Comme le dit Jean-Paul Daoust dans son texte de présentation, « le parfum sert de fil d'Ariane » pour ce numéro thématique qui a inspiré plus d'une trentaine de poètes et écrivains. Qu'il soit une « capture de la fuite » (Monique La Rue), une fragrance de grande maison parisienne (Claire Dé) qui peut tout à coup se transformer en « odeur de salon funéraire » (Louise Dupré), le parfum fait se réveiller en nous toute une palette de sensations : la lenteur des jours qui se suivent (Pénélope Bourque), une nostalgie de l'enfance (Herménégilde Chiasson), des révoltes parricides (André Carrier) ou encore des brûlures océanes (Madeleine Monette)... Un numéro qui, à l'instar de son thème, transportera le lecteur dans un voyage riche en contrastes.
À l'instar de ceux qui distinguent sciences dures et sciences molles, on peut dire que la revue Moebius, par ses numéros thématiques, propose dans chaque appel à textes une « contrainte molle » à ses collaborateurs, par opposition aux « contraintes dures » façon Oulipo. Il arrive cependant que par accident (ou non) la perspective se déplace, qu'une force délicieusement centrifuge nous tire hors du chemin balisé du thème ou de la contrainte. Tout à coup nous éprouvons le vif besoin d'être dépaysé, voire égaré; de nous découvrir pauvre en thème. C'est ainsi que ce numéro 145 « Comme il vous plaira » s'est élaboré, au fil des rencontres le long de chemins de traverse et de « sentiers qui bifurquent ».