Peut-on envisager une énonciation de l'exil et de la mémoire dans le roman féminin francophone affranchi de la tutelle féministe ? Quels lieux de rencontre entre le texte africain et le texte occidental ? Ces questions structurent cette contribution majeure et inédite dans les études francophones en associant des écrivaines aussi différentes de style, de parcours et de cultures que Marguerite Duras (France), Anne Hébert (Québec) et Aminita Sow Fall (Sénégal).
Cette livraison d'Études françaises rend hommage à l'écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop, qui a reçu en 2000 le Grand prix littéraire d'Afrique noire, et trace de nouvelles voies critiques pour son oeuvre dont le premier roman, Le temps de Tamango, a paru en 1981. Les études réunies dans ce dossier analysent l'oeuvre de Boubacar Boris Diop à partir de deux perspectives. Certains articles privilégient les rapports entre les romans et l'histoire de l'Afrique contemporaine - la colonisation, les indépendances, la période d'après la Guerre froide -, tandis que d'autres insistent davantage sur les formes artistiques et littéraires des récits. Ainsi des fonctions de la métalepse dans la plupart des romans de Diop dont plusieurs narrateurs, tout en racontant des anecdotes sur le monde, évoquent l'activité de l'écrivain en train d'écrire. Un tel choix renvoie-t-il à l'anxiété de l'auteur quant au statut de l'écrivain africain dans sa société de référence, en proie aux doutes existentiels depuis le désenchantement des indépendances ? Est-ce pour cela que Boubacar Boris Diop décide, au tournant de l'an 2000, d'écrire aussi bien en français qu'en wolof, sa langue maternelle, pour élargir son lectorat ? À ces questions tentent de répondre les collaborateurs de ce numéro qui constitue un apport majeur non seulement à la compréhension de l'oeuvre de Diop, mais également aux nouvelles pistes de la critique : celle de la poétique de l'auto-traduction et celle de l'oeuvre bilingue dans les littératures francophones, et tout particulièrement celle d'Afrique.
« Un élargissement des frontières herméneutiques de la spatialité littéraire et
cinématographique en francophonie constitue un important et nécessaire moment de réflexion que les études réunies dans ce volume veulent marquer. »
Cet ouvrage est l'un des premiers travaux scientifiques consacrés aux littératures et aux cinémas francophones sous l'angle d'une géocritique postcoloniale. Développée au début des années 2000 autour des travaux de Bertrand Westphal, la géocritique est un nouveau champ d'étude de la représentation des espaces référentiels dans les narrations littéraires et non littéraires. Cet ouvrage en analyse les potentialités
sémantiques dans les textes et les films francophones contemporains et montre comment des villes comme Dakar, Bizerte, Paris, Port-au-Prince, Libreville, Cyrthe ou le Cap révèlent de nouvelles topographies
urbaines dont les formes architecturales et les histoires humaines sont reconstruites de manière surprenante dans les romans et les films francophones.
Collaborateurs : Françoise Naudillon, Mbaye Diouf, Sihem Sidaoui, Obed Nkunzimana, Sada Niang, Whitney Bevill, Mouhamadou Cissé, Morgan Faulkner, Srilata Ravi, Josias Semujanga, Vincent Simédoh, Désiré Nyela, Kodjo Attikpoé, Lamia Mecheri.