Né d'une alerte scientifique qui s'est progressivement affirmée à partir des années 1970, le changement climatique constitue un élément récurrent du paysage scientifique, mais aussi politique, et médiatique. Si on note aujourd'hui une reconnaissance publiquede cet enjeu, il subsiste malgré tout face à ces problèmes climatiques une forte réticence qui prend des formes multiples, et qui joue un rôle négatif majeur dans un contexte où des décisions rapides sont nécessaires.
Des enquêtes régulières le montrent : si l'existence d'un réchauffement en cours n'est plus vraiment contestée, le rôle essentiel de l'augmentation des gaz à effet de serre n'est en revanche pas toujours bien compris, et l'ampleur des changements attendus, la responsabilité des activités humaines continuent de faire l'objet d'interrogations.
Par ailleurs, le problème climatique n'est que rarement analysé comme un problème rapidement évolutif. C'est sans doute là l'un des points les plus paradoxaux et les plus difficiles : le problème du changement climatique engage notre futur de manière irréversible sur des durées très longues. Pourtant, il suscite auprès d'une partie probablement majoritaire de l'opinion publique une forme de lassitude, face à des alertes climatiques qui sont perçues comme la répétition sans fin des mêmes arguments, comme inutilement anxiogènes et déconnectées des problèmes plus immédiats qui affectent nos sociétés. »
Les problèmes climatiques sont transdisciplinaires (au sens des disciplines scientifiques), trans-activités (au sens des activités économiques), trans-enjeux (au sens des enjeux environnementaux) et trans-acteurs... Ils doivent se concevoir en fonction d'échéances très courtes comme d'horizons plus lointains. Comment aider à élaborer aujourd'hui des solutions ?
Décider des politiques, à l'échelle des grandes transitions énergétiques comme à celle de l'aménagement du territoire, demande plus qu'un point de vue strictement descendant allant de l'information scientifique vers les décideurs et les citoyens. Si l'alerte climatique est une affaire de consensus et d'unanimité, le passage à l'action, la prise de décisions réclament des lieux de débat, où l'on puisse évaluer des actions et des stratégies alternatives, argumentées, entre lesquelles les décisionnaires trancheront.
Le président Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de faire de la lecture une grande cause nationale pendant une année (été 2021-été 2022) pour mobiliser l'ensemble de la chaîne du livre, redonner le désir de lire, transmettre le goût de la lecture au plus grand nombre.
Il convient dès lors, nous dit-on, d'agir dans tous les espaces et à tous les temps de la vie, en particulier le plus en amont possible, c'est-à-dire dès la très petite enfance.
La littérature au berceau est alors convoquée, ne contribuerait-elle pas à développer le langage, à favoriser l'entrée dans l'écrit ? Accompagner les plus jeunes vers la lecture, pour que, demain, ils soient de grands lecteurs ou tout simplement des lecteurs, voilà donc un projet bien ambitieux !
Mais pour remettre la lecture au coeur de la vie des petites Françaises et des petits Français, encore faudrait-il clairement saisir ce que lire signifie pour un bébé, un tout-petit.
Précisons, les bébés lecteurs, si souvent célébrés, n'existent pas. Il n'existe, aux aubes naissantes de la vie et durant toutes les premières années, que des lectures partagées. Des adultes (ou des enfants plus grands) lisent AVEC des bébés ou des tout-petits. Et dans cette rencontre autour du livre, qui précède toute lecture, le vocabulaire pédagogiste, développemental, littératique ou linguistique, doit toujours demeurer second : « lire avec » ne saurait constituer une « activité » extérieure au moment, aux personnes (leur histoire, leur milieu social, culturel), tout autant qu'au texte et aux images lus.
Encore faut-il que les livres pour enfants, et les albums en particulier, qui accordent une part importante aux images, acquièrent une légitimité culturelle qu'ils sont encore loin d'avoir conquise. Même si la critique les étudie, si l'université les consacre, si des chercheurs les analysent, ils demeurent encore trop souvent des oeuvres mineures, une petite littérature pour tout-petits. Ainsi, avant d'attirer de nouveaux lectorats, ne conviendrait-il pas de revisiter voire revitaliser la relation qu'entretiennent les très jeunes générations avec le livre et donc avec l'autre et l'humain ?
Les troubles des conduites alimentaires, anorexie et boulimie, sont un phénomène contemporain et sociétal en pleine expansion, accéléré par l'utilisation massive d'Internet. Ils appartiennent à un nouveau domaine d'expression de la souffrance intime que l'auteure désigne comme « pathologies de l'image ».
À partir de son expérience clinique de psychiatre spécialiste des addictions, de psychanalyste et de philosophe, l'auteure analyse les liens entre les troubles des conduites alimentaires et les représentations du corps des femmes. La prolifération spectaculaire des images, qui vont jusqu'aux photos de soi produites par soi, via les réseaux sociaux, et leurs simulacres retouchés dans les magazines de mode, participe au développement d'une relation pathologique de la femme avec son propre corps.
Ainsi l'anorexie et la boulimie permettent de mieux saisir notre époque où l'image, le corps, la mode, la beauté et le paraître constituent les termes de l'inscription postmoderne des sujets. Comment les femmes s'accommodent-elles d'un corps pris dans les attentes sociales ? Comment certaines, en parodiant jusqu'à la caricature cette idéalisation extérieure à leur propre chair, en font-elles le sacrifice ? Car tel est aussi le destin des troubles des conduites alimentaires comme pathologies de l'image : commettre le sacrifice du corps afin d'atteindre l'idéal éphémère d'une beauté contemporaine.
Un ouvrage richement illustré
Lire l'entretien avec Michèle Forestier (propos recueillis par Audrey Minart)
De la naissance aux premiers pas : laissons les bébés bouger !
Stimulés ou pas, tous les bébés en bonne santé parviennent à marcher, sans que l'on ait besoin de leur apprendre. Toutefois, l'attitude des personnes qui les entourent peut favoriser ou freiner l'installation d'une bonne motricité.
Forte de son expérience de kinésithérapeute, l'auteur répond aux nombreuses questions que se posent les parents et les professionnels de la petite enfance :
Le passage par le quatre pattes est-il important ?
Faut-il aider le bébé à se mettre debout ou à marcher ?
Doit-on s'inquiéter d'un petit retard d'installation de la marche ?
Comment faire face à un bébé en difficulté ?
Cet ouvrage vivant et pédagogique, largement illustré de photos et de dessins, incite à mieux observer les tout-petits, à s'émerveiller devant leurs exploits moteurs, mais aussi à agir au bon moment en cas d'inquiétude. Il propose des conseils pour la vie quotidienne, pour le choix du matériel et des objets à mettre à disposition, mais aussi des jeux moteurs simples, faciles à partager, afin de donner au bébé toutes les chances d'être à l'aise dans son corps avant de savoir marcher.
Une affiche (format A3) est disponible sur demande à : a.bardou@editions-eres.com
Ce travail de recherche repose sur le suivi sociohistorique de la diffusion d'une étude menée en neuroscience cognitive en 2009. Celle-ci a la particularité d'avoir réalisé une neuroimagerie fonctionnelle non pas d'un sujet humain vivant mais d'un saumon mort. Il s'agit de retracer le parcours de la diffusion médiatique et scientifique de cette neuroimagerie hors norme afin de comprendre et d'expliquer son succès. Médiatisée mondialement, cette étude a beaucoup interpellé les médias qui la perçurent comme la preuve du manque de fiabilité des études par imagerie par résonance magnétique (irm). À l'opposé, les neuroscientifiques l'ont, en premier lieu, rejetée ou moquée, avant de la citer plus largement.
Cet ouvrage pose ainsi la question de la diffusion, de l'interprétation et de la valeur accordée à un travail scientifique par les médias et par la communauté scientifique. Il mène également au coeur d'une controverse alimentée par des neuroscientifiques reconnus. Enfin, cet objet singulier - la neuroimagerie d'un saumon mort - révèle une dynamique sociale spécifique qui conduit l'auteur à une analyse épistémologique des pratiques de recherche et des normes scientifiques.
L'ensemble de ces trois articles écrits à la fin de sa vie permet d'apercevoir tout à la fois la continuité du propos de Freud et les modifications profondes qu'il a introduites à l'égard des premières formulations de la psychanalyse. Ainsi au temps de la découverte de l'inconscient et de son élaboration, succède celui de la prise en compte de ses conséquences qu'elles soient d'ordre clinique ou d'ordre théorique. Des questions qui ne pouvaient pas être anticipées apparaissent : si une psychanalyse est possible et démontre ses effets, en quoi peut consister sa fin ? Sur quels critères la fonder ? Peut-on en attendre une unité, voire une harmonie du sujet avec lui-même ? Mais aussi : à quelles conditions une telle fin est-elle pensable ? Toutes ces questions conduisent Freud à examiner la valeur des résultats produits par la psychanalyse.
Les trois écrits de ce livre ont été rédigés à Vienne, puis à Londres, entre 1937 et 1938. Ils constituent l'ultime enseignement de Freud qui y jette ses dernières pensées au sujet de la fin de l'analyse. La traduction s'accompagne du texte original allemand, permettant au lecteur de se reporter aux concepts fondamentaux, tels que Freud lui-même les formule. Elle prend pour guide de lecture l'oeuvre de Lacan, et s'efforce de faire entendre en français le poids du signifiant allemand, au point parfois de surprendre.
La notion de transfert est sans doute l'une des plus déterminantes de la psychiatrie, grâce aux découvertes de la psychopathologie freudienne. Ce concept reste une invention géniale de Freud pour comprendre et soigner la névrose occidentale poids moyen, mais aussi des pathologies archaïques, et notamment des psychoses. La terminologie officielle de la psychiatrie, dominée par la classification internationale du dsm V, a délaissé ces concepts au profit d'un catalogue de comportements observables, de troubles divers, susceptibles de prescriptions médicamenteuses ou de thérapies cognitivo-comportementales, et débarrassées de toute connotation psychanalytique.
Pierre Delion revient sur l'apport de Tosquelles et de la psychothérapie institutionnelle pour repenser la métapsychologie du transfert à l'aune des pathologies archaïques. Il insiste sur la nécessité de l'institution, dont la constellation transférentielle est la plus petite forme, comme chaînon manquant dans leurs prises en charge. Ces phénomènes de transfert sont à élaborer collectivement. Mais pour qu'une équipe de psychiatrie ou toute autre équipe du médico-social ou du social accueillant ces pathologies y parvienne, encore faut-il travailler ensemble sur les conditions de possibilité d'un tel dispositif. En effet, il est important de se remémorer l'histoire de la psychothérapie institutionnelle pour apercevoir les raisons qui ont conduit à son élaboration, les résistances qu'elle a rencontrées et les stratégies qu'elle a dû composer pour l'atteindre.
Vingt ans après L'homme sans gravité, Charles Melman et Jean-Pierre Lebrun poursuivent leur dialogue sur les conséquences de la mutation de société à l'oeuvre depuis près d'un demi-siècle, véritable bouleversement anthropologique pour la vie collective et la subjectivité de chacun.
À partir du film Petite fille, exemplaire sur la problématique de la dysphorie de genre en pleine expansion, ils se demandent si la possible autodétermination de l'enfant qui serait capable de se penser sexué à partir de lui-même est une avancée sociétale ; ou si elle témoigne d'un déni de la réalité, en l'occurrence anatomique, d'une récusation du sexuel et d'un refus de consentir à ce qui le détermine en tant qu'être parlant.
À travers l'actualité brûlante où les présupposés implicites de la question du transgenre résonnent avec la vie politique elle-même, ils osent s'attaquer au point crucial : l'évolution de notre société nous entraîne-t-elle vers davantage de civilisation ou contribue-elle à nous déciviliser ?
Les conditions de vie et les valeurs qui prédominaient il y a soixante-dix ans sont inimaginables pour les générations nées dans la deuxième moitié du xxe siècle. Le rapport à la loi, à la rue, à l'autre sexe et les rapports entre adultes et enfants ont profondément changé. Le sujet âgé, lorsqu'il dit : « de mon temps », peut avoir le sentiment de vivre aujourd'hui dans un pays qui lui est étranger. C'est ce que cet ouvrage se propose d'illustrer sans prétendre être exhaustif.
Il est introduit par trois professionnelles du soin - Ariane Linck (infirmière), Charlotte Minaev (psychomotricienne) et Mirelle Trouilloud (psychologue clinicienne) - qui n'ont pas connu l'époque concernée. Des vignettes autobiographiques - apportées par Françoise Blaise-Kopp (psychologue clinicienne), Maryse Goubier (maître de conférences à l'université catholique de Lyon), Danielle Mandon (infirmière diplômée d'État), Robert Moyroud (chef d'entreprise), Cécile Pelosse (professeure de lettres classiques), Michel Pelosse (ingénieur) - illustrent et accompagnent la réflexion de l'auteur.
La douleur n'a pas bonne presse ! Et celle du bébé, restée longtemps « sans voix », non plus ! Elle est même « scandaleuse » tant elle bat en brèche et offense nos tentatives successives d'organisation. Reconnaître l'erreur de jugement encore récente et coriace au sujet de la douleur du bébé demande une révision des positions du savoir, soulève, collectivement et pour chacun, une intense culpabilité, un retour du refoulé. Comment se fait-il ? Nous n'avions pas vu ! Ces bébés d'hier opérés sans anesthésie ! Comment intégrer un tel changement de point de vue, un tel changement d'ontologie ? Comment passer d'un monde « barbare » à « l'humanisme moderne » ? Et surtout ces progrès sont-ils acquis ?
Douleur organique, douleur morale, douleur sociale : il y aurait un continuum dans cette polyphonie de la douleur. Ce constat empirique a été validé par des études histo-physiologiques pionnières (Eisenberg) et reprises à Lyon (Sirigu, Mauguière). Elles démontrent que la douleur sociale active les mêmes zones cérébrales qu'une nociception due à une atteinte physique. Prolongée, elle cause des dégâts irréversibles. Quid des effets délétères de l'exposition prolongée d'un bébé tant au retrait d'une mère déprimée qu'aux nombreuses autres distorsions du lien ? La douleur chez les bébés est un puissant paradigme de « l'air du temps », de nos théories pluridisciplinaires, de nos pratiques et de l'attention soignante.
Avec le soutien de la Fondation apicil contre la douleur, mécénat pour notre recherche-action en cours à Lyon (KiTDP, outil de prévention des douleurs intersubjectives entre mère et bébé).
Les psychologues en structures petite enfance sont surtout interpellées par les problématiques concernant les enfants (ceux qui ne jouent pas, ceux dont les manifestations comportementales dérangent, ceux qui sont déjà accros aux écrans, ceux dont le langage n'émerge pas...) ou par les difficultés rencontrées par les professionnel·le·s. (répétitivité des tâches, confrontation à l'archaïque, enjeux et responsabilités, tiraillements entre les divers positionnements sur « le bien de l'enfant »...).
Pourtant, les autrices constatent que parfois éclosent de petites bulles de respiration, d'énergie créative, qui s'avèrent de formidables ressorts pour redynamiser la pensée, redonner envie, fluidifier les relations entre enfants. Dans cet ouvrage, elles s'intéressent à la place que tient la créativité dans les structures d'accueil du jeune enfant. Comment et à quelles conditions s'exprime-t-elle dans le quotidien des équipes ? Comment les professionnels peuvent-ils inventer leurs modalités de travail et leurs « outils », dans une rencontre entre le cadre externe et leur inventivité propre ? Comment accompagnent-ils le déploiement de la créativité de l'enfant, à cet âge où c'est le monde qu'il crée par ses expériences ? Comment soutiennent-ils ces enfants qui semblent ne pas trouver d'élan créatif, ne pas jouer, ne pas inventer, imaginer ?
Elles sont sept femmes, de 35 à 60 ans, infirmières, couturière, assistante sociale..., mariées ou célibataires, grands-mères ou en attente de fonder une famille, vivant en ville ou à la campagne, harcelées, surchargées, ballottées ou encore mal traitées par un supérieur, un collègue, un système. Elles sont tombées brutalement, après un long déni. Elles ont mis des mois à se relever. Repérées par le service social de l'Assurance maladie, elles ont accepté de participer à des séances de groupe.
Leurs sept récits de burn-out aux caractéristiques communes montrent avec une émotion intacte que cette « maladie » de l'estime de soi, causée par une longue exposition quotidienne à un stress majeur proche du stress post-traumatique, est bel et bien une pathologie chronique.
Avec un titre en « pied-de-nez », qui ironise sur les promesses de rétablissement en 15 jours, elles démontrent pas à pas combien le travail social de groupe, et plus largement toutes les modalités de travail collectif entre pairs, est bénéfique : sortie de l'isolement, gestion d'un calendrier, souci de présentation physique, sentiment d'être comprises, partage, entraide...
Ensemble, elles ont créé une association pour venir en aide à d'autres victimes du burn-out et pour définitivement transformer une épouvantable épreuve en ressource pour les autres.
Lire l'entretien avec l'auteure
« Vous avez entre les mains un livre important. Si vous êtes soignant·e, vous pourriez reconsidérer en partie ce que vous avez appris, et faire évoluer votre pratique. Si vous êtes patiente, ce livre est une invitation à changer votre rapport à votre santé et aux professionnel·les de soin que vous rencontrerez.
Le sexe de la santé est écrit par une femme. Médecin urgentiste. Et américaine. Chacune de ces caractéristiques a son importance pour comprendre le parcours d'Alyson McGregor et mettre son propos en perspective. Elle est une femme de conviction, « féministe », comme elle le souligne elle-même. Son ouvrage témoigne de tout ce que cela implique, en termes d'engagement comme en termes de posture.
Etre une médecin féministe, c'est proposer un ouvrage d'information à destination des femmes elles-mêmes, pour qu'elles participent à la dynamique de changement que l'auteur appelle de ses voeux, pour elles-mêmes et pour les autres. C'est leur donner des outils, pour qu'elles sachent quelles questions poser, de quels pièges se méfier, quels examens demander ou éviter, et quelles ressources exploiter pour recevoir des soins de qualité. Ce livre constitue un véritable outil d'empowerment pour les femmes, une méthode simple pour améliorer la santé de toutes. » Muriel Salle
A l'heure où le projet psychanalytique est questionné dans ses fondements scientifiques et concurrencé dans son approche de la psyché humaine par le développement des neurosciences, Thierry Longé montre que le jeune Freud était engagé dans les courants scientifiques les plus novateurs de son époque. Il présente et restitue les textes, publiés entre 1884 et 1886, et jusque-là inédits en français, qui en témoignent.
En effet, la psychanalyse est née dans ce terreau fertile d'une science neurologique en pleine mutation, et au moment même où les énigmes se déchiffraient les unes après les autres, permettant de concevoir un schéma cohérent de l'appareil neuro-cérébral. C'est en s'y adossant un temps pour mieux s'en détacher sans l'oublier jamais que Freud construit son propre appareil psychique.
L'auteur redonne de la valeur à la continuité qu'on aurait volontiers tendance à disqualifier au profit de la rupture dans l'émergence de cette science nouvelle. Il insiste sur la dimension critique du geste freudien de penser avec et de penser contre.
Harcèlements dans le champ professionnel, abus sexuels des jeunes, maltraitance des femmes, hyperactivités de l'enfant (tdah), autant de troubles qui sont régulièrement l'objet de préoccupations de la vie sociale, mais qui ne sont pas forcément rapportés à ce qui les provoque dans l'intimité des sujets. Ce travail sur ces sujets privés de recours à la parole nous permet d'identifier en quoi consiste l'inconséquence de certains pseudo-discours actuels dans lesquels ils baignent. Ces manifestations réintroduisent justement une certaine gravité qui a du mal à trouver sa place dans le discours social. La rigueur de la parole et du langage crée les conditions pour faire reconnaître l'altérité et la différence, au-delà de simples slogans de communication. L'auteur montre ce qui caractérise une parole fiable, nécessaire au sujet pour construire son identité notamment pendant l'enfance.
Le déclin de la référence à la psychanalyse et la médicalisation de la maladie mentale dépossèdent le patient d'un quelconque savoir à l'égard de ses troubles et de la valeur de sa parole. Ainsi la pratique clinique hospitalière s'est grandement appauvrie dans l'art de la rencontre et du dialogue. Or Jean-Claude Maleval rappelle que les psychoses ordinaires et extraordinaires s'ancrent dans une logique subjective qui doit être prise en compte dans leur traitement.
Tirant enseignement de son expérience clinique, il montre que la psychanalyse avec des sujets psychotiques gagne à s'orienter sur une conversation, qui vise l'apaisement de la jouissance dérégulée plus que le déchiffrage de l'inconscient. Ces conversations psychanalytiques s'inspirent de stratégies spontanément utilisées par les sujets psychotiques pour tempérer leur angoisse : productions d'écrits, de phénomènes psychosomatiques, de passages à l'acte, voire recours à l'absence de désir, aussi bien qu'à des fantasmes ou des symptômes originaux. Celles-ci témoignent d'une grande créativité qui n'a rien en commun avec les déficits cognitifs auxquels la psychiatrie actuelle tend à réduire la psychose.
Accueillir le jeune enfant collectivement est un défi de tous les jours et nécessite de mettre du sens sur ses pratiques. Ce livre revient sur les notions clefs de l'accueil.
L'accueil en crèche de A à Z a pour ambition de penser, repenser ou questionner des notions récurrentes de l'accueil du jeune enfant afin de leur donner du sens et faire le lien entre les aspects théoriques et la façon dont elles prennent vie au sein des structures d'accueil du jeune enfant.
Ce livre permet à la fois une lecture linéaire, en faisant des ponts entre les différentes notions, mais également un usage plus ponctuel directement lié à un questionnement, comme avec un dictionnaire ou un guide pratique.
Il offre un accompagnement des professionnels dans leur réflexion individuelle ou d'équipe et apporte l'éclairage de la psychologue de crèche pour des équipes qui n'en sont parfois pas pourvues. Bien qu'il soit impossible d'évoquer toutes les notions entendues en accueil collectif, celles qui sont abordées parcourent largement le quotidien de l'accueil et font écho aux notions entendues et travaillées depuis dix ans avec les équipes au service du développement harmonieux du jeune enfant et du bien-être professionnel.
« J'ai fait mon analyse avec Lacan dans les années 1970. Quarante ans après sa mort, j'ai eu envie de revenir sur ce qui s'était passé au 5 rue de Lille.
Si mon travail avec Lacan ne m'a pas définitivement délivrée de l'angoisse, il a changé ma vie. Lacan a éclairé ma route en permettant à une descendante d'immigrants libanais, victime de la xénophobie des autres et de la sienne propre, de s'accepter enfin. Il n'était pas guidé par le temps de Kronos, celui de la durée qui s'écoule, mais par celui de Kairos, moment fugace où se présente une opportunité qu'il faut savoir saisir. En empruntant cette voie, aujourd'hui encore controversée, Lacan a bouleversé la psychanalyse et lui a rendu la virulence de ses débuts.
Je ne me souviens pas de tout ce qui s'est passé pendant l'analyse. Mais ce qui a été décisif, je ne l'ai pas oublié. J'ai même conservé de certains faits une mémoire photographique. »
« Dans cet ouvrage, nous proposons d'ouvrir de nouvelles perspectives pour considérer les limites en partageant le plus simplement possible des réflexions issues de nos pratiques de psychomotricienne et de pédiatre.
Déjà in utero, le bébé est un être limité dans son corps. En naissant, il est propulsé, sans le support de la pensée, dans le vaste monde des sensations internes et externes, rythmées par un nouveau tempo. Parallèlement, la mère franchit une limite essentielle pour entrer dans l'espace inconnu de son être-mère.
Nous étudions l'adaptation du non à la maturité physiologique et psychique de l'enfant dans la subtilité du oui et du non entremêlés, et explorons les incertitudes de l'adulte limitateur.
Nous insistons sur l'importance d'être à l'écoute de nos propres émotions et de nos sentiments ambivalents à l'égard de l'enfant, tout en étant conscients de nos limites psychiques, physiques et sociales.
Nos propos concernent tous les enfants, même ceux qui connaissent des tourments dans leur développement. Ils s'adressent à tous : parents, grands-parents, professionnels et enseignants.
Élever un enfant est une oeuvre gigantesque qui éveille, tout au long de la vie des parents, des émotions intenses et les fait trébucher sur des interrogations, des angoisses, des doutes. C'est une odyssée qui demande à chacun de reconnaître ses propres limites et de les sublimer.
Un des objectifs de ce travail est que le lecteur ne se risque plus à résumer les limites au seul fait de savoir dire non. » M-C.C. et N. J-H.
« Dans ce récit, dans la constellation de l'hôpital Avicenne, un humain élégant dans son humilité et son "costume de cosmonaute" offre à la souffrance et à la solitude une oreille attentive, une main apaisante, trois notes sur un téléphone ou un corps à l'aise et délié. En retour, l'éclat de personnes que ce moment soulage de la maladie, des larmes ou de la désespérance. Et, dans le vertigineux de cette conversation où la mort guette, la célébration de la vie, quand une présence ou la danse réparent "l'image d'un moi dévasté".
Thierry Thieû Niang est un habitué de ces simples corps à coeurs et de la création de ces compagnies éphémères qui libèrent des adversités. Avec lui, la maladie, le handicap, la vieillesse se tiennent un temps à carreau. Son geste agit comme une épice ou un onguent. Il allume les regards, détourne du ressassement, tient tête à la douleur, embellit l'espace et laisse celui qui en est le lecteur ou le témoin en quelque sorte augmenté d'une salutaire envie de chérir. » (Philippe Lefait)
En quelques années, les technologies numériques ont bouleversé notre vie publique, nos habitudes familiales et même notre intimité. Les parents et les pédagogues en sont souvent désorientés. Les balises que j'ai appelées « 3-6-9-12 » donnent quelques conseils simples articulés autour de quatre étapes essentielles de la vie des enfants : l'admission en maternelle, l'entrée au CP, la maîtrise de la lecture et de l'écriture, et le passage en collège. A nous d'inventer de nouveaux rituels.
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Une première partie de l'ouvrage repose sur une vaste enquête financée par la Fondation Vinci Autoroutes sous l'égide de Bernadette Moreau, effectuée sous la direction de David Le Breton. Il s'agit d'une enquête qualitative, la première d'une telle ampleur autour de conducteurs/conductrices entre 18 et 25 ans afin de comprendre leur relation à la voiture, à la transmission, aux manières de conduire, leur perception des risques routiers, leur usage au volant des technologies de l'information et de la communication, leur évaluation des campagnes de prévention. Ils sont également interrogés sur leurs propres préconisations en matière de sécurité routière. L'enquête s'appuie sur plus de 150 entretiens semi-directifs dans lesquels les jeunes racontent des histoires, évoquent leurs représentations, leurs raisons d'agir, leurs valeurs, leurs soucis quand ils sont sur la route, leur rapport aux technologies dans l'habitacle, leur perception des piétons et des cyclistes, les mobilités partagées, le covoiturage, l'écologie... La question du « pourquoi » est donc au coeur des entretiens. Nous avons également distingué une population spécifique de jeunes Parisiens, ou de la banlieue proche, titulaires d'un permis de conduire, et d'autres qui ne l'ont pas, en considérant que dans la mégalopole parisienne le rapport à la voiture est différent de ce qui se joue dans les autres grandes villes ou dans le monde rural. Cette première partie s'appuie en permanence sur les propos des jeunes conducteurs.
Dans une seconde partie, des spécialistes de la sécurité routière ou de l'adolescence s'expriment sur différents points de la conduite routière des jeunes générations.
L'ouvrage apporte un éclairage nouveau et original sur la situation des jeunes pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance en France. L'auteur inscrit tout d'abord son travail dans une histoire longue, celle des protections sociales qui ne sont pas données une fois pour toutes. S'agissant des jeunes majeurs, ces protections, construites à l'aune des années 1970, dans des formes judiciaires ou administratives, se sont installées comme un support d'émancipation pour des jeunes isolés et sans soutien familial avant de décliner peu à peu et de constituer de nos jours un droit « presque mort ».
L'analyse documentée de ce phénomène montre qu'à partir des années 2000, l'État et les départements vont progressivement déconstruire cette protection en privilégiant les critères économico-administratifs du new management public par le biais d'une notion incongrue, sans base juridique réelle : celle de « grand mineur ». À partir de témoignages, l'ouvrage démontre comment, à un moment donné, ces jeunes vont croiser une volonté politique qui, sous couvert d'une nouvelle idéologie de l'autonomie, vient paradoxalement perturber un parcours vers l'autonomie et inscrire des inégalités au sein du territoire de la République. Avec précision, il décrit les lignes de force de ce véritable renversement allant du jeune majeur (18/21 ans) au grand mineur (16/18 ans), passant d'une logique de solidarité à une logique de « lâchage institutionnel ». Il termine son propos par des propositions innovantes permettant de repenser la protection des jeunes majeurs dans notre pays.
Les salariés sont pris dans un dilemme qui les met en grande vulnérabilité. Au-delà du besoin financier qui les tient, et malgré les contraintes permanentes qu'impose la subordination inscrite dans leur statut, ils ont pour leur travail de réelles aspirations en termes de sens, d'utilité sociale, d'identité professionnelle et citoyenne.
Cette situation permet aux directions d'entreprise d'asseoir et de pérenniser leur emprise sur leurs salariés, de façon de plus en plus savante et sophistiquée. En stimulant et exacerbant les désirs qui sous-tendent leur rapport au travail, elles parviennent à imposer de nouvelles méthodes d'organisation et d'implication des salariés, toujours plus déstabilisantes et délétères.
Danièle Linhart décrypte la capacité patronale à faire renaître, sans cesse, sa domination, afin de préserver, voire sublimer, un lien de subordination qui devient de plus en plus personnalisé et intrusif, et qui compromet toute capacité collective des salariés à s'emparer des véritables enjeux du travail. Des DRH « bienveillantes » et préoccupées du « bonheur » de leurs salariés aux « entreprises libérées » par leur leader, en passant par l'esprit start-up et l'offre éthique, l'auteure analyse tous ces faux-semblants des innovations managériales qui paralysent l'intelligence collective.