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Fayard
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Rejetons de la seconde guerre mondiale, un mur invisible les a toujours séparés. Son père à elle, français, s'était engagé dans la SS ; son père à lui était juif d'Afrique du nord. Les enfants sont-ils inconsciemment hantés par les fantômes de leurs parents, par les spectres de l'Histoire ? Elle meurt lentement d'un cancer. Il l'accompagne dans son agonie jusqu'à son dernier soupir. Et cependant, il tente de se souvenir, de reconstituer ce qu'a été leur vie de couple secrètement désuni, leur jeunesse d'étudiants faisant la fête dans un Paris aujourd'hui disparu et se croyant heureux malgré tout.
Avec ce roman, Morgan Sportès nous donne une sorte de Roméo et Juliette de l'ère moderne, revu par Sigmund Freud. Il construit ici un « tombeau » à une femme qu'il n'a pas su aimer, lui offrant, paradoxalement, une ultime preuve d'amour : posthume.
Morgan Sportès est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, traduits dans de nombreux pays. Parmi ceux-ci, L'appât (Le Seuil, 1990) a fait l'objet d'une adaptation cinématographique par Bertrand Tavernier en 1995 (récompensée par un Ours d'or à Berlin) et Tout, tout de suite (Fayard, 2011) a reçu le Prix Interallié. -
Vous qui entrez ici, laissez toute espérance. Ce livre est une autopsie : celle de nos sociétés saisies par la barbarie. En 2006, après des mois de coups tordus et d'opérations avortées, une petite bande de banlieue enlève un jeune homme. La rançon exigée ne correspond en rien au milieu plutôt modeste dont ce dernier est issu. Mais le choix de ses agresseurs s'est porté sur lui parce qu'en tant que Juif il est supposé riche. Séquestré vingt-quatre jours, soumis à des brutalités, il est finalement assassiné. Les auteurs de ce forfait sont chômeurs, livreurs de pizzas, lycéens, délinquants. Certains ont des enfants, d'autres sont encore mineurs. Mais la bande est soudée par cette obsession morbide : «Tout, tout de suite.» Morgan Sportès a reconstitué pièce par pièce leur acte de démence. Sans s'autoriser le moindre jugement, il s'attache à restituer leurs dialogues confondants d'inconscience, à retracer leur parcours, de fast-foods en cybercafés, de la cave glaciale où ils retiennent leur otage aux cabines téléphoniques d'où ils vocifèrent leurs menaces, dans une guerre psychologique avec une famille au désespoir et des policiers que cette affaire devenue hautement «politique» met sur les dents. Indigence intellectuelle et morale au milieu de l'indigence architecturale et culturelle : il n'y a pas de mot pour décrire l'effroyable vide que la société a laissé se creuser en son sein, et qui menace de l'aspirer tout entière. Pas de mot. Il fallait un roman.
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1609 : Christovao Ferreira, jeune jésuite portugais plein de ferveur chrétienne, débarque à Nagasaki. Ce port est alors un panier de crabes : trafics d'or, de soie, d'esclaves auxquels s'adonnent des commerçants du monde entier. Le sud du Japon devient par ailleurs un terrain où s'affrontent les intérêts impérialistes des Anglais, des Espagnols, des Portugais, des Hollandais et où s'importent leurs querelles religieuses : protestants contre catholiques.
Accueillis d'abord avec sympathie, les missionnaires sont bientôt suspects aux yeux des Shogun Tokugawa qui dirigent le pays d'une main de fer. On voit en eux l'avant-garde des conquistadors du roi d'Espagne. Commencent alors d'impitoyables persécutions. Passé dans la clandestinité, Ferreira est arrêté, mis à la torture.
Il a le choix : mourir en martyr comme tant de ses semblables ou apostasier et travailler dans les rangs de l'Inquisition nipponne...
Dans ce Japon énigmatique « tout à l'envers de nos moeurs » où il a si longtemps vécu, et en ces temps où le doute métaphysique a frappé les esprits les plus éclairés d'Europe, Ferreira, lui-même ébranlé dans ses convictions, cèdera-t-il à ses bourreaux?
Avec ce roman « historique » plein de noire ironie, Morgan Sportès nous tend une sorte de miroir où, à trois siècles de distance, se reflètent d'Orient en Occident les mêmes problématiques : Dieu, l'argent, le choc des civilisations, la liberté de commercer et de circuler et - mot déjà très en vogue à l'époque - la souveraineté des Etats. -
Septembre 2012. Une grenade est jetée dans une épicerie casher du nord de Paris: un blessé léger. Les coupables sont une bande de jeunes âgés de la vingtaine. Tous convertis ou revenus à l'Islam. Leur idole est Mohammed Merah. Ils veulent déclencher en France (et en Syrie, contre « l'hérétique Bachar ») la lutte armée. Au demeurant ils n'ont ni les moyens intellectuels ni matériels de leur combat. Ce sont des pieds-nickelés du djihad dont tous les coups foirent...
Cette épopée à la fois tragique et burlesque (qui ne précède que de trois ans les attentats du Bataclan) permet à Morgan Sportès de mettre en scène dans une fiction « au ras du réel » une série de personnages dont il restitue, à travers les dialogues à la langue souvent savoureuse, les fantasmes politico-religieux. Il nous convie à leur table, au Kebab du coin, nous faisant partager leurs problèmes économiques ou amoureux : entre l'« héroïsme de la kalachnikov » et les couches-culottes du bébé qu'on n'a pas les moyens de se payer. Il nous fait entrer aussi dans leurs familles, déchirées par l'engagement du fils, où les pères, redoutés jadis, perdent pied. Il croque ainsi, dans un style hyperréaliste - et sombrement ironique toujours - une galerie de portraits inquiétants : le visage d'un pays mal connu qui est le nôtre pourtant, la France du xxie siècle mondialisé.
Morgan Sportès est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages traduits dans de nombreux pays. Parmi eux, L'Appât (Le Seuil 1990) a fait l'objet d'une adaptation cinématographique par Bertrand Tavernier en 1995 (Ours d'or à Berlin) et Tout, tout de suite (Fayard 2011) a reçu le prix Interallié.