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La raison lexicographique : Découverte des langues et origine de l'anthropologie
Alexandre Surralles
- Fayard
- Ouvertures
- 25 Octobre 2023
- 9782213724584
À partir du début du xvie siècle, les dictionnaires bilingues connaissent une expansion vertigineuse : plusieurs centaines d'ouvrages cherchent à couvrir des langues non européennes. De quelle révolution témoignent ces nouveaux outils de connaissance entre les mains des savants et des diplomates ? Indiquent-ils l'émergence d'une vision sociale et historique du langage, ou poursuivent-ils une mise en ordre ontologique du monde ?
Parallèlement à l'expansion coloniale du Vieux Continent, la recherche d'une trame langagière commune supplée à l'effritement de la conception biblique d'une langue originelle. Face à l'extraordinaire diversité des langues amérindiennes, les Européens créent avec les dictionnaires un espace de traduction qui assigne une correspondance entre leurs catégories fondamentales, telles que « personne », « humain », « dieu », « corps » ou « âme », et des termes autochtones qui n'en sont pourtant pas les équivalents.
En explorant les failles de l'univers créé par cette « raison lexicographique », il devient possible de saisir des formes de construction du monde que l'ontologie du langage, profondément ancrée dans la tradition de la pensée européenne, avait effacées.
Alexandre Surrallés est anthropologue. Directeur d'études à l'EHESS et directeur de recherche au CNRS, spécialiste de l'Amazonie, il dirige l'équipe de recherche « Affectivité, perception, sensation : le corps agissant » au Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France. Il est l'auteur de Au coeur du sens. Perception, affectivité, action chez les Candoshi (Éditions de la Maison des sciences de l'homme et CNRS éditions, 2003). -
Dans le sillage du Vocabulaire européen des philosophies, Dictionnaire des intraduisibles, paradoxalement traduit ou en cours de traduction dans une dizaine de langues, Barbara Cassin propose sur la traduction un point de vue peu banal. Se méfiant de l'Un et de l'universel du Logos, elle se sert de l'outil sophistique pour faire l'éloge de ce que le logos appelle « barbarie », des intraduisibles, de l'homonymie. Pour combattre l'exclusion, cette pathologie de l'universel qui est toujours l'universel de quelqu'un, elle propose un relativisme conséquent - non pas le binaire du vrai/faux, mais le comparatif du « meilleur pour ». Elle montre que la traduction est un savoir-faire avec les différences, politique par excellence, à même de constituer le nouveau paradigme des sciences humaines. Parce qu'elles compliquent l'universel, dont le globish, langue mondiale de communication et d'évaluation, est un triste avatar, les humanités sont aujourd'hui passées de la réaction à la résistance.
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« Le vif intérêt rétrospectif des séminaires de la fin des années 1980 et du tout début des années 1990, y compris pour moi-même, est d'y lire non seulement la présence de L'être et l'événement, mais la façon dont il affecte mon enseignement, comme si ce dernier était désormais consacré à la présentation, défense et illustration d'un livre, par une sorte de guérilla latérale.
Ce qui traverse tout cela est la critique de la catégorie d'objet, portée au point où le but de l'analyse est de valider le concept d'un sujet sans objet. Tel doit être en effet, et c'est ce qui justifie le titre finalement donné à ce séminaire, le sujet dont toute vérité se soutient. »
A.B. -
Res publica ; histoire romaine de la chose publique
Claudia Moatti
- Fayard
- Ouvertures
- 25 Avril 2018
- 9782213708041
Qu'est-ce qu'une république ? Pour répondre à cette question d'actualité, il faut plonger au coeurde la Rome antique.
Ce livre est le premier à étudier la notion de res publica, à questionner son incomplétude - peut-être même son vide occasionnel - et ses processus de formalisation ; à l'étudier dans toute son extension problématique et chronologique : il explore les questions et les enjeux conflictuels qui ont donné à ces deux mots, et par extension à celui de république, une épaisseur remarquable au point de les rendre intraduisibles.
Une telle démarche, nécessairement historique et philosophique, se déprend de l'approche classique qui, à la recherche de quelque essence originelle, postule un « républicanisme » antique déduit des concepts modernes.
Il s'agit tout au contraire d'une vaste enquête sur la façon dont les Romains appréhendèrent et utilisèrent la res publica à différents moments de leur histoire. On comprend alors pourquoi l'expérience romaine, fondamentalement inégalitaire, garde jusqu'ici une telle force d'attraction pour qui tente de penser la chose publique.
Claudia Moatti est professeure d'histoire romaine à l'Université de Paris 8 et à l'University of Southern California. Ses recherches portent, principalement, sur l'histoire politique et les transformations intellectuelles de la Rome antique et sur la capacité des États méditerranéens à contrôler leurs territoires et le mouvement des hommes. -
Ibn Rochd ? Averroès ? Le médecin-philosophe andalou n'a jamais cessé de muter et ressusciter. Né à Cordoue en 1198, il est mort en exil à Marrakech. Sa dépouille et ses manuscrits ont été exhumés et acheminés trois mois plus tard de Marrakech à Cordoue. Plus de vingt ans après, il a été rebaptisé à Paris du nom d'Averroès. Depuis, il a été ouvertement diabolisé par les théologiens puis secrètement réhabilité par les philosophes. Ce n'est qu'au xixe siècle que certaines de ses oeuvres, écrites en hébreu et en latin, ont été retraduites en arabe. Au siècle dernier, redécouvert par libéraux et marxistes arabes, il est considéré comme subversif ou confiné dans des cercles d'initiés.
Dans ce récit plus vrai que vrai, Adib, professeur de philosophie dans un lycée de Casablanca, chroniqueur radio, tente avec panache de faire redécouvrir au public la voix de cet humaniste musulman. En toute maîtrise de l'anachronisme constitutif de notre temps, effaçant les frontières entre les personnages du xiie siècle et ceux du xxie, Driss Ksikes nous montre combien un homme libre d'esprit se sent encore à l'étroit chez lui. Parce que philosophe ?
Driss Ksikes est écrivain et dramaturge. Il est chercheur en média et culture et dirige le centre de recherche Economia. Il vit et travaille à Rabat. -
Homme, femme, philosophie
Alain Badiou, Barbara Cassin
- Fayard
- Ouvertures
- 9 Octobre 2019
- 9782213714615
Alain Badiou est platonicien (plutôt platonicien),
Barbara Cassin est sophiste (plutôt sophiste).
Cela a-t-il quelque chose à voir avec le fait qu'il soit un homme et qu'elle soit une femme ?
Telle est la question que nous nous posons depuis longtemps.
Depuis que nous nous connaissons en somme, et que nous avons commencé à travailler ensemble comme directeurs de collection.
À un moment donné, nous avons pris cette question à bras-le-corps.
C'est venu, peut-être, d'une remarque à notre propos disant que, un platonicien avec un(e) sophiste, cet attelage qui ne laissait rien échapper devenait pour de bon dangereux. Nous avons ri, et réfléchi.
D'abord, nous avons échangé des lettres, jouant avec le plaisir d'une correspondance sporadique, parfois rauque, pendant trois ans. Au beau milieu de quoi nous avons décidé de faire un séminaire commun ailleurs, loin de nos bases : à Johns Hopkins. On nous a obligés à répondre sans arrière-monde, Alain Badiou en mathématicien-platonicien, Barbara Cassin en philologue-sophiste.
À bras-le-corps donc, mais encore latéralement comme on voit. Nous avons alors ressenti la nécessité d'exhiber les éléments clefs à quoi tiennent nos positions, ce qui philosophiquement nous tient. Puis nous avons déroulé les conséquences strictes de ces solidités quant à l'idée que nous nous faisons du rapport homme femme.
Au moment de conclure, nous nous sommes demandé ensemble pourquoi nous choisissions la Grèce. -
Platon - Nietzsche ; l'autre manière de philosopher
Monique Dixsaut
- Fayard
- Ouvertures
- 4 Novembre 2015
- 9782213685106
« Lire les Dialogues de Platon avec en tête les questions soulevées par Nietzsche m'a fait saisir en eux une force et une étrangeté usées par des myriades d'interprétations. Vérifier combien Nietzsche platonise" m'a permis de percevoir une pensée qui, par-delà Oui et Non, accumule hypothèses et points d'interrogation. Ce livre tente d'expliciter une évidence jusque-là souterraine : la parenté existant entre leurs manières de philosopher. Qui réduit leurs philosophies à un ensemble de doctrines peut seulement voir ce qui les oppose : pensée du devenir contre métaphysique de l'être, interprétation contre recherche dialectique de la vérité, corps pensant contre corps tombeau, la liste n'est pas close. Pour mettre en question ces oppositions, il fallait rappeler que penser est pour eux une aventure, une pluralité d'expériences joyeuses ou pénibles ouvrant sur des chemins à explorer. La méthode du contrepoint rigoureux, superposition de deux lignes mélodiques qui n'exclut pas les dissonances, était donc la plus indiquée. La mise en regard de leurs textes fait certes apparaître des renversements, mais surtout des échos ou des chiasmes.Le Socrate musicien" qu'était Platon et le Dionysos philosophos" dont Nietzsche se disait le disciple sont les figures croisées d'un philosophe que l'un invente et l'autre réinvente - d'un philosophe qui, ni métaphysicien ni anti-métaphysicien, est capable d'interroger impitoyablement comme de chanter au-dessus de la vie. Cette autre manière de philosopher est, peut être, ce dont la philosophie a aujourd'hui besoin. »M. D.
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Faut-il accepter comme une loi de la raison que le réel exige en toutes circonstances une soumission plutôt qu'une invention ? Le réel est toujours ce qui se découvre au prix que le semblant qui nous subjugue soit arraché. Aujourd'hui, nous devons être convaincus qu'en dépit des deuils que la pensée nous impose, chercher ce qu'il y a de réel dans le réel peut être, est, une passion joyeuse.Professeur émérite à l'École normale supérieure, Alain Badiou est philosophe, dramaturge et romancier.
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On a raison de se révolter ; l'actualité de mai 68
Alain Badiou
- Fayard
- Ouvertures
- 2 Mai 2018
- 9782213710891
« Il faut en finir avec les visions stéréotypées de Mai 68, qui vont à coup sûr nourrir les célébrations comme les vitupérations, les nostalgies comme les procès de ce mois symbolique à l'occasion de son cinquantenaire.
Au fond, en Mai 68, ce qui nous animait, ce qui nous enthousiasmait, était la conviction qu'il fallait en finir avec les places sociales, que le renversement de l'impitoyable, de la sordide hiérarchie des fortunes, des libertés et des pouvoirs était politiquement possible, à travers un type inédit de prise de parole et la recherche tâtonnante de formes d'organisation adéquates à la nouveauté de l'événement.
Si nous portons toutes les leçons de Mai 68 au coeur du monde vivant, nous pourrons, oui, mais seulement sous ces conditions, redire et suivre l'appel de Mao : "On a raison de se révolter." »A. B.Alain Badiou est philosophe, dramaturge et romancier
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Dans le débat contemporain sur l'amour, les références chrétiennes sont courantes, bien que souvent confuses. L'islam est absent du débat, ou assimilé au christianisme. Cette dernière tendance touche le « dialogue interreligieux », qui se nourrit de l'usage quasi-exclusif de sources normatives. En alternative au monologue et au dialogue assimilateur sur l'amour, et en opposition aux fondamentalismes, l'auteur propose un dialogue des traditions chrétienne et musulmane. Il fait entendre deux voix, celle d'Augustin (354-430) et celle de Ghazz l (m. 1111). Il fait apparaître les visions singulières qui s'y expriment, et l'écho qu'elles trouvent dans certaines voix contemporaines. Les textes des deux auteurs sont donnés dans leur langue, le latin et l'arabe, et traduits. Un glossaire permet d'appuyer le dialogue des traditions sur un dialogue des mots. Le lecteur, qui peut mener son propre débat sur l'amour, sera ainsi mieux à même d'envisager, dans le contexte européen, une coexistence des chrétiens et des musulmans fondée sur la reconnaissance de leurs différences.
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Le séminaire ; Nietzsche ; l'antiphilosophie Tome 1 ; 1992-1993
Alain Badiou
- Fayard
- Ouvertures
- 14 Octobre 2015
- 9782213687872
« Le séminaire sur Nietzsche résulte de ce qu'on peut appeler une décision pure, dont le résultat ne s'est pas inscrit dans les grandes scansions livresques de mon entreprise. Il est même resté à part de ses compagnons, les antiphilosophes modernes et antiques. Mais n'est-ce pas son destin, en vérité ? Je l'aime dans la solitude où tout le monde, sectateurs et calomniateurs, suiveurs et hurleurs, interprètes et propagandistes, l'ont toujours laissé. On verra comment, gouverné par cette profonde sympathie, le commentant en détail et l'admirant sans avoir pour autant à lui concéder quoi que ce soit, j'ai pu décerner à Nietzsche, en mon seul nom, le titre suivant : prince pauvre et définitif de l'antiphilosophie. »A. B.
Depuis 1966, une part importante de l'enseignement du philosophe Alain Badiou, aujourd'hui professeur émérite à l'École normale supérieure, a pris la forme d'un séminaire, lieu de libre parole et laboratoire de pensée. Les éditions Fayard publient l'ensemble de ces Séminaires de 1983 à aujourd'hui, période où la documentation est abondante et continue. Ce volume est le sixième de la série. -
Démons et dragons ; les dix-neuf pièces d'Euripide racontées et interprétées
Mayotte Bollack
- Fayard
- Ouvertures
- 25 Janvier 2017
- 9782213699653
Dans un style proche de celui des fables, avec leurs rois, leurs princesses, leurs monstres imaginaires et leur morale, Mayotte Bollack raconte les dix-neuf pièces du poète tragique Euripide que la tradition ancienne nous a transmises.
L'entreprise de paraphrase est une re-création qui transforme le théâtre en récit. Elle s'inscrit dans le projet de l'auteur lui-même, s'il est vrai qu'Euripide a été reconnu comme un maître indépassable du romanesque ; elle double l'auteur, toujours avec distance, elle l'interprète comme il s'est lui-même interprété
Nous sommes d'abord captivés par son invention débridée touchant les mythes grecs : la mythologie, c'est lui. Nous nous émerveillons ensuite de sa liberté dans l'usage des formes dramatiques, et de l'équilibre jubilatoire à chaque fois différent entre tragique et comique. Nous sommes saisis enfin par son engagement politique et intellectuel, qui se manifeste dans l'analyse froide des rapports de pouvoir dans la société. L'auteur le plus populaire du monde ancien, sur une scène comme habitée par des masques qui cachent d'invisibles démons, s'adresse à nous.
Mayotte Bollack, professeur à l'Université de Lille 3, a principalement travaillé sur la poésie latine (Lucrèce, Virgile, Horace). Avec Jean Bollack, elle a traduit plusieurs grandes tragédies grecques, dont OEdipe Roi de Sophocle et Les Bacchantes d'Euripide.
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Le séminaire ; que signifie "changer le monde ?"
Alain Badiou
- Fayard
- Ouvertures
- 26 Avril 2017
- 9782213702773
« Ce séminaire part d'un lieu commun : l'expression "changer le monde", qui a largement enchanté les deux siècles précédents. Dans nos contrées dites "occidentales", riches mais en crise, "démocratiques" mais rongées par le virus identitaire, l'expression "changer le monde" a un double statut. D'un côté, pour autant qu'elle a désigné un vouloir révolutionnaire, elle est tenue pour le nom périmé d'une utopie criminelle. D'un autre côté cependant, on nous enseigne qu'à tout instant le monde change à une vitesse extraordinaire, que nous sommes toujours en retard sur ce changement, et que d'incessantes "réformes" doivent plier les sujets à y consentir. On ne peut qu'en conclure que, dans cette affaire, "changer" est un verbe équivoque. Si tout change, y compris les acteurs, témoins et victimes dudit changement, rien ne peut attester le changement. Si en revanche il existe un repère fixe, un invariant relatif d'où prendre mesure du changement comme changement réel, quel est le statut de cet invariant ? Il faut reprendre entièrement la question du changement réel au-delà de l'antinomie rupture totale ou continuité d'une incessante innovation. Le problème est celui du lieu subjectif, d'où l'on peut concevoir, dans une subtile dynamique de l'immanence et du retrait, ce qu'est un changement orienté. »
A. B. -
Voici la réédition, augmentée d'une longue préface, d'un livre publié en 1969 et devenu introuvable depuis trente ans. Il transcrit deux conférences prévues à l'époque dans un contexte à la fois dense et mondain : le "cours de philosohie pour scientifiques" organisé par Louis Althusser. La première conférence eut bien lieu, en 1968, à la fin du mois d'avril. Deux semaines plus tard, c'était le début de Mai 68, celui-là même auquel notre actuel Président ordonne qu'on mette fin "une fois pour toutes". Nous, jeunes philosophes, sommes alors passés brutalement des raffinements formels de la théorie pure à l'activisme politique le plus radical. Nous servions les structures, il a fallu, et avec quelle détermination, servir le peuple. La deuxième conférence fut annulée.
Entre 1960 et 1968, nous étions en effet "structuralistes", et nous avions une grande dévotion pour la science, que nous opposions à l'idéologie. Il est vraiment paradoxal que depuis, on ait jugé que nous nagions en pleine idéologie, et qu'on ait appelé à "la fin des idéologies". On verra tout le contraire dans ce livre : une grande rigueur instruite concernant la logique contemporaine, un grand mépris pour les à peu près de l'idéologie, et une ambition rationnelle qui s'étend à tous les domaines de la pensée active, politique comprise.
La vérité saute toujours par-dessus les étapes obligées. C'est parce qu'il est vraiment de son temps - le début des années soixante - que ce petit livre peut être du nôtre. Ecrite aujourd'hui, la préface, racontant l'histoire de nos pensées depuis presque un demi-siècle, tente de montrer la pertinence de cette réédition.
Pour les idées profondes, quarante ans, ce n'est que le temps raisonnable d'une latence, pendant laquelle mûrissent les conditions nouvelles de leur efficacité. -
« Ce séminaire de l'année 1984-1985, portant sur l'Infini, est le frère de celui portant sur l'Un, tenu en 1983-1984, et déjà publié. Il s'agit de passer au filtre de la grande histoire de la philosophie quelques concepts majeurs de L'être et l'événement, publié en 1988. L'examen historique des concepts n'a pas pour objectif direct leur incorporation dans ma propre entreprise métaphysique. Je cherche plutôt à saisir la multiplicité des définitions et des constructions, un peu comme qui regarde un objet sous différents angles et exposé à différentes lumières. Au fond, quand on cherche une idée dans l'histoire, ce sont souvent les détails qui importent et parfois unifient des pensées qu'on aurait pu croire opposées. Cela donne à ce séminaire un tour exégétique et raffiné. Mais que le lecteur ne soit pas effrayé : la gymnastique intellectuelle est à la fin plus merveilleuse et plus féconde que l'autre. Et puis, j'ose le dire, je lui ai pas mal mâché le travail ! » A.B.
Depuis 1966, une part importante de l'enseignement du philosophe Alain Badiou, a pris la forme d'un séminaire, lieu de libre parole et laboratoire de pensée. Les éditions Fayard publient l'ensemble de ces Séminaires de 1983 à aujourd'hui, période où la documentation est abondante et continue. Ce volume est le huitième de la série.
Alain Badiou est philosophe, dramaturge et romancier. -
Dracula ou la croisade des Temps modernes ; essai sur la figure de l'étranger
Farhad Khodabandehlou
- Fayard
- Ouvertures
- 15 Mars 2017
- 9782213699424
Voici un thriller philosophique. Le roman mythique de Bram Stoker, Dracula, est déchiffré dans son mot à mot énigmatique et terrorisant comme une anthropologie de l'homme moderne. La trame romanesque est celle d'un double voyage : celui de Harker, le clerc de notaire qui quitte son Angleterre natale pour la Transylvanie afin de régler la vente d'une propriété, et celui du comte Dracula, qui va prendre possession de son bien et se faire anglais. De la civilisation à la sauvagerie et de la sauvagerie à la civilisation, les identités se troublent. Harker et Dracula sont, comme Jekyll et Hyde, les deux faces d'un même sujet moderne. Ce qui affleure ainsi est la rencontre de l'homme civilisé avec lui-même et ses propres forces archaïques. Et comme la doublure philosophique s'écrit avec le même style précis, la même logique implacable que le roman, le lecteur inquiet se retrouve lui aussi pris en otage.
Né en 1945 à Téhéran, Farhad Khodabandehlou a fait des études de philosophie à l'université de Paris-1 Panthéon-Sorbonne, puis il a enseigné à l'UFR de philosophie, au département des sciences sociales, de 1987 à 2002. -
Le séminaire ; théorie du mal, théorie de l'amour (1990-1991)
Alain Badiou
- Fayard
- Ouvertures
- 11 Avril 2018
- 9782213707075
« Il est tout à fait remarquable que ce séminaire soit la matrice de deux de mes livres les plus lus, aujourd'hui, dans le monde : L'Éthique (1993) et Éloge de l'amour (2009). On va y parler des valeurs, le Bien et le Mal, et on va parler, dans la foulée, de l'amour. Quel peut bien être le lien que ces motifs en quelque sorte moraux et sentimentaux entretiennent entre eux ?
Ce séminaire fut en fait le chantier oral de mon agitation scripturale autour de la question des quatre conditions de la philosophie : l'art, la science, la politique et l'amour. Établi au plus près de ses accents souvent impérieux, le présent texte me semble rendre justice à cette tentative de porter la solide architecture de l'être et l'événement jusqu'à ses conséquences vitales les plus difficiles à percevoir. »
A.B. -
Le neveu de Rameau ; Rameaus Neffe ; satire seconde
Denis Diderot, Johann Wolfgang von Goethe, Joseph-Henri De Saur, Léonce de Saint-geniès
- Fayard
- Ouvertures
- 2 Novembre 2017
- 9782213708157
Ce bilingue d'un nouveau genre est en français/français. Avec ce Neveu de Rameau, nous sommes en plein roman policier, entre un original disparu et une traduction de traduction.
Diderot écrit un texte subversif, la Satire seconde, qu'il ne montre à personne. Il en fait faire trois copies. À sa mort en 1785, sa fille transfère à Saint-Pétersbourg sa bibliothèque et une collection manuscrite de ses oeuvres. De Russie, une copie parvient jusqu'à Goethe en 1803. Goethe décide de traduire en allemand ce texte que personne en France n'a jamais lu, et qui, sous le titre de Rameau's Neffe, passe à la postérité. La copie dont Goethe s'est servi a disparu. En 1821, Joseph-Henri de Saur et Léonce de Saint- Geniès retraduisent en français la traduction de Goethe, comme s'il s'agissait du texte authentique de Diderot. Il faut attendre la
fin du XIXe siècle pour que soit redécouvert un manuscrit autographe
chez un bouquiniste parisien.
Pour la première fois, les trois textes sont réunis ici : en vis-à-vis, l'original de Diderot et la rétrotraduction du texte de Goethe, avec, en rez-de-chaussée, la traduction allemande de Goethe. On touche ainsi l'impalpable distance, violente pourtant, entre un texte et sa, ou plutôt ses traductions, à deux degrés d'éloignement - « l'original est infidèle à sa traduction », disait Borges.
L'histoire hors du commun d'un texte lui-même hors du commun est présentée et commentée par Jacques Berchtold et Michel Delon. -
Avec le plus petit et le plus inapparent des corps
Barbara Cassin
- Fayard
- Ouvertures
- 10 Octobre 2007
- 9782213673554
« Avec le plus petit et le plus inapparent des corps » : telle est la manière dont le sophiste Gorgias désigne l'opération du logos, du « discours », qui est pour lui un grand tyran, capable d'agir sur les autres en les persuadant, et sur le monde en le fabriquant et le transformant. Barbara Cassin, philosophe et philologue, spécialiste de la Grèce ancienne, a choisi de mettre en récit un certain nombre de ces opérations de discours et d'en montrer les effets, constitutifs d'une vie.
Cette série de courts textes dessine ainsi une ligne de vie en ses points singuliers et pourtant généralisables.
Une vie de femme, avec souci de soi et souci du monde, qui n'a d'autre consistance à son tour, réelle et fictive, que le récit qui en est fait.
Cette oeuvre littéraire, une prose simple et violente, est le bord même de la philosophie. Elle se lit comme un roman ou comme un conte où l'érotisme a sa place, mais elle est construite pour bousculer les genres littéraires et les disciplines universitaires, plus inclassable encore qu'une femme-philosophe dans un monde encore et toujours platonicien.