Si l'espace s'est trouvé au centre des préoccupations des analystes, au cours de cette dernière décennie, le temps, lui, fait encore figure de parent pauvre. Le présent essai constitue, à cette heure, la première tentative pour élaborer une temporalité propre à l'expérience analytique. Pris entre l'a-temporalité de l'inconscient - qualification issue des effets, à la fois ponctuels et indéfinis, de ce dernier, dans la relation intersubjective propre à la cure - et la durée factuelle des séances, elle-même sujette à controverses, l'analysé et son analyste vivent de concert un temps particulier, un temps secondaire, qui régit leurs rapports de manière originale. Son instauration ouvre la voie à une dialectique de l'image, et du souvenir-écran. Son dénouement permet de parler de fin d'analyse, sans avoir recours à de vaines formules (le Je advient, la gratitude, l'auto-analyse), qui masquaient jusqu'à présent une faille dans la conceptualisation.
Olivier Flournoy, poursuivant la réflexion de Sigmund Freud à propos de la relation entre analyste et analysé, cherche à dépasser la métapsychologie, théorie psychologique du psychisme au singulier, pour une compréhension de l'intersubjectivité. Il envisage une métapsychanalyse, qui théoriserait les phénomènes vécus en analyse et qui, du même coup, pourrait légitimer la psychanalyse comme science. Fort de son expérience, l'auteur déjoue les conceptions psychologiques classiques, et nous entraîne dans son aventure clinique, où rêves et paroles tissent une relation à deux. Il nous montre, au-delà de la défense d'y toucher, comment des vérités cachées retrouvent toute leur valeur dans une jouissance du dit.