«Tu n'as jamais cultivé ton jardin.» C'est avec ces mots que s'ouvre l'adresse d'une fille à sa mère disparue. On pourrait croire à un reproche ; il s'agit plutôt d'une invitation à la conversation dans un jardin littéraire où, malgré la peine et la douleur, les roses, les pivoines et les jacinthes continuent d'éclore.
Dans ce récit-hommage, il est question de fleurs, de renaissance, d'appel à des temps meilleurs et du monde qui refleurit.
Quand elle n'est pas en mission à Londres, Tripoli ou Tel Aviv, Anna aime retourner à Amsterdam, dans l'annexe secrète où la famille d'Anne Frank a tenté d'échapper à l'horreur nazie. Durant un de ses pèlerinages là-bas, l'espionne se rend compte qu'elle est suivie. Promptement, l'organisation se charge de l'exfiltrer dans une maison de protection, dont on lui cache à dessein le lieu. C'est là qu'Anna fait la connaissance de Celestino, un fou de littérature. L'homme fantasque veille sur elle et sur les huit autres membres qui forment l'insolite communauté de cette nouvelle annexe. Entre Anna et lui s'amorce alors un dangereux pas de deux.
Réfugiés dans le clocher de l'église, des martinets ramoneurs cherchent désespérément à migrer vers l'Amérique centrale. Ham-Sud, petit village de l'Estrie, est en proie à une contamination grave qui frappe les bêtes et les êtres humains. Loin de se douter qu'on l'a prise pour cible, la mairesse, dépassée par la catastrophe, mène l'enquête.
Au fond de sa cellule, la jeune escorte Jessica Acteau tente de mettre des mots sur l'horreur des dernières vingt-quatre heures. Quelle part a-t-elle véritablement jouée dans le meurtre sordide dont on l'accuse ? Pourquoi s'être acharnée sur l'un de ses clients avec une telle sauvagerie? En le kidnappant, sait-elle qu'elle l'a empêché de commettre un crime à son tour ? Sa voix frêle se mêle à celle des oiseaux et révèle peu à peu l'immonde vérité.
(Nouvelle édition)
Le premier roman de Catherine Mavrikakis est un texte sauvage où les morts et les condamnés ont tous le même prénom, Hervé. Bons morts, mauvais morts, sidéens, suicidés, accidentés s'y ramassent à la pelle. Escortés de ses Hervé morts qui ne la quittent pas d'une semelle, Catherine, jeune femme animée d'une indémontable vitalité, traverse les vicissitudes et la médiocrité du monde des bien-portants.
Pohénégamook, Témiscouata.
Paul s'y terre. C'est la Fouine qui a permis à Alix de retrouver la trace de son jumeau dans cet endroit perdu, à des milliers de kilomètres de chez eux.
Ces dernières années, la relation entre Alix et Paul s'est un peu dégradé, mais son frère n'avait jamais disparu aussi longtemps. Il prépare quelque chose, elle en est sûre, et il aura besoin d'elle.
Parce que le passé se moque du temps, de la distance et des frontières.
Il y a le labyrinthe blanc des petites rues de Mykonos Town, la
foule dense, la musique assourdissante et l'eau turquoise qui baigne l'abord des plages, tout autant que les côtes rocheuses de l'île grecque.
Christopher, Sebastian, Jules et Pavel voyagent tous les quatre pour la première fois loin de chez eux.
Les nuits sont longues à Mykonos. Dans ce roman solaire, elles peuvent également être périlleuses.
Fait historique méconnu : en mars 1933, Nikita Zynchuck, immigrant et chômeur, est abattu d'une balle dans le dos par un policier.
Le récit de cet événement et des jours qui l'ont suivi nous entraîne dans le Montréal cosmopolite d'alors, marqué par la Crise, la misère, les tensions entre les religions et entre les cultures, sans oublier les poussées insurrectionnelles des communistes.
Roman social, «Le Mammout» tire de l'oubli un quidam qui, en déclenchant malgré lui une émeute, est passé bien près de devenir le porte-étendard d'une révolution autrement moins tranquille que celle que le Québec a connue.
Finaliste, Prix littéraire des collégiens 2021
Finaliste, Grand Prix du livre de Montréal 2020
Prix Jacob Isaac Segal 2020
Finaliste, Prix des Libraires 2020, catégorie «roman québécois»
Dans la présélection du Prix France-Québec 2020
ARMER LA RAGE est une charge contre la culture du viol, la violence familiale et une société qui, plutôt que d'apprendre aux femmes à contre-attaquer en cas d'agression sexuelle, préfère les mettre en garde contre le risque de se défendre.
Cet essai jette un regard à la fois intime et politique sur les traumas sexuels dans leurs différentes modalités (directe, indirecte et insidieuse), sur le droit des femmes à l'autodéfense et sur le pouvoir de l'écriture pour un sujet qui n'a su qu'à l'âge adulte qu'il existe des familles préservées de la terreur.
« Elle dépose sur la table une boîte de chocolats Laura Secord remplie de photos, elle veut me montrer Émilie dans sa longue robe noire. Une robe de religieuse, que sa grand-mère avait revêtue dès l'âge de trente ans. Elle rit, "L'âge où les femmes devenaient vieilles". Je calcule. Émilie est morte à quatre-vingt-treize ans, elle s'est sentie vieille pendant plus de soixante ans. J'en frémis.
Soudain, comme si elle venait d'avoir une illumination, elle se lève, se dirige à petits pas vers sa chambre. Elle revient aussitôt avec trois albums tout neufs. "J'ai décidé de vous remettre à chacun les photos de votre enfance. Le moment est venu." Le coeur me serre, je comprends bien ce qu'elle veut dire. Elle me tend un album à la couverture multicolore, tout en dégradés. Des teintes claires ou sombres, joyeuses ou sérieuses, audacieuses ou discrètes. Comme elle, ma mère. "C'est pour toi", dit-elle simplement. »
Quelques mois après la mort de sa mère, Louise Dupré entreprend un récit de deuil pour tenter de saisir qui était la femme qu'elle a appelée maman.
Un livre qui se lit passionnément.
Béatrice travaille au montage d'un documentaire sur les tueries de masse quand elle reçoit un appel des États-Unis. Son mari, conférencier invité à l'Université de Miami, et leur fils Théo, parti le rejoindre pour profiter de la plage, se trouvent tous deux à l'hôpital entre la vie et la mort. Sous le choc, Béatrice prend le premier vol pour la Floride. C'est à son arrivée seulement qu'elle apprendra la vérité, plus terrible encore que ce qu'elle avait pu imaginer.
Elle s'emploiera dès lors à fouiller le passé familial pour trouver un sens à la tragédie. Mais les doutes se multiplient et les certitudes se font rares. Pour ne pas sombrer, elle devra d'abord admettre sa propre fragilité, ainsi que l'impossibilité pour les parents de toujours sauver leurs enfants.
Haute-Mauricie.
Le train avance lentement entre lacs et forêts. À la gare de Rapide-Blanc, la vieille Mikona Awashish en descend pour rejoindre sa fille, qui l'attend sur le quai. Par la fenêtre du wagon, l'agent de protection de la faune André Chillas épie les deux Atikamekw, persuadé qu'elles sont là pour braconner. Mais c'est à un autre type de chasse que les femmes ont l'intention de s'adonner. Et elles entraîneront dans leur sombre dessein la jeune Lorie, venue se recueillir au bord du lac à Matte, sur le site de camping où sa mère a été tuée l'été dernier. Un paradis où, la nuit venue, rôdent toutes sortes de prédateurs.
Miné par les déceptions amoureuses et filiales, un homme décide d'aller se perdre à Las Vegas. Entre les amants, les rencontres anonymes et la consommation de substances diverses, il s'abandonne à la bête qui sommeille en lui. Des mois plus tard, on le retrouve à Berlin, où il tente de comprendre la brutalité qui l'habite et l'engourdissement général qu'il ressent.
Récit de l'intime et de la violence, «Avec un poignard» porte sur les relations factices, la mémoire et le deuil. C'est aussi un roman qui laisse parler la colère. Celle d'un fils envers un père fuyant depuis toujours, absent, ailleurs.
Pris d'un fiévreux désir de romanesque, Antoine, un écrivain en exil à Lisbonne, se laisse entraîner dans le sillage d'attachants guérilleros sans domicile fixe qui souhaitent libérer la ville des griffes de l'industrie touristique. Il parcourt avec eux les envers de la capitale et participe volontiers, alcool et opiacés aidant, à leurs missions foireuses.
Ce n'est qu'au terme de nombreuses péripéties, de la découverte d'un corps dans le Tage et d'un spectacle de tauromachie qui tourne au drame qu'Antoine pourra peut-être enfin envisager de sortir du labyrinthe dans lequel il s'est enfoncé.
Une jeune femme aux prises avec des douleurs chroniques cherche à comprendre et à apprivoiser son mal. Depuis quelque temps, elle s'évanouit dans les lieux publics, sans que la médecine puisse l'expliquer. Des années plus tôt, elle a rompu avec sa mère, alors que cette dernière était hospitalisée. Tout semble pourtant la ramener à l'enfance, dans un univers clos, en tête à tête avec une mère qui passait ses journées en robe de chambre devant la télé, à fumer.
Son mari Armand parti à la guerre, Marguerite retourne vivre avec son fils dans l'étrange forêt qui l'a vue grandir. Ce faisant, elle doit renouer avec Ornella, une mère tyrannique qui, dans son atelier de parfumerie, se livre toujours à ses rituels occultes. Autour de la maison, un grand chien rôde, les poules sont étranglées, une glaire blanchâtre recouvre les plantes du sous-bois. Et un géant, venu rallumer le feu dans l'âtre, lui apprend qu'une ennemie d'Ornella prépare sa vengeance. Marguerite, pour protéger son fils, n'aura d'autre choix que de participer à l'affrontement.
Pendant ce temps, en Indochine, Armand est fait prisonnier. Dans la colonne de captifs en marche vers les camps, il suit son camarade, Camille, qui a imaginé leur fuite. Au détour du sentier s'ouvrira une brèche dans la jungle : il leur suffira de se laisser glisser vers le fleuve noir, où les crocodiles les attendent, et peut-être aussi, au bout d'un long périple, leur salut.
Dans la liste préliminaire des Prix des libraires 2021
«Ce qui me fait venir ne me plaît pas » et les hommes ne valent pas toujours leur pesant de porno, constate Catherine Fatima, à l'aube de ses vingt-cinq ans. Comment réconcilier ses croyances politiques utopistes avec la réalité marécageuse de sa vie romantique et sexuelle ?
En relevant le défi de tout dire, le temps de quelques saisons. C'est l'ambition de ce roman en forme de journal.
De Toronto à Paris, de Tours aux Açores, d'où ont émigré ses grands-parents, Fatima fait des rencontres qu'elle consigne de façon décomplexée, toujours à l'écoute de ses fantasmes et répulsions. Au fond de son sac, sur les étagères de ses amants et dans les courriels de sa professeure, les mots d'une foule de philosophes l'accompagnent
et alimentent sa prose, d'une vivacité réjouissante.
«Il me fallait un dispositif, une provocation, peut-être un garde-fou
pour continuer d'observer cet objet à la fois banal et étrange qu'est
ma vie. L'observer en suivant de nouvelles lignes : le chemin que
me propose le film Thelma & Louise. Mon film choisi, mon film
aimé, le film qui a marqué ma vie, le film qui encore aujourd'hui
me fait pleurer.
J'ai voulu remonter le cours du temps en m'installant dans
la Thunderbird avec Thelma et Louise, pour retrouver celle que
j'étais en 1991, cette jeune femme qui n'est pas si différente de la
femme que je suis aujourd'hui. J'ai suivi le scénario du film à la
manière de marques topographiques sur le chemin de ma propre
vie : deux femmes, une voiture, un voyage, un viol, un révolver.»
Vous entrez dans cet hôtel avec un poids sur la conscience.
Vous avez menti à vos proches, ignoré les lois, trahi vos amis, détruit la vie d'un homme, saccagé la propriété d'autrui... Il est temps aujourd'hui de laver vos fautes. Le personnel est là pour vous aider. Profitez de l'ambiance relaxante du lounge ; faites le vide en admirant la nature boréale le long des sentiers pédestres ; méditez dans le confort feutré des chambres ; évacuez les mauvaises pensées en vous dépensant au centre sportif. Mais, de grâce, n'essayez pas de nous tromper : votre salut en dépend. Nous savons qu'il n'y a pas d'innocents ici. Il n'y en a jamais eu.
Avec ce roman incandescent, Alice Michaud-Lapointe explore la psyché de personnages aveugles à eux-mêmes dans des monologues effrénés où il vaut mieux lire entre les lignes pour découvrir la vérité.
« Je me souviens que je ne portais même plus attention à Clara et Nicolas... dans les eaux troubles de l'aquarium, des ombres passaient, furtives... l'impression d'être entouré d'énormes bêtes marines dont jamais je n'eusse cru l'existence possible sans les voir de mes propres yeux... monstres fabuleux sortis des profondeurs abyssales... j'étais paralysé... devant moi... des poissons tout tordus, nageant la bouche ouverte, des dents énormes, le regard... pétrifié, ou qui me pétrifia, peut-être m'évanouis-je, je ne sais plus, probablement pas puisque personne ne vint à mon secours.
Je me souviens qu'au point culminant de cette crise... à travers le verre, l'eau, je crus voir les formes brouillées de Clara et Nicolas, crus voir Nicolas toucher subrepticement la main de Clara, lui caresser le bras tandis que passait devant eux un coelacanthe, peut-être se regardèrent-ils tendrement, je ne sais pas, en fait, je ne pourrais jurer de rien, je n'étais alors que l'ombre de moi-même... »
Une jeune femme tombe enceinte. Un homme s'enfuit. Et une petite fille reste aux prises avec une énigme.
À la manière du dessin caché qui apparaît dans les cahiers de jeux des enfants quand on relie entre eux les points numérotés, Martine Delvaux s'applique à réunir dans Blanc dehors le peu qu'elle sait de l'inconnu qui a refusé de devenir son père.
Un roman aussi résolu qu'apaisé, où la romancière parvient à rendre lisible à nouveau une histoire pourtant criblée de blancs.
Au centre d'études pharmacologiques où il accepte d'être enfermé, gavé d'oxycodone et surveillé en échange d'une somme dérisoire, le narrateur de ce roman n'est qu'un numéro : 25. Son meilleur ami, Clown, aurait bien voulu l'accompagner, mais il a été recalé pour cause de maigreur extrême. Il l'attend donc à l'extérieur, espérant que 25 lui trouve parmi les participants une fille fréquentable. Justement, il y a 24, une jolie latina qui en a marre de son amant et s'apprête à le laisser. Elle et Clown, ça pourrait bien marcher... Sauf que 25 aussi, depuis toujours, cherche la femme de sa vie. Il lui parle et lui écrit, il l'attend dans le détour, il sait qu'il ne suffit que de la rencontrer.
Et c'est ainsi que, côte à côte sur leurs chaises de vinyle, une seringue dans le bras et un gobelet ciré dans la main, 25 et 24 assistent à la naissance de leur amour, un amour étrange, fulgurant et certainement un peu fou. Mais qu'adviendra-t-il une fois que les portes du centre d'études s'ouvriront sur la vraie vie ?
Dans le cimetière américain d'une petite ville de Normandie, bien des années après le débarquement allié, une famille venue d'Amérique se rend pour la première fois sur la tombe de deux des siens morts à vingt ans avant même d'avoir foulé le sable d'Omaha Beach.
Ici, les morts ne reposent pas en paix.
À l'heure où les soldats américains et canadiens répondent encore à l'appel de la guerre et meurent au loin, les plages de Normandie continuent à nous hanter.
Il a laissé une étendue de ruines dans sa vie.
Le coup de foudre et la passion ont dégénéré en conflit, puis en guerre, à la vitesse de l'éclair. Pourtant, elle était certaine d'être en train de vivre une grande histoire, l'histoire de sa vie.
Les cascadeurs de l'amour n'ont pas droit au doublage, mais elle a pu écrire ce livre - une ultime missive envoyée du front, le champ de bataille de la rupture.
Pour son troisième roman, Martine Delvaux s'applique à coudre ensemble avec adresse les clichés effilochés de l'amour dans un livre bel¬liqueux, rageur et libérateur. Un livre qui solde pour de bon les comptes du ratage amoureux.
Elle avait 13 ans en 83, pendant ces vacances en Espagne. Là où tout commence, le long de la spectaculaire promenade qui borde la mer. Et
puis, il y a ces pas de danse aperçus sur l'écran de la télévision, dans un décor ravagé par la guerre. Au cours des années qui suivront, elle trace sa vie comme le ferait un géomètre un peu fou au travers de chemins quasi abandonnés, de
routes dangereuses et de bars bondés, dans un va-et-vient incessant. Tout semble répondre à une logique inéluctable et la concordance obsédante des dates et des noms marque constamment les
rencontres, celle de Sonny en particulier. Avec Sonny et Hadrien, l'enfant qui aime les passages secrets, il lui sera enfin possible de traverser, sans s'y noyer, les eaux glacées du temps.