Extrait :
"MADAME BEVERLEY : Rassurez-vous, mon amie ; tout n'est pas sans ressource. Déjà même je suis moins sensible au spectacle du désordre qui m'entoure. Mes yeux se font à voir des murailles nues. O chère soeur, chère soeur, si je n'avais à souffrir que la perte de ma fortune, le renvoi de mes gens et la chute de ma maison ; s'il ne s'agissait que de quitter un équipage, et que de renoncer au faste et à son éclat, votre pitié pour moi serait une faiblesse."
Extrait :
"Jacques second fut très attaché au culte de l'Eglise romaine, et il employa toute son autorité à le rétablir dans son royaume d'Angleterre, où il avait été aboli. Pour cet effet, il fit choix d'hommes superstitieux, ambitieux et cruels, qu'il envoya dans les différentes provinces, où ils exerçaient contre les non-conformistes la persécution la plus violente. Ils ouvraient la bouche, et il en sortait des arrêts de mort."
Extrait :
"Dieu vous maintienne en joie, beaux vendeurs de poisson ! Leur cria-t-il. J'ai fait avec vous un partage de frère : j'ai mangé vos plus gros harengs et j'emporte vos meilleures anguilles ; mais je laisse le plus grand nombre. Qu'elle ne fut pas alors la surprise des marchands !"
Extrait :
"LE COMTE : Quel homme est-ce ? FIGARO, vivement : C'est un beau gros, court, jeune vieillard, gris, pommelé, rusé, rasé, blasé, qui guette, et furette, et gronde, et geint tout à la fois. LE COMTE, impatienté : Eh ! je l'ai Vu. Son caractère ? FIGARO : Brutal, avare, amoureux et jaloux à l'excès de sa pupille, qui le hait à la mort. LE COMTE : Ainsi, ses moyens de plaire sont... FIGARO : Nuls."
Extrait :
"Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. Du reste, homme assez ordinaire ; tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes."
Extrait :
"Ceux qui jugent et qui condamnent disent la peine de mort nécessaire. D'abord, parce qu'il importe de retrancher de la communauté sociale un membre qui lui a déjà nui et qui pourrait lui nuire encore. S'il ne s'agissait que de cela, la prison perpétuelle suffirait. A quoi bon la mort vous objectez qu'on peut s'échapper d'une prison ? Faites mieux votre ronde, si vous ne croyez pas à la solidité des barreaux de fer, comment osez-vous avoir des ménageries ?"
Comédie de moeurs en cinq actes daté de 1666, Le Misanthrope est ainsi décrit par l'auteur dans sa préface : "Alceste, homme honnête et vertueux, mais exagérant l'honnêteté et la probité [...] est épris de Célimène, jeune veuve de 20 ans, coquette et médisante."
Extrait de la notice préliminaire :
"Cet extrait parut en 1762, numéro du 1er novembre, dans la Correspondance de Grimm, sous ce titre: "Du Poète Sadi". Il était depuis 1759 dans le portefeuille de Diderot."
Extrait :
"Qu'il fasse beau, qu'il fasse laid, c'est mon habitude d'aller sur les cinq heures du soir me promener au Palais-Royal. C'est moi qu'on voit, toujours seul, rêvant sur le banc d'Argenson. Je m'entretiens avec moi-même de politique, d'amour, de goût ou de philosophie. J'abandonne mon esprit à tout son libertinage."
Extrait :
"FLORINDE : Quoi ! je vous ai dérobé quelque chose ? BEATRIX : Vous m'avez volé mon coeur. FLORINDE : Si je l'ai volé, ç'a été sans dessein. BEATRIX : Si vous n'avez pas désiré mon coeur, moi j'ai désiré le vôtre."
Extrait :
"CECILE : Mon oncle, qu'avez-vous ? Vous me paraissez inquiet.
LE COMMANDEUR, en s'agitant dans son fauteuil. Ce n'est rien, ma nièce. Ce n'est rien.(Les bougies sont sur le point de finir : et le Commandeur dit à Germeuil :) Monsieur, voudriez-vous bien sonner ?(Germeuil va sonner. Le Commandeur saisit ce moment pour déplacer son fauteuil et le tourner en face du trictrac."
Extrait :
"O toi dont l'oeil est noir, les tresses noires, les chairs blondes, écoute-moi, ô ma folâtre louve !"
Extrait :
"Ce fut vers la fin de 183* que le général major comte von Landek revint à Koenigsberg sa patrie ; depuis bien des années il était employé dans la diplomatie prussienne. En ce moment, il arrivait de Paris."
Extrait :
"Quand je serais moins coupable, je vois des hommes qui, sans s'arrêter à ce que ma jeunesse peut mériter de pitié, voudront punir en moi et décourager à jamais cette classe de jeunes gens qui, nés dans un ordre inférieur, et en quelque sorte opprimés parla pauvreté, ont le bonheur de se procurer une bonne éducation, et l'audace de se mêler à ce que l'orgueil des gens riches appelle la société."
Extrait :
"SGANARELLE : Soit. Je te pardonne ces coups de bâton en faveur de la dignité où tu m'as élevé : mais prépare-toi désormais à vivre dans un grand respect avec un homme de ma conséquence, et songe que la colère d'un médecin est plus à craindre qu'on ne peut croire."
Extrait :
"TOINET : Que diantre faites-vous de ce bras-là ?
ARGAN : Comment ?
TOINET : Voilà un bras que je me ferais couper tout à l'heure, si j'étais que de vous.
ARGAN : Et pourquoi ?
TOINET : Ne voyez-vous pas qu'il tire à soi toute la nourriture, et qu'il empêche ce côté-là de profiter ?"
Extrait :
"MONSIEUR JOURDAIN : Et comme l'on parle qu'est-ce que c'est donc que cela ? MAITRE DE PHILOSOPHIE : De la prose. MONSIEUR JOURDAIN : Quoi ? quand je dis: "Nicole, apportez-moi mes pantoufles, et me donnez mon bonnet de nuit", c'est de la prose ? MAITRE DE PHILOSOPHIE : Oui, Monsieur. MONSIEUR JOURDAIN : Par ma foi ! il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela."
Extrait :
"TARTUFFE : Ah! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme ; Et lorsqu'on vient à voir vos célestes appas, Un coeur se laisse prendre, et ne raisonne pas. Je sais qu'un tel discours de moi paraît étrange ; Mais, Madame, après tout, je ne suis pas un ange ;"
Extrait :
"O rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? Mon bras qu'avec respect tout l'Espagne admire, Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire, Tant de fois affermi le trône de son roi, Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?"
Extrait :
"SILVIA - Dorante arrive ici aujourd'hui, si je pouvais le voir, l'examiner un peu sans qu'il me connût ; Lisette a de l'esprit, Monsieur, elle pourrait prendre ma place pour un peu de temps, et je prendrais la sienne. MONSIEUR ORGON, à part. Son idée est plaisante. (Haut.) Laisse-moi rêver un peu à ce que tu me dis là. (A part.) Si je la laisse faire, il doit arriver quelque chose de bien singulier, elle ne s'y attend pas elle-même..."
Le Roi au masque d'or est un recueil de contes fantastiques écrit par Marcel Schwob et publié en 1892.
Extrait :
"C'était en 1640 ; Richelieu régnait sur la France, plus terrible que jamais. Sa volonté de fer et ses caprices de grand homme essayaient de courber ces esprits turbulents qui faisaient la guerre et l'amour avec passion. La galanterie n'était point née."
Extrait :
"Par une belle matinée du mois de mai 182., don Blas Bustos y Mosquera, suivi de douze cavaliers, entrait dans le village d'Alcolote, à une lieue de Grenade. A son approche, les paysans rentraient précipitamment dans leurs maisons et fermaient leurs portes."
Extrait :
"? J'étais alors un fort bel homme... ? Mais vous êtes encore remarquablement bien... ? Quelle différence ! J'ai quarante-cinq ans : alors je n'en avais que trente ; c'était en 1814. Je n'avais pour moi qu'une taille avantageuse et une rare beauté. D'ailleurs, j'étais juif, méprisé de vous autres chrétiens, et même des juifs, car j'avais été longtemps excessivement pauvre."