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Paul Valéry
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La mer, la mer, toujours recommencée !
Paul Valéry
- Éditions Rivages
- Littérature française (Rivages Poche Pet
- 12 Juin 2024
- 9782743663797
Natif de Sète, Paul Valéry est resté fidèle à la mer, sur tous les plans et dans tous les sens. On pense à ses souvenirs d'enfance, et au poème intitulé "Le cimetière marin", mais ce n'est pas tout. La mer l'obsède. Il aime nager, observer les vagues, l'écume, que l'on retrouve dans ses textes. Il pense aussi à partir de ce qu'elle rend possible - pêche, commerce, voyages, échanges et mélanges - et de ce qu'elle suggère. La Méditerranée lui fournit des images poétiques et un modèle politique. Mais la mer, c'est aussi l'élément liquide, un modèle du phénomène de la pensée. Est-ce un hasard si le dialogue connu sous le titre "L'Idée fixe" est en fait intitulé : "L'Idée fixe ou Deux hommes à la mer" ?
Les textes réunis dans ce volume permettent de découvrir l'importance de la mer, au propre et au figuré, dans la vie personnelle et la pensée de Valéry. -
L'amateur de poèmes
SI je regarde tout à coup ma véritable pensée, je ne me console pas de devoir subir cette parole intérieure sans personne et sans origine ; ces figures éphémères ; et cette infinité d'entreprises interrompues par leur propre facilité, qui se transforment l'une dans l'autre, sans que rien ne change avec elles. Incohérente sans le paraître, nulle instantanément comme elle est spontanée, la pensée, par sa nature, manque de style.
MAIS je n'ai pas tous les jours la puissance de proposer à mon attention quelques êtres nécessaires, ni de feindre les obstacles spirituels qui formeraient une apparence de commencement, de plénitude et de fin, au lieu de mon insupportable fuite.
UN poème est une durée, pendant laquelle, lecteur, je respire une loi qui fut préparée ; je donne mon souffle et les machines de ma voix ; ou seulement leur pouvoir, qui se concilie avec le silence.
JE m'abandonne à l'adorable allure : lire, vivre où mènent les mots. Leur apparition est écrite. Leurs sonorités concertées. Leur ébranlement se compose, d'après une méditation antérieure, et ils se précipiteront en groupes magnifiques ou purs, dans la résonance. Même mes étonnements sont assurés : ils sont cachés d'avance, et font partie du nombre.
MU par l'écriture fatale, et si le mètre toujours futur enchaîne sans retour ma mémoire, je ressens chaque parole dans toute sa force, pour l'avoir indéfiniment attendue. Cette mesure qui me transporte et que je colore, me garde du vrai et du faux. Ni le doute ne me divise, ni la raison ne me travaille. Nul hasard, mais une chance extraordinaire se fortifie. Je trouve sans effort le langage de ce bonheur ; et je pense par artifice, une pensée toute certaine, merveilleusement prévoyante, -
aux lacunes calculées, sans ténèbres involontaires, dont le mouvement me commande et la quantité me comble : une pensée singulièrement achevée. -
Dans La Soirée avec Monsieur Teste, Valéry explique pourquoi, à la recherche du succès littéraire, auquel il aurait pu légitimement aspirer suivant le voeu de ses amis, il a préféré autre chose. La recherche du succès entraîne nécessairement une perte de temps : "Chaque esprit qu'on trouve puissant commence par la faute qui le fait connaître. En échange du pourboire public, il donne le temps qu'il faut pour se rendre perceptible..."
M. Teste est un homme qui a mieux employé son temps : "J'ai fini par croire que M. Teste était arrivé à découvrir des lois de l'esprit que nous ignorons. Sûrement, il avait dû consacrer des années à cette recherche : plus sûrement, des années encore, et beaucoup d'autres années avaient été disposées pour mûrir ses inventions et pour en faire ses instincts. Trouver n'est rien. Le difficile est de s'ajouter ce que l'on trouve."
Tel était bien sans doute le programme ambitieux que s'était assigné Valéry lui-même à l'époque où il rédigeait cette fameuse Soirée avec Monsieur Teste. -
L'homme et la coquille : et autres textes
Paul Valéry
- Gallimard
- Folio Sagesses
- 7 Octobre 2021
- 9782072954757
« Ce coquillage que je tiens et retourne entre mes doigts, et qui m'offre un développement combiné des thèmes simples de l'hélice et de la spire, m'engage, d'autre part, dans un étonnement et une attention qui produisent ce qu'ils peuvent : remarques et précisions tout extérieures, questions naïves, comparaisons "poétiques", imprudentes "théories" à l'état naissant... Et je me sens l'esprit vaguement pressentir tout le trésor infus des réponses qui s'ébauchent en moi devant une chose qui m'arrête et qui m'interroge... »
Qu'il évoque un coquillage aux formes fascinantes, le phénomène du rêve ou celui des mythes, Paul Valéry pense et déplie, dans ce triptyque sensible, « une poésie des merveilles et des émotions de l'intellect ». -
Texte d'une conférence donnée en 1936 par Paul Valéry à L'Université des Annales, en accompagnement d'une prestation de la célèbre danseuse espagnole Antonia Mercé y Luque, dite "la Argentina". Avouant ne pas être lui-même danseur, l'auteur se penche sur la danse comme sujet philosophique, tentant de mettre en mouvement et de chorégraphier les mots et les concepts. "[Dans] cette danse d'idées autour de la danse vivante, j'ai voulu vous montrer comment cet art, loin d'être un futile divertissement, loin d'être une spécialité qui se borne à la production de quelques spectacles, à l'amusement des yeux qui le considèrent ou des corps qui s'y livrent, est tout simplement une poésie générale de l'action des êtres vivants." - Paul Valéry
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Regards sur le monde actuel et autres essais
Paul Valéry
- Gallimard
- Folio essais
- 1 Mars 2016
- 9782072670237
Le génie de Paul Valéry - l'un des esprits les plus puissants et les plus lucides du siècle - a été non pas seulement de penser tout ce qui traversait son esprit, mais de le repenser, et en particulier les notions qu'il avait reçues ou qu'il s'était, comme tout le monde, formées, et qui servent aux groupes humains à réfléchir sur leurs relations.
Comme tout lui était objet de pensée, il a réuni ici, des essais, au sens véritable du terme, dont le dessein est de préciser "quelques idées qu'il faudrait bien nommer politiques". De celle de la dictature, à celle sur les fluctuations de la liberté ; de la première guerre sino-japonaise, en 1895, à l'Amérique comme projection de l'esprit européen...
Comme dans sa poésie - aussi bien que dans ses spéculations sur le fonctionnement de l'intellect, ou l'entrelacement du système nerveux et des sentiments -, Valéry se montre dans ces pages tel que Claudel le voyait : "...l'esprit attentif à la chair et l'enveloppant d'une espèce de conscience épidermique, le plaisir atteint par la définition, tout un beau corps gagné, ainsi que par un frisson, par un réseau de propositions exquises"... -
La jeune parque/l'ange/Agathe/histoires brisées
Paul Valéry
- Gallimard
- Poésie/Gallimard
- 1 Mars 2016
- 9782072670190
"Avec Rimbaud et Mallarmé, Valéry abolit la religion du sens unique d'un texte. Pas de centre, de point fixe - et ceci est valable pour tous les poèmes cités ici ; un décentrement incessant, des surimpressions plastiques, phoniques, des métaphores qui se renforcent de nouveaux éléments à cent vers de distance, des durées multiples qui s'organisent à l'intérieur du poème, comme l'histoire ou le corps ont des durées différentes, le coeur, la vue, la marche, et l'ensemble c'est la vie du corps ; des substitutions d'une durée à l'autre (c'était le rythme de la durée de la marche, et cela devient, oui, le rythme de la durée d'un coeur qui bat, qui s'arrête, qui bat encore). Pas de poésie plus mobile, comme le sang. Et puis, un échange entre le passé, le futur, le présent, qui rend heureusement impossible toute chronologie interne ; un temps plein, et paradoxal : une achronie généralisée, le temps du rêve."
Jean Levaillant. -
Eupalinos ou l'architecte ; l'âme et la danse ; dialogue de l'arbre
Paul Valéry
- Gallimard
- Poésie/Gallimard
- 1 Mars 2016
- 9782072670152
Socrate
Par les dieux, les claires danseuses !... Quelle vive et gracieuse introduction des plus parfaites pensées !... Leurs mains parlent, et leurs pieds semblent écrire. Quelle précision dans ces êtres qui s'étudient à user si heureusement de leurs forces moelleuses !... Toutes mes difficultés me désertent, et il n'est point à présent de problème qui m'exerce, tant j'obéis avec bonheur à la mobilité de ces figures ! Ici, la certitude est un jeu ; on dirait que la connaissance a trouvé son acte, et que l'intelligence tout à coup consent aux grâces spontanées... Regardez celle-ci !... la plus mince et la plus absorbée dans la justesse pure... Qui donc est-elle ?... Elle est délicieusement dure, et inexprimablement souple... Elle cède, elle emprunte, elle restitue si exactement la cadence, que si je ferme les yeux, je la vois exactement par l'ouïe. Je la suis, et je la retrouve, et je ne puis jamais la perdre ; et si, les oreilles bouchées, je la regarde, tant elle est rythme et musique, qu'il m'est impossible de ne pas entendre les cithares.
(in L'Âme et la danse) -
Cours de poétique Tome 1 : le corps et l'esprit (1937-1940)
Paul Valéry
- Gallimard
- Bibliothèque des Idées
- 5 Janvier 2023
- 9782072907098
Paul Valéry occupa de 1937 à sa mort en 1945 la chaire de Poétique créée pour lui au Collège de France. Connu jusqu'à présent par de rares témoignages d'auditeurs, cet enseignement a pris dans l'histoire de la critique littéraire la dimension d'un mythe. Sous le nom de poétique, l'écrivain élabore en effet pour la première fois la synthèse du "Système" total de l'acte créateur dont il rêvait depuis sa jeunesse. Son originalité : situer la genèse de l'oeuvre littéraire et artistique non seulement dans l'ordre de la création individuelle, mais également dans un vaste horizon social. Véritable laboratoire de pensée, ce cours expérimental contient en germe une psychologie de la création, une sociologie de l'art et une esthétique de la réception, tout en croisant les interrogations actuelles de la phénoménologie, de la philosophie du langage et des neurosciences. Avec une curiosité sans limites, cet essai d'une anthropologie de la vie de l'esprit se révèle un monument de la pensée du XXe siècle.
Dans ce premier tome, qui couvre les trois premières années du cours, Valéry insiste sur le rôle fondamental que jouent le corps et l'esprit dans la poétique, entendue de façon large comme étude de tous les processus de création. Rien n'échappe à l'analyse : les illusions de la philosophie sont dénoncées, l'utilité de l'art questionnée, l'existence psychique mise à nu. L'entrée dans la Seconde Guerre mondiale donne lieu à des réflexions bouleversantes sur l'avenir de l'Europe et des intellectuels.
Paul Valéry et Gaston Gallimard avaient souhaité publier le cours de poétique. Près de quatre-vingts ans après la mort de l'écrivain, voici son voeu exaucé et sa dernière grande oeuvre dévoilée. -
"De ces essais que l'on va peut-être lire, il n'en est point qui ne soit l'effet d'une circonstance, et que l'auteur eût écrit de son propre mouvement. Leurs objets ne sont pas de lui ; même leur étendue parfois lui fut donnée.
Presque toujours surpris, au début de son travail, de se trouver engagé dans un ordre d'idées inaccoutumé, et placé brusquement dans quelque état inattendu de son esprit, il lui fallut, à chaque fois, retrouver nécessairement le naturel de sa pensée. Toute l'unité de cette Variété ne consiste que dans ce même mouvement."
Paul Valéry. -
"Peinture.
L'objet de la peinture est indécis.
S'il était net, - comme de produire l'illusion de choses vues, ou d'amuser l'oeil et l'esprit par une certaine distribution musicale de couleurs et de figures, le problème serait bien plus simple, et il y aurait sans doute plus de belles oeuvres (c'est-à-dire conformes à telles exigences définies) - mais point d'oeuvres inexplicablement belles.
Il n'y aurait point de celles qui ne se peuvent épuiser."
Pendant un quart de siècle Paul Valéry a pris des notes sur tous les problèmes qui le préoccupaient. La philosophie et l'art se détachent particulièrement au cours de ce recherches instantanées.
Chacun de ces textes contient à l'état d'aphorismes, de formules, de fragments ou de propos, voire de boutades, mainte remarque ou impression venue à l'esprit, çà et là, le long d'une vie, et qui s'est fait noter en marge de quelque travail ou à l'occasion de tel incident dont le choc, tout à coup, illumina une vérité instantanée, plus ou moins vraie. De ces pensées et aphorismes se dégage une pensée d'une rigueur exemplaire et qui propose une méthode d'investigation d'une rare acuité. -
"Comme il arrive qu'un lecteur à demi distrait crayonne aux marges d'un ouvrage et produise, au gré de l'absence de la pointe, de petits êtres ou de vagues ramures, en regard des masses lisibles, ainsi ferai-je, selon le caprice de l'esprit, aux environs de ces quelques études d'Edgar Degas.
Ceci ne sera donc qu'une manière de monologue, où reviendront comme ils voudront mes souvenirs et les diverses idées que je me suis faites d'un personnage singulier... Cependant qu'au regard naïf, les uvres semblent naître de l'heureuse rencontre d'un sujet et d'un talent, un artiste de cette espèce profonde, plus profond peut-être qu'il n'est sage de l'être, diffère la jouissance, crée la difficulté, craint les plus courts chemins."
Paul Valéry. -
Cours de poétique Tome 2 : le langage, la société, l'histoire (1940-1945)
Paul Valéry
- Gallimard
- Bibliothèque des Idées
- 5 Janvier 2023
- 9782073000187
Paul Valéry occupa de 1937 à sa mort en 1945 la chaire de Poétique créée pour lui au Collège de France. Connu jusqu'à présent par de rares témoignages d'auditeurs, cet enseignement a pris dans l'histoire de la critique littéraire la dimension d'un mythe. Sous le nom de poétique, l'écrivain élabore en effet pour la première fois la synthèse du "Système" total de l'acte créateur dont il rêvait depuis sa jeunesse. Son originalité : situer la genèse de l'oeuvre littéraire et artistique non seulement dans l'ordre de la création individuelle, mais également dans un vaste horizon social. Véritable laboratoire de pensée, ce cours expérimental contient en germe une psychologie de la création, une sociologie de l'art et une esthétique de la réception, tout en croisant les interrogations actuelles de la phénoménologie, de la philosophie du langage et des neurosciences. Avec une curiosité sans limites, cet essai d'une anthropologie de la vie de l'esprit se révèle un monument de la pensée du XXe siècle.
Paul Valéry et Gaston Gallimard avaient souhaité publier le cours de poétique. Près de quatre-vingts ans après la mort de l'écrivain, voici son voeu exaucé et sa dernière grande oeuvre dévoilée.
Dans ce second tome, couvrant les années d'Occupation et la Libération, la réflexion s'élargit aux "oeuvres collectives de l'esprit". Comment le langage organise-t-il la vie psychique ? Comment fonde-t-il aussi l'existence sociale ? Tandis que les méditations sur la société et sur l'histoire prennent une importance croissante, Valéry livre, la dernière année, son testament intellectuel sur la responsabilité de l'écrivain et sur l'idéal de la littérature. -
« Prose, vers, souvenirs, images ou sentences, ce qui vint du sommeil, ce qui vint des amours, ce que donnent les dieux comme les circonstances s'assemble en cet album de fragments de mes jours. Selon l'heure, naïf, absurde, aimable, étrange, esclave d'une mouche ou maître d'une loi, un esprit n'est que ce mélange duquel, à chaque instant, se démêle le moi. » (Paul Valéry) Dans ce recueil de notes, pensées, fragments, poèmes et aphorismes, publié en 1941, on retrouve les thèmes majeurs de l'oeuvre de Valéry. Une bonne introduction à sa pensée.
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À dix-huit ans, Valéry entame une première carrière qui le conduit à faire paraître une trentaine de poèmes, après quoi le sentiment, autour de 1892, de ne pouvoir égaler Mallarmé ou Rimbaud vient ouvrir une crise : il cesse d'écrire et néanmoins, trois ans plus tard, donne coup sur coup deux brefs chefs-d'oeuvre : l'Introduction à la méthode de Léonard de Vinci et La Soirée avec Monsieur Teste. Devenu rédacteur au ministère de la Guerre en 1897, il connaît une nouvelle, et plus longue, période de silence à laquelle la publication de La Jeune Parque ne mettra un terme qu'en 1917. Il continue cependant, chaque matin, à l'aube, à tenir les Cahiers où il consigne des réflexions sur des sujets divers, mais la suspension de l'oeuvre est par moments vécue comme une panne douloureuse.
Un nouveau départ est donné vers 1912 lorsque Gide lui demande de réunir ses oeuvres de jeunesse et, de la relecture de ses anciens poèmes, vont naître tour à tour, après la Parque, l'Album de vers anciens et Charmes en 1922. À cet ensemble s'ajoute en 1919 la réimpression de l'Introduction et de La Soirée, et peu après les dialogues d'Eupalinos et de L'Âme et la danse : l'évidence s'impose qu'une oeuvre majeure est en train de se construire, et cette gloire naissante vaut à son auteur de nombreuses commandes de préfaces, d'études ou de conférences qui viendront nourrir les volumes successifs de Variété, les Regards sur le monde actuel ou les Pièces sur l'art. Elle lui vaut également de participer à diverses commissions culturelles, en particulier dans le cadre de la Société des Nations, et de devenir ainsi, en Europe, une sorte de passeur de culture.
Édition de Michel Jarrety. -
"La facilité de lecture est de règle dans les Lettres depuis le règne de la hâte générale et des feuilles qui entraînent ou harcèlent ce mouvement. Tout le monde tend à ne lire que ce que tout le monde aurait pu écrire.
D'ailleurs, puisqu'il s'agit enfin en littérature d'amuser son homme ou de lui faire passer le temps, ne demandez l'effort, n'invoquez point la volonté : ici triomphe la croyance, peut-être naïve, que le plaisir et la peine s'excluent.
Quant à moi, je le confesse, je ne saisis à peu près rien d'un livre qui ne me résiste pas.
Demander au lecteur qu'il tendît son esprit et ne parvînt à la possession complète qu'au prix d'un acte assez pénible ; prétendre, de passif qu'il espère d'être, le rendre à demi créateur, - mais c'était blesser la coutume, la paresse, et tout intelligence insuffisante.
L'art de lire à loisir, à l'écart, savamment et distinctement, qui jadis répondait à la peine et au zèle de l'écrivain par une présence et une patience de même qualité, se perd : il est perdu."
Paul Valéry. -
"Le personnage de Faust et celui de son affreux compère ont droit à toutes les réincarnations.
(...) Or, un certain jour de 1940, je me suis surpris me parlant à deux voix et me suis laissé aller à écrire ce qui venait. J'ai donc ébauché très vivement, et - je l'avoue - sans plan, sans souci d'actions ni de dimensions, les actes que voici de deux pièces très différentes, si ce sont là des pièces. Dans une arrière-pensée, je me trouvais vaguement le dessein d'un IIIe Faust qui pourrait comprendre un nombre indéterminé d'ouvrages plus ou moins faits pour le théâtre : drames, comédies, tragédies, féeries selon l'occasion : vers ou prose, selon l'humeur, productions parallèles, indépendantes, mais qui, je le savais, n'existeraient jamais... Mais c'est ainsi que de scène en scène, d'acte en acte, se sont composés ces trois quarts de Lust et ces deux tiers du Solitaire qui sont réunis dans ce volume." -
Edition enrichie (Préface, notes, annexes, repères chronologiques et bibliographie)
Nouvelle édition.
Alors qu'il venait d'acquérir vingt-quatre lettrines gravées, un éditeur demanda à Valéry d'y associer vingt-quatre poèmes en prose dont chacun commencerait par une lettre différente. L'écrivain se proposa aussitôt d'y évoquer les vingt-quatre heures du jour, composa le recueil sans tout à fait l'achever, mais ne le publia pas. À certaines lettres de l'alphabet correspondent donc plusieurs poèmes. Tous ces textes se trouvent ici rassemblés, accompagnés de nombreuses photos et illustrations. -
Alors que l'oeuvre proprement poétique s'était refermée en 1926 avec les « Fragments du Narcisse » laissés inachevés, le deuxième tome de cette édition atteste un certain retour du vers dans des oeuvres destinées à la scène : après le livret d'Amphion en 1931, Valéry écrit celui de Sémiramis en 1934. Mais cette époque, surtout, demeure celle des commandes : de plus en plus sollicité, Valéry en effet multiplie conférences et discours officiels - à l'occasion, par exemple, du centenaire de la mort de Goethe en 1932 - qui le conduisent à se peindre avec humour comme le « Bossuet de la IIIe République ». Ces différents textes continuent d'être rassemblés dans les volumes de Variété, et sa figure de représentant éminent de la culture française, dans son pays comme à l'étranger, s'en trouve confortée.
Cette figure tient aussi à la réflexion novatrice qu'il poursuit sur la littérature, et le terme de poétique qu'il choisit pour la chaire du Collège de France qu'il occupe à partir de 1937 s'imposera. Il eut été aussi reconnu comme poète en prose s'il était parvenu à donner aux pièces d'Alphabet la forme définitive qu'il eût souhaitée ; mais il laisse le recueil inachevé, et c'est une oeuvre posthume qu'on lira dans ce volume. Ces poèmes, eux aussi, étaient une commande et, à cet égard, Degas Danse Dessin, où se découvre largement un portrait du peintre que Valéry a bien connu, fait figure d'exception. C'est un livre très personnel et, tandis que Valéry avait jusqu'ici toujours enfoui l'intime au plus profond, on le voit maintenant se livrer davantage : par exemple, en 1932, le dialogue de L'Idée fixe marque assurément un tournant, qui est aussi celui d'une écriture plus spontanée.
Édition de Michel Jarrety. -
Le cimetière marin et autres poèmes
Paul Valéry
- Larousse
- Petits Classiques Larousse
- 10 Février 2016
- 9782035919274
Cette anthologie couvre toute l'oeuvre poétique de Paul Valéry, depuis ses débuts (Albums des vers anciens, écrits datant de 1980) jusqu'au recueil Charmes de 1922.
On y retrouve les poèmes les plus célèbres qu'ont fait la renommée de l'auteur, notamment La Jeune Parque (1917) et le Cimetière marin (1920). -
Dans la vie d'un lecteur, certains auteurs occupent une place à part : lectures inaugurales, compagnons de tous les jours, sources auxquelles on revient. La collection « Les auteurs de ma vie » invite de grands écrivains contemporains à partager leur admiration pour un classique dont la lecture a particulièrement compté pour eux.
Valéry, grand lecteur de Descartes, n'offre pas à lire ici un portrait traditionnel. S'il évoque naturellement le philosophe, il insiste davantage « sur la personnalité forte et téméraire du grand Descartes, dont la philosophie, peut-être, a moins de prix pour nous que l'idée qu'il nous présente d'un magnifique et mémorable Moi ». Il peint ce « géomètre de l'âme » en héros d'une odyssée intellectuelle extraordinaire, cas le plus étrange qui se puisse imaginer, et livre ainsi un éclairant hommage au grand homme. -
"Je me sentais en état d'inhumanité. Tout homme est odieux à qui se fuit et se consume à s'éloigner de soi-même, car les autres nous font invinciblement penser à nous."
Dans cette oeuvre, à mi-chemin entre le dialogue fictionnel et l'essai philosophique, Paul Valéry invite le lecteur à la réflexion sur les thèmes de l'identité, de la raison, du sens de l'existence et de bien d'autres concepts encore, comme celui de l'implexe, notion-clé de la pensée valéryenne, qu'il introduit avec habileté au coeur de ce texte singulier, déroutant et fascinant à la fois. -
La philosophie de la danse : ou L'invention esthétique. [Nouv. éd. entièrement revue et corrigée].
Paul Valéry
- Ink book
- 9 Septembre 2019
- 9791023208719
Paul Valéry s'inspire des chorégraphies de la danseuse espagnole Antonia Mercé y Luque, plus connue sous son nom de scène la Argentina. Comment lier alors l'esprit des sciences à celui de la danse ? Comment comprendre les manifestations esthétiques du corps ? Comme si corps et esprit étaient irréversiblement liés, et que ce lien prenait forme et profondeur dans la danse elle-même. Un texte original et d'une rare puissance, prononcé par le poète français à la Conférence à l'Université des Annales, le 5 mars 1936.
Édition relue, corrigée, mise en forme et enregistrée au Format professionnel électronique © Ink Book édition. -
Le Cycle de Monsieur Teste (suivi de Discours sur l'esthétique) [édition intégrale revue et mise à jour]
Paul Valéry
- Ink book
- 13 Mars 2019
- 9791023208092
''Composite, fragmentaire, énigmatique, Monsieur Teste a tout du livre culte: il ne donne pas seulement à lire une oeuvre, ni même à méditer une pensée, mais bien à suivre une éthique, celle qui porte à négliger l'oeuvre au profit de la vie, ou plus exactement à «faire de sa vie une oeuvre d'art». De là l'importance du livre pour les surréalistes, en particulier pour André Breton: «Je pensais qu'en Valéry, M.Teste avait à jamais pris le pas sur le poète, et même sur l'amateur de poèmes, comme il s'était plu naguère à se définir. À mes yeux, il bénéficiait par là du prestige inhérent à un mythe qu'on a pu voir se constituer autour de Rimbaud - celui de l'homme tournant le dos, un beau jour, à son oeuvre, comme si certains sommets atteints, elle repoussait en quelque sorte son créateur» (A.Breton, Entretiens avec A. Parinaud).''
Suivi de : Discours sur l'esthétique, prononcé par Paul Valéry en 1937, au deuxième congrès international d'Esthétique et de Science de l'Art
Format professionnel électronique © Ink Book édition.