Une société nationale si servile.
La SNCF a collaboré étroitement avec les nazis. 150 000 personnes environ ont été déportées, dont 14 000 enfants juifs. Elle a agi de concert avec la police, la gendarmerie, l'administration préfectorale, toutes subordonnées à l'ennemi sur l'ordre de Vichy. Le président de la SNCF, nommé dès l'été 1940, a fondé et présidé un organisme qui a spolié et pillé pendant plusieurs mois des commerçants juifs. Le directeur général de la SNCF a traité ses agents résistants de " terroristes " et a incité les cheminots à se dénoncer mutuellement. Pourtant, ces deux dirigeants seront félicités pour leur " résistance ", à la Libération, par le Conseil national de la Résistance ! Mais le peuple cheminot, lui, s'est placé au coeur de la lutte contre l'occupant. Au péril de leur vie, dès 1940, les résistants du rail ont aidé les prisonniers évadés et les Alsaciens-Lorrains à " passer les lignes ", puis ils ont secouru les Juifs, les communistes espagnols et tous les déportés. Les agents de la SNCF ont joué un rôle éminent à l'heure de la bataille ultime et donné un formidable coup de main à la libération de notre pays et à la victoire des Alliés. Mais pouvaient-ils tous, tel le héros révélé par ce livre, Léon Bronchart, refuser de conduire un train vers " la nuit et le brouillard ", la Shoah, dont la plupart ignoraient l'existence ?
La France que nous connaissons va exploser. Elle va tomber en miettes. Nous allons droit à une série d'événements, auprès desquels Mai 1968 apparaîtra comme une manifestation de jeunes gens bien élevés. Tout l'appareil napoléonien encore en place va se liquéfier : les « grands commis » et les préfets vont être supprimés, comme jadis les fonctionnaires coloniaux. Et pour la même cause : les indigènes n'obéiront plus. Des Cévenols aux Bretons, toutes les minorités ont été écrasées dans ce pays. Mais elles relèvent la tête. Si les responsables politiques tenus par la Constitution, sous peine de forfaiture, de maintenir intacte l'intégrité du territoire français ne se réveillent pas immédiatement, le territoire national risque de se voir réduit, avant la fin du siècle, au seul Bassin parisien. La Corse pourrait bien avoir une délégation à l'O.N.U. ; l'Alsace, la Bretagne, le Pays basque, la Catalogne, la Flandre, l'Occitanie signifieront leur congé à Paris. Pour enrayer cette contestation multiforme, la sagesse serait d'admettre « le droit à la différence », comme dans les autres pays européens. À l'heure où s'effacent les frontières, il est urgent de fonder une République fédérale française, en redonnant le pouvoir aux élus. Si nous ne le faisons pas, nous irons rapidement, les yeux bandés, vers la Révolution.
De plus en plus, les Arméniens font parler d'eux : prises d'otages, bombes, assassinats de diplomates turcs. Les gens disent alors : Mais qui sont les Arméniens ? - car généralement, ils l'ignorent complètement. Le livre de Jean-Pierre Richardot répond à cette question. Il ne sera plus possible de se la poser après avoir lu ce voyage à l'intérieur du monde arménien de France, de Suisse, du Liban, d'URSS, des États-Unis, etc..., qui constitue un grand reportage dans l'espace et dans le temps. Jean-Pierre Richardot établit dans ce livre un diagnostic très net : on va plus que jamais entendre parler du peuple arménien. Personne ne l'attendait, et pourtant il rentre en scène avec fracas, décidé à briser le complot mondial du silence. Sept millions d'hommes font irruption dans l'actualité, prêts à tout pour obtenir justice. Sept millions d'hommes, Arméniens quoi qu'il en coûte, ayant comme refuge central et comme carrefour de leur diaspora, un certain pays d'Europe : la France.
C'est entre Lyon, Saint-Étienne, Grenoble, Genève et Valence, que se joue la réussite de la France dans l'Europe de demain.