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Homme et Littérature
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Au mois de mai 1791, Louis XVI et Marie-Antoinette étaient décidés à fuir. Ils se trouvaient à bout de forces, et leur condition leur semblait tellement affreuse qu'ils étaient résignés, selon le mot d'un de leurs confidents, à et risquer le tout pour le tout. » Le plan du roi était de faire appel à l'Europe, de provoquer la réunion d'un congrès des souverains, et d'y paraître en qualité de médiateur entre son peuple et ses alliés armés pour la défense des principes monarchiques. Il comptait que les Français, effrayés par la menace d'une intervention étrangère, se jetteraient dans ses bras et qu'il regagnerait leurs coeurs en les sauvant de ce danger. Le premier point, dans l'exécution de ce dessein, était de s'assurer le concours de l'Europe ; le second était de prévenir les imprudences des émigrés et d'empêcher que leurs fanfaronnades, en fournissant de nouveaux prétextes à de plus étroites mesures de surveillance, ne compromissent des préparatifs déjà très compliqués et très périlleux en eux-mêmes. C'est à quoi s'employaient les envoyés et agents de la cour de France au dehors ; mais la besogne était malaisée. La frivolité des émigrés n'avait d'égale que leur insubordination. Quant à l'Europe, jamais elle n'avait paru moins disposée à s'unir, et les intérêts du roi de France étaient le moindre souci des politiques qui la gouvernaient...
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La politique et la dictature de Robespierre
Albert Sorel, Louis Madelin
- Homme et Littérature
- 22 Octobre 2023
- 9782381117256
Robespierre se présentait comme un philosophe ennemi des grands, méconnu des heureux et des riches, à l'aise et à sa place seulement parmi les petites gens, inquiet des forts, rogue avec les hautains, empressé près des humbles, toujours préoccupé de leur bonheur, austère, sentimental, sans gaîté, par-dessus tout probe, sobre, chaste, économe, incorruptible, ce qui lui élevait un piédestal de vertu dans un siècle de libertinage cynique et de vénalité. Il est le zélateur de cette égalité jalouse qui, sous prétexte de niveler le monde, l'avilit devant soi. Mais ce moi haineux et haïssable, dont il fait son dieu, il le dissimule dans une sorte d'effusion de son âme en celle du peuple. Sincère d'ailleurs en ce sophisme de sa mission, il se croit appelé à régénérer le monde. Il porte le secret du salut de l'humanité. Il le révélera quand l'heure sera venue ; il agit avec la certitude qu'il le possède. Il a, dans sa pensée, un fond de mystère qui attire les imaginations ; dans sa parole, un fond de dogme qui subjugue les esprits ; dans sa conduite, une logique qui les enchaîne...
Ce livre présente une étude de l'histoire de Robespierre.