René Crevel
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René Crevel (1900-1935) "La Ville. Elle porte collier de visages en papier mâché, mais son chignon joue à l'arc de triomphe. Ainsi, avant l'ère des nuques rases, toute patronne de bistrot, à coups de guiches, frisettes, franges, boucles, nattes, compliquait, en de chimériques architectures, l'édifice de cheveux et d'orgueil, à même le sol du crâne. Or la dernière auvergnate, penchée sur le zinc d'un comptoir, où se mire sa tignasse bouffie de crêpés, cimentée à la brillantine, étayée de peignes et barrettes, façon écaille, nymphe de gargote, narcisse femelle, mais défiant tout vertigo - elle vous en donne sa parole - car la tête est bonne, certes, meilleure que celle du freluquet sempiternellement penché sur un ruisseau, et, à poils, le chinois de paravent, la graine de propre à rien, à poils, dehors, dès potron-minet, à se regarder, va donc chochotte, les yeux, le nombril et toute la boutique, tant et si bien qu'il a fini par choir dans la flotte, d'où on l'a repêché mort et nu, plus nu que la main, puisque... mais ne me faites pas dire des cochonstés, ma bonne ma chère, fouchtri, fouchtra... ... l'ultime maritorne anachroniquement fière du château poisseux et tarabiscoté qui la couronne, déesse de la mayonnaise qui ne cache rien de ce qu'elle sait des cosmogonies, de la politique, des adultères de quartiers, tandis que, goutte à goutte, dans un bol, tombe l'huile de sa sauce, n'est pas la seule de qui s'inspire la Ville." Le narrateur consulte l'oracle des Batignolles : Mme de Rosalba. Elle lui prédit un mariage avec une rousse qui tombera enceinte d'un bébé bleu. La voyante lui prédit d'autres aventures et le surnomme "Vagalame" vu son état d'âme... "Etes-vous fous ?" est une étrange histoire qui va à toute vitesse, dans un monde fou et surréaliste : celui de René Crevel.
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La mort difficile
René Crevel
Texte intégral. Cet ouvrage a fait l'objet d'un véritable travail en vue d'une édition numérique. Un travail typographique le rend facile et agréable à lire.
Le plus beau roman de Crevel, le moins surréaliste et le plus autobiographique. L'auteur y parle de ses rapports conflictuels avec sa mère, de son amour douloureux pour le peintre américain Eugène Mac Cown, (Bruggle dans le roman), et surtout il y met en scène, de façon prémonitoire, sa propre mort, son propre suicide.
Pierre Dumont, homosexuel et toxicomane, personnage central de « La mort difficile », aime Arthur Bruggle l'Américain, venu en Europe comme laveur de vaisselle, maintenant dandy capricieux et insolent. Pierre est aussi aimé de Diane, « sa soeur d'ombre ». Quand Arthur trompe Pierre, ce dernier trouve, un temps, consolation auprès de son amie. Entre la douce compagne compréhensive et attentive et « son frère de lumière », représentant d'une jeunesse embellie par les fêtes et les griseries de toutes sortes, Pierre hésite, désorienté, troublé, fragile. Au cours d'une soirée, Arthur, humilie Pierre ; ce qui le conduira au suicide. Pris de remords, Arthur pleurera sur son cadavre et trouvera le réconfort auprès de Diane.
Roman poétique et désespéré, « La mort difficile » brasse à la fois le réel et l'imaginaire à coups de phrases brèves et de notations ironiques qui saisissent de l'intérieur les motivations des personnages. Ce roman témoigne de l'obsession autobiographique et de la bisexualité de René Crevel et délivre un document essentiel sur une certaine jeunesse des années 1920. Source http://culture-et-debats.over-blog.com/article-28595744.html
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René Crevel (1900-1935) "Une petite fille interroge : « Qu'est-ce que la mort ? » mais, sans laisser le temps d'une réponse, déjà prévient : - Et surtout, puisque tu prétends que tout le monde meurt, il ne faut pas essayer de me faire croire que c'est comme quand on dort. Ceux qui s'amusent n'ont jamais sommeil... D'une famille qui ne boit que de l'eau, se méfie des effets du poivre, a proscrit de sa table la sauce anglaise, les pickles et même la moutarde, mais, volontiers, entre la poire et le fromage, parle d'hygiène sociale, la mère, résignée, dès le seuil de la trentaine, à la plus grise, la plus inutile des vertus, constate : - Ceux qui s'amusent ont beau n'avoir jamais sommeil, ils n'en meurent pas moins, tout comme les autres. Nul, d'entre les hommes, n'échappe à la loi fatale, car mon enfant, la mort... la mort... - Ah oui, je comprends. La mort, elle ressemble à cousine Cynthia. Cynthia, même avant de la connaître, je ne pensais qu'à elle."
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René Crevel (1900-1935) "Ma mère était de celles qui gardent la tradition des housses sur les fauteuils et de l'ennui, méprisent les jolies femmes et les hommes gais, détestent les bijoux, les oiseaux de paradis et les dentelles. Brune et sans grâce, elle incarnait, dans le genre maigre, la bourgeoise dite de tête. Elle m'aimait beaucoup, voulut faire de moi un homme rangé comme une armoire à glace, m'apprit l'arithmétique, les principes de la civilité puérile et honnête, le catéchisme. « Deux fois deux quatre - on ne met pas ses coudes sur la table - Dieu est un pur esprit créateur du ciel et de la terre. - On embrasse sa mère le soir avant de se coucher. » Même la tendresse lui semblait réglementaire et moi, je préférais aux siennes les joues de la femme de chambre qui avait la peau douce et se parfumait à l'oeillet. Mon père était dans l'armée. Ses amis disaient de lui : « Quel vieux rigolo ! » Moi, je lui en voulais de ne pas faire plus grand cas de ma petite personne. J'avais encore une soeur. Elle était mon aînée de treize ans. J'étais fort jeune lorsqu'elle se maria. Donc, enfant sans gaieté, je pris l'habitude lâche de l'espoir. Dès que j'eus notion de la semaine, le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi, le samedi me furent attente. Six jours sur sept pour penser au dimanche où l'ennui s'affinait jusqu'à la déception parce qu'on déjeunait en ville." 1er roman de de l'écrivain surréaliste René Crevel. Roman court.
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Mon corps et moi
René Crevel
Texte intégral. Cet ouvrage a fait l'objet d'un véritable travail en vue d'une édition numérique. Un travail typographique le rend facile et agréable à lire.
René Crevel, né le 10 août 1900 à Paris et mort le 18 juin 1935 à Paris, est un écrivain et poète français, dadaïste puis surréaliste.
Il fait la connaissance d'André Breton en 1921 et rejoint les surréalistes. À la fin de 1922, il entraîne le groupe dans des expériences de sommeil hypnotique, pratiques inspirées du spiritisme. Crevel impressionne réellement Breton par la qualité de son éloquence au point que celui-ci regrettera que les séances n'aient pu être enregistrées : « Nous aurions eu un document inappréciable, quelque chose comme le « spectre sensible » de Crevel. »
Il apprend qu'il souffre d'une tuberculose rénale alors qu'il se croyait guéri, comme le racontera Louis Aragon bien plus tard. La nuit suivante, il se suicide au gaz dans son appartement. Klaus Mann qui fut un ami proche résuma dans son livre Le tournant " Il se suicida parce qu'il avait peur de la démence, il se suicida parce qu'il tenait le monde pour dément". Source Wikipédia.
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Dalí n'est pas un rhinocéros, il est la surréalité, et la surréalité est la « réalité rendue à son devenir, réalité se dépassant elle-même et destinée à se dépasser sans cesse elle-même. L'homme qui doit, selon l'expression familière, savoir sortir de lui-même, comment y parviendrait-il, sans faire sortir les choses d'elles-mêmes ? »
Un livre double face pour se précipiter au coeur de la surréalité. Deux faces, deux textes : Dalí ou l'anti-obscurantisme et Nouvelles vues sur Dalí et l'obscurantisme. -
Seul avec mon corps ; rendez-vous de sensualité
René Crevel
- Editions Le Mono
- 1 Mars 2012
- 9782919084920
Mais souvenez-vous... là-bas, très loin, du fond de notre ignorance et de nos quinze ans, nous rêvions d'amour, d'amitié. Déjà nous connaissions la solitude, mais cette solitude, nous cherchions des mots pour l'embellir, l'excuser et surtout la circonscrire.
Me voici seul dans ma chambre. Seul.
...ce soir, mon souhait enfin réalisé, je me trouve disponible à moi-même. -
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de René Crevel. Inachevé, Le roman cassé est l'ébauche du septième et dernier roman de René Crevel. À travers un fait divers servant de révéléteur - l'assassinat d'un financier juif, à la suite d'une spéculation en bourse qui a ruiné son adversaire en le poussant à se venger - René Crevel restitue le paquet obscène de "la grande marmelade contemporaine", figée à jamais sur la vision d'épouvante de deux matrones se matraquant à coups de nouveau-nés, par anticipation des hécatombes à venir. Écrivain surréaliste et dadaïste, homosexuel mondain et communiste, tuberculeux et militant révolutionnaire suicidé à l'âge de 35 ans, René Crevel est l'une des figures les plus tragiques de la littérature française du XXe siècle.
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Lorsque l'écrivain surréaliste René Crevel se suicide le 18 juin 1935, il laisse à la postérité onze livres publiés et plus d'une centaine d'articles. Ami d'Eluard, de Breton, de Tzara, de Giacometti mais proche également de Jouhandeau, de Klaus Mann, ou de Jacques-Emile Blanche, Crevel aime tout autant fréquenter les hôtels particuliers de ses riches amis que les bals populaires de la rue de Lappe à Paris.
Dans L'Arbre à méditation, René Crevel se livre tout entier, dans un cri de révolte poussé contre la société des années 1930 et la montée du fascisme.
Ce roman inédit s'accompagne ici d'une centaine de lettres destinées à ses amis les plus proches, notamment Etienne de Beaumont, ou Tota Cuevas, sa dernière maîtresse qui éclairent d'un point nouveau les dernières années de l'écrivain jusqu'à son suicide. C'est à Tota Cuevas qu'il laissa les derniers mots écrits de sa main. "Prière de m'incinérer. Dégoût."
Édition établie par Alexandre Mare
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René Crevel (1900-1935) "Du soleil et de la tradition. Une lumière éclatante et le ferme propos de ne pas se laisser éblouir, etc., etc. Les symboles pourraient ne point limiter leur jeu à ce double balancement d'images. Mais un esprit pondéré ne va pas se jucher sur une escarpolette d'antithèse qui, dans ses plus hautes volées, ne dominerait que métaphores hasardeuses et promenades parsemées de ces pièges à loup où viennent se prendre non les grands carnassiers mais l'innocente course beige des biches. Aujourd'hui, ici, la troupe des idées cabriolantes ne se trouverait pourtant guère menacée. La mélancolie aux dents de brouillard ne sait mordre que dans du clair de lune. Et nous sommes en plein midi. Voilà pour le temps. Quant au lieu, l'empire romain a passé par là. Il y est même demeuré, s'est incorporé au sol de cette colline, l'a discipliné, militarisé, métamorphosant une terre amorphe en terrasses. Un des puissants de ce monde, un des maîtres de l'opinion dont le sens de l'ordre se plaît à évoquer le grand passé classique, non pour de vains regrets mais pour de très viriles résolutions, va son chemin, - qui n'a certes rien d'un petit bonhomme, - bien calé dans une auto digne de la route romaine. Cette voiture toute neuve est de marque française car, si, à l'époque des Césars, on en était, et pour quelque temps encore, à la locomotion hippomobile, il importe de témoigner, dans les achats de véhicules à moteur, d'une solidarité sinon française, du moins latine et, à la rigueur, européenne, mais alors strictement européenne, car, après tous les tours qu'ils nous ont joués, les fils de l'oncle Sam, leur armée de Bonus, leurs gangsters, leurs milliardaires krackants et krackés, n'ont qu'à aller se faire pendre ailleurs." Bienvenue dans le monde surréaliste et féroce de René Crevel...
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Emily Brontë : La fille du vent
Theodore De Wyzewa, Rene Crevel, Robert De Traz
- Homme et Littérature
- 14 Novembre 2024
- 9782386263477
C'est sous la plume de sa soeur Charlotte qu'on en sait davantage sur la vie d'Emily Brontë, l'auteur des Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights), celle qui avait le don que les Anglais qualifiaient de génial. Ce livre explore la vie d'Emily Brontë, « cette singulière personne, devant laquelle son énergique soeur tremblait elle-même, est morte prématurément. Son talent naturel n'a pas eu le temps de se développer. Dans l'ensemble des pièces publiées en commun par les trois soeurs, les plus remarquables sont celles qu'elle a faites. Toutes ont beaucoup d'élévation ; celles d'Emily seules ont de l'accent. »