Filtrer
Langues
-
Vos enfants ne m'intéressent plus
Maurice T. Maschino
- Hachette (réédition numérique FeniXX)
- A rebours
- 25 Septembre 2020
- 9791037606341
Chaque rentrée, on y « croit ». On se sent neuf, on est prêt à faire du « bon travail » - et on les imagine dans les mêmes dispositions : ouverts, piaffant d'impatience devant une discipline qu'ils ne connaissent pas encore - la philosophie - et capables, tel ce jeune esclave qui - près de Socrate - réinvente les mathématiques, de découvrir - à leur tour - quelques profondes vérités. Puissance de l'illusion ! Et, en même temps, impuissance : pas plus que la foi, elle ne soulève les montagnes, ni ne fait des génies avec des cancres... Un jour du printemps dernier, je me suis mis à écrire : rien de tel pour tirer au clair ce qu'on pense et ce qu'on sent. À ma demande, mes élèves s'y sont mis également - essayant de s'expliquer (de m'expliquer) pourquoi ce désintérêt, cette passivité. Et quelques collègues de bonne volonté ont accepté de me parler de leur (de notre) métier. Ainsi se sont rassemblés, peu à peu, les matériaux de cet ouvrage. On n'y trouvera guère de statistiques, d'analyses socio-économiques, de considérations pédagogiques d'ordre général : pas plus qu'un amour ne se réduit aux raisons qui l'expliquent, une déception professionnelle ne se comprend, dans sa singularité, au seul énoncé des facteurs objectifs qui la rendent possible (ou peut-être inévitable). C'est donc, ici, un livre subjectif, et heureux de l'être. Puisque, par-delà l'expérience personnelle qu'il décrit, il montre - sans fard - le gâchis auquel cette société condamne sa jeunesse dite pensante.
-
Maurice T. Maschino a vécu dix ans en Algérie. Il a milité pour son indépendance, acquis sa nationalité, épousé une Algérienne, puis finalement est revenu en France, toutes illusions perdues. Mais trente ans après, l'attachement aux lieux qu'il avait aimés, à sa famille d'adoption et à ses anciens élèves (devenus journalistes, médecins, avocats et même ministres) lui a donné envie d'y retourner. Besoin de comprendre, besoin de sentir un pays à la fois connu et inconnu, pour lui faire toute sa place dans sa mémoire, pour le donner en partage.
Il y revient donc tout récemment, parcourt le pays de long en large, y multiplie rencontres et entretiens, recueille de nombreux témoignages, et, par leur biais, introduit le lecteur dans la vie quotidienne des Algériens, dont il aborde les principaux aspects : vie matérielle (très dure), santé publique (défaillante), enseignement (à deux vitesses), vie culturelle (inexistante), presse (au rabais), rapports hommes/femmes (de domination), dépolitisation (générale), du citoyen de base aux dirigeants, ces derniers n'ayant d'autre objectif que de rester au pouvoir... ou d'y revenir.
Malgré cette situation alarmante, l'auteur ne repart pas en claquant la porte : si l'Algérie se porte mal, des hommes et des femmes s'emploient à construire l'avenir de ce pays, là où ils peuvent, comme ils peuvent.