« Tout jeune homme qui croit avoir la vocation de savant doit se rendre compte que la tâche qui l'attend présente un double visage. Il doit posséder non seulement les qualifications du savant, mais aussi celle du professeur. Or, ces ceux aspects ne coïncident absolument pas. »
Max Weber
« Le gain est devenu la fin que l'homme se propose, il ne lui est plus subordonné comme moyen de satisfaire ses besoins matériels. »
Max Weber
Pourquoi toujours revenir à Max Weber ? Il disait de son oeuvre - pour s'en réjouir - qu'elle était appelée, comme tout travail scientifique, à être dépassée. Eu égard aux incertitudes qui s'emparent à nouveau des sciences sociales - de la sociologie, en particulier - quant à leurs fondements et à leurs objets, le plus grand profit pourra être tiré de la lecture des textes inédits en français qui sont présentés ici. Max Weber y affiche l'ambition de "formuler en des termes que nous espérons plus appropriés et un peu plus corrects ce que toute sociologie empirique veut dire effectivement quand elle parle des mêmes choses".
Une réflexion sur l'épistémologie et la méthodologie des sciences sociales, sur leur "logique", s'imposait d'autant plus, aux yeux de Weber, qu'un ébranlement des modèles d'intelligibilité au sein des sciences sociales (économie et histoire en tête) touchait aux "problèmes en apparence les plus élémentaires de notre discipline, sa méthode de travail, sa manière de former ses concepts et la validité de ceux-ci."
Achevée pour l'essentiel en 1913, la Sociologie de la religion est le grand manuel synthétique qui fait pendant aux études de Max Weber (1864-1920) sur le protestantisme, le judaïsme et les religions de l'Asie. Initialement conçue comme une section de l'ensemble posthume Économie et société, cette étude fait ici l'objet d'une édition séparée et d'une nouvelle traduction annotée et commentée. Max Weber y livre les outils d'une approche à la fois systématique et remarquablement subtile des pratiques religieuses : la Sociologie de la religion n'est pas seulement une source d'inspiration pour le sociologue, l'historien ou l'anthropologue, mais aussi une leçon de tolérance par l'éducation à la finesse du regard. Dans celui de Max Weber, assoupli par un exercice savant, patient et permanent du comparatisme, une alternative comme celle des «primitifs» et des « civilisés » n'a pas lieu d'être. En rupture avec l'évolutionnisme ethnocentrique de son époque, Weber insiste moins, sans les nier, sur les différences culturelles et «inter-religieuses» que sur les lignes de conflit internes à toutes les religions. Une violente tension sociale oppose selon lui le pôle occupé par les détenteurs professionnels du «savoir» religieux, attachés à la définition de dogmes et à la préservation de la stabilité des institutions, au pôle où se retrouvent à la fois des « prophètes » et des « virtuoses » religieux en rupture avec les rites et les institutions, ainsi que des laïcs toujours soucieux de rappeler que la religion doit aussi répondre à des attentes «magiques» de bienfaits dans la vie quotidienne et de secours face à l'âpreté du destin.
Au début du XX e siècle, l'analyse de la logique inhérente aux grandes puissances, au capitalisme occidental et aux phénomènes de communautisation, nourrit abondamment les travaux de Max Weber sur la notion de communauté. Présentés pour la première fois en français dans une traduction intégrale, ces textes n'ont rien perdu de leur acuité ni de leur à propos.
Vers 1910, Max Weber rédige dix textes qui font voler en éclats la conception alors dominante de la communauté, aujourd'hui encore ardemment controversée. Un siècle plus tard, la présente traduction de ces écrits (pour partie inédits en français) s'appuie sur le volume des
Communautés de l'édition critique allemande, qui, depuis 1984, réorganise et éclaire l'ensemble de l'oeuvre protéiforme de Weber.
Loin de toute essentialisation de la communauté, de tout déterminisme mécanique, les analyses qui se déploient ici s'appuient sur la démarche sociologique que Weber est en train de fonder, pour interroger ce qui est en jeu dans les processus de " communautisation ". C'est la complexité des synergies communautaires, la pluralité et l'intrication de facteurs économiques, historiques, religieux, militaires, juridiques ou culturels qui apparaissent ici en pleine lumière. Une objectivité scientifique, un savoir historique et ethnologique d'une ampleur exceptionnelle viennent ainsi s'opposer à des " visions du monde " souvent irrationnelles, portant, entre autres, sur l'origine de la famille, les peuples " primitifs ", les races, les castes, les clans, les classes, la nation ou l'État.
La publication de ces textes sous forme d'un volume distinct permet de les inscrire dans une histoire des notions de communauté, d'identité et de commun, et ainsi d'éclairer certains enjeux fondamentaux du vocabulaire politique de notre époque.
Le Judaïsme antique (1917-1918), qui fait partie de la série des grandes études de sociologie des religions de Max Weber, dépeint avec force deux événements décisifs de l'histoire religieuse : la berith, l'alliance conclue par Dieu avec le peuple d'Israël, et l'émergence d'un discours à la portée fulgurante, la « prophétie de malheur ». L'intimité de Max Weber avec le monde de l'Ancien Testament porte ce texte dont les analyses magistrales font pendant à celles de L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme.
Une présentation et un glossaire détaillé viennent soutenir la lecture de cet ouvrage clé de la sociologie des religions.
" L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme " est une des oeuvres fondatrices de la sociologie moderne. Max Weber propose de comprendre l'organisation capitaliste de l'économie. Il construit l'idéal type, qui consiste en une rationalisation de la production et du travail afin d'assurer le profit maximal. Cet idéal type trouve son origine et sa cause dans l'éthique protestante, dont l'ascétisme encourage l'accumulation des richesses interdisant leur consommation. Retrouvez dans ce livre audio le chapitre 2 de la thèse de Max Weber où l'économiste définit " l'esprit du capitalisme ".
Max Weber gilt als bedeutendster Soziologe des 20. Jahrhunderts, der als bürgerlicher Marx die engen Wahlverwandtschaften zwischen der religisen Ethik des asketischen Protestantismus und der modernen, auf dem freien Unternehmertum beruhenden kapitalistischen Berufsethik aufgezeigt hat. Mit dieser Neuausgabe wird die Originalfassung von 1904-05 zusammen mit den wichtigsten Änderungen von 1920 wieder einem breiteren Publikum zugänglich gemacht. Die Edition macht deutlich, in welchem Ausmaß Webers großer kapitalismuskritischer Entwurf, der von ihm als eine Art spiritualistischer Gegenposition zur Geschichtsphilosophie des Historischen Materialismus aufgefasst worden ist, zugleich als sein persnlichstes Buch verstanden werden kann.?
Dans cet ouvrage, Max Weber apporte la preuve du caractère contingent et variable des relations sociales que le droit est appelé à régir. Le droit, on l'oublie parfois, est une oeuvre humaine, dont il est essentiel de retrouver les intentions des "inventeurs". Le charisme est la clé du droit romain archaïque, du droit franc primitif et du droit nordique ; la théocratie explique les caractéristiques du droit hindou, islamique, israélite ; les intérêts de la bourgeoisie, la formation universitaire des juristes contemporains expliquent la rationalisation actuelle du droit. Weber invite le lecteur à comprendre la législation à partir d'une contextualisation historique des sociétés.
L'esprit du capitalisme, ce ne sont pas ses doctrines ni son idéologie, mais une sensibilité culturelle, un style moral, une psychologie. C'est moins le marché, le profit, le calcul, et plus un tempérament. Il intègre de l'irrationnel, donc du risque et de l'incertitude. Tel est le thème du célèbre chapitre 2 de L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme (1904), chef-d'oeuvre de Max Weber, l'un des trois pères, avec Simmel et Durkheim, de la sociologie moderne. Le texte de Weber est suivi, en postface, d'un essai d'Arjun Appadurai, "Le fantôme dans la machine financière", où l'auteur d'Après le colonialisme montre combien la pensée de Weber permet de comprendre le capitalisme financier de ces dernières décennies.