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Les apparences sont trompeuses. Planter, percer la mauvaise viande, il savait faire. En revanche, il avait oublié que les plaies ouvertes ne se referment jamais...
IL COMPTAIT FRAPPER DEUX FOIS. Deux armes pour percer sa viande à deux endroits bien précis, toujours les mêmes. Il les dégustait d´avance, ces deux boutonnières qu´il allait lui faire, et ensuite la trachée, là-haut, à lui décoller le colbac de sa fiole moche.
« Ça, c´est pour Gio´, pour son palpitant tout chaud qui ne savait que vouloir du bien à tout le monde ! Ça, c´est pour Adda, pour sa gorge qui savait si bien pousser des goualantes à faire bicher les anges ! Et ça, c´est pour elles deux, qui en avaient avalé des couleuvres dans leur chienne de vie, et à qui on venait encore de voler leur voix, leur air et leur âme de gosses. » Les choses s´étaient passées comme ça, à peu de chose près.
Voici « Frangines », Noir de SuiTe n°2. Manon Torielli, c´est tout le sulfureux, tout l´improbable de cette collection, et quelque chose qui n´appartient qu´à elle. Sans doute une manière très particulière de faire saillir les ambiances, de cercler les personnages suivant une mécanique implacable.
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Une tueuse d´enfant expose en temps réel ses faits et gestes, un flic - au passé déchiré et aux méthodes surannées - mène l´enquête.
` Il est malade ton chien ou quoi !?´ Bingo. Quelle phrase ! Quelle putain de phrase ! Marcher vers l´animal qui tente de re décoller avant de choir à nouveau, groggy, camé, réacteurs coupés. Plus la force d´aboyer. "On", puis "off". Plus d´énergie. D´électricité. S´agenouiller près du bestiau et l´inspecter. Entendre la fillette en route vers moi, petits pas froissant l´herbe. Fermez les yeux. Deux secondes. Compter. Un, un, deux, deux. Relever la tête. Last call. Scanner le paysage. Tout le paysage. Le disséquer. Pas de blip sur le radar. Personne. Un miracle. La dernière touche. Humer le parfum du jeune corps femelle qui pose un genou à terre et prend dans ses mains la grosse gueule aux yeux révulsés. Action. Paume à l´arrière du crâne. Doux contact des cheveux couleur paille. Bouton de rose des lèvres qui articule un "Que..." interrompu et angoissé. Avorté. Canule. Geste vif. Précis. Professionnel. Vaporisation savamment calibrée. Un seul pschittt suffit. Effet instantané. L´organisme qui se fige. Pupilles à la retourne.
Bras de Morphée. Charger l´enfant endormie sur l´épaule comme un gibier. Reculer sans précipitation jusqu´à l´orée. Bruit des ronces griffant mes jeans, comme une fermeture éclair que l´on zipperait. Réfugiée à l´abri de la canopée, pivoter et descendre à fond de train le goulet dévalant jusqu´au Range en se retenant de hurler.
Damien Ruzé vient de publier son premier roman « Fin d´Amérique » chez Krakoen. Ska a déjà publié une nouvelle « Hauts-Lieux », voici « Dieu est mort ». Une descente au coeur du mal. Un récit terrifiant au style halluciné. Un grand texte noir, un auteur à suivre.
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Une diagonale criminelle à travers les States...
LIBERE SUR PAROLES APRES AVOIR PURGE DIX ANS de pénitencier, Mosley J. Varell coule des jours ternes dans un coin reculé du Montana. Il vivote en écrivant des scénarios de dessins animés. Gougou le kangourou, c'est lui. Astreint à pondre des histoires à décerveler les mômes, on vient cependant de lui commander le scénario d´un biopic sur le romancier David Goodis. Un matin, il reçoit une lettre postée de Louisiane. Il a reconnu l'écriture, c'est celle de son père qu'il hait depuis toujours. Mais pourquoi Varell décide-t-il de partir le retrouver ? Ayant la phobie de l'avion, il entame une grande diagonale routière. La fatalité, un temps en sommeil, l'entraînera à ponctuer son périple de meurtres comme autant de cailloux blancs que Le Nain, un détective teigneux lancé à ses trousses, saura ramasser...
Max Obione fait le noir, le noir profond, sans rémission ni lueur rédemptrice ; dans un roadmovie paroxystique et crépusculaire, il conjugue "no future" à tous les temps de l'imparfait de l'existence. Ce roman a été nominé aux Trophées 813 parmi les 5 meilleurs polars « français » en 2010.