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Fayard
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Cet essai débute comme un récit : à la mort de son père, Didier Eribon retourne à Reims, sa ville natale, et retrouve sa famille avec laquelle il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Observant avec sa mère des photos du passé, il revoit avec stupeur le monde ouvrier dans lequel il a grandi. Mais plutôt que de fuir à nouveau son milieu d'origine, il décide de se plonger dans son passé pour tenter de se le réapproprier. En reconstituant l'histoire de sa famille, l'auteur analyse la condition ouvrière des années 1950-60 et les expériences constitutives de cette appartenance de classe. Quel est le rapport des classes populaires à la culture, à la sexualité, au système scolaire ? Comment le vote communiste a-t-il fini par devenir un vote pour le Front national ? Evoquant son enfance et son adolescence, il analyse sa trajectoire de transfuge de classe, et le rôle qu'y a joué son homosexualité. Mais cet ouvrage est bien plus qu'une esquisse d'autobiographie. A la faveur de ce retour à Reims, Didier Eribon se redécouvre fils d'ouvrier, lui qui s'était toujours envisagé comme un enfant gay. Et de s'interroger : comment les catégories contemporaines de la politique fabriquent-elles les enfants que nous avons été ? En quoi la quasi-disparition du marxisme d'un côté, et, de l'autre, la force des mouvements culturels et sexuels prescrivent-ils aujourd'hui ce type de lecture de soi-même ? La politique ne transforme pas seulement le présent et le futur : elle transforme aussi notre passé, notre rapport à nous-mêmes et notre manière de nous définir. Si ce que nous sommes est institué par les théories politiques, il convient dès lors de rompre avec les théories qui découpent le monde selon des frontières uniques (de classes, de genre, de race, de sexualité) ou prétendent que certaines identités seraient plus « vraies » et plus importantes que d'autres. Didier Eribon propose donc d'élaborer une théorie du sujet qui nous permet de penser la multiplicité de nos expériences et d'être le sujet simultané de plusieurs politiques.
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Il n'y a pas d'amour parfait
Francis Wolff
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 5 Octobre 2016
- 9782213703718
L'amour a inspiré les chants les plus déchirants, les meilleurs romans et les pires, des comédies irrésistibles, des tragédies bouleversantes. Il est possible d'y ajouter quelques considérations philosophiques. Des préliminaires, seulement. Non à l'amour (le philosophe n'a là-dessus aucune expertise), mais à son concept (c'est son domaine, dit-on).
L'amour n'est ni l'amitié, ni le désir, ni la passion. C'est la fusion improbable de ces tendances opposées. Car les composantes de l'amour ne jouent pas collectif, tel est le drame, et la grandeur, de l'amour. C'est parce qu'il est de nature hétérogène, donc instable, qu'il est le moteur tout-puissant de tant d'histoires, grandioses ou banales, dans les littératures universelles et dans nos vies ordinaires.
Francis Wolff est philosophe, professeur émérite au département de philosophie de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. Il est notamment l'auteur, chez Fayard, Pourquoi la musique ? (2015).
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Paru en octobre 2009, Retour a Reims a rencontré un écho considérable et suscité de très nombreux débats. C'est à partir de cet accueil et des questionnements qu'il a fait surgir que Didier Eribon entreprend aujourd'hui de reprendre et d'approfondir le récit et les réflexions qui s'entrecroisaient dans cet ouvrage. En ancrant toujours, bien sûr, sa démarche dans l'expérience vécue et dans l'exploration d'une mémoire personnelle et d'une histoire familiale dont il s'attache à restituer les significations sociologiques et politiques.La société assigne des places. Elle énonce des verdicts, qui s'emparent de nous et marquent nos vies à tout jamais. Elle installe des frontières et hiérarchise les individus et les groupes. La tâche de la pensée est de porter au jour ces mécanismes d'infériorisation et la logique de la domination sociale. C'est à un véritable renouvellement de l'analyse des classes, des trajectoires, des identités (le genre, la race...) et du rôle central et ambivalent des institutions (notamment le système scolaire, le droit, la politique...) dans leur fabrication que nous convie Didier Eribon. Avec pour horizon l'idée fondamentale que seule une démarche qui place au centre de ses préoccupations le problème des déterminismes inconscients par lesquels nos vies sont régies peut nous permettre, par-delà les incantations lancées par les intellectuels populistes qui saturent l'espace de la gauche radicale, d'ouvrir la voie à une politique de l'émancipation.Dans ce second volet, l'auteur de Retour a Reims nous donne un nouveau grand livre, appelé à vite devenir, comme le précédent, un classique des sciences sociales et de la théorie critique.
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La tentation de Mars : Guerre et paix au XXIe siècle
Ghassan Salamé
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 6 Mars 2024
- 9782213723365
Nous sommes entrés dans l'âge de la dérégulation de la force. À la fin de la guerre froide, les raisons de croire à l'effacement de Mars, sinon au triomphe de Vénus, s'accumulaient pourtant : La dissuasion nucléaire n'avait-elle pas apaisé les ardeurs des bellicistes ? Les idéologies ne s'étaient-elles pas effondrées ? Le « doux commerce » international ne devait-il pas garantir la paix ?
Après leur floraison simultanée, les fondements d'une telle promesse se sont toutefois érodés les uns après les autres : la vague de démocratisation a atteint un plateau, la mondialisation a décéléré, la révolution technologique a brimé la liberté après l'avoir servie, la culture a été sollicitée pour fracturer plutôt que pour rapprocher, la question nucléaire a été rouverte et le multilatéralisme n'a cessé de s'étioler. Une occasion sans doute historique pour bâtir un système global équilibré et pacifié a été manquée. À présent, il s'agit de comprendre la « tentation de Mars » qui caractérise notre temps et l'urgence de la contrecarrer.
Avec érudition et lucidité, Ghassan Salamé présente un tableau inédit de l'échiquier mondial. À partir de sa vaste expérience, il revisite le tiers de siècle écoulé depuis 1990 et tente d'imaginer le monde tel qu'il éclôt devant nos yeux.
Ancien ministre de la Culture et de l'Éducation au Liban, diplomate, professeur des universités, Ghassan Salamé a enseigné pendant trente ans les relations internationales à Sciences Po. Il a également occupé plusieurs hautes fonctions aux Nations unies et publié une dizaine d'ouvrages, dont Appels d'empire. Ingérences et résistances à l'âge de la mondialisation (Fayard, 1996) et Quand l'Amérique refait le monde (Fayard, 2005). -
Le temps du monde : une étude de métaphysique descriptive
Francis Wolff
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 20 Septembre 2023
- 9782213728117
Qu'est-ce que le temps ?
Cette question nous plonge forcément dans l'embarras. La physique refuse de la poser : elle mesure le temps et en propose diverses théories au sein desquelles nous ne reconnaissons pas le temps de notre monde. Renonçant elle aussi à le définir, la philosophie s'est généralement réfugiée dans la conscience du temps, mais sans rien nous dire du temps lui-même.
Il y a pourtant bien un concept de temps qui ne doit rien à la conscience ni à l'ordre cosmique, c'est celui de ce monde où nous vivons et dont nous parlons ; celui par lequel se distinguent l'avant et l'après, celui qui nous fait dire que les êtres changent et que Pierre est en retard. Tout cela dépend, à notre échelle, du mobilier du monde commun.
La philosophie peut ainsi reprendre l'analyse du concept de temps soutenue par toute la tradition, d'Aristote à Bergson, de Kant à David Lewis. Elle offre alors de nouvelles réponses à nos interrogations les plus classiques : Le devenir n'est-il qu'une illusion ? Le passé existe-t-il ou n'est-il qu'un fantôme de la mémoire ? Pourquoi le temps est-il irréversible ? Devons-nous l'imaginer comme une flèche dirigée vers l'avenir ou comme un fleuve précipitant notre présent en passé ? Ces problèmes n'ont pas épuisé leurs mystères. Au bout de l'enquête, il y a l'espoir d'éclairer ce qu'Einstein lui-même estimait être l'énigme du « maintenant ».
Philosophe et professeur émérite à l'École normale supérieure (Paris), Francis Wolff est notamment l'auteur, chez Fayard, de Notre humanité. D'Aristote aux neurosciences (2010 ; Pluriel, 2023), Pourquoi la musique ? (2015 ; Pluriel, 2019), Il n'y a pas d'amour parfait (2016 ; Mille et une nuits, 2023), Trois utopies contemporaines (2017), Plaidoyer pour l'universel (2019 ; Pluriel, 2021) et Le monde à la première personne. Entretiens avec André Comte-Sponville (2021). -
La conscience politique
Geoffroy de Lagasnerie
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 2 Octobre 2019
- 9782213702889
La politique est peut-être le domaine de notre existence que nous pensons le plus faussement : nous ne cessons d'utiliser des catégories totalisantes (peuple, volonté générale, souveraineté populaire), des récits mystificateurs (le contrat social, la démocratie délibérative) ou encore des notions abstraites (le législateur, le corps politique, le citoyen) dont nous reconnaissons la plupart du temps le caractère fictif, tout en affirmant la nécessité d'y recourir.
Mais pour quelles raisons faudrait-il adosser la pensée politique à des fictions ? À quoi voulons-nous échapper de cette manière ? Et surtout, que se passe-t-il sitôt que nous rompons avec ces modes de pensée et regardons la réalité telle qu'elle est ?
Geoffroy de Lagasnerie propose d'élaborer une conception réaliste de l'État, de la Loi et de notre expérience comme sujets. Il pose les principes d'une théorie qu'il appelle « réductionniste », qui conduit à faire vaciller les oppositions qui structurent toute l'histoire de la philosophie politique entre démocratie et colonie, force légitime et violence illégitime, État de droit et exception ou arbitraire, crime politique et délinquance ordinaire, etc.
Un ouvrage qui renouvelle profondément les cadres de la théorie politique.
Geoffroy de Lagasnerie est philosophe et sociologue. Il est professeur à l'École nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy. -
Dictionnaire de la psychanalyse
Elisabeth Roudinesco, Michel Plon
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 25 Janvier 2023
- 9782213724645
Élisabeth Roudinesco et Michel Plon
Dictionnaire de la psychanalyse
Riche de plus de six cents entrées, ouvrage de référence pour les professionnels et les étudiants comme pour le grand public, ce volume est le premier dictionnaire international qui traite de la psychanalyse sous tous ses aspects avec une approche à la fois historique, théorique et pratique : concepts, acteurs (théoriciens, praticiens, cas cliniques, intellectuels et artistes liés à son histoire), écoles et courants, maladies, techniques de cure, autres thérapies psychiques, histoire par pays, etc.
De très nombreux renvois, une bibliographie à chaque entrée, une chronologie de l'histoire de la psychanalyse dans le monde depuis ses origines et un index complètent cet impressionnant corpus, qui a été entièrement revu et mis à jour pour cette édition.
Nouvelle édition. -
Notre humanité ; d'Aristote aux neurosciences
Francis Wolff
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 20 Octobre 2010
- 9782213661230
On avait prédit la mort de l'homme : cette prophétie se réalise sous nos yeux avec l'apparition de l'« homme neuronal » tel qu'il est décrit par la biologie évolutionniste ou les sciences cognitives. En changeant de paradigme scientifique, on a aussi changé d'humanité. Or la réponse à la question « qu'est-ce que l'homme ? » a des conséquences pratiques : notre façon de soigner les autistes ou les anorexiques, d'éduquer les enfants, de réprimer les délinquants, ou encore de traiter les animaux en dépend. Il s'agit donc à la fois de chercher les raisons de l'épuisement de l'humanisme et d'en mesurer les effets par le biais d'une comparaison de quatre « figures » de l'homme, liées à quatre moments de l'histoire des sciences : l'Antiquité, l'âge classique, les Temps modernes, l'époque contemporaine. Dans un style limpide, Francis Wolff montre comment ces différents concepts de l'homme ont à chaque fois quitté le champ scientifique pour devenir la source de normes morales, et finalement déterminer autant de visions intemporelles de l'humanité. Ainsi, sous l'oeil des nouvelles sciences du vivant, l'homme neuronal se dissout en une machine pensante ou un animal libéral. Dès lors, entre post-humanisme et animalisme, quelle humanité est possible aujourd'hui ? En revisitant l'histoire de la philosophie, Francis Wolff plaide pour un retour à un humanisme universaliste.
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Plaidoyer pour l'universel
Francis Wolff
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 25 Septembre 2019
- 9782213714325
Jamais nous n'avons été aussi conscients de former une seule humanité. Nous nous savons tous exposés aux mêmes risques : changement climatique, crise économique et écologique, épidémies, terrorismes, etc. Mais alors qu'elle s'impose dans les consciences, l'unité de l'humanité recule dans les représentations : revendications identitaires, nationalismes, xénophobies, radicalités religieuses. L'universel est accusé de toutes parts : il serait oublieux des particularismes et des différences, en somme il serait trop universel. Ou il ne le serait pas assez, il ne serait que le masque du plus fort : du patriarcat (tous les hommes, mais pas les femmes), de l'Occident (tous les hommes, mais seulement les Blancs), ou de l'anthropocentrisme (tous les hommes, mais pas les animaux).
Contre ces replis, il faut que les idées universalistes retrouvent leur puissance mobilisatrice et critique. Contre la dictature des émotions et des opinions, défendre la raison scientifique. Contre l'empire des identités, refonder une éthique de l'égalité et de la réciprocité.
Sur quoi peut aujourd'hui reposer cet héritage des Lumières ? Ni sur un Dieu, ni sur la Nature, car ils prouvent tout et son contraire. Il faut s'y résoudre : l'humanité est seule source de valeurs. Pour autant, nous ne sommes pas condamnés au relativisme. Car l'humanité, ce n'est pas seulement l'ensemble des êtres humains,
c'est aussi la qualité présente en chacun de nous et qui nous lie aux autres : non pas la capacité de communiquer qui est aussi propre à d'autres espèces, ni l'aptitude à raisonner que possèdent certaines machines, mais la faculté de raisonner en communiquant, autrement dit de dialoguer.
Philosophe et professeur émérite à l'École normale supérieure (Paris), Francis Wolff est notamment l'auteur, chez Fayard, de Philosophie de la corrida (2007), Notre humanité (2010), Pourquoi la musique ? (2015), Il n'y a pas d'amour parfait (2016, prix Bristol des Lumières 2016 et prix lycéen du livre de philosophie 2018) et Trois utopies contemporaines (2017). -
Pendant plusieurs années, Geoffroy de Lagasnerie s'est rendu à la cour d'assises de Paris. Il a vu être jugés et condamnés des individus accusés de braquage, d'attentat, d'assassinat, de coups mortels, de viol. À partir de cette expérience, il propose une réflexion sur l'État pénal, le pouvoir et la violence.
Nos manières de rendre la Justice s'inscrivent dans un système général et a priori paradoxal : pour juger, les procès construisent une narration individualisante des acteurs et des causes de leurs actes ; mais, pour réprimer, ils transforment chaque action interindividuelle en agression contre la « société » ou contre l'« État ».
Comment comprendre ce système du jugement et de la répression et ce jeu des catégories pénales ? La Loi est souvent présentée comme instaurant le règne de la raison contre les réactions passionnelles. Ne produit-elle pas en réalité des effets de dépossession et du traumatisme ? À quelles conditions une sociologie critique pourrait-elle nous donner les moyens d'imaginer un droit moins violent, un État moins souverain et une justice plus démocratique ?En mêlant récits et analyses théoriques, Geoffroy de Lagasnerie montre que l'institution judiciaire ne forme pas seulement une réponse à la délinquance. La scène du tribunal, où un individu est forcé de comparaître devant des juges, est un miroir grossissant de notre appartenance à l'État. Si bien que, au bout du compte, cet ouvrage offre une exploration de notre condition de sujet politique.
Geoffroy de Lagasnerie, philosophe et sociologue, est professeur à l'École nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy. Il est l'auteur notamment de L'Art de la révolte. Snowden, Assange, Manning (Fayard, 2015), La Dernière Leçon de Michel Foucault (Fayard, 2012), Logique de la création (Fayard, 2011). -
Principes d'une pensée critique
Didier Eribon
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 11 Mai 2016
- 9782213703046
De Réflexions sur la question gay à Retour à Reims et à La Société comme verdict, Didier Eribon a placé au centre de son oeuvre plusieurs thèmes essentiels : la formation du sujet, l'inconscient et l'auto-analyse ; le système scolaire, les classes et les identités sociales ; les catégories de la politique et les mouvements sociaux ; la tradition critique... Les essais qui composent ce volume explicitent et systématisent le projet situé au fondement de ces investigations : celui d'élaborer une théorie radicalement historique et sociale des subjectivités individuelles et des groupes, de la logique de la domination et de la résistance.
Mêlant références théoriques et littéraires, cet ouvrage affronte et déploie toutes les implications d'une pensée réellement sociologique et politique. Il renouvelle ainsi la réflexion sur un ensemble de questions qui sont au coeur du débat à l'échelle internationale et se proposant de définir les conditions d'une pensée critique.
Didier Eribon est philosophe et sociologue, professeur à l'université d'Amiens. Il est l'auteur de nombreux livres, parmi lesquels Réflexions sur la question gay (Fayard, 1999), Une morale du minoritaire (Fayard, 2001), Retour à Reims (Fayard, 2009) et La Société comme verdict (Fayard, 2013). -
Mon corps, ce désir, cette loi : réflexions sur la politique de la sexualité
Geoffroy de Lagasnerie
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 13 Octobre 2021
- 9782213723242
Et s'il fallait aujourd'hui s'appuyer sur de tout autres principes pour penser la sexualité et la lutte contre les violences sexuelles ?
C'est ce que propose Geoffroy de Lagasnerie dans ce texte qui se donne pour projet de transformer l'espace de la discussion sur les principaux enjeux de la politique de la sexualité : la domination sexuelle, le consentement, la zone grise, l'emprise, l'impunité, la parole des victimes...
Un livre qui pose les bases d'une conception renouvelée, pluraliste, libératrice et non répressive du corps, du désir et de la loi. -
La place de Dieu : religion et politique chez les modernes
Bruno Karsenti
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 4 Octobre 2023
- 9782213728223
Ce que Dieu ou l'idée de Dieu est actuellement capable de déclencher provoque dans l'opinion éclairée de l'effroi. Face aux violences de l'époque qui s'en réclament, elle réagit par conjuration, affirmant soit qu'il n'y a pas de Dieu, soit que Dieu ne s'y trouve pas. Pour elle, la place de Dieu n'est pas dans la politique : le théologique et le politique n'ont en aucun cas partie liée.
Ce livre prend un autre point de vue. Il cherche à fournir une parade à notre désemparement sans esquiver le problème théologico-politique contemporain, en le traduisant en termes socio-politiques. Pour cela, il ne fixe pas une fois pour toutes la place de Dieu - dans ou hors de la politique - mais suit les variations de son tracé au sein des sociétés modernes selon le sens de la justice qui les anime. Cette généalogie des nouages entre Dieu et l'idée moderne de justice a pour enjeu de retrouver une prise là où, aujourd'hui, nous vacillons le plus.
Philosophe, Bruno Karsenti est directeur d'études à l'EHESS. Il est notamment l'auteur de L'Homme total, Sociologie, anthropologie et philosophie chez Marcel Mauss (PUF, 1997) ; D'une philosophie à l'autre. Les sciences sociales et la politique des modernes (Gallimard, 2013) ; et La question juive des modernes. Philosophie de l'émancipation (PUF, 2017). -
Pourquoi la psychanalyse ?
Elisabeth Roudinesco
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 1 Septembre 1999
- 9782213657318
Pourquoi consacrer tant de temps à la cure par la parole quand les médicaments, parce qu'ils agissent directement sur les symptômes des maladies nerveuses et mentales, donnent les résultats plus rapides ? Les théoriciens du cerveau machine n'ont-ils pas en outre réduit en cendre les chimériques constructions freudiennes ? Dans ces conditions, la psychanalyse a-t-elle un avenir ?
C'est à ces trois questions qu'Elisabeth Roudinesco répond dans cet essai combatif, informé, résolument critique des prétentions contemporaines à convertir la science en religion et à regarder l'homme comme un automate.
Les médicaments ? Chacun sait que la France fait grande consommation de psychotropes pour soigner l'angoisse, la dépression, la folie, les névroses, et on ne saurait nier leur efficacité. Faut-il pour autant réduire la pensée à un neurone et confondre le désir avec une sécrétion chimique ?
Historienne, directeur de recherches à l'université de Paris-VII, vice-présidente de la Société internationale d'histoire le la psychiatrie et de la psychanalyse, Elisabeth Roudinesco a publié ses derniers livres chez Fayard. Notamment : Jacques Lacan, Esquisse d'une vie, histoire d'un système de pensée (1993), Histoire de la psychanalyse en France, 2 vol. (rééd.1994), Généalogies (1994), et, avec Michel Plon, Dictionnaire de la psychanalyse (1997). -
La force de la non-violence
Judith Butler
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 20 Octobre 2021
- 9782213719009
Alors que le recours à la violence est souvent présenté comme le mode de résistance le plus radical, Judith Butler propose de régénérer la non-violence comme idéal. La non-violence, ce n'est pas la passivité ni le renoncement à l'action. Ce n'est pas le pacifisme naïf ni l'aspiration inconséquente à une forme de pureté morale. Ce serait plutôt une entreprise politique agressive de rupture avec le monde et ses propres impulsions.
Défendre la non-violence comme idéal, serait-ce idéaliste ? Pour Judith Butler, la non-violence est au contraire nécessaire dans des temps comme les nôtres, quand ceux qui prennent position pour la violence reproduisent les cadres et les pratiques institués.
Judith Butler propose ainsi de constituer la non-violence comme nouvel imaginaire politique. À travers ses discussions de Fanon, Freud, Benjamin, Arendt, Foucault..., elle entreprend de fonder une éthique politique sur les notions d'interdépendance, d'égalité et d'anti-individualisme.
Ce livre s'est imposé dès sa parution comme un classique de la théorie politique contemporaine. -
La famille en désordre
Elisabeth Roudinesco
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 2 Octobre 2002
- 9782213656878
Déconstruite, recomposée, monoparentale, homoparentale artificiellement engendrée, la famille occidentale est aujourd'hui soumise à un grand désordre d'où découleraient, nous explique-t-on, bien des catastrophes : les enfants violeurs et violés, les professeurs malmenés, les banlieues livrées à la délinquance. Notre époque génère ainsi une profonde angoisse : désorientée par la perte d'autorité du père, mutilée par la libéralisation des moeurs, bousculée par la précarité propre à l'économie moderne, la famille nous apparaît de moins en moins capable de transmettre les valeurs qu'elle a longtemps incarnées. Or, jamais en même temps elle n'a été autant revendiquée comme le lieu par excellence de l'épanouissement individuel.
Puisque le père n'est plus le père, que les femmes maîtrisent la procréation et que les homosexuels ont la possibilité de se faire une place dans le processus de la filiation, la famille n'est-elle pas finalement condamnée et avec elle la possibilité pour chacun de nous de se construire comme sujet ?
C'est à comprendre l'origine de ce désordre, à percer le secret de ces troubles et à imaginer l'avenir qu'est consacré ce livre.
Historienne, chargée de conférences à l'Ecole pratique des hautes études (IVe section), Elisabeth Roudinesco a publié ses derniers livres chez Fayard. Notamment : Jacques Lacan. Esquisse d'une vie, histoire d'un système de pensée (1993), Histoire de la psychanalyse en France, 2 vol. (rééd. 1994), Dictionnaire de la psychanalyse (en coll. avec Michel Plon, 1997 et 2000), et, avec Jacques Derrida, De quoi demain...Dialogue (2001). -
Le silence des bêtes ; la philosophie à l'épreuve de l'animalité
Elisabeth de Fontenay
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 23 Septembre 1998
- 9782213638751
L'Antiquité fut en quelque sorte un âge d'or pour les bêtes. Car si les hommes offraient des animaux en sacrifice à Dieu, aux dieux, ils s'accordaient sur leur statut d'êtres animés et avaient pour elles de la considération. Certes, bien des questions demeuraient ouvertes, et les philosophes de ce temps ne manquèrent pas de s'entredéchirer en tentant d'y répondre. Les animaux pensent-ils ? Sont-ils doués de raison ? Ont-ils la même sensibilité que nous ? Faut-il s'interdire de les manger ? Mais pourquoi donc restent-ils silencieux ?
Depuis que Dieu s'est fait homme, que le Christ s'est offert en sacrifice tel un agneau, c'est-à-dire depuis l'ère chrétienne, la condition de l'animal a radicalement changé. Désormais les philosophes se préoccupent surtout de verrouiller le propre de l'homme et de ressasser les traits qui le différencient des autres vivants, lesquels sont considérés comme des êtres négligeables : tenus pour des machines (Descartes) et à l'occasion comparés à des pommes de terre (Kant).
Des hommes d'esprit et de coeur font bien sûr exception, au XVIIIe siècle surtout. A leur suite, Michelet dénoncera prophétiquement l'injustice faite aux animaux et annoncera que c'est compromettre la démocratie que de les persécuter.
Au XXe siècle, une certaine littérature vient renforcer de nouveaux courants philosophiques pour rappeler que la manière dont nous regardons les bêtes n'est pas sans rapport avec la façon dont sont traités quelques-uns d'entre nous, ceux que l'on déshumanise par le racisme, ceux qui, du fait de l'infirmité, de la maladie, de la vieillesse, du trouble mental, ne sont pas conformes à l'idéal dominant de la conscience de soi.
Ce livre expose avec clarté la façon dont les diverses traditions philosophiques occidentales, des Présocratiques à Derrida, ont abordé l'énigme de l'animalité, révélant par la même le regard que chacune d'elle porte sur l'humanité. C'est pourquoi on peut le lire aussi comme une autre histoire de la philosophie.
Elisabeth de Fontenay enseigne la philosophie à l'université de Paris-I. Elle a notamment publié les Figures juives de Marx (1973), Diderot ou le matérialisme enchanté (1981). -
Tout au long de son oeuvre, depuis Réflexions sur la question gay, en 1999, jusqu'à Principes d'une pensée critique, en 2016, mais déjà dans l'ouvrage biographique qu'il a consacré à Michel Foucault en 1989, Didier Eribon s'est attaché à élaborer une théorie historique, sociale et politique de la subjectivité : il s'agit de comprendre comment les individus et les groupes sont produits comme des sujets assujettis par de multiples formes de domination, ce qu'il appelle les « verdicts sociaux », et comment ils peuvent résister aux pouvoirs et travailler à la transformation sociale.
Une telle démarche ne saurait se développer en se tenant simplement à l'écart de la doctrine psychanalytique. Elle doit entrer en conflit avec celle-ci, et mettre en question non seulement ses velléités normatives et ses tentations autoritaires, qui sont inscrites dans sa logique même, mais aussi son architecture notionnelle et sa conception du psychisme et de l'inconscient.
C'est à cet effort pour « échapper à la psychanalyse » que sont consacrés les essais rassemblés dans ce volume.
Didier Eribon est philosophe et sociologue. Il est l'auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels Réflexions sur la question gay (Fayard, 1999, et Champs-Flammarion, 2012), Une morale du minoritaire (Fayard, 2001, et Champs-Flammarion, 2015), Retour à Reims (Fayard, 2009, et Champs-Flammarion, 2010), La Société comme verdict (Fayard, 2013, et Champs-Flammarion, 2014), Principes d'une pensée critique (Fayard, 2016, et Pluriel, 2019). -
Trois utopies contemporaines
Francis Wolff
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 25 Octobre 2017
- 9782213707952
Nous avons perdu les deux repères qui permettaient autrefois de nous définir entre les dieux et les bêtes. Nous ne savons plus qui nous sommes, nous autres humains. De nouvelles utopies en naissent. D'un côté, le post-humanisme prétend nier notre animalité et faire de nous des dieux promis à l'immortalité par les vertus de la technique. D'un autre côté, l'animalisme veut faire de nous des animaux comme les autres et inviter les autres animaux à faire partie de notre communauté morale.
Alors forgeons une nouvelle utopie à notre mesure. Ne cherchons plus à nier les frontières naturelles - celles qui nous séparent des dieux ou des animaux - et défendons un humanisme conséquent, c'est-à-dire un cosmopolitisme sans frontières. -
Philosophes dans la tourmente
Elisabeth Roudinesco
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 19 Octobre 2005
- 9782213656212
J'ai choisi de rendre hommage à six philosophes français - Canguilhem, Sartre, Foucault, Althusser, Deleuze et Derrida - dont l'oeuvre est connue et commentée dans le monde entier, et qui ont eu pour point commun, à travers leurs divergences, leurs disputes et leurs élans complices, de s'être confrontés, de façon critique, non seulement à la question de l'engagement politique mais à la conception freudienne de l'inconscient. Ils furent tous des stylistes de la langue, passionnés d'art et de littérature.
C'est bien parce qu'une telle confrontation est inscrite dans leurs oeuvres et dans leur vie qu'ils peuvent être réunis ici. Ils ont tous refusé, au prix de ce que j'appellerai une traversée de la tourmente, d'être les serviteurs d'une normalisation de l'homme, laquelle, dans sa version la plus expérimentale, n'est qu'une idéologie de la soumission au service de la barbarie.
Loin de commémorer leur gloire ancienne ou de m'attacher avec nostalgie à une simple relecture de leurs oeuvres, j'ai tenté de montrer, en faisant travailler la pensée des uns à travers celle des autres, et en privilégiant quelques moments fulgurants de l'histoire de la vie intellectuelle française de la deuxième moitié du XX siècle, que seule l'acceptation critique d'un héritage permet de penser par soi-même et d'inventer une pensée à venir, une pensée pour des temps meilleurs, une pensée de l'insoumission, nécessairement infidèle.
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Rassemblement ; pluralité, performativité et politique
Judith Butler
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 2 Novembre 2016
- 9782213702759
L'actualité politique récente a été marquée par le surgissement à l'échelle internationale de grands rassemblements populaires : Occupy, les Indignés, les printemps arabes...
C'est l'occasion pour Judith Butler de s'interroger sur les dynamiques des manifestations publiques, sur leurs conditions et leurs implications politiques. Que signifie se rassembler ? Quelles sont les forces qui empêchent ou rendent possible une telle action plurielle ? Quelle est la nature démocratique d'un tel mouvement ? Et son efficacité ?
Pour répondre à ces questions, Judith Butler est amenée à redéfinir la théorie de la performativité. Elle montre comment celle-ci permet de comprendre autrement l'action concertée des corps. Quand des corps se rassemblent, ils sont dotés d'une expression politique qui ne se réduit pas aux revendications ou aux discours tenus par les acteurs.
La mobilisation manifeste des corps à la fois qui luttent contre la précarité (notamment néolibérale) mais aussi qui utilisent cette précarité comme une force mobilisatrice et un point de départ pour l'action. En mettant en oeuvre une forme radicale de solidarité qui s'oppose aux forces économiques et politiques, une nouvelle signification de l'« espace public » et du « peuple » émerge alors, qui conduit à repenser les principaux concepts de la théorie et de l'action politiques.
Judith Butler est philosophe, professeure à l'Université de Californie à Berkeley. Elle est notamment l'auteure de Trouble dans le genre (La Découverte, 2005), Ce qui fait une vie (Zones, 2010), et Vers la cohabitation (Fayard, 2013). -
Les vies de Guy Hocquenghem ; politique, sexualité, culture
Antoine Idier
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 18 Janvier 2017
- 9782213703534
Militant, journaliste, théoricien et écrivain, Guy Hocquenghem (1946-1988) a été une figure majeure de la gauche radicale française. Homosexuel, il s'est pensé comme un minoritaire et n'a eu de cesse de faire vivre pensée critique et contestation des pouvoirs établis.
Ce livre retrace les différentes étapes de sa trajectoire. Mais surtout, à partir de là, et à l'aide d'un très impressionnant travail d'archives et d'entretiens, il reconstitue tout un pan de l'histoire des années 1960 aux années 1980 en France : les mouvements sexuels et minoritaires, la gauche et l'extrême gauche, la presse, le champ littéraire, l'université, le surgissement du sida. Antoine Idier dépeint les mouvements politiques, intellectuels et culturels de l'après-1968, le « gauchisme » et le Front homosexuel d'action révolutionnaire, l'université de Vincennes et le journal Libération, la révolution conservatrice des années 1980.
L'ouvrage aborde des problèmes qui se trouvent toujours au centre du débat : les dynamiques des mouvements sociaux, les catégories de la politique et de la sexualité, les usages de la psychanalyse et du marxisme, l'écriture contestataire - mais aussi l'histoire et la biographie. En somme, il propose une réponse à ce qui reste une énigme : que s'est-il passé en mai 1968 et dans l'après-mai ? Quel héritage en tirer aujourd'hui pour réinventer nos formes de la pensée et de la politique ?
Antoine Idier est sociologue et historien des idées. Il est directeur des études et de la recherche à l'École nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy. Il a notamment publié Les Alinéas au placard. L'abrogation du délit d'homosexualité (1977-1982) aux éditions Cartouche (2013). -
Le monde à la première personne : entretien avec André Comte-Sponville
Francis Wolff
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 22 Septembre 2021
- 9782213719283
Demeurer fidèle à la singularité et à la richesse de l'expérience humaine en y introduisant le plus de raison possible, telle est la tâche première de la philosophie. De livre en livre, depuis près de trente ans, Francis Wolff s'attelle sereinement à élaborer une philosophie au sens classique du terme, ni une simple exégèse des Classiques ni la déconstruction des systèmes. Une philosophie qui englobe une métaphysique, une théorie de la connaissance, une définition de l'être humain et toutes leurs conséquences morales, politiques et esthétiques.
Dans ce dialogue passionnant, amical et sans concession avec André Comte-Sponville, Francis Wolff invite à une traversée de son oeuvre dans un style accessible et allègre. Il montre les liens qui unissent sa vision du monde à son esthétique (l'universalité de la musique, des images et des récits), en passant par l'anthropologie (l'homme, « animal dialogique »), l'éthique (l'existence de la liberté et l'objectivité du bien) et la politique (de la démocratie au cosmopolitisme).
Donnant corps à une philosophie généreuse et résolument contemporaine, le livre dévoile un autoportrait attachant ainsi qu'un itinéraire familial singulier croisant une des grandes tragédies du siècle dernier.
André Comte-Sponville note dans son Avant-Propos : « Je ne connais pas, à notre époque et dans notre pays, de philosophe dont la pensée soit plus forte, plus savante et plus rigoureuse que la sienne. » -
Ainsi se meuvent les vampires : essai sur la variation du sens
Arnaud Esquerre
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 12 Octobre 2022
- 9782213718569
Qu'est-ce qu'un vampire ? Alors qu'on imagine volontiers un Dracula se nourrissant du sang des vivants, le sociologue Arnaud Esquerre donne à voir un tout autre visage, beaucoup plus complexe, de ces êtres entre la mort et la vie. On apprend ainsi qu'ils ont un lieu et une date de naissance : en Europe, au XVIII e siècle. Ils commencent alors à peupler les discours, qu'on soutienne ou nie leur existence. Au fil du temps, les vampires vont désigner aussi bien une variété de chauve-souris qu'un personnage à succès de la littérature (de Lord Byron à Bram Stoker) ; une catégorie médicale cherchant à rendre compte des cas de nécrophilie ; ou, pour Karl Marx, les capitalistes ; ou encore les protagonistes d'un film comique comme dans Le Bal des vampires.
Nous sommes ainsi mis sur la trace des vampires, les suivant dans des sources aussi diverses qu'inattendues, des archives médicales à la série True Blood, en passant par les écrits de naturalistes. Cette enquête décrit la destinée d'un mot inven[1]té et utilisé sinon pour résoudre, du moins pour affronter, une contradiction commune à tous les êtres humains : comment vit-on avec le fait de mourir ?
Arnaud Esquerre est sociologue, et directeur de recherche au CNRS. Il a récemment publié Interdire de voir (Fayard, 2019) et, avec Luc Boltanski, Qu'est-ce que l'actualité politique ? (Gallimard, 2022).