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Amarrant sa raison entre folie et écriture, l'auteure cherche les preuves de son enfermement dans la forêt des signes que lui renvoie le motif du papier peint. Elle y découvre, métamorphosée, la réalité de son esclavage, et se voit elle-même, prisonnière derrière le dessin déformé en barreaux monstrueux...
« Pendant longtemps, je n'ai pas compris ce qu'était cette forme dérobée derrière le motif, mais maintenant, je suis certaine que c'est une femme.
À la lumière du jour, elle est calme, immobile. J'imagine que c'est le motif qui la bride. C'est si troublant... Et je m'y absorbe des heures...
Parfois, je me dis qu'elles sont des multitudes, parfois qu'elle est seule.
Elle fait le tour en rampant à une vitesse folle, ébranlant chaque motif.
Elle s'immobilise dans les zones de lumière et, dans les zones d'ombre, elle s'agrippe aux barreaux qu'elle secoue avec violence.
Sans fin, elle tente de sortir. Impossible d'échapper à ce dessin ? Il serre à la gorge. » C.P.G. -
« Au premier regard, on ne voyait pas, usées à force
de passages, les frontières de cette ville de l'exil et du
tourisme, ni les chemins empruntés par les Italiens,
les Russes et les Anglais, suivis par les Arméniens,
les Arabes, les Juifs, les peuples des Balkans et de
l'Afrique.
Nice, comme les autres villes, ne fait pas entendre sa voix tant qu'on ne s'est pas blotti contre sa poitrine
pour pleurer au moins une fois, tant qu'on ne s'est
pas couché dans ses bras. Par bonheur, les Zinzins
avaient été nombreux à l'entendre : Gouel le Chanteur
des rues, Alex le Prince des poubelles, Manu la
fondatrice des Paranos et Azucena la Zinzine aux
chaussures rouges, celle qui vient de se présenter
comme "Bleue". » P. S. -
Un bébé crie dans le RER. Un jeune homme aide sa mère à descendre sur le quai avec la poussette. Tout s'est passé en cinq secondes, les portes du wagon se sont refermées et la mère s'est fondue dans la cohorte des voyageurs, regardant à travers la vitre son enfant et l'inconnu désemparé. Catherine Benhamou signe un texte poétique percutant, librement inspiré d'un fait divers, sur le désarroi d'une mère au bord du précipice.
« - Vous l'avez voulu cet enfant, on aimerait comprendre ?
Et toi aussi tu voudras comprendre vu que l'enfant en question c'est toi, mais à toi aussi elle ne fera que répéter j'y arrivais pas voilà c'est tout voilà j'y arrivais pas »
C. B. -
La trilogie du losange Tome 1 : le satellite de l'amande
Françoise d' Eaubonne
- Des Femmes
- Fiction
- 17 Mars 2022
- 9782721009463
À l'orée du XXIe siècle, les femmes transmettent la vie
par ectogenèse, sans le concours des hommes. Dans ce
contexte, une expédition est envoyée dans l'espace afin
d'explorer le mystérieux satellite du soleil Amande. Ariane,
la narratrice, participe à cette mission spatiale. Mais sur
place, l'énigme s'épaissit : la planète est vivante, au sens
propre. L'équipe va de surprise en fascination, nous
emportant avec elle. Les péripéties s'enchaînent dans ce
roman à rebondissements, de l'auscultation de la planète
à la découverte d'une société futuriste bien particulière.
Françoise d'Eaubonne, de sa plume foisonnante à l'humour
acéré, fait de son space-opéra un magnifique roman
symbolique et poétique.
"Le Satellite de l'Amande", premier tome de la "Trilogie
du Losange", et sa suite "Les Bergères de l'Apocalypse" qui
paraît simultanément, sont des intemporels du genre
tant la vivacité de l'univers proposé par l'autrice éblouit
encore aujourd'hui. Le troisième tome, "Un bonheur viril",
paraîtra en octobre 2022. -
Dans cette fiction poétique à la forme très originale, Anne Sultan, chorégraphe et danseuse, parle la maladie d'alcool jusqu'à sa rémission. Elle travaille la langue au plus près du corps et de la pensée. Langue du corps mais aussi corps de la langue, les mots se font chair pour saisir les moments de
désespoir profond qui jalonnent la dépendance, la difficulté d'en sortir et l'immense courage qu'il faut pour l'affronter et en réchapper. Un texte d'une grande actualité sur un sujet rarement traité en littérature, celui de l'alcoolisme au féminin porté par une écriture poignante. "Vivre avec sans : Adagio maladie" a été porté sur scène au théâtre mais également à la radio (France Culture, Création on Air, 11 janvier 2018). Ce texte a été sélectionné par le comité de lecture des Écrivains Associés du Théâtre et par la Comédie de Caen, Centre Dramatique National. « Pieds nus sauf chaussons d'hôpital je déboule dans le parc voisin sans idée au départ et sans le sou non plus. Marcher. C'est ça que je voulais. Marcher libre dessanglée de tout. Ivre de vivre. Libre à l'air et plus rien plus que tout. Marcher sentir mon corps encore tout engourdi. Marcher simplement marcher là m'oublier au beau milieu des gens mais les gens me regardent. Ce beau jour de printemps attire aussi les gens. Et leurs regards avec. Ils regardent marcher cette femme en tenue d'hôpital et pieds nus sauf chaussons bleus plastiques. » A. S. -
La trilogie du losange Tome 2 : les bergères de l'apocalypse
Françoise d' Eaubonne
- Des Femmes
- Fiction
- 17 Mars 2022
- 9782721009494
Au retour de l'expédition sur le satellite de l'Amande, Ariane amorce une enquête historique sur la guerre des sexes ayant conduit à la société gynocentrique dans laquelle elle vit, Anima. Les Fécondateurs masculins ne sont plus, d'où la question entêtante d'Ariane : « Les enfants mâles, qu'avez-vous fait d'eux ? » À contrecourant des discours officiels, la narratrice s'engage dans la voix tantôt ténue, tantôt vigoureuse de celles qui veulent bien raconter. Ses propres souvenirs lui sont aussi d'une aide précieuse pour retracer le passé. On découvre avec plus de profondeur et de détails l'univers prolifique posé par le tome I de la "Trilogie du Losange", "Le Satellite de l'Amande". Dans cette épopée délirante à l'humour corrosif, Françoise d'Eaubonne mêle avec finesse les genres, de la science-fiction à l'essai en passant par l'utopie et le postapocalyptique.
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La trilogie du losange Tome 3 : un bonheur viril
Françoise d' Eaubonne
- Des Femmes
- Fiction
- 10 Novembre 2022
- 9782721009821
Après les rééditions au printemps 2022, du "Satellite de l'amande" et des "Bergères de l'Apocalypse", voici le troisième tome de "La trilogie du Losange", qui était resté inédit jusqu'à aujourd'hui. Écrit cette fois du point de vue d'un homme, il montre l'envers de la guerre des sexes racontée dans les Bergères de l'Apocalypse. Alors que les femmes ont créé des républiques libres, l'Australie s'est transformée en société violemment misogyne. À sa tête, Erwinn, un riche éleveur industriel, fier d'appartenir à la race supérieure des hommes, qui réduit les femmes au seul rôle de reproductrices, d'esclaves sexuelles ou de servantes. Les champs sont remplacés par des usines où les animaux s'entassent sur plusieurs étages, image d'un système productiviste qui éradique le vivant. Le récit est haletant, multipliant intrigues, personnages et rebondissements. La plume foisonnante de Françoise d'Eaubonne ainsi que son acuité sociale et politique font de cette oeuvre une source de réflexion sur les enjeux actuels des violences sexistes et sexuelles, de l'urgence climatique et du spectre fasciste.
Ce dernier opus est enrichi d'un avant-propos d'Élise Thiébaut, autrice d'une biographie de référence sur Françoise d'Eaubonne, L'Amazone verte (Éditions Charleston, coll. Les Indomptées, 2021). Elle nous éclaire sur l'histoire et les éléments de contexte de cette oeuvre très originale.
Extrait
« Ma mission, la voici : étendre l'affaire d'élevage industriel [...], élaborer une idéologie réellement virile qui rende leur prix aux vieilles valeurs mâles des conquérants, des pionniers, des solitaires, des hommes enfin. Faire disparaître l'opposition des classes afin que la fraternité règne entre les hommes pour la domination totale de la nature et des femmes. » F.d.E. -
Dans cet ouvrage collectif, vingt-quatre membres du Parlement des écrivaines francophones racontent le lien
unique d'une fille à sa mère. S'expriment ici, dans ces textes
courts aux formes variées, toutes les émotions et les souvenirs
d'enfance attachés à cette relation si particulière dans laquelle s'enracine et s'exprime le désir d'écriture. Créé en 2017 et regroupant plus de 170 femmes, le Parlement des écrivaines francophones (PEF) a pour objectif de faire entendre la voix des autrices d'expression française sur le monde. Le PEF travaille également à faire reconnaître la place de l'écrivaine dans son pays, à réaffirmer son rôle dans le dialogue civilisationnel et à défendre les droits des femmes et des hommes partout où ils se trouvent attaqués. Ce parlement est aussi un espace de prise de parole destiné à donner le point de vue des femmes sur les débats ou les crises de nos sociétés.
Textes de Marie-Rose Abomo-Maurin, Anissa Bellefqih, Claudine Bertrand, Tanella Boni, Aïcha Bouabaci, Chochana Boukhobza, Laure Mi Hyun Croset, Denise Desautels, Laurence Dionigi Lunati, Alicia Dujovne Ortiz, Mariem Garaali Hadoussa
Laurence Gavron, Martine L. Jacquot, Louise L. Lambrichs, Nancy R. Lange, Georgia Makhlouf, Danielle Michel-Chich
Madeleine Monette, Claudine Monteil, Gaël Octavia, Cécile Oumhani, Édith Payeux, Catherine Pont-Humbert et Diane Régimbald -
En quête d'un futur meilleur, Ismaëla émigre à Los Angeles. Elle laisse derrière elle son pays natal, le Mexique, et sa famille, pour devenir femme de ménage. Plongez dans l'histoire extraordinaire d'une femme ordinaire, débordante d'amour et de courage. Une fiction politique sur les enjeux de la crise migratoire aux États-Unis.
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Après le décès de son grand frère, Camille se sent abandonnée. L'arrivée d'un cousin éloigné redonne de la joie à sa vie solitaire. Remplaçant le mécanicien de l'entreprise de son père, il est logé sur place et joue le dimanche avec la fillette. Mais ces jeux innocents n'ont qu'un temps. Elle vient d'avoir onze ans quand le jeune homme de vingt-trois ans la viole. Ces abus se répètent pendant trois années sans que la petite fille n'ose en parler. Les Trente Glorieuses apparaissent bien silencieuses concernant les viols d'enfants. Dans une langue sensible mais n'atténuant pas la cruauté des actes décrits, Michèle Aubrière livre le récit poignant d'une enfance brisée par trois fois : la mort, le viol et le silence. Un ouvrage fort pour lutter contre ces crimes et l'indifférence qui les entoure. Car, malgré la loi, il n'y a jamais de prescription pour les victimes.
« Ce qu'elle vient de vivre lui semble irréel, une séquence dénuée de sens : son cousin subitement transformé en un type bizarre et dégoûtant comme certains, croisés dans le métro, qui ont les mains baladeuses. Et l'obligeant, elle Camille, à jouer un rôle, à être sa "partenaire". Tous deux dédoublés, radicalement "autres", dans cette pantomime
absurde. Elle s'aperçoit qu'elle ne respire pas normalement,
se sent oppressée. Elle ne sait pas encore que sa vie vient de basculer » M.A. -
« Je suis dix - ma force est décuplée - alors je retiens tout et j'observe par l'entrebâillement - c'est à ce moment-là que les mots arrivent - il faut juste leur obéir - c'est comme un torrent qui recouvre tout - les mêmes mots qui ont allumé le feu se transforment en torrent pour le contenir - vous voyez je le savais je ne dois pas en parler - ça vous inquiète » C. B.
Librement inspirée par la vie d'Emily Dickinson (1830-1886), aujourd'hui considérée comme l'une des plus grandes poétesses anglo-saxonnes, La mélodie sans les paroles retrace le parcours d'une créatrice au XIXe siècle, en Amérique, alors que les femmes n'avaient pas encore le droit de vote et appartenaient corps et âme à leur mari. Consciente de son génie, elle va s'enfoncer dans la claustration et le silence.
Autrice d'environ 1 800 poèmes et plus de 1 000 lettres, Emily Dickinson n'a pas été publiée de son vivant. Pourtant, son premier recueil connut immédiatement un succès phénoménal. -
Dans ce texte malicieux et émouvant, Ella Balaert nous livre ses réflexions sur les notions de masque, d'origine, de racines, d'identité. Sous forme d'un abécédaire original, elle raconte trente ans de vie sous pseudonyme, croisant confessions autobiographiques, éclairages historiques, fiches pratiques, témoignages et réflexions. À partir de cas concrets, le sien ou d'autres, l'autrice s'interroge : pourquoi prend-on un nom de plume ? De Romain Gary à Stendhal en passant par... Ella Balaert !
« De celle qui porte le nom de ton enfance et de celle qui choisit le nom de ta plume, laquelle vit, et laquelle joue la
comédie de la vie ? Laquelle met en scène l'autre, et laquelle
met en mots ? Ta vraie vie se joue-t-elle derrière le rideau - tandis que ton fantôme s'agite sur la scène devant des fauteuils vides - ou est-ce l'inverse ? Qui ne connaît la clairvoyance des aveugles et l'aveuglement des bien-voyants ? C'est bouche fermée que tu parles le mieux. » E. B. -
« Juste après l'Événement, Nojoum avait éprouvé l'irrépressible désir de faire le plus grand mal qu'on pût imaginer. Mais comment s'y prendre ? Elle n'arrivait pas à pleurer, avait l'âme lourde de méchanceté, rêvait de se venger en griffant, mordant, étripant, entendait la colère souffler sans arrêt au-dedans d'elle. Il lui poussait des crochets, elle avait envie d'être
féroce et s'agrippait à cette envie pour se prouver qu'elle n'avait pas été anéantie. Sentir la méchanceté crépiter en elle, c'était tuer l'Événement, s'en évader. » E. B. Y. -
« Quand j'ai onze ans je ne sais pas trop à quoi ça sert, un père. Toi tu as l'air de le savoir, moi j'ai beaucoup de mal à trouver une position de fille. Tout me semble faux : la façon dont tu me réprimandes, l'affection que tu revendiques comme un dû. Tu as l'air sincère, moi je ne sais plus qui je suis. » C. W.
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Entre l'écriture rassemble sept textes qui, sur une dizaine d'années, de 1975 à 1984, ont posé la question de l'« écriture féminine » : réflexion sur un des points les plus controversés des nouveaux féminismes.
Tout en poursuivant une critique aiguë et gaie de l'écriture au masculin, et en donnant parallèlement une oeuvre de fiction abondante, Hélène Cixous explore, depuis La Venue à l'écriture, l'espace où s'affirme de la différence. Écrire n'est jamais neutre, le geste, le texte sont sexués : « J'écris-femme. Quelle différence ? » C'est la question que tous ces textes relance, d'une langue à l'autre, d'un sexe à l'autre, de l'art de peindre à l'art d'écrire. La venue à l'écriture. -
« J'ignore ce qu'est devenu le monde dont je me
souviens.
De ma mémoire je me méfie aussi. Est-ce bien la
mienne ? Suis-je vraiment celle que je pense être à
cause d'images, de détails, de sensations, revenus si
soudainement dans le camp ? Est-ce une guérison
ou encore une manifestation de la contamination ?
Suis-je encore sous surveillance ? Il faudrait que je
puisse parler avec celles et ceux qui n'ont pas eu la
tête lessivée. Alors je saurais que le monde dont je
me souviens est réellement le monde où j'ai vécu.
Ma seule certitude est que je marche, je marche,
je marche mais où ? » J.M. -
Rose saignée ; l'étrange amour de Monsieur K. ; Eros saigne
Xavière Gauthier
- Des Femmes
- Fiction
- 6 Octobre 2022
- 9782721009760
Cette oeuvre poétique publiée initialement en 1974 fut l'un des premiers textes portés par la toute jeune maison d'édition des femmes-Antoinette Fouque. Profondément novatrice, polymorphe et anticonformiste, elle trouve une résonance particulière auprès des jeunes générations féminines et féministes, avides d'apprendre de leurs aînées. Cette nouvelle édition est enrichie de deux textes inédits retraçant la genèse et les conditions d'écriture de cette fiction ainsi que sa réception dans les années 1970.
De la mythique Istanbul à d'autres rivages, l'errance de plusieurs personnages compose la trame narrative de ce texte qui peut se lire comme un roman traversé de lambeaux oniriques, d'images. C'est la saison en enfer d'une femme. Pour « avoir un sexe », être la reine des hommes qui n'aiment que les hommes, il faut mettre leurs masques de fard, leurs voiles, et tuer, avec eux, la mère. L'écriture est alors perçue comme une tentative de vivre une rébellion de femme, exigeante et transgressive.
« Ce texte poétique travaillé dans la violence et la douleur de l'érotisme et de la mort, apparenté en ses paroxysmes à l'univers de Bataille, zébré d'éclairs rimbaldiens et surréalistes, ce texte donc, de femme, mais blessé, mais stigmatisé par la nomination masculine, est comme irrigué par l'impertinence rutilante, manuscrite, déréglée, des sinuosités sur le vécu des règles, métaphore d'une traversée de "la mère rouge", voie "d'une seconde naissance ». Françoise Clédat
Extrait
« Je me soulève/les mots sont là, très existants/Je fais venir le temps/où tombant de douleur/les branches des grands arbres/une à une se détachent/(J'ai tard veillé dans la nuit longue/pour que sinueux les crocodiles/descendent aux mers englouties)/baisent mes mains, sucent ma peau/je picorais des vulves chaudes/sur ces rochers bouillants de cris/la peau de mes pieds durcissait/noircissait :/j'étais un bandit aux yeux clairs/(et Jésus-Christ se faisait femme) » X.G.
Recueil de poèmes, "Rose saignée" est la nouvelle édition, enrichie de textes évoquant les conditions de l'écriture, la publication et la réception du livre paru aux éditions des femmes en 1974, dont l'audace surprend encore. -
Zao est un ancien colonisé de famille aisée, elle, une très jeune femme blanche d'un milieu pauvre. La rencontre a eu lieu en Asie dans l'empire colonial. Paris, où ils s'exilent, va devenir le décor de la décrépitude du couple. Face à un racisme "ordinaire", Zao perd son statut social et se mure. Sa femme rêve à la fois de liberté et de rentrer dans la norme, mais se confronte à une terrible misogynie. Obnubilés par leurs tragédies personnelles, les deux personnages avancent l'un contre l'autre, jusqu'à devenir l'enfer de leur partenaire. À travers le couple et à l'intersection des dynamiques de race, de classe et de genre, Myriam Dao propose une exploration des mutations qui traversent la société française au tournant des années 1950.
Extrait : « Une ou deux fois on l'avait invitée à partager un café, mais elle hésitait à accepter de peur qu'au bout de cinq minutes de conversation ils ne découvrent sa situation véritable. Mais, après tout, pourquoi ne pas franchir le pas, prendre sa vie en main et quitter son mari ? Elle y pensait depuis longtemps. Son chef lui avait fait des avances, et, une après-midi, elle fut à deux doigts de lui confier ses rêves de partir loin. Mais tout ça, c'était sans compter avec la poisse. » Myriam Dao -
« Ma mère a toujours été très soucieuse de son apparence. Elle agençait ses vêtements avec un sens esthétique sûr, hérité de ses talents de peintre. Je l'avais amenée en promenade au jardin et avais pris une photo d'elle entourée des feuillages de l'automne. La qualité de la lumière, le décor automnal, les contrastes de couleur avaient transformé cet instantané en un portrait particulièrement réussi. J'étais partie rassurée pour ce court voyage. Nous nous reverrions dans un avenir prochain. » L.G.
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Poissons rouges et autres bêtes aussi féroces
Ella Balaert
- Des Femmes
- Fiction
- 8 Octobre 2020
- 9782721007902
« Ensuite elle ôte ses vêtements un à un et elle entre dans la mer. Hors saison, hors temps, elle ne sent pas les morsures du froid. Elle nage vers les oiseaux silencieux, elle nage sous les flots bleus et parmi les flocons ailés blancs, piquetés de noir au bout de la queue et le bec rouge sang. Elle se baigne parmi les mouettes, majestueuse. Mieux : royale. Elles se posent sur ses épaules, sur ses mains. Une ou deux lui picorent le bout des seins. Elle rit. La mer lèche ses plaies. »
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Tihya ; la légende des papillons aux ailes déployées
Nadia Chafik
- Des Femmes
- Fiction
- 4 Février 2021
- 9782721008596
« Hommes, femmes et enfants, tous ceux qui écoutent l'histoire de Tihya, Nanna Tuda les introduit dans une belle et tragique aventure ; celle d'un destin. Céleste, légère, la guerrière des Aït Ufella chante ses amours, pleure ses illusions. Elle retient ses peurs, montre son courage, déverse sa colère. C'est ainsi qu'elle se laisse raconter durant les veillées de glace et de gelées. C'est un peu l'écho de sa voix que l'on entend monter dans les montagnes lorsqu'il se fond dans la nuit profonde et calme. » N. C.
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« Proust et son cercle disaient "les Eyragues".
Où est l'arrière-boutique, vie souterraine et quasi anonyme de celles ayant passé une partie ou toute leur vie au castelet ? Qui ou quoi habite le miroir de cette pièce ? Des secrets ? Des plaintes ? Des confessions ? Surtout, c'est certain, des moments de vie voulant s'extirper de l'oubli. [...] Bien sûr, les infos que je trouve sont succinctes et ne sont que des infos. J'attends autre chose. Comment faire apparaître ? Il faut que j'installe je ne sais quoi en moi pour les entendre.
Un miroir à traverser... » J. M. -
Lou Andreas-Salomé a écrit ce roman autobiographique après deux voyages en Russie, pays de son enfance, avec Rainer Maria Rilke, au printemps 1899 et durant l'été 1900. Elle avait près de quarante ans. De ce pèlerinage aux sources vives elle a rapporté Rodinka qui ne fut publié que quelque vingt ans plus tard.
La narratrice, Margot, vit en Allemagne, mais c'est en Russie qu'elle a passé les plus belles heures de son enfance. Elle revient, l'espace d'un été, à Rodinka, « petite patrie », le domaine de ses anciens compagnons de jeux, qui ont grandi, ont changé ; les rapports entre les êtres sont devenus plus difficiles et plus riches. Rodinka est le roman de la nostalgie et du regret. Regret de la religion qui s'est éloignée, de la terre, perdue... De cette évocation d'une avant-guerre disparue aux étés plus ensoleillés que nature, Lou Andreas-Salomé dit à Anna Freud, à laquelle le récit est dédié, qu'elle faisait revivre ce qu'elle avait le plus aimé au monde. -
« Aujourd'hui, rien n'entrave plus les déluges qui pèlent le sol et l'entraînent à la mer, tandis que dans les temps secs, les sources, privées d'ombre, tarissent et que l'aridité se propage. Si la France ne daigne pas intervenir, ou si les colons ne se rendent pas aux plus simples calculs de la prévoyance, on peut prédire la ruine et l'abandon prochains de cette perle des mers que les anciens navigateurs saluèrent du nom d'Eden, et qui, épuisée et mutilée par la main de l'homme, secouera son joug et rentrera dans le domaine de Dieu. » G.S.
Les Nouvelles Lettres d'un voyageur sont parues en 1877 après la mort de George Sand.
Avec cette édition posthume, la voyageuse George Sand termine son exploration passionnée du monde. Ces textes, où s'expriment son amour profond de la nature et son souci de la préserver, révèlent une pensée étonnamment moderne, voire prémonitoire.
Ève Sourian est professeure de français au City College Of New York. Spécialiste de George Sand, elle a fait rééditer quelques-unes de ses oeuvres, peu connues mais qui révèlent une grande modernité.