Édition enrichie (Préface, notes, dossier sur l'oeuvre, chronologie et bibliographie)Assis seul, Argan détaille des factures d'apothicaire lorsque Toinette, sa servante, entre dans sa chambre. Il l'interroge sur son lavement, demande s'il a bien fait de la bile, à quoi Toinette répond qu'elle ne se mêle point de ces affaires-là. Consciente que les maux de son maître sont imaginaires, elle ne se prive pas d'ajouter que, pour son médecin et son apothicaire, il n'est rien d'autre qu'une « bonne vache à lait ». Molière lui-même joue le personnage d'Argan le 10 février 1673, lors de la création de sa pièce au théâtre du Palais-Royal, et meurt sept jours plus tard, à l'issue de la quatrième représentation. De cette « comédie mêlée de musique et de danses » où son oeuvre s'achève, c'est la puissance comique qui, bien sûr, a fait la fortune. Mais c'est aussi une pièce à thèse : le dramaturge ne se moque pas seulement des médecins de son temps, mais après Le Tartuffe, il dénonce plus profondément en eux de nouveaux imposteurs.Édition de Bénédicte Louvat-Molozay.
Édition enrichie (Introduction, notes, glossaire, chronologie et bibliographie)"Il faudrait détruire la Bastille pour que la représentation de cette pièce ne fût pas une inconséquence dangereuse." Ces propos, prêtés à Louis XVI, soulignent combien les contemporains furent sensibles à la charge subversive d'une pièce où ils virent d'abord un événement politique. Mais le message n'eût pas été si généralement reçu si l'efficacité dramatique et une virtuosité d'écriture ne l'avaient supporté. Le gouvernement de Vichy interdit Le Mariage de 1940 à 1944 ; alors Beaumarchais n'était pas encore devenu ennuyeux, selon la prophétie toujours incertaine de Stendhal.
L'introduction abondante et nouvelle de Giovanna Trisolini démontre les ressorts d'une satire qui gagne à être replacée dans son contexte, sans négliger cependant l'étude des caractères humains dans leurs inconséquences.
Edition enrichie (notes, chronologie)Dorante aime en secret Araminte, une riche et jolie veuve, qui est hélas d'une classe sociale supérieure à la sienne et s'apprête à épouser un vieux comte. Aidé de son valet Dubois, il imagine alors un stratagème pour conquérir en une journée le coeur de la jeune femme. Représentée pour la première fois en 1737 par les Comédiens Italiens, Les Fausses Confidences est la dernière grande pièce de Marivaux. À travers les demi-vérités et les manipulations de Dubois, cette comédie douce-amère révèle que l'amour est bien souvent affaire d'amour-propre.
Édition enrichie (Préface, notes, commentaires sur l'oeuvre, glossaire, chronologie et bibliographie)Dom Juan vient de quitter sa femme pour tenter d'enlever à son futur époux une jeune fiancée trop éprise de son prétendant pour que l'idée ne lui vienne pas de troubler leur bonheur. Puis il jette son dévolu sur de jeunes paysannes qu'il promet d'épouser. Sganarelle a beau timidement tenter de ramener son maître libertin dans le chemin de la vertu et de la religion, Dom Juan préfère les plaisirs transitoires de ce monde, si dangereux pour son salut, à l'espérance d'une béatitude infinie. D'autres pourtant l'avertiront « qu'une méchante vie amène une méchante mort »...
Venu de Tirso de Molina et de son Burlador de Sevilla, le sujet dont Molière s'empare en 1665 a déjà donné lieu à d'assez nombreuses pièces. Pourtant, rien de plus personnel que ces cinq actes en prose conduits avec une éclatante maîtrise qui donne aux personnages la profondeur de l'humanité vraie. De la farce jusqu'à l'ironie la plus fine, la pièce propose tous les registres du comique. Mais c'est aussi la plus tragique des comédies, qui prend la dimension d'un drame métaphysique.
Edition présentée et annotée par Jean-Pierre Collinet.
Édition enrichie (Préface, notes, dossier sur l'oeuvre, chronologie et bibliographie)Emilie souhaite se venger de l'empereur Auguste qui a proscrit son père avant d'accéder au pouvoir : elle demande à Cinna, son amant, de l'assassiner, faute de quoi elle ne l'épousera pas. Mais Auguste, las du pouvoir, interroge Cinna et son ami Maxime : doit-il abdiquer ? Républicain, Maxime le pousse à quitter le pouvoir et Cinna à le conserver. En signe de reconnaissance, Auguste propose à Cinna de l'associer à l'Empire. Cette générosité le rend honteux de son ingratitude : doit-il assassiner son bienfaiteur ou rompre le serment qu'il vient de faire à Emilie ?
Lorsque en 1642 il fait jouer Cinna au Théâtre du Marais et fait de la magnanimité la clef de sa tragédie, Corneille offre au public une pièce exemplaire où le coup de théâtre final est aussi un coup de maître. La clémence d'Auguste force l'admiration mais elle est lentement conquise. Et devant cette tragédie politique, le spectateur n'oublie pas la virtuosité avec laquelle Corneille l'incite à réfléchir aux passions qui conduisent au dénouement et à l'exercice d'un pouvoir qui a finalement surmonté sa fragilité.
Edition de Christian Biet.
Edition enrichie (Préface, dossier, notes, variantes, bibliographie, biographie)
À Ferrare, en Italie, la redoutable Lucrèce Borgia fait régner la terreur. Indifférente à la haine qu'elle suscite, mêlée à des affaires crapuleuses, la seule faiblesse de cette femme impitoyable est un jeune capitaine, Gennaro, dont elle est tombée amoureuse. Mais le destin est cruel, et Gennaro se révèle être le fruit des amours incestueuses de Lucrèce avec son frère, Jean Borgia. Gennaro ne sait rien de ses origines et Lucrèce va devoir tout faire pour le protéger alors que son époux, le duc de Ferrare, qui le prend pour son amant, a juré de le tuer.
Créé en 1833 au théâtre de la Porte-Saint-Martin, empruntant tout autant à la tragédie qu'au mélodrame, Lucrèce Borgia est sans doute l'un des plus sombres drames de Victor Hugo.Édition de Sophie Mentzel
Edition enrichie (Préface, notes, commentaires, chronologie et bibliographie)Pièce cornélienne s'il en fut, corneillissime, qui nous laisse pantois d'admiration. Quoi ? Non contents d'avoir accepté de sacrifier à Rome leur vie et leurs amis les plus chers, Horace et ses deux frères refusent la perche qu'on leur tend. Non ! Même avec l'approbation de tous ils ne reculeront pas devant leur devoir : qu'est-ce que la vie de trois amis et la leur propre au regard de l'honneur d'avoir été choisis pour sauver la patrie ?
Mais pour être un héros, on n'en est pas moins vulnérable. C'est le talon d'Horace. Dans un soudain accès de faiblesse humaine, vexé par les propos de sa soeur Camille, Horace lui plante son épée dans le corps... Avec cette mort, la vie reprend largement ses droits.
Préface de Jean-Pierre Miquel.
Commentaires et notes dAlain Couprie.