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Entreprise, économie & droit
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Plaidoirie pour l'avortement
Gisèle Halimi
- Gallimard
- Folio 2 euros / 3 euros
- 1 Juin 2023
- 9782073025104
"L'acte de donner la vie, comme l'acte de ne pas la donner, c'est un acte volontaire, c'est un acte de responsabilité.
Ce que je voudrais que le Tribunal comprenne et, après lui, les hommes qui nous gouvernent, c'est que nous sommes des êtres libres et responsables, tout comme les hommes. Et puisque nous devons donner physiologiquement la vie, il faut que nous le décidions en êtres libres et responsables, et sans le contrôle de personne."
Un texte essentiel, une plaidoirie historique pour le droit à l'avortement en France. -
Libres d'obéir ; le management, du nazisme à aujourd'hui
Johann Chapoutot
- Gallimard
- NRF Essais
- 9 Janvier 2020
- 9782072789250
Reinhard Hhn (1904-2000) est l'archétype de l'intellectuel technocrate au service du IIIe Reich. Juriste, il se distingue par la radicalité de ses réflexions sur la progressive disparition de l'État au profit de la "communauté" définie par la race et son "espace vital". Brillant fonctionnaire de la SS il termine la guerre comme Oberführer (général) , il nourrit la réflexion nazie sur l'adaptation des institutions au Grand Reich à venir quelles structures et quelles réformes ? Revenu à la vie civile, il crée bientôt à Bad Harzburg un institut de formation au management qui accueille au fil des décennies l'élite économique et patronale de la République fédérale : quelque 600 000 cadres issus des principales sociétés allemandes, sans compter 100 000 inscrits en formation à distance, y ont appris, grâce à ses séminaires et à ses nombreux manuels à succès, la gestion des hommes. Ou plus exactement l'organisation hiérarchique du travail par définition d'objectifs, le producteur, pour y parvenir, demeurant libre de choisir les moyens à appliquer. Ce qui fut très exactement la politique du Reich pour se réarmer, affamer les populations slaves des territoires de l'Est, exterminer les Juifs.
Passé les années 1980, d'autres modèles prendront la relève (le japonais, par exemple, moins hiérarchisé). Mais le nazisme aura été un grand moment managérial et une des matrices du management moderne. -
Métamorphoses du travail ; critique de la raison économique
André Gorz
- Gallimard
- Folio essais
- 25 Octobre 2023
- 9782073051851
Cela ne s'appelait pas encore la "mondialisation libérale", que déjà André Gorz, voilà bientôt vingt ans, en pionnier critique d'une rare intelligence analytique, dénonçait la croyance quasi religieuse que 'plus vaut plus', que toute activité - y compris la maternité, la culture, le loisir - est justiciable d'une évaluation économique et d'une régulation par l'argent.
Gorz détermine les limites - existentielles, culturelles, ontologiques - que la rationalité économique ne peut franchir sans se renverser en son contraire et miner le contexte socioculturel qui la porte.
Le lecteur découvre pourquoi et comment la raison économique a pu imposer sa loi, provoquer le divorce du travail et de la vie, de la production et des besoins, de l'économie et de la société. Pourquoi, sous nos yeux, elle désintègre radicalement la société ; pourquoi nombre d'activités ne peuvent être transformées en travail rémunéré et en emploi, sans être dénaturées dans leur sens. -
Éloge du magasin : contre l'amazonisation
Vincent Chabault
- Gallimard
- Folio actuel
- 5 Janvier 2023
- 9782073009739
Retail apocalypse. Cette expression désigne la vague de fermetures d'un grand nombre de magasins aux États-Unis depuis une dizaine d'années. En France, le mouvement n'a pas la même ampleur mais l'essor du e-commerce concurrence les ventes "physiques" et contribue à faire progresser la vacance commerciale en centre-ville et dans certaines galeries marchandes.
Pour autant, l'avenir des marchés, des boutiques, des centres commerciaux, des friperies, des brocantes, des grands magasins ou des librairies n'est pas scellé. En dépit de la digitalisation des courses, de la remise en cause de la distribution de masse et de l'apparition de nouvelles normes de consommation, le magasin demeure un lieu d'approvisionnement central.
Il est également un lieu social et assume d'autres fonctions capables de garantir son existence. À travers une vingtaine de chapitres exposant les résultats d'enquêtes sociologiques, cet ouvrage propose une contribution originale au débat en mettant en évidence les fonctions symboliques et l'utilité sociale du magasin. Que fait-il à l'individu ? Que vient y chercher celui-ci que les plateformes ne peuvent lui assurer ?
Ni complainte du progrès, ni tract poujadiste de défense des petits commerçants, cet ouvrage examine les raisons qui poussent chaque individu à consacrer en moyenne deux heures quarante par semaine aux achats hors de son domicile. -
« Abandonner le dessin de presse qui gratte où ça dérange, c'est abandonner aux tristes passions le rire de raison. »
Xavier Gorce
Le 19 janvier 2021, quelques heures après la publication dans « Le Brief du Monde » d'un dessin de Xavier Gorce de la série « Les Indégivrables », la rédaction du « Monde » exprimait publiquement ses excuses auprès des abonnés que ce dessin aurait pu heurter ; il aurait pu être compris « comme une relativisation de la gravité des faits d'inceste, en des termes déplacés vis-à-vis des victimes et des personnes transgenres ». Xavier Gorce décida de cesser sa collaboration avec le journal, débutée en 2002.
Estimant que ces excuses, et les raisons qui les ont motivées, constituent une nouvelle manifestation de dangereux glissements de notre société, Xavier Gorce prend, dans cet essai vif, argumenté et illustré, la défense d'un dessin de presse incisif et ironique, où l'humour s'affirme comme l'une des figures de la raison - réponse distanciée à l'indignation émotionnelle et aux particularismes d'exclusion ou d'assignation. -
La chute des taux de croissance, la montée des inégalités et de la pauvreté, l'incohérence des évolutions monétaires sont des phénomènes bien réels, et de nature économique. Ils ne font cependant que refléter des déterminants culturels et anthropologiques beaucoup plus profonds. Le déclin éducatif américain, le choc malthusien produit en Europe par l'arrivée des classes creuses à l'âge adulte, l'émergence d'une stratification culturelle inégalitaire, l'affaissement des croyances collectives - parmi lesquelles la nation - définissent ensemble bien plus qu'une crise économique : une crise de civilisation.
Mais l'idée d'une contrainte économique agissant "de l'extérieur" sur les États-Unis, le Japon, l'Allemagne ou la France, baptisée mondialisation, n'est qu'une illusion. Le sentiment d'impuissance qui paralyse les gouvernements ne sera surmonté que si renaît l'idée de nation. -
Nouvelles leçons d'économie contemporaine
Philippe Simonnot
- Gallimard
- Folio actuel
- 4 Janvier 2018
- 9782072718441
Voilà vingt ans paraissaient les 39 leçons d'économie contemporaine de Philippe Simonnot. Malgré leur succès jamais démenti, il fallait tenir compte des changements stupéfiants qui se sont produits depuis lors. Le propos demeure : il s'agit de rendre compte le plus clairement et le plus complètement possible des questions brûlantes que se posent nos contemporains sur ce qu'ils vivent hic et nunc, et de tenter d'y répondre avec les possibilités certes riches, mais non infinies, qu'offre la science économique lorsqu'elle est clairement enseignée.
Dix leçons supplémentaires ont été rajoutées sur : l'incapacité de l'économiste à livrer des prévisions chiffrées ; le pourquoi et le comment de la méga-crise de 2008 ; les relations curieuses de la religion avec l'économie ; l'épuisement supposé du pétrole et des autres matières premières ; les migrations de masse et leur rapport avec la liberté et le droit de propriété ; le retour éventuel à la monnaie-or ; enfin l'avenir même de l'économie de marché. -
Libre-échange mondialisé, développement des nouvelles technologies financières ou culturelles, juridictions nationales contre Cour européenne, mais aussi recours d'ouvriers licenciés contre des plans sociaux, actions collectives d'actionnaires ou procès d'irradiés pour mise en danger de la vie d'autrui : il n'est de jour où se produisent, sous nos yeux, des mutations contemporaines du droit.
Or la situation du droit est des plus paradoxales : pratique qui vise à ordonner les rapports sociaux et les échanges économiques, son importance pour le fonctionnement des sociétés et pour sa compréhension conduit trop souvent encore la Faculté à enseigner le droit comme un savoir strictement clos sur lui-même, qui se construit théoriquement en s'interrogeant seul sur sa propre rationalité et ses fondements. Le droit serait, en surplomb des sociétés, une norme.
Chaque jour, mobilisé au coeur de la société pour faire avancer des revendications ou atténuer des obstacles à la libre circulation des biens, le droit est une source, dont s'inspirent, par exemple, citoyens ou lobbies pour faire triompher leurs causes.
En ce sens, nul ne peut échapper désormais à la question : à quoi aujourd'hui sert le droit ? -
L'homme économique ; essai sur les racines du néolibéralisme
Christian Laval
- Gallimard
- Tel
- 7 Septembre 2017
- 9782072739255
Le néolibéralisme entend triompher partout dans le monde comme la norme unique d'existence des êtres et des biens.
Il n'est pourtant que la pointe émergée d'une conception anthropologique globale qu'au fil des siècles l'Occident a élaborée. Celle-ci pose que l'univers social est régi par la préférence que chacun s'accorde à lui-même, par l'intérêt qui l'anime à entretenir les relations avec autrui, voire l'utilité qu'il représente pour tous. La définition de l'homme comme "machine à calculer" s'étend bien au-delà de la sphère étroite de l'économie, elle fonde une conception complète, cohérente, de l'homme intéressé, ambitionnant même un temps de régir jusqu'aux formes correctes de la pensée, à l'expression juste du langage, à l'épanouissement droit des corps.
Cette anthropologie utilitariste, fondement spécifique de la morale et de la politique en Occident, fait retour avec le néolibéralisme contemporain sous des formes nouvelles.
En retraçant, dans un vaste tableau d'histoire et de philosophie, les racines du néolibéralisme, Christian Laval donne à voir la forme, le contenu, la nature de la normativité occidentale moderne telle qu'elle s'affirme aujourd'hui dans sa prétention à être la seule vérité sociale, à se poser en seule réalité possible. -
La science de la richesse ; essai sur la construction de la pensée économique
Jacques Mistral
- Gallimard
- Bibliothèque des Sciences humaines
- 31 Janvier 2019
- 9782072645051
Le langage de l'économie est devenu la lingua franca de notre époque. Sans son concours, le monde actuel serait aussi inintelligible que le serait l'univers sans la physique newtonienne. Ce livre expose d'abord comment a germé l'idée audacieuse d'une 'science de la richesse' et déploie, en explorant ses lignes de faille, la généalogie intellectuelle d'une discipline qui a donné corps à cette ambition.
Mais l'histoire de la pensée économique n'est pas qu'une curiosité intellectuelle. Elle est depuis quatre siècles étroitement associée à la philosophie politique : Montchrestien, Smith, Marx, Walras, Keynes ou Friedman ont, au même titre que Hobbes, Montesquieu, Rousseau, Tocqueville, Rawls ou Hayek, accompagné les bouleversements des Temps modernes et c'est conjointement qu'ils donnent sens à la formation progressive, depuis quatre siècles, d'une société d'individus, à la fois agents économiques et sujets politiques.
Il y a toujours eu une tension entre les sphères économique et politique mais l'ère néolibérale, dont nous vivons aujourd'hui le délitement, pousse cette tension à son paroxysme. Ce livre iconoclaste décrypte de manière novatrice les paradoxes et les dilemmes de l'individualisme contemporain. Face au désarroi que révèle la montée des populismes, la tâche du XXIe siècle consiste à renouveler le pari keynésien et à surmonter le divorce actuel entre lucidité économique et volonté politique. -
La nouvelle économie politique ; une idéologie du XXIe siècle
Olivier Bomsel
- Gallimard
- Folio essais
- 19 Avril 2017
- 9782072565953
Les apparences sont trompeuses : la mondialisation laisse accroire que l'économie est partout, qu'elle triomphe des États et mine leur souveraineté. Or une nouvelle économie politique, développée surtout dans les pays anglo-saxons et que cet ouvrage entend faire connaître en France, soutient résolument l'inverse : l'économie ne peut se comprendre sans le rôle des institutions, c'est-à-dire, selon Douglass North, "les règles du jeu de la société ou, plus formellement, les contraintes conçues par l'homme qui façonnent les interactions humaines."
Ces règles, issues de la coutume, de la religion, de la politique ou du droit de chaque culture, déterminent la coordination et les performances économiques des sociétés. La Grèce des années 2010 est surendettée parce qu'elle peine à collecter l'impôt, à fixer le cadastre, à se défaire de pratiques clientélistes qui, depuis cent cinquante ans, ruinent ses finances publiques, parasitent l'État de droit, désespèrent l'opinion. Son défaut est institutionnel. La monnaie commune le transmet au reste de l'Europe. Laquelle est confrontée, dans des formes désormais pacifiques, à la régulation institutionnelle de ses États. Dans la mondialisation, c'est désormais sur les institutions que porte la concurrence car celles-ci façonnent la compétitivité des territoires.
La plupart des institutions préexistant au développement de l'économie, la nouvelle économie politique des "ordres sociaux" nous rappelle que la manière dont s'évalue le profit dérivable de telle ou telle action dépend avant tout des règles sociales en vigueur et des conditions de leur application. -
Le théâtre juridique ; une histoire de la construction du droit
Jacques Krynen
- Gallimard
- Bibliothèque des Histoires
- 1 Novembre 2018
- 9782072805110
Au XXe siècle le droit semble avoir tout colonisé. On trouve du droit partout, du droit pour tous, du droit pour tout. Certains observateurs dénoncent l'inefficace et suffocante portée d'un tel phénomène, d'autres en éclairent les formes et les causes immédiates.
Différent est l'objet de ce livre : considérant le natif et continuel besoin de droit de l'Occident, il s'attache à sa construction depuis l'Antiquité, met ainsi en vaste perspective son emballement contemporain. Sont retracés la tâche et le fonctionnement séculaires de chacune des trois forces créatrices de la normativité juridique : la science du droit, la législation, la juris-diction. Est également résumée l'histoire longue de leur action conjuguée puisque, depuis la naissance médiévale des États, aucune de ces forces n'a pu s'affirmer sans les autres. Elles ont joué ensemble et c'est dans l'interdépendance qu'elles élaborent encore, à l'échelle européenne et internationale, ces normes innombrables venant supplanter les droits nationaux.
Le savant, la loi, le juge. Quels que soient l'époque ou le régime, cette bâtisseuse triade n'oeuvre cependant pas régulièrement dans l'harmonie. Au travers d'un moment ou d'un acteur de la construction du droit en France, Jacques Krynen met en relief la rivalité chronique marquant les relations entre la législation issue du politique, et la juresdiction issue des tribunaux. Cette rivalité peut être source de fortes tensions et nuit au caractère obligatoire du droit. La scène du théâtre juridique, jamais assujettie à de précises partitions, fera toujours place aux libres montages, aux débordements et improvisations. -
Sans cartes ni boussole : il est urgent de diriger autrement
Marc de Leyritz
- Buchet Chastel
- 14 Octobre 2021
- 9782283035740
L'art de diriger subit un bouleversement profond : digitalisation à marche forcée, responsabilité sociale et environnementale omniprésente, pression politique et juridique, puissance des réseaux sociaux.Comment trouver des dirigeants capables de répondre à ces accélérations intenses ? Il est urgent de faire émerger des réponses nouvelles : 40 % des patrons du CAC 40 ont changé en deux ans. Le leader du futur doit penser différemment, se reconnecter avec le vivant et passer du « bien faire les choses » à « agir avec justesse ».Sans cartes ni boussole est le fruit d'années de recherche et de dialogue avec des dirigeants de tous horizons. L'ouvrage propose une réflexion sur l'autorité, la responsabilité de celui qui l'exerce, et offre de nouvelles manières de diriger et de se développer à un public large de leaders dans de nombreuses sphères : entreprises, associations, politique, territoires, éducation, santé...Un nouveau discours, qui peut sembler périlleux aux uns, courageux aux autres, dont on ne peut aujourd'hui faire l'économie, étant donné l'ampleur des enjeux. Il est urgent de diriger autrement.Chasseur de têtes réputé sur la place de Paris, Marc de Leyritz travaille aux côtés des conseils d'administration sur les successions de P.D-G parmi les plus visibles et délicates et la constitution de leur équipe. Il a toujours travaillé en réseau à travers le monde avec certains des professionnels les plus renommés dans sa profession, comme associé de deux firmes mondialement réputées de conseil en gouvernance et leadership : Egon Zehnder puis Russell Reynolds.Il est profondément engagé dans la formation de leaders et l'enseignement supérieur : initialement en Colombie, puis à Sciences Po et actuellement à l'École normale supérieure (Ulm). L'enseignement lui offre un lieu de recul et de réflexion sur son action. Il est diplômé de Sciences Po et titulaire d'un MBA de l'INSEAD.
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Penser la loi ; essai sur le législateur des temps modernes
Denis Baranger
- Gallimard
- L'esprit de la cité
- 25 Janvier 2018
- 9782072299933
Nos démocraties font des lois en abondance. Mais à force de légiférer, la raison d'être des lois a fini par nous échapper : souvent, elles répondent à nos attentes immédiates plutôt que de se mettre au service du bien commun. Pourquoi cette inadéquation des lois à l'esprit des lois ? Il faut remonter aux grands penseurs de la politique moderne, Montesquieu ou Rousseau, pour le comprendre. Ils ont placé la loi au coeur de l'action politique : se gouverner soi-même c'est avant tout légiférer. Mais ils n'ont pas livré le mode d'emploi de cet acte fondamental. D'autres ont tenté, avec plus ou moins de succès, d'armer la loi d'un discours de la méthode.
Ce livre reconstitue l'histoire de cette ambition prométhéenne : penser le travail du législateur à la fois comme oeuvre de la raison et comme activité empirique. Il revisite la loi des temps anciens et sa métamorphose, à l'épreuve de notre modernité politique, en une multiplicité de législations : autrefois le Prince faisait loi, aujourd'hui chaque législation nouvelle s'incorpore dans tout un système.
Nous ne pouvons nier notre dette envers les fondateurs d'une science de la législation, écrit Denis Baranger. Il reste que notre usage de la loi doit autant sinon plus aux praticiens du droit - magistrats, avocats, jurisconsultes - qui sont les porteurs d'un savoir bâti au fil d'une expérience indéfiniment remise sur le métier. -
L'esprit démocratique des lois
Dominique Schnapper
- Gallimard
- NRF Essais
- 21 Février 2014
- 9782072524370
Il y a un malaise dans la démocratie. Jamais cependant les sociétés n'ont été aussi libres, aussi tolérantes et aussi riches, n'ont assuré plus de libertés, plus de bien-être matériel à leurs membres et n'ont été moins inégalitaires.
Dominique Schnapper, poursuivant sa réflexion sur la dynamique démocratique et ses vertus dont nous profitons sans en prendre toujours conscience tant elles nous paraissent naturelles, analyse ici ses dévoiements possibles, susceptibles de remettre en question les grands principes qui la fondent - des dévoiements portés par l'ambition de dépasser toutes les limites, nés de l'intérieur de la vie sociale et dans son prolongement. Il suffirait de donner à chaque principe son sens plein, en allant au bout de sa logique, jusqu'à l'excès qui risque de le déformer.
La démocratie ne peut que se trahir elle-même, incapable d'être à la hauteur de ses ambitions. Il importe donc de saisir le moment où cet écart entre les aspirations des individus et la réalité des pratiques sociales finirait par remettre en question le sens même de l'ordre démocratique. Ainsi, la forme moderne de l'hubris ne serait-elle pas le rêve d'échapper aux contraintes biologiques et sociales de la condition humaine, nourri par les avancées remarquables de la science et par la puissance de l'aspiration démocratique ?
Prix littéraire Paris-Liège 2015
Prix de l'essai de l'Express 2014 -
L'économie morale ; pauvreté, crédit et confiance dans l'Europe préindustrielle
Laurence Fontaine
- Gallimard
- NRF Essais
- 27 Avril 2012
- 9782072022739
L'air du temps, chez les économistes, les sociologues, voire les historiens, est à la réflexion : existe-t-il une alternative à cette forme nouvelle d'ensauvagement qu'est devenu le libéralisme économique, pour lequel tout peut désormais s'échanger, y compris la vie, comme des biens ordinaires?
Réponse la plus courante : le retour à l'économie du don et le développement du microcrédit, observé dans les pays du tiers monde. Aidant les êtres à se désengluer de la misère plutôt qu'à faire fructifier l'argent sur le marché de la spéculation financière, le microcrédit est aujourd'hui paré des atours d'une économie morale, parce que solidaire.
Ces deux formes d'activité économique ont déjà existé dans l'Europe moderne. L'économie, fondée sur la confiance et le crédit, est alors encastrée dans des enjeux sociaux qui la dépassent. Loin de consolider un cloisonnement, le crédit et sa toile embrassent toutes les hiérarchies - groupes sociaux, institutions et régions - dans des dépendances où chacun - les hommes et les femmes selon des modalités spécifiques - se trouve être à la fois prêteur et endetté. Se tissent ainsi des réseaux d'obligations en cascade, donc de pouvoir, dans les espaces géographiques et sociaux les plus variés. La relation de confiance entre créanciers et débiteurs, prêteurs et emprunteurs, constitue un lien social fondamental.
Deux cultures économiques - la féodale et la capitaliste - se côtoient, chacune portée par des valeurs spécifiques, s'affrontent mais également s'influencent au point de se transformer. Restituer le champ des expériences possibles ou communes rend, du même geste, les multiples tensions qui traversent les sociétés : au niveau collectif, entre des sociétés d'ordre et de statut et le développement parallèle de rationalités économiques ; au niveau individuel, entre les exigences contradictoires des diverses appartenances des individus, leurs aspirations et la réalité éprouvée de leur expérience ordinaire.
Des allers-retours entre hier et le plus contemporain, servis par le sens de l'exemple, de l'anecdote et de la narration, Laurence Fontaine en use à la manière de Marc Bloch - comme d'une baguette de sourcier -, pour l'intelligence de la réalité passée, telle qu'elle peut être reconstituée, et la préfiguration utopique d'un univers plus humain. -
On la dit toute-puissante, mais on la voit parfois désarmée ou dépassée. On la soupçonne de dépendre du pouvoir, mais on évoque le 'gouvernement des juges'. Les responsables politiques s'estiment dépossédés et sont tentés d'intervenir. Le corps judiciaire, profondément renouvelé, est tiraillé entre des exigences contradictoires.
Dans cet essai original, Roger Errera examine avec rigueur les principaux problèmes qui se posent aujourd'hui à la justice. Il mesure aussi le chemin parcouru : depuis un demi-siècle, tout a changé, le métier de juge, ses pouvoirs, son statut, le droit applicable et notre société. Plus que jamais, le juge est dans la cité. La justice est l'affaire de chacun.
Ce livre s'adresse donc aux citoyens, désormais plus exigeants et mieux informés de leurs droits, aux décideurs politiques, rappelés à leurs responsabilités, et aux membres de l'institution judiciaire. -
Orange : le déchirement ; France Télécom ou la dérive du management
Bruno Diehl, Gérard Doublet
- Gallimard
- Hors série Connaissance
- 27 Avril 2012
- 9782072412523
Que s'est-il passé ´r France Télécom?
Cette entreprise d'excellence, internationalement reconnue, faisait la fierté de ses salariés. Elle avait négocié sans ´r-coups les grands tournants technologiques et structurels imposés par l'évolution des communications.
Il a fallu une longue série de suicides pour révéler les conséquences désastreuses d'une politique imposée ´r l'entreprise depuis le début des années 2000, avec l'introduction des principes d'un management déshumanisé. Arrivant dans ce contexte fragilisé, la crise de 2008 a balayé l'équilibre précaire entre exigence des marchés financiers et encadrement éthique des ressources humaines.
En retraçant l'histoire récente de cette évolution de la conduite de l'entreprise, Bruno Diehl et Gérard Doublet espcrent offrir des outils de compréhension et de redressement. Au-del´r du cas France Télécom, ils décryptent les modes de gouvernance, leur évolution, leur efficacité, et montrent comment l'introduction d'un mode de management brutal et une hyperconcentration du pouvoir de décision ont conduit inexorablement au déchirement. -
Le débat de fond en matière de politique économique a disparu, au moment où nous en aurions le plus besoin.
Certes, il existe une vigoureuse protestation altermondialiste, mais son propos relève plutôt de la dénonciation que de la compréhension du capitalisme tel qu'il va. Certes, concède le discours officiel, il subsiste des nuances entre 'politiques de droite' et 'politiques de gauche', mais les prémisses en sont les mêmes. Or ce sont elles qu'il s'agit d'interroger : qu'est-ce que cette fameuse concurrence supposée avoir remède à tout? La vénérable théorie des avantages comparatifs, justifiant l'ouverture mondiale des échanges, est-elle toujours valable? Vivons-nous réellement dans une 'société post-industrielle'? Comment fonctionne la sphère financière?
Autant de questions clés que Jean-Luc Gréau reprend ici à nouveaux frais, dans la ligne de ses précédents ouvrages, Le capitalisme malade de sa finance et L'avenir du capitalisme (1998 et 2005). -
« Se plonger dans les histoires de drogue est l'unique point de vue qui m'ait permis de comprendre vraiment les choses. Observer les faiblesses humaines, la physiologie du pouvoir, la fragilité des relations, l'inconsistance des liens, la force colossale de l'argent et de la férocité. L'impuissance absolue de tous les enseignements mettant en valeur la beauté et la justice, ceux dont je me suis nourri. La coke était l'axe autour duquel tout tournait. La carte du monde était certes dessinée par le pétrole, le noir, celui dont nous sommes habitués à parler, mais aussi par le pétrole blanc, comme l'appellent les parrains nigérians. Le pétrole est le carburant des moteurs, la coke celui des corps. » Extra pure nous convie à un voyage du Mexique à la Russie, de la Colombie au Nigeria, en passant par les États-Unis, l'Espagne, la France et l'Italie de la ndrangheta calabraise. Au fil de cette exploration, l'auteur raconte avec une puissance épique inégalée ce que sont les clans criminels partout dans le monde. Et il démonte impitoyablement tout le fonctionnement de l'économie.
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L'économie immatérielle ; industries et marchés d'expériences
Olivier Bomsel
- Gallimard
- NRF Essais
- 27 Avril 2012
- 9782072376917
´R chaque instant sur Google et autres moteurs de recherche s'inscrivent des milliers de requetes et, avec elles, des milliers de marchés. Pas un jour ou n'apparaissent un produit, un service fondé sur le codage, le traitement, la circulation de l'information. Pour chaque mot demandé, des entreprises paient afin d'etre vues et de vendre. Les mots sont au cur de l'économie : ils organisent la division du travail, les échanges, les moyens de production.
Cette économie qu'on appelle numérique, de l'information, de la connaissance ou de la communication s'exprime désormais dans une écriture minimale et dématérialisée : le code {0,1}. La dématérialisation de l'écriture et sa circulation mondiale instantanée bouleversent nos représentations de l'économie. Comment percevoir et formaliser une économie immatérielle, sachant que les discours économiques dont nous héritons se sont élaborés ´r partir d'une physiologie de la marchandise, chose matérielle et tangible?
Loin d'occulter la production et les échanges physiques ou de les cantonner ´r certaines régions du globe, l'économie immatérielle montre qu'ils ne progressent, ne s'étendent et ne se régulent qu'au prix de flux croissants d'informations. Mots, images, réseaux de significations sont les nouveaux leviers de la rationalisation des ressources, des échanges et, surtout, de la coordination des individus par incitations et partage d'expériences. L'économie immatérielle ouvre l'cre des industries et des marchés d'expériences. -
Le marché ; histoire et usages d'une conquête sociale
Laurence Fontaine
- Gallimard
- NRF Essais
- 9 Janvier 2014
- 9782072524219
Le monde actuel vit un paradoxe inouï. D'un côté, la cause semble entendue : il est plongé dans la crise par les comportements erratiques des marchés financiers. De l'autre, des millions d'êtres miséreux rêvent d'avoir accès au marché, au lieu où, à la ville, ils pourraient troquer un petit rien contre un autre qui les tirerait du besoin.
Le marché est une institution d'échange dont toute l'histoire est marquée par les dérèglements des usages qu'en firent et en feront des êtres cupides, intéressés par leur seul enrichissement à court terme et aux antipodes de la fiction chère à la théorie économique d'un individu mû par la seule rationalité éclairée. Le marché est aussi un moyen d'émancipation pour les damnés de la terre ou du travail sans qualité.
C'est ce que rappelle Laurence Fontaine, historienne qui a le goût de l'archive et de l'anecdote exemplaire et la passion des allers-retours explicatifs entre hier et aujourd'hui. Ici, l'économie est à la hauteur de ces hommes et de ces femmes qui veulent améliorer leur sort par l'échange de menus biens ou de produits coûteux, dans la Lombardie ou le Paris du XVIIIe siècle, comme dans les provinces reculées du Bengale, de la Chine ou de la Mauritanie contemporains.
Car le marché est facteur d'émancipation, notamment pour les femmes, qui accèdent à la responsabilité par l'échange, le commerce, la gestion du budget, voire le crédit. Émancipation des pauvres rivés à leur endettement, émancipation de la femme qui desserre l'étau du patriarcat, émancipation globale d'une économie informelle qui accède aux circuits monétaires régulés. Mais émancipation d'une extrême fragilité si elle ne s'accompagne pas de la reconnaissance pour chacun des mêmes droits que pour les autres. N'en déplaise aux repus de la consommation, cette reconnaissance passe aussi par la possibilité d'accéder aux mêmes biens : les exclus demandent une chose première parce qu'ils la savent essentielle pour tout le reste - un accès sans condition au marché. -
Le capitalisme malade de sa finance - des annees d'expansion aux annees de stagnation
Jean-luc Gréau
- Gallimard
- Le Débat
- 11 Septembre 2013
- 9782072024948
L'horreur, c'est de ne pas comprendre.
Pourquoi le ralentissement durable des économies, surtout européennes, depuis 1975 ? Que signifie la "financiarisation" de l'économie qui s'est développée au cours des années 1980 ? Qu'est-ce qui fait la spécificité des nouveaux mécanismes du capitalisme qui se met en place sous nos yeux ?
C'est à ces questions que l'ouvrage se propose de répondre. Mais pour apporter des réponses satisfaisantes, il faut remonter plus haut, jusqu'en 1945. Car il y a au fond deux mystères dans l'économie d'après-guerre : le mystère de l'exceptionnelle croissance des 'vingt-cinq glorieuses' et le mystère de la stagnation des vingt dernières années.
Jean-Luc Gréau avance deux explications originales de ces deux phénomènes majeurs. Le livre fait ressortir le rôle central joué par la politique monétaire dans l'entretien du cercle vertueux de la croissance durant les années cinquante et soixante. Quant à la période récente, le fait fondamental est constitué à ses yeux par l'alignement pervers de l'ensemble des marchés financiers sur le fonctionnement du marché des actions. C'est cela qui, avec le choix d'une politique monétaire restrictive en Europe, explique l'effet de freinage exercé sur la sphère de la production et de la consommation. C'est là que se situe très précisément le dérèglement du mécanisme capitaliste. Le diagnostic fournit la base des thérapies possibles. -
L'arnaque ; la finance au-dessus des lois et des règles
Jean de Maillard
- Gallimard
- Le Débat
- 27 Avril 2012
- 9782072306570
Il est un aspect de la crise financicre qui a été peu abordé, sinon ´r la marge, lors de scandales ponctuels comme l'affaire Maddoff : les rapports du capitalisme financier avec la fraude et la délinquance. Or ils sont des plus troubles.
Magistrat, auteur de plusieurs livres sur l'évolution contemporaine de la criminalité, en particulier économique, Jean de Maillard apporte un éclairage nouveau sur le développement du capitalisme dérégulé depuis une trentaine d'années. ´R rebours des idées reçues, il rattache l'écroulement de l'économie de l'automne 2008 ´r une histoire longue, ou la fraude a servi de variable d'ajustement et de mode de gestion de l'économie depuis le triomphe des idées néolibérales. La sphcre financicre s'est en effet déployée autour du brouillage de plus en plus prononcé des critcres du légal ou de l'illégal. Aussi les incantations sur les thcmes de la moralisation et la régulation ne risquent-elles gucre d'avoir de prise sur une activité qui s'est constituée précisément pour contourner les normes.
De lecture obligatoire pour les politiques en charge de remédier ´r la crise, l'ouvrage sera utile aussi au citoyen confronté aux retombées de pratiques qui lui restent incompréhensibles ´r s'en tenir aux discours officiels ou autorisés. Il fournit des clés pour déchiffrer un domaine particulicrement opaque.