Jusqu'à ce fameux samedi, il ne s'était jamais rien passé d'extraordinaire à Joigny-les-Deux-Bouts, petite bourgade tranquille en fin de ligne du RER. Yéva, minijupe à ras et verbe haut, rêvait toujours d'une vie ailleurs. Jacquot, son mari chômeur, creusait une fosse dans le canapé à force de jeux télévisés. Leur fils Yeznig, déficient mental, recomptait ses dents après chaque repas. Son frère Tanièl, renvoyé du lycée pour avoir abîmé le conseiller d'orientation, peaufinait sa technique pour serrer les blondes. Le jeune Ali, Marseillais au gros nez, essayait de se fondre dans le décor. Et Magalie, LA blonde du lycée, suivait à la lettre les conseils de son magazine préféré pour rendre crazy tous les mecs.
Bref, la routine pour ces habitués qui, un matin, découvrent le patron de « leur » bar, baignant dans son sang. Un drame ? Pas pour les gens du Balto.
Avec ce roman choral, Faïza Guène dévoile de nouvelles facettes
de son talent, réussissant à se glisser avec autant d'aisance dans la peau de tous ses personnages. Humour, justesse du trait, Les Gens du Balto confirme que cette jeune romancière n'est pas devenue une figure
des lettres par hasard.
Qu'est-ce qu'être un homme aujourd'hui ? Comment les pères, les fils, les amants, les conjoints se représentent-ils la virilité, l'autorité ou les rapports entre les sexes ? Le monde change et bombarde les hommes de questions auxquelles il leur est souvent difficile de répondre. D'autres s'en chargent pour eux et nous prédisent l'apocalypse : la confusion des genres et la féminisation des mâles seraient sur le point de provoquer l'effondrement du monde occidental !
Dans une société organisée autour de la suprématie des hommes sur les femmes, l'égalité fait peur. Au point, parfois, de provoquer un désir violent de retour en arrière, au temps où les hommes pouvaient exiger et exister sans se poser de questions.
Et si nous étions, tout simplement, en train d'avancer ? Si ce malaise qui bouscule les hommes dans leur vie intime était un signe encourageant d'évolution vers une société plus apte à l'échange entre les sexes ?
En comprenant comment se construisent les hommes, leurs forces et leurs fragilités, les peurs inconscientes dont ils doivent se libérer, on peut entrevoir déjà l'esquisse de cette société nouvelle, fondée non plus sur les relations de pouvoir entre les hommes et les femmes, mais plutôt sur l'harmonisation des sexes, sur la différence des individus, et sur l'intimité partagée. Rien d'apocalyptique, bien au contraire !
Serge Hefez est psychiatre, psychanalyste, thérapeute de couple et de famille. Il est également responsable de l'unité de thérapie familiale du service de Psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Il est l'auteur chez Hachette Littératures de La Danse du couple, avec Danièle Laufer, et de Quand la famille s'emmêle.
L?immigration est devenue en France un objet essentiel de controverse politique. Cet ouvrage, dirigé par Benjamin Stora et Émile Temime, rassemble les contributions de quatorze des meilleurs spécialistes des questions migratoires. Il présente l?état de la recherche aujourd?hui, selon trois grandes parties : les politiques de l?immigration, les problèmes économiques et sociaux rencontrés par les immigrés et enfin les représentations de l?immigration.
La succession des statuts, lois et décrets définissant la place des étrangers n?a cessé de scander les politiques suivies, ne permettant pas toujours d?accueillir dignement les immigrés.
La place croissante des femmes dans l?immigration, l?accélération des migrations du travail, la mondialisation du marché ont profondément transformé, en France comme en Europe, les flux et les modalités des mouvements migratoires. En ce début du XXIe siècle, les notions comme « intégration » ou « assimilation » sont remises en question. Ces débats révèlent les tensions entre modèle républicain français et dérives communautaires, réelles ou supposées.
00 h 44, le 21 janvier 2006, à Bagneux, les policiers localisent pour la dernière fois le portable d'Ilan Halimi, jeune homme de vingt-trois ans, sans histoire, employé dans un magasin de téléphonie mobile. Le lendemain, une demande de rançon parvient à son amie par l'intermédiaire d'une boîte mail anonyme. Commence alors une incroyable, et malheureusement vaine, traque policière. Trois semaines de filatures, de tâtonnements, de fausses pistes et d'opérations ratées, avec d'un côté la crim, la prestigieuse brigade criminelle de Paris, et de l'autre une bande de jeunes, le « gang des barbares », menée par Youssouf Fofana. Le 13 février, Ilan est retrouvé nu, bâillonné, menotté et portant des traces de tortures et de brûlures. Incapable de s'exprimer, il est mort pendant son transfert à l'hôpital. Trois semaines décortiquées dans ce livre, heure par heure, pour essayer de comprendre cet échec douloureux, le premier essuyé par le 36 quai des Orfèvres dans une affaire de kidnapping. Comment des jeunes férus de technologie ont-ils pu manipuler les meilleurs flics de France ? Pourquoi ces derniers ont-ils décidé de rompre le contact avec les ravisseurs au bout de deux semaines ? Pourquoi ne pas avoir réussi à les localiser plus tôt ? Pourquoi n'avoir diffusé les portraits-robots qu'après la mort d'Ilan ? Témoignages d'officiers anonymes, entretiens officiels, reconstitutions, une enquête au coeur d'un ratage policier...
Petit traité d'imagination politique à l'usage des Européens. « Changer notre économie et notre façon de vivre : la crise nous y pousse, la menace écologique nous l'impose, l'Europe devrait nous le permettre, vous et moi en avons envie ; mettons ensemble l'imagination au pouvoir. »
C'est aujourd'hui l'amour qui régit nos rapports intimes, à l'exclusion de tout autre principe. Ainsi dans le cadre de la famille, l'amour supplante l'autorité et loi. Désormais, on fonde le lien familial sur un sentiment par définition instable et fugitif. Qu'en est-il pour nos enfants ? L'amour qu'on leur porte échappe-t-il aux égarements du coeur et aux changements de température affective ? Voilà l'idée dominante du moment : on aimerait nos enfants pour toujours, d'un amour idéalisé. Cette relation prend alors une importance inédite et une nouvelle dépendance s'établit : non plus celle de l'enfant vis-à-vis du parent, liée à son immaturité, mais au contraire celle du parent vis-à-vis de l'enfant qui devient le pilier d'un rapport stable : le parent a besoin de son enfant. Faire de l'amour la seule fondation du lien n'est pas dépourvu de risque. Car l'amour est un sentiment ambivalent et violent. Cette violence s'exprime pourtant dans les attentes narcissiques envers nos enfants qui doivent être parfaits pour justifier tout ce qu'on leur sacrifie. Comment aimons-nous nos enfants ? Cet amour est-il aussi pur et désintéressé qu'on le prétend ? Pourquoi avons-nous tant de mal à faire preuve d'autorité et à punir quand c'est nécessaire ? Pourquoi avons-nous si peur de ne pas être aimés de nos enfants ? Mêlant sa pratique de psychanalyste et de thérapeute familiale à une réflexion historique sur l'évolution de la famille, l'auteur nous incite à réfléchir sur notre rôle de parents..
« Il n'y a plus de pères... » Et quand on parle de ce père justement, c'est en termes négatifs : il est absent, manquant, inconsistant. Il démissionne, prend la fuite, ne tient pas son rôle... S'il est présent, tendre, attentif, on le traite de papa poule, le voyant comme un double ou, pire, un concurrent de la mère. Pauvre père ! Quoi qu'il fasse, ça ne va jamais. À croire que tout le monde a la nostalgie du pater familias, autoritaire et distant, et qu'on ne supporte pas de le voir occuper une nouvelle place, se détacher d'un modèle qui n'a plus cours aujourd'hui. Le père dérange-t-il ? Pourquoi la société a-t-elle tendance à le nier et à tenir compte essentiellement de la mère ? Ce sont les questions que pose Simone Korff-Sausse, montrant que le père n'est pas un mythe et que les hommes contemporains, loin de démissionner, sont en train d'inventer des modèles de paternité tout à fait inédits. Ce changement en profondeur peut être considéré comme une révolution dont les conséquences sur la famille sont plus positives que certains ne le laissent entendre.
D'« impossible n'est pas français » à « la gastronomie française est la meilleure du monde », de l'angoisse du « déclin » à la fierté de se considérer comme « terre d'accueil », des « Champs-Élysées, plus belle avenue du monde » aux « Français qui ne travaillent pas assez », en passant par la fameuse « galanterie à la française », l'Hexagone est le bouillon de culture d'une série d'idées reçues, exprimant à la fois l'orgueil de sa population et une certaine propension à l'auto flagellation. Seul un regard étranger et en même temps bien intégré à la réalité française pouvait, en ce début du XXIe siècle, analyser les principales idées que les Français se font d'eux-mêmes : celui du journaliste et écrivain italien Alberto Toscano, à Paris depuis 1986 comme correspondant de différents médias italiens. Un livre plaisir, qui peut faire grincer quelques dents... Mais qui a dit que les Français ne savaient pas rire d'eux-mêmes ?