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Mercure de France
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Signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975.
Histoire d'amour d'un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive : Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que «ça ne pardonne pas» et parce qu'il n'est «pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur». Le petit garçon l'aidera à se cacher dans son "trou juif", elle n'ira pas mourir à l'hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré «des peuples à disposer d'eux-mêmes» qui n'est pas respecté par l'Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu'à ce qu'elle meure et même au-delà de la mort. -
Moi, Tituba sorcière...
Maryse Condé
- Mercure de France
- Histoire romanesque
- 11 Septembre 2017
- 9782715246058
"Abena, ma mère, un marin anglais la viola sur le pont du Christ the King un jour de 16** alors qu'il faisait voile vers La Barbade. C'est de cette agression que je suis née..."
Ainsi commence le roman de Maryse Condé a consacré à Tituba, fille d'esclave, qui fut l'une des sorcières de Salem.
Comment Tituba acquit une réputation de sorcière à La Barbade, comment elle aima et épousa John Indien, comment ils furent tous deux vendus au pasteur Samuel Parris qui les emmena à Boston puis dans le village de Salem. C'est là, dans cette société puritaine, que l'hystérie collective provoqua la chasse aux sorcières et les procès tristement célèbres de 1692.
Maryse Condé a choisi de nous parler de Tituba que l'Histoire a oubliée pour ne retenir que les sorcières blanches, celles qui furent pendues et qui inspirèrent Les sorcières de Salem, d'Arthur Miller. -
Marie-Héloïse, fille du Roy
Raphaël Confiant
- Mercure de France
- Littérature générale
- 5 Septembre 2024
- 9782715262980
Marie-Héloïse vit à Paris dans un orphelinat jusqu'au jour où, à quinze ans, on l'envoie en Nouvelle-France (Québec). En ce XVIIe siècle, le royaume de France est en pleine expansion : par-delà les mers, des terres nouvelles sont investies. Mais ce "Nouveau Monde" manque de femmes. Des milliers de "filles du Roy" - orphelines ou prostituées - sont ainsi expédiées de force dans ces contrées lointaines pour épouser des colons et fonder des familles.
Pour Marie-Héloïse, c'est le début d'un long périple plein de rebondissements. Après la traversée de l'Atlantique, elle épouse en Nouvelle-France un bûcheron canadien. Bientôt, menacés par les Anglais de Nouvelle-Angleterre, ils fuient vers Saint-Domingue (Haïti) avec leur fils, où ils acquièrent une plantation de canne à sucre. À la suite d'une révolte d'esclaves, ils doivent s'exiler à nouveau. Veuve, Marie-Héloïse échoue finalement à la Martinique, après avoir été retenue captive des Indiens caraïbes...
Raphaël Confiant nous conte le destin incroyable de Marie-Héloïse, aventurière malgré elle, ballottée par les vents mauvais de l'histoire, une orpheline parisienne devenue une Blanche créole respectée. -
"Je me souvenais qu'un jour, dans une plaisanterie sans gaîté, Charlotte m'avait dit qu'après tous ses voyages à travers l'immense Russie, venir à pied jusqu'en France n'aurait pour elle rien d'impossible [...]. Au début, pendant de longs mois de misère et d'errances, mon rêve fou ressemblerait de près à cette bravade. J'imaginerais une femme vêtue de noir qui, aux toutes premières heures d'une matinée d'hiver sombre, entrerait dans une petite ville frontalière. [...]. Elle pousserait la porte d'un café au coin d'une étroite place endormie, s'installerait près de la fenêtre, à côté d'un calorifère. La patronne lui apporterait une tasse de thé. Et en regardant, derrière la vitre, la face tranquille des maisons à colombages, la femme murmurerait tout bas : 'C'est la France... Je suis retournée en France. Après... après toute une vie.'"
Ce roman, superbement composé, a l'originalité de nous offrir de la France une vision mythique et lointaine, à travers les nombreux récits que Charlotte Lemonnier, 'égarée dans l'immensité neigeuse de la Russie', raconte à son petit-fils et confident. Cette France, qu'explore à son tour le narrateur, apparaît comme un regard neuf et pénétrant sur le monde.
Prix Goncourt
Prix Goncourt des Lycéens
Prix Médicis -
Lorsqu'on a besoin d'étreinte pour être comblé dans ses lacunes, autour des épaules surtout, et dans le creux des reins, et que vous prenez trop conscience des deux bras qui vous manquent, un python de deux mètres vingt fait merveille. Gros-Câlin est capable de m'étreindre ainsi pendant des heures et des heures. Gros-Câlin paraît au Mercure de France en 1974. Il met en scène un employé de bureau qui, à défaut de trouver l'amour chez ses contemporains, s'éprend d'un python. L'auteur de ce premier roman, fable émouvante sur la solitude de l'homme moderne, est un certain Émile Ajar. La version publiée à l'époque ne correspond pas tout à fait au projet initial de son auteur qui avait en effet accepté d'en modifier la fin. On apprendra plus tard que derrière Émile Ajar se cache le célèbre Romain Gary. Dans son ouvrage posthume, Vie et mort d'Émile Ajar, il explique l'importance que revêt, à ses yeux et au regard de son oeuvre, la fin initiale de Gros-Câlin. Il suggère qu'elle puisse un jour être publiée séparément... Réalisant le souhait de l'auteur, cette nouvelle édition reprend le roman Gros-Câlin dans la version de 1974, et donne en supplément toute la fin 'écologique', retranscrite à partir du manuscrit original.
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Émouvants, cocasses, ironiques, drôles, mélancoliques, intimes, professionnels, amoureux... Éclats de vie, les souvenirs de Denis Podalydès sont multiples et composent, mis bout à bout, un portrait étonnant.
De l'enfance à l'âge adulte, de la librairie de sa grand-mère au bureau d'un ministre de la Culture, des vacances en Bretagne à l'appartement familial versaillais, de Jacques Higelin à Michel Leiris, de Corneille à Maurice Pialat... Denis Podalydès raconte, avec truculence ou à mots feutrés, des moments clés de son existence, parlant avec jubilation de son travail de comédien.
C'est l'amour de la langue, des écrivains, de la littérature et du théâtre qui, depuis toujours, l'a guidé, nourri et construit. C'est le plaisir des mots qu'il partage ici, avec un indéniable talent de conteur. -
"J'ai longtemps rêvé que ma mère était noire. Je m'étais inventé une histoire, un passé, pour fuir la réalité à mon retour d'Afrique, dans ce pays, dans cette ville où je ne connaissais personne, où j'étais devenu un étranger. Puis j'ai découvert, lorsque mon père, à l'âge de la retraite, est revenu vivre avec nous en France, que c'était lui l'Africain. Cela a été difficile à admettre. Il m'a fallu retourner en arrière, recommencer, essayer de comprendre. En souvenir de cela, j'ai écrit ce petit livre."
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Autoportrait sans moi
Pierre Ducrozet
- Mercure de France
- Traits et portraits
- 29 Août 2024
- 9782715260092
"Parfois je voudrais revoir l'enfant et comprendre d'où pourquoi comment. Traquer sur mon visage les ombres et les reflets, le petit tremblement que l'on distingue dans mes yeux sur les photos. Je ne vois pas de tempête à l'adolescence, il y avait une légère mélancolie, certes, mais c'était calme. Ça ne l'a plus jamais été."
Dans cet autoportrait en mouvement, Pierre Ducrozet traverse en un travelling les instants et les lieux de sa vie, comme s'il voulait replacer les choses sur une carte réinventée du temps. Il a tous les âges au même moment, il traverse l'Inde et la Sicile, s'arrête au Mexique et en Papouasie, parcourt New York à pied, se retrouve enfin dans la lumière éclatante de Barcelone - le tout écrit dans un seul souffle.
Au centre de ce voyage magnétique où la vie et la littérature ne font plus qu'un, il y a la splendeur et les bruits de tous les étés. Une plage, une maison, des corps qui se jettent dans les vagues. L'été comme la conquête de la liberté, la soif de recommencement.
Dans cette danse, ce solo de jazz, Pierre Ducrozet traque les apparitions, les fulgurances où le temps s'ouvre et nous accueille. Esquissant, en chemin, un art poétique contemporain. -
Le bal de la rue Blomet
Raphaël Confiant
- Mercure de France
- Littérature générale
- 6 Avril 2023
- 9782715259140
Au sortir de la Grande Guerre, la biguine, une musique nouvelle venue des Antilles, conquiert le Tout-Paris. Elle prend ses quartiers au Bal de la rue Blomet, au coeur de Montparnasse. Là, des célébrités (Joséphine Baker, Foujita, Ernest Hemingway, Robert Desnos...) croisent des anonymes, des ouvriers côtoient des intellectuels. Noirs, Blancs, métis, femmes du monde ou de petite vertu se mêlent dans un joyeux chahut, amours et amitiés se font et se défont sur des rythmes endiablés. C'est là que se rencontrent Anthénor Louis-Edmond, vétéran noir de la bataille des Dardanelles, Frédéric Clerville, jeune Mulâtre fils d'un brillant avocat de Fort de France en rupture de ban avec sa famille, Elise, domestique d'anciens coloniaux... Tous les trois sont martiniquais : destins croisés d'exilés sur fond de biguine, de valse et de mazurka en quête de l'amour vrai ou de jouissances immédiates...
Avec sa verve incomparable, Raphaël Confiant redonne vie à ce lieux mythique, et plus généralement au Paris glorieux des Années folles, dessinant en filigrane la nostalgie d'un paradis perdu... -
De sable et de neige
Chantal Thomas
- Mercure de France
- Traits et portraits
- 7 Janvier 2021
- 9782715253711
' L'insaisissable m'a donné la clef du monde. '
De sable et de neige, ou l'art de vivre l'instant. Une splendide fresque pour célébrer la beauté des choses et la puissance de leur silence, de la Grande Dune d'Arcachon et la lumière du Cap Ferret jusqu'à la ville de Kyoto sous la neige, un 31 décembre. Les vagues venant rythmer le récit, comme si l'océan était le résumé de la vie, avec sa dimension tragique, inséparable du sentiment de joie et d'harmonie qu'il sait donner.
Chantal Thomas poursuit ici son voyage dans l'intimité de la mémoire, à travers une langue d'élégance et de grâce, pour exprimer les sensations les plus fugitives et les plus essentielles dont nous sommes tissés. Et pour dire le lien d'amour entre une fille et son père : sa force d'absolu. -
Poète méditatif, Adonis est l'homme de toutes les migrations, ouvert aux courants qui se croisent, se combattent et paraissent irréconciliables. Le poème est pour lui le lieu même où la pensée se forme, se déforme et se divise en paraboles. Adonis est non seulement le poète des quatre horizons, du déplacement, du métissage des chants, mais aussi de la mouvance des corps, de la dispersion des atomes, des poussières, des cendres sous le soleil.
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"Quelque chose me poussait, quelque chose de plus fort que ma volonté, que la raison même, m'attirait en ces lieux. Je l'ignorais, mais c'était Ronsard, ou plutôt cette nature, la sienne, celle qu'il a célébrée, ce paysage si français qu'il aimait tant. En route, je me récitais à voix haute des bribes de ses vers qui m'aidaient, parfois, à retrouver de la légèreté, voire une joie possible. Ici le paysage devient pays et s'impose, et repose. Il vous prend, vous bouleverse et vous l'apprivoisez. Vous n'êtes plus un simple spectateur, vous dialoguez avec lui et, d'une certaine manière, vous lui appartenez. Je ne me contente pas de regarder, je n'admire pas, je suis dans le paysage, je glisse en lui, je vis avec lui. Il me semble que c'est ce qu'a ressenti Ronsard, lui qui est né ici et qui désirait reposer éternellement au coeur de cette nature, vue que j'ai la chance d'avoir sous les yeux au quotidien. J'ai la faiblesse de penser que rien n'a changé depuis son époque."
Franck Maubert est l'auteur de romans et d'essais sur l'art, notamment Le dernier modèle (prix Renaudot essai 2012), L'eau qui passe, Avec Bacon et Une odeur de sainteté. -
Une vieille femme écrivain, donnée pour mourante, laisse un manuscrit inédit et désordonné avec des pages manquantes. Venus pour la filmer, un réalisateur, un cameraman et une scripte vont s'acharner à le reconstituer. Mais la vieille dame auteur n'est pas seule : il y a auprès d'elle la jeune femme qu'elle fut, un étrange personnage qui fut son père, un garçon à bonnet rouge qui fut son compagnon d'été, un certain Hans qui ne prononce jamais qu'une seule phrase...
À son habitude, Anne Serre livre ici un roman plein de chausse-trappes, aux allures de conte, sur l'enfance mystérieuse et l'écriture à l'oeuvre. Chez elle, comme le disait W. G. Sebald de Robert Walser : "Le narrateur ne sait jamais très bien s'il se trouve au milieu de la rue ou au milieu d'une phrase." -
La mémoire délavée
Nathacha Appanah
- Mercure de France
- Traits et portraits
- 31 Août 2023
- 9782715260290
Ce poignant récit s'ouvre sur un vol d'étourneaux dont le murmure dans une langue secrète fait écho à toutes les migrations et surtout à celle d'aïeux, partis d'un village d'Inde en 1872 pour rejoindre l'île Maurice.
C'est alors le début d'une grande traversée de la mémoire, qui fait apparaître autant l'histoire collective des engagés indiens que l'histoire intime de la famille de Nathacha Appanah. Ces coolies venaient remplacer les esclaves noirs et étaient affublés d'un numéro en arrivant à Port-Louis, premier signe d'une terrible déshumanisation dont l'autrice décrit avec précision chaque détail. Mais le centre du livre est un magnifique hommage à son grand-père, dont la beauté et le courage éclairent ces pages, lui qui travaillait comme son propre père dans les champs de canne, respectant les traditions hindoues mais se sentant avant tout mauricien.
La grande délicatesse de Nathacha Appanah réside dans sa manière à la fois directe et pudique de raconter ses ancêtres mais aussi ses parents et sa propre enfance comme si la mémoire se délavait de génération en génération et que la responsabilité de l'écrivain était de la sauver, de la protéger. Elle signe ici l'un de ses plus beaux livres, essentiel. -
TOBY-CHIEN : Elle me saisit par la peau du dos, comme une petite valise carrée, et de froides injures tombèrent sur ma tête innocente : "Mal élevé. Chien hystérique. Saucisson larmoyeur. Crapaud à coeur de veau. Phoque obtus..."
Tu sais le reste. Tu as entendu la porte, le tisonnier qu'elle a jeté dans la corbeille à papier, et le seau à charbon qui a roulé béant, et tout...
KIKI-LA-DOUCETTE : J'ai entendu. J'ai même entendu, ô Chien, ce qui n'est pas parvenu à ton entendement de bull simplet. Elle et moi, nous dédaignons le plus souvent de nous expliquer.
"Une dame qui chante avec la voix d'un pur ruisseau français la triste tendresse qui fait battre si vite le coeur des bêtes."
Francis Jammes
Dialogues présents dans ce recueil :
Sentimentalités.
Le voyage.
Le dîner est en retard.
Elle est malade.
Le premier feu.
L'orage.
Une visite.
Celle qui en revient.
Les bêtes et la tortue.
Préface de Francis Jammes -
L'angoisse du roi Salomon
Romain Gary
- Mercure de France
- Littérature générale
- 10 Avril 2013
- 9782715233362
"- Je vous préviens que ça ne se passera pas comme ça. Il est exact que je viens d'avoir quatre-vingt-cinq ans. Mais de là à me croire nul et non avenu, il y a un pas que je ne vous permets pas de franchir. Il y a une chose que je tiens à vous dire. Je tiens à vous dire, mes jeunes amis, que je n' ai pas échappé aux nazis pendant quatre ans, à la Gestapo, à la déportation, aux rafles du Vel' d'Hiv', aux chambres à gaz et à l'extermination pour me laisser faire par une quelconque mort dite naturelle de troisième ordre, sous de miteux prétextes physiologiques. Les meilleurs ne sont pas parvenus à m'avoir, alors vous pensez qu'on ne m'aura pas par la routine. Je n'ai pas échappé à l'holocauste pour rien, mes petits amis. J'ai l'intention de vivre vieux, qu'on se le tienne pour dit !"
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La muse ténébreuse de Charles Baudelaire
Raphaël Confiant
- Mercure de France
- Littérature générale
- 2 Septembre 2021
- 9782715257481
Pour la postérité, le nom de Jeanne Duval reste lié à celui de Charles Baudelaire. Apprentie comédienne ou fille de joie, muse ou diablesse, qui était vraiment celle qui traversa la brève existence du poète, enchanta sa plume et le plongea dans les tourments de l'amour et de la passion ? Qui était Jeanne Duval, venue des îles d'Amérique ou de l'océan Indien, ou peut-être du pays des Maures, et qui fit découvrir à Baudelaire un monde insoupçonné de sensualité et d'exotisme ? Un monde encore plus singulier que celui offert par le chanvre indien et l'opium dont l'auteur des Fleurs du mal faisait une consommation déraisonnable...
C'est cette passion torride, délétère et sublime que nous raconte Raphaël Confiant dans un roman foisonnant émaillé de vers célèbres. Des pavés parisiens de l'île Saint-Louis jusqu'aux îles Mascareignes, en passant par Saint-Domingue devenue Haïti, et la Belgique, sa plume alerte nous entraîne sur les traces du poète français, auprès duquel évoluent tous les grands artistes de ce XIXe siècle flamboyant, Nadar, Dumas, Lamartine, Flaubert, Manet, Delacroix, Nerval, Gautier, et bien d'autres... -
"Ma première fois serait une telle ivresse qu'en vérité je crois que je ne la supporterais pas. Toucher un garçon tient du merveilleux et de l'extraordinaire. Je gâche délibérément, et avec obstination, les plus belles années de mon existence. Celles-ci sont d'ailleurs déjà nimbées d'une mélancolie insupportable. Mais c'est plus fort que moi, je ne peux rien faire contre ma lâcheté. Ni contre cet amour bizarre."
Dans une ville où tout lui paraît gris et terne, le narrateur, lycéen en terminale, attend l'occasion de fuir un destin étriqué. Avec l'arrivée d'un élève atypique, A., une échappée semble enfin possible. Plus âgé que ses camarades, A. dégage un parfum d'interdit, cultive des manières de voyou et envoie tous les signaux d'une virilité grisante. Très vite, il devient une légende, une rumeur qui focalise tous les regards. Pour l'approcher, le narrateur devra négocier avec son désir clandestin et élaborer des stratégies afin que ses fantasmes deviennent réalité. -
À Rivière au Sel, en plein coeur de la forêt, on veille un mort, un homme qui s'est installé dans le village quelques années auparavant et dont on ne sait pas grand chose.
Est-il cubain ? colombien ? A-t-il déserté ? Pourquoi est-il revenu en Guadeloupe ? Les réponses ne sont pas claires.
Cependant peu importe la véritable identité de cet homme. Ce qui importe, c'est l'image que les individus gardent chacun de lui et les modifications essentielles qu'il a apportées dans leurs vies.
Dans le temps clos de cette seule nuit, au delà de cette petite communauté, c'est toute la société guadeloupéenne d'aujourd'hui qui se dessine, avec ses conflits, ses contradictions et ses tensions. -
La forêt est grande, profonde, vibrante, vivante et vivifiante. Elle est quelque chose comme une femme qui voudrait l'homme sans lui dire. Quelque chose qui dit oui sous la robe mais qui s'est perdu dans la bouche, qui devient tendre dans l'humus et vous jette des ronces au visage. La forêt est comme ça, ici. Le sauvage sait y faire. L'attirance qu'elle éprouve à se faire explorer, elle la garde au-dedans, de la sève en puissance qui coule sous la terre, qui monte comme une odeur et vous emballe sur-le-champ. Même le ciel, au-dessus, ne reste pas indifférent. À vingt-cinq ans, il mène une vie simple : des collègues d'usine avec qui faire la fête le samedi soir, des aventures amoureuses sans lendemain et surtout une passion : la chasse et l'amour de la nature. Son existence paisible bascule le jour où il trouve sous les arbres un homme mort avec à ses côtés un carnet aux écrits sibyllins. Obsédé par cette découverte, le jeune homme part sur les routes à la recherche du passé de celui qui a choisi de venir mourir dans sa forêt... Roman d'initiation moderne, L'embrasure est nourri par une écriture sensible pleine d'émotion.
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Mères de famille comparant les mérites de leurs nounous respectives ; parents ouverts à la mixité sociale mais ayant fait le choix de l'enseignement catholique pour leur progéniture ; jeune épouse ne sachant pas comment parler à sa femme de ménage ; trentenaire dévouée à la carrière de son mari redoutant le désoeuvrement...
Les personnages de femmes peuplant le recueil d'Astrid Eliard ont en commun d'appartenir à une même classe sociale, la bourgeoisie. Néo-bobos d'aujourd'hui, de vieille tradition française, ou parvenues récentes, tour à tour ridicules ou attachantes.
Renouant avec le ton doux-amer de son premier recueil de nouvelles, Nuits de noces, Astrid Éliard croque ses personnages avec une tendre ironie, souligne leurs tics sans jamais les juger et propose une galerie de portraits hauts en couleurs. -
« Un matin, j'eus une curieuse révélation sur moi-même : Moktir, le seul des protégés de ma femme qui ne m'irritât point, était seul avec moi dans ma chambre. Je me tenais debout auprès du feu, les deux coudes sur la cheminée, devant un livre, et je paraissais absorbé, mais pouvais voir se refléter dans la glace les mouvements de l'enfant à qui je tournais le dos. Une curiosité que je ne m'expliquais pas bien me faisait surveiller ses gestes. Moktir ne se savait pas observé et me croyait plongé dans la lecture. Je le vis s'approcher sans bruit d'une table où Marceline avait posé, près d'un ouvrage, une paire de petits ciseaux, s'en emparer furtivement, et d'un coup les engouffrer dans son burnous. » André Gide (1869-1951), Prix Nobel, est notamment l'auteur de : Les Nourritures terrestres, La Symphonie pastorale, Les Caves du Vatican, Les Faux-Monnayeurs, Si le grain ne meurt, La Porte étroite, Feuillets d'automne, d'essais critiques sous le titre de Prétextes et Nouveaux prétextes et du célèbre Journal.
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Grand café Martinique
Raphaël Confiant
- Mercure de France
- Littérature générale
- 3 Janvier 2020
- 9782715249684
1702, le jeune Gabriel-Mathieu d'Erchigny de Clieu, originaire de Dieppe, a tout juste quinze ans. Une fois obtenus ses galons d'enseigne de vaisseau, le voilà envoyé à la Martinique : son rêve d'Amérique devient réalité. Il cultive la canne à sucre, qui lui procure rapidement une jolie fortune, une épouse, et une plantation prospère. Qelques années plus tard, il rentre en France une nouvelle idée en tête : cultiver du café aux Antilles. Ce breuvage nouveau devient terriblement à la mode, mais les Français l'achètent à prix d'or aux pays producteurs. Or, le Jardin Royal des Plantes conserve quelques caféiers, sous étroite surveillance. Le hasard fait bien les choses qui met Clieu en contact avec la nièce du médecin personnel de Louis XV qui, par amour pour lui, dérobe deux précieux plants!
L'aventure ne fait que commencer. Clieu doit retourner à la Martinique : il affrète un bateau, recrute un équipage, y embarque son butin et des voyageurs ... Début d'une longue traversée périlleuse, odyssée émaillée d'embûches tragi-comiques - attaque de pirates, calme plat, ouragan, manque d'eau, tentative de mutinerie...
Péripéties, rebondissements et surprises émaillent le roman de Raphaël Confiant dont la plume alerte retrace la rocambolesque et véridique histoire du café, des origines à nos jours... -
Les belles ténébreuses
Maryse Condé
- Mercure de France
- Littérature générale
- 25 Avril 2012
- 9782715230927
- C'est lui ! C'est lui ! chuchotèrent les jeunes gens en proie à une vive excitation. Le docteur Ramzi An-Nawawî n'était pas un docteur comme les autres, un vulgaire guérisseur de maladies humaines. Il se consacrait exclusivement à la recherche et avait construit dans une aile de sa villa un laboratoire ultramoderne où il se livrait à des expériences sur des rats, des chats, des singes, des végétaux. Vêtu d'une gandoura sombre comme sa peau. Son visage saisissait. Sous la calotte noire des cheveux, un front ample trahissait des dons intellectuels, tandis que la bouche ourlée débordait de sensualité et que le menton creusé d'une fossette suggérait la tendresse. Kassem n'avait jamais contemplé un être aussi attirant. Né à Lille, de père guadeloupéen et de mère roumaine, Kassem ne sait où se situer et se voit forcé d'endosser des identités qu'il n'a pas choisies. Il rencontre le Dr Ramzi dont il devient l'assistant et le protégé. Le médecin a une réputation sulfureuse. Kassem soupçonne des pratiques douteuses, voire coupables. Mais Ramzi exerce sur lui une fascination dont il ne peut se défendre. Ce Dr Ramzi est-il vraiment un sauveur ? Kassem saura-t-il s'affranchir de lui ? Énigmes et rebondissements sur un rythme haletant nous entraînent dans l'univers de Maryse Condé, sur les pas de son héros au destin à la fois burlesque et pathétique.