« Je suis Charles Lindbergh »... Tels furent, dit-on, les premiers mots de Lindbergh lorsqu'il atterrit au Bourget, comme si Paris et le monde entier n'avaient pas attendu, haletants, son arrivée. Cette légende traduit toute la simplicité, la naïveté même de ce garçon de vingt ans qui ne croyait pas avoir accompli un exploit en sautant par-dessus l'Atlantique sur un coucou de quatre sous. Jamais sans doute une performance sportive ne souleva un tel enthousiasme. Tout le long de la tournée triomphale qui devait le ramener en Amérique, les foules se précipitèrent, rompant les barrages de police, étouffant presque leur héros. Mais c'est à New York que Lindbergh vit l'apothéose de son triomphe, au milieu des parades de Broadway et des confettis qui pleuvaient du haut des gratte-ciel. Et le plus étrange est que ce succès sans mesure ne transforma pas Lindbergh. Ni, plus tard, les événements dramatiques dans lesquels il perdit son fils. Il resta, il est toujours, ce long garçon silencieux, séduisant, efficace, digne en tout point de sa légende.