cinq mille ans, sur un territoire immense, la représentation des grands animaux n'a pas varié. Pour peu qu'on échappe au diktat matérialiste, où un cheval ne peut figurer qu'un cheval, ce bestiaire des grottes apporte une réponse cohérente à l'effroi des hommes qui ne savaient rien sur le jour et la nuit, la course du soleil, la disparition et la réapparition par morceaux de la lune, les éclairs, l'orage, l'arc-en-ciel, la mort dont ils présumaient qu'elle n'était peut-être pas un arrêt. Le cheval, avant qu'on ne le « domestique » en le contraignant à tirer de lourdes charges, était la figure du soleil...
Nous avons appelé « évolution » cette frise qui, partant du singe, conduit par « désanimalisation » successive à l'homme triomphant. Le secret des grottes ornées souffle à notre cerveau poétique une tout autre leçon : et si la « part animale » était ce que l'homme avait encore de divin en lui ? »
J.R.
ebook (ePub) 13.99 €« Nous étions deux ou trois ans après mai 68. On m'annonçait que le roman était mort, ce qui n'était pas la meilleure nouvelle quand on se promettait de devenir écrivain. Le siècle n'avait pas été avare en exterminations massives, alors face à ces montagnes de cadavres on n'allait pas se lamenter pour la mort d'un genre, le roman, parfaitement bourgeois et réactionnaire. La solution de remplacement ? Le texte, rien que le texte. Mais à la réflexion, il y avait une autre mort qui était passée inaperçue ; celle, brutale, de mon père. Est-ce que de cette mort du roman, on ne pourrait pas faire le roman de la mort ? Le roman du mort ? Vingt ans plus tard, j'apportai à l'éditeur le manuscrit qui glissait cette disparition d'un homme de quarante-et-un au milieu des massacres de la première guerre. L'éditeur s'alarma d'une autre disparition, celle du narrateur. Au bilan du siècle, il convenait de rajouter deux victimes collatérales : le roman et moi. »J.R.
ebook (ePub) 6.99 €Un auteur, ça invente, c'est bien le moins. Par exemple, cette histoire sur un cédérom intitulé Le Vol de Nils, à travers laquelle une ex-petite fille d'extraterrestre rend hommage à son alpiniste de père, disparu en montagne, la privant ainsi de connaître la suite des aventures de Nils Holgersson qu'il lui lisait le soir et dont il avait l'habitude d'enregistrer un épisode avant de partir sur le toit du monde.
Et puis un auteur ça s'invente, au sens traditionnel du terme, c'est-à-dire qu'on ne demande pas à l'inventeur d'une grotte de la fabriquer de toutes pièces en creusant la roche, non, un inventeur trouve ce qui est.
Alors, comment un auteur se trouve-t-il ? D'où lui vient cette étrange idée de se reconnaître auteur quand personne ne lui a rien demandé ?
Personne, vraiment ? Hum, il semblerait qu'on ne s'invente pas tout seul. Alors comment ça s'est fait ? L'auteur mène son enquête, à sa manière, en lançant devant lui sa phrase dérivante qui ramène dans ses filets un tableau de Georges de La Tour, Bernadette Soubirous, des anciens et des modernes, Jeremiah Johnson, le chevalier Taylor qui aveugla définitivement le vieux Bach, et tiens, son père avec lequel il pensait en avoir fini.ebook (ePub) 9.49 €En 1871, une Constance Monastier, jeune épouse d'un maître soyeux des Cévennes, n'a a priori rien à partager avec un Octave Keller, proscrit de la Commune de Paris, réchappé de la semaine sanglante et de ses 30 000 morts. Tout les oppose : leur milieu, leurs convictions, et cette interprétation de l'insurrection parisienne au sujet de laquelle la jeune femme, dans la diligence qui la ramène à Saint-Martin-de-l'Our, en aura entendu des vertes et des pas mûres.
Tout les oppose, et pourtant c'est bien cette Constance qui profitera d'un incident de parcours pour fausser compagnie aux autres voyageurs, et fuir à travers les monts cévenols avec ce vagabond fiévreux trouvé blessé sur le chemin. Octave aura trois jours pour donner à la jeune femme une autre image de ceux qu'on appelle les communeux. De quoi évoquer la haute figure de l'Admirable, autrement dit d'Eugène Varlin, de quoi la convaincre que la justice et la générosité font un très honnête programme, de quoi le réconcilier, lui, hanté par les visions du massacre, avec le meilleur de la vie, de quoi découvrir ensemble que l'amour n'a pas déserté, alors que tout autour le monde ancien bascule dans la modernité, que le cheval cède devant le train, que le cinéma s'annonce, et que le roman en aura bientôt fini avec ce genre d'histoires. Mais Constance Monastier, la plus belle ornithologue du monde, dont une pierre gravée sur le mont Lozère porte le souvenir, valait bien qu'on renoue avec certaines pratiques romanesques...ebook (ePub) 16.99 €Que dit la poésie du monde tel que nous le recevons par voie de presse ? Peu de choses de nos valeurs profondes et de nos désirs. Les marchés, les réseaux de communication, la recherche scientifique au service du profit ou de la guerre, le nombrilisme culturel, les mensonges politiques recouvrent tout.
Reste la littérature. Quelques vers ressassés suffisent pour retrouver le frisson de notre présence au monde.
Stances est un spectacle poétique composé de six textes et six chansons, regroupés sous six rubriques telles qu'on les trouve à l'intérieur d'un quotidien : Art, Communications, Science, Culture, Politique, Littérature.ebook (ePub) 6.99 €« Nous avons ce formidable pouvoir de baisser nos paupières quand les marchés agitent hypnotiquement des objets brillants sous nos yeux. Lesquels marchés cherchent à nous déposséder de notre savoir-faire autant que de nous-mêmes. C'est l'irascible Haddock qui apporte la plus efficace des réponses à l'obscénité des maîtres du profit : "Votre appareil ne nous intéresse pas". »
ebook (ePub) 4.49 €« C'est une énigme de ce pays : pourquoi, après avoir inventé le roman réaliste et en avoir fait un genre dominant, s'est-il acharné à le détruire ? Au point qu'à la fin des années soixante, on enregistrait un double avis de décès : non seulement le roman, mais l'auteur étaient annoncés morts. En tenir responsable une seule convulsion littéraire organisée par des linguistes et autres sémiologues ce serait ne pas voir plus loin que le bout de la phrase. En se retournant, à présent qu'on en a fini avec la "table rase du passé", on peut mieux juger de la composition du cocktail létal, qui mêle littérature, idéologie et histoire. Et ce qu'il raconte, c'est que la fameuse marquise, interdite de sortie à cinq heures par Valéry, a traversé le XXème siècle escortée d'une armée de fantômes. » J. R.
ebook (ePub) 8.99 €« Le jeune narrateur de la Recherche du temps perdu résume assez bien la situation : "Puisque je voulais un jour être un écrivain, il était temps de savoir ce que je comptais écrire." Ce qui semble tomber sous le sens. Mais quand l'époque assimile le Texte à la Révolution et le Roman à la Réaction, la question ne devient plus quoi écrire, mais comment. Et là, après avoir retourné en vain la phrase dans tous les sens comme "Belle Marquise vos beaux yeux d'amour mourir me font", mieux vaut jouer mal du violon folk et s'intéresser au Guignolo de Saint-Lazzo. Quand se présente l'opportunité d'écrire un billet d'humeur dans un quotidien régional, c'est le moment de prendre conscience que le réel existe bel et bien, et qu'il serait temps de s'y confronter. Et pas seulement par l'écriture. Quoi faire de sa vie mérite aussi qu'on se pose la question. »J. R.
ebook (ePub) 13.99 €Cadou : Loire intérieure
Jean Rouaud
- FeniXX réédition numérique (Joca seria)
- 12 Novembre 2015
- 9782402048026
Lorsque Jean Rouaud se plonge dans la poésie de René Guy Cadou c'est pour mieux tisser entre eux des liens fraternels. Le prosateur d'aujourd'hui entremêle son écriture avec les vers du poète trop tôt disparu. Il le suit, pas à pas, sur les chemins de cette Loire Intérieure dont on sait à quel point elle l'habite. Ainsi se construit une envoûtante introduction à l'oeuvre de Cadou qui parvient à l'essentiel : susciter le désir de le lire ou de le relire.
ebook (ePub) 4.99 €Nécessaire d'écriture : Conseils aux jeunes romanciers
Jean Rouaud, Nathalie Skowronek
- Seghers
- 19 Septembre 2024
- 9782232147807
Un Nécessaire d'écriture qui puise autant dans l'histoire des lettres que dans l'exercice des ateliers d'écriture pour percer les secrets de la création littéraire." Écrire, c'est se perdre avec l'air de celui qui semble savoir où il va, car écrire passe par cet état de perte, hors de contrôle, qu'il sera toujours temps de contrôler. Il faut accepter cet inconfort, suivre le mouvement de son texte et lui faire confiance jusqu'à gagner en liberté et ouvrir son imaginaire. Au fil des expérimentations, on cherche à trouver son propre gabarit littéraire, autrement dit, sa langue, sa forme, son propos.
Écrire, c'est aussi se confronter à un formidable catalogue d'oeuvres qui font la littérature. Si elles nous fascinent tant, c'est que nous y avons appris à voir le monde par les yeux de celles et ceux qui se sont posé les mêmes questions adaptées à leur époque, suscitées par elle et la longue mémoire des siècles " (J. R. et N. S.).
Comment Racine, Flaubert ou Proust se sont-ils " trouvés " ? Et tant d'autres, de Kerouac à Bernhard, de Woolf à Duras, en quoi leur oeuvre peut-elle apporter des réponses aux romanciers en proie à la passion d'écrire, mais aussi aux blocages, aux doutes, aux errances... ? Puisant dans l'histoire des lettres comme dans la pratique des ateliers d'écriture, Jean Rouaud et Nathalie Skowronek nous proposent un voyage aux sources de la création, mêlé de conseils et d'exercices, pour délivrer un art poétique tout personnel.ebook (ePub) 13.99 €There will be blood. There will be death. This is the path of anger.
Dun-Cadal has been drinking his life away for years. Betrayed by his friends - who turned their back on their ideals in favour of a new republic - and grief-stricken at the loss of his apprentice, who saved his life on the battlefield and whom he trained as a knight in exchange, he's done with politics, with adventure, and with people.
But people aren't finished with him - not yet. Viola is a young historian looking for the last Emperor's sword, and her search not only brings her to Dun-Cadal, it's also going to embroil them both in a series of assassinations. Because Dun-Cadal's turncoat friends are being murdered, one by one ... By someone who kills in the unmistakable style of an Imperial assassin ...ebook (ePub) 3.99 €Un article a été ajouté à votre panier.