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Marina Vlady
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« Je me souviens », comme le fameux texte de Georges Pérec, parce qu'il est précisément question de Catherine Binet, sa compagne, amie et soeur de coeur de Marina Vlady qui la raconte.
Pérec meurt d'un cancer foudroyant l'année où Marina, qui a perdu son mari russe, le célèbre chansonnier Vissotsky, s'éprend d'un homme d'exception, le cancérologue Léon Schwartzenberg.
Heureuse, épanouie, Marina soutient Catherine dans la dépression que lui valent ses maigres succès d'estime ou ses échecs au cinéma et dans le livre, ainsi que maints accidents privés. Quand c'est Marina qui sombre, comme à la mort de Léon, c'est Catherine qui ressuscite pour accourir à son secours. Ce bouleversant récit évoque ces deux destins de femmes entrelacés dans les malheurs jusqu'à la mort de l'une d'elles, Catherine, dont l'autre compose ici, comme on disait à l'époque classique, le « Tombeau », stèle littéraire non seulement à une amie disparue, mais à une part de soi en allée avec elle. -
Une météorite, atterrie en plein centre de la Sibérie après des millions d'années de voyage, devait symboliser sur la tombe de Vladimir Vissotsky sa brûlante et trop brève vie.
Il n'en a pas été ainsi, malheureusement, mais j'ai appris en 1985 que les astronomes de l'observatoire de Crimée ont baptisé une nouvelle planète découverte entre les orbites de Mars et de Jupiter:
VLADVISSOTSKY
Elle porte le numéro 2374 dans le catalogue international des planètes.
Souvent, je regarde les étoiles et je souris en pensant que parmi cette multitude, un petit point brillant vogue dans l'immensité, que ce corps céleste en mouvement perpétuel est lié à jamais au nom de mon mari.
C'est bien ainsi.
Marina Vlady -
« La porte de la chambre ouverte, j'ai failli tomber à genoux. Cet être bardé de tuyaux, de tringles, de plaques, de plâtres, dont seul le haut du visage paraît exempt de blessures, cet être inerte dont les côtes se soulèvent en cadence au rythme de la machine, c'est mon fils. »
Dans ce récit intimiste et bouleversant, Marina Vlady raconte la sortie du coma de son fils aîné, victime d'un accident de la circulation. Pendant des semaines elle va aller de chez elle à la chambre d'hôpital où il gît inconscient. Chez elle, elle suffoque de désespoir ; à son chevet, elle parle, elle raconte, elle chante, scrutant le plus infime signe de retour à la conscience.
Marina Vlady, actrice et romancière, a publié chez Fayard Vladimir ou le vol arrêté, Récits pour Militza, Le Collectionneur de Venise, Le Voyage de Sergueï Ivanovitch, Babouchka, Du coeur au ventre, Ma Cerisaie, 24 images/seconde et Sur la plage, un homme en noir.
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C'est une saga authentique, celle de la famille Poliakov, aristocrates russes jusqu'au bout des ongles, extravagants et impécunieux, pathétiques et drôles, débordants de sentimentalité, d'humour, de sens artistique et de fascination pour le malheur. Le récit se coule dans un modèle fictif emprunté à Tchékhov, plus spécifiquement à sa pièce la plus fameuse et la plus souvent interprétée à la scène.
L'auteur imagine donc de raconter la vie des personnages de La Cerisaie, identifiés à ceux de ses ascendants.
Le roman démarre à la fin du XIX e siècle avec le voyage d'exil de Lioubov à Paris, le Paris de la Belle Époque où les futurs bolchéviks ont établi leurs quartiers rue Marie-Rose autour de Lénine. Pendant ce temps, en Russie, Ania, la fille de Lioubov, et son époux Pétia ont adhéré à la contestation de l'autocratie, elle en appelant à l'émancipation par l'éducation des masses, lui à la révolte violente par les attentats à la bombe : il mourra abattu d'une balle dans le ventre.
L'histoire s'accélère et la fièvre monte en Russie : répression stolypinienne, menées terroristes, début de la Grande Guerre, coup d'État bolchévique, guerre civile, mort de Lénine, glaciation stalinienne, grands procès, guerre à nouveau, déstalinisation, timide libéralisation..., et, comme une image inversée sur une plaque photographique, le pendant de ces événements à l'Ouest, vécu par celles et ceux de la famille que l'exil volontaire ou contraint a conduit là... Jusqu'à cet épilogue des années 70 où la jeune fille de Militza, aussi éprise de spectacle que le reste de la famille, montera à son tour sur scène pour interpréter La Cerisaie, et où elle accompagnera sa mère en Russie cinquante ans après que celle-ci en eut été chassée.
Quatre générations de femmes russes, nobles de naissance et d'éducation, l'esprit de justice et le non-conformisme chevillés à l'âme, saltimbanques et pédagogues de vocation, vivent une traversée du siècle entre la Russie profonde, Moscou, Saint-Pétersbourg et la banlieue parisienne, depuis le dernier règne des Romanov jusqu'à la déstalinisation, ou encore depuis la rédaction par Tchékhov de La Cerisaie à la fin du XIX e siècle et la représantion de la pièce en France par une jeune actrice.
Marina Vlady a publié chez Fayard Vladimir ou le vol arrêté, Récits pour Militza, Le Collectionneur de Venise, Le Voyage de Sergueï Ivanovitch, la réédition de Babouchka (1979), ainsi que Du coeur au ventre. -
" Ces récits vous révèlent certains de mes secrets.
Quand, sa vie entière, on a été en lutte contre sa nature, suivi des régimes draconiens, envié ses voisins de table ou, pire encore, ses invités qui savourent votre propre cuisine, quel délice de pouvoir replonger dans ses souvenirs, de retrouver, par la magie de la mémoire, les amis, les proches avec lesquels on a partagé des instants privilégiés, les pays où l'on a découvert des plats simples, voire étranges, des vins capiteux ou légers, la gaieté, le plaisir; bref, la vie! "
M.V. -
Militza est le doux nom que portaient ma mère, ma soeur, et que j'aurais donné à ma fille, si j'en avais eu une.
Ces récits, qui entrouvrent la mémoire et laissent vagabonder les souvenirs, sont une chronique douce-amère où se mêlent, au fil des pages, les personnages et surtout les animaux qui ont marqué ma vie.
C'est un voyage au coeur des événements qui ont forgé mon âme.
C'est aussi un hommage à ma soeur trop tôt disparue, Militza.
Marina Vlady -
« Le portail du jardin à peine claqué, je me précipite clopin-clopant vers la cuisine où déjà m'attend mon complice vêtu de noir. Les premières heures des retrouvailles sont toujours aussi apaisantes. Le manque de la présence aimée, la rage où me met sa disparition, le silence qui toujours répond à mes suppliques, l'épouvante devant une insupportable solitude s'enrobent gorgée après gorgée d'un miel visqueux. Et voici que se faufilent, l'une après l'autre, toutes les douleurs un temps évanouies. Comme autant de tentacules, grouillent autour de vous regrets et remords, manques, absences, désirs d'un son de voix, d'une caresse, questions auxquelles il ne sera jamais plus donné de réponse. »
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Un jeune Vénitien, Angelo Torcellan Dabalà, découvre sur l'écran du cinéma de son quartier le visage d'une star, Giorgia Demeter. Il en tombe éperdument amoureux, comme seul peut l'être un enfant de douze ans. Cette passion va commander sa vie.
Angelo quittera sa ville natale et traquera Giorgia à travers le monde. Pour posséder cette femme, il ira jusqu'à voler. Il créera même des marionnettes à leur image pour tenter de vivre à travers elles l'impossible accomplissement de son amour.
Ces deux destinées dissemblables finiront par s'entremêler et se fondre dans un don de soi plus fort que la mort.
Dans ce roman de la gloire et de la solitude, sur fond de théâtre et de cinéma, entre Venise, Bayreuth et les rives sauvages du Pacifique, on retrouve, magnifiée, la poignante sincérité qui, avec Vladimir ou le vol arrêté, a valu à Marina Vlady la reconnaissance d'un très large public. -
Le Voyage de Sergueï Ivanovitch
Marina Vlady
- Fayard
- Littérature Française
- 10 Février 1993
- 9782213657684
" Il lui suffit de regarder Vassilissa, d'écouter sa voix grave, de sentir son odeur de blé mûr pour être plus ivre encore que ses camarades. Et puis, maintenant, il sait que la séparation est proche. Le matin même, il a reçu sa feuille de route... "
Face aux montagnes afghanes couvrant l'horizon de leurs pics violets, dans la poussière fine, on faisait la guerre. Une sale guerre dont on ignorait tout au pays. Sergueï comprit alors qu'il était dans un autre monde. Quitter sa fiancée et son village pour deux longues années dans l'armée soviétique, cela avait été dur: en ces temps " héroïques ", chaque garçon se devait d'y croire. Se retrouver à dix-huit ans dans un bataillon disciplinaire commandé par un adjudant sadique, à des milliers de kilomètres, sans comprendre les souffrances qu'on endure, les crimes que l'on vous fait commettre, cela peut rendre fou...
Le voyage de Sergueï, initiation douloureuse, lui fera découvrir la mort, le désespoir, mais aussi la tendresse, l'amitié. Et, lorsqu'il rentrera, c'est un homme sans illusions qui regardera son pays et le difficile avenir qui l'attend.
Ce roman vrai d'une génération perdue résonne des accords passionnés de Vissotsky, le héros de Vladimir ou le vol arrêté. De sa voix fervente, Marina Vlady l'accompagne et dénonce les désastres de la guerre pour chanter cette terre russe " éternellement féconde ".