Une « grosse fille » au grand coeur flouée par l'égoïsme bourgeois. (Préface Max Obione)
Quand l' amok s'empare d'un médecin ayant refusé de venir en aide à une femme dont il tombe éperdument amoureux, il est trop tard !
A PARTIR DE CE MOMENT, je fus saisi comme par la fièvre... Je perdis tout contrôle sur moi-même... ou plutôt je savais bien que tout ce que je faisais était insensé, mais je n'avais plus aucun pouvoir sur moi... Je ne me comprenais plus moi-même... Je ne faisais plus que courir droit devant moi, obsédé par mon but... D'ailleurs, attendez... peut-être, malgré tout, pourrai-je encore vous faire comprendre... Savez-vous ce que c'est que l'amok ?
- Amok ?... je crois me souvenir... c'est une espèce d'ivresse chez les Malais...
Dans cette nouvelle « malaise », au propre comme au figuré, Stefan Zweig nous conte les affres d'un homme dont l'orgueil imbécile coutera la vie à une femme en détresse. Les remords et l' amok lui seront fatals. D'un seul geste anodin, d'une action banale, d'une parole insignifiante peuvent résulter un enchainement dramatique à l'image des bifurcations involontaires des destins. Préface de Jan Thirion.
Froissart, le double romanesque de George Darien, raconte ses 33 mois passés dans l'enfer du bagne militaire de Gafsa, dans le sud tunisien à la fin XIX° siècle...Terrifiant !
Ils se sont précipités sur moi, trois ou quatre, m'ont ramené les bras en avant et m'ont serré les poignets dans la chaîne infâme.
- Encore un cran ! N'ayez pas peur de tirer dessus. Ça lui apprendra à rouspéter.
Ça ne m'apprendra rien du tout. Ce que ça pourrait m'apprendre, je le sais depuis longtemps : c'est que le jour où j'ai jeté bas mes effets de civil pour endosser l'habit militaire, j'ai dépouillé en même temps ma qualité de citoyen et que, étant soldat, je suis un peu plus qu'une chose, puisque j'ai des devoirs, mais beaucoup moins qu'un homme, puisque je n'ai plus de droits.
Le gendarme qui doit m'escorter m'a conduit à l'entrée de la cour, devant la route qui traverse la Kasbah et m'a fait asseoir sur une grosse pierre.
- Attendez-moi là.
J'attends. On doit me prendre pour une bête fauve exhibée à la porte d'une ménagerie pour attirer les curieux.
« Je ne sais si c'est un livre, je voudrais que ce fut un cri. » Biribi est certes un roman, mais un roman vrai, un reportage romancé, décrivant l'horreur de ces établissements tortionnaires. L'oeuvre de George Darien, « est le plus rigoureux assaut que je sache contre l'hypocrisie, l'imposture, la sottise, la lâcheté » selon André Breton. Conclusion de la préface de Max Obione.
Une aventure parmi les plus noires des péripéties lupinesques... Notre héros y commettra un crime... découvrira l'énigme du chiffre 813... et sauvera la patrie...
Le nom du célèbre aventurier sembla faire sur M. Kesselbach la meilleure impression. Lupin ne manqua pas de le remarquer et s'écria :
- Ah ! ah ! cher monsieur, vous respirez ! Arsène Lupin est un cambrioleur délicat, le sang lui répugne, il n'a jamais commis d'autre crime que de s'approprier le bien d'autrui une peccadille, quoi ! et vous vous dites qu'il ne va pas se charger la conscience d'un assassinat inutile. D'accord... Mais votre suppression sera-t-elle inutile ? Tout est là. En ce moment, je vous jure que je ne rigole pas. Allons-y, camarade.
Il rapprocha sa chaise du fauteuil, relâcha le bâillon de son prisonnier,...
On ne présente plus Maurice Leblanc, on ne le vante plus non plus. Il est l'un des auteurs monument de la littérature policière française. Hormis les détails et le contexte qui révèlent une époque révolue évidemment, le style narratif reste d'une grande modernité. Méconnu, 813 est certainement le roman de Leblanc le plus caractéristique de la saga lupinienne. (Préface de Michel Bussi)
Qui est de la bête noire ou de la femme fatale gantée l'exécutrice des destins ?
Le destin tragique d'Amin qui aurait tant voulu tuer son idole du blues pour conjurer son sort.
D'ordinaire, le vieux Lodge ne tenait pas trois rounds d'affilée depuis cinq ans, au moins ; normalement, c'était du tout cuit, presque du un contre un, virgule quelque chose, un rapport de misère, quelques cents à gagner qui donneraient à tous ces gagne-petit le sentiment qu'ils n'avaient pas gâché leur soirée. Mais perdre leur misérable mise, à cause de ce sale fils de pute de négro...
- Tu les entends, dis ? Tu les entends, ces bâtards ! T'es mort, t'es déjà mort !
Chow avait les foies. L'atmosphère devenait émeutière, les canettes volaient et ricochaient sur la toile du chapiteau.
Voici le premier roman « américain » de Max Obione. Le fatum tragique est à l'oeuvre comme dans tout bon roman noir. Ça sent la sueur, la pourriture des marais, on entend le lourd blues du Delta. Un roman qui cogne, plus que noir, « blark » : black and dark.
Le numéro d'écrou « A.Z.A.Z. » fait l'écrivain public en caressant les touches d'Erika...
Le Calmar déterre dans les archives du PCF le mobile d'un crime commis dans l'immeuble du parti, place du colonel Fabien
Le calmar dans les sous-sols de Fabien ?! Que cherche notre décapode ? La cave des bonnes bouteilles du PC ? Ou la salle des archives ? Une histoire d'aujourd'hui où il est question de guerre d'Espagne, de brigades internationales, de taupes brunes chez les rouges et noirs des années trente ; une histoire aussi de pervers, de dérangés des sens, de tordus du cul adeptes du SM. Bref un mélange qui tue. De quoi satisfaire notre mollusque préféré et ses fans !
Azraël Zirékian, dit le Calmar , est pigiste-détective à son compte, un aiguilleur de destinées manquées, coriace mais tendre, débonnaire mais soupe au lait, curieux comme une fouine. C'est un chaleureux détonateur des temps présents. « Ni poulpe ni pieuvre, calmar à l'oeuvre » , telle est sa devise.
Un adolescent éconduit par l'amie de sa mère puise dans Stendhal les raisons de se venger.
Une femme battue attend le retour de son mari alcoolique qui n'a pas bu ce soir-là.
Econduit par sa maîtresse, Marcel décroche son fusil et s'en va chasser les femelles qui lui ont pourri la vie... Du bovarysme au masculin ?
On fait bombance à Draguignan lors d'un banquet républicain, le bordel ne désemplit pas. La fin tragique d'une prostituée "chinoise" ... (préface Patrick Boman)
« L'amour chez les calmars fait toujours couler beaucoup d'encre » José Noce
Le sale quart d'heure d'un négationniste qui n'a plus prétendu après le traitement de Myriam que les chambres à gaz n'ont jamais existé.
Une gamine et son grand frère Jean-Mi lourdement handicapé passent un pacte criminel pour supprimer l'amant de leur mère.
Trois jours passent à ruminer, il fait chaud chez nous, c'est le début de l'été, les odeurs sont tenaces, le nouveau et ma mère ne quittent plus la chambre, la bouteille de Pernod est vide, ils ont vidé le frigo, Jean-Mi et moi, on a encore du pain sec. Je place mon grand frère devant la fenêtre ouverte, je cale sa caisse pour le redresser un peu, il devine les grues du port, il regarde la lumière, la beauté du ciel, les nuages qui passent, le vol des mouettes rieuses, les traînées blanches des avions, mais sa tête est prise par son idée. Je voudrais tant qu'il pense à autre chose...
Publiée à l'origine sous le titre Le petit légume, cette nouvelle est caractéristique de l'univers romanesque de Max Obione. On y rencontre des amputés, des mal bâtis, des freaks comme ce Jean-Mi qui dort dans une caisse.
Une tueuse d'enfant expose en temps réel ses faits et gestes, un flic - au passé déchiré et aux méthodes surannées - mène l'enquête.
` Il est malade ton chien ou quoi !?'
Bingo. Quelle phrase ! Quelle putain de phrase ! Marcher vers l'animal qui tente de re décoller avant de choir à nouveau, groggy, camé, réacteurs coupés. Plus la force d'aboyer. "On", puis "off". Plus d'énergie. D'électricité. S'agenouiller près du bestiau et l'inspecter. Entendre la fillette en route vers moi, petits pas froissant l'herbe. Fermez les yeux. Deux secondes. Compter. Un, un, deux, deux. Relever la tête. Last call. Scanner le paysage. Tout le paysage. Le disséquer. Pas de blip sur le radar. Personne. Un miracle. La dernière touche. Humer le parfum du jeune corps femelle qui pose un genou à terre et prend dans ses mains la grosse gueule aux yeux révulsés. Action. Paume à l'arrière du crâne. Doux contact des cheveux couleur paille. Bouton de rose des lèvres qui articule un "Que..." interrompu et angoissé. Avorté. Canule. Geste vif. Précis. Professionnel. Vaporisation savamment calibrée. Un seul pschittt suffit. Effet instantané. L'organisme qui se fige. Pupilles à la retourne.
Bras de Morphée. Charger l'enfant endormie sur l'épaule comme un gibier. Reculer sans précipitation jusqu'à l'orée. Bruit des ronces griffant mes jeans, comme une fermeture éclair que l'on zipperait. Réfugiée à l'abri de la canopée, pivoter et descendre à fond de train le goulet dévalant jusqu'au Range en se retenant de hurler.
Damien Ruzé vient de publier son premier roman « Fin d'Amérique » chez Krakoen. Ska a déjà publié une nouvelle « Hauts-Lieux », voici « Dieu est mort ». Une descente au coeur du mal. Un récit terrifiant au style halluciné. Un grand texte noir, un auteur à suivre.
Un flic à la dérive dans un Nice de cauchemar.
Nous approchons du corps de l'actrice recouvert d'un drap que tire sans hésiter Steinberg.
- Il faut abreuver les fans de détails sordides, c'est ça ? Sinon elle fait un caprice de star !
- Je passe pour la forme, Steinberg. J'étais sur les lieux du crime hier soir, je suppose qu'il n'y a pas grand-chose à rajouter. Du moins, pas grand-chose qui fera avancer l'enquête. Fais-moi parvenir ton rapport, ça calmera les nerfs de Lafarge.
Steinberg allume une clope, m'en tend une autre.
- OK pour moi, camarade, t'en auras même la primeur ! Oh, au fait, attends. (Il prend une pause, semble subitement plongé dans une intense réflexion, ôte ses lunettes, les porte à sa bouche.) Sur le tournage, reprend-t-il, si tu rencontres un vampire, un vrai, flingue-le pour moi. J'aimerais enfin pouvoir en autopsier un. J'insiste : un vrai !
Puis, les yeux exorbités, les lèvres retroussées, il dévoile ses canines, part dans un grand éclat de rire.
Je me marre vaguement avant de me diriger vers la sortie.
Voici la première publication de Fabrice Rinaudo. Ska a l'ambition de révéler les nouveaux talents, dès lors qu'apparaît une vitalité narrative, un style en recherche de devenir. Cette jeune pousse deviendra-t-elle une belle plante ? C'est dans cet espoir que réside le plaisir d'éditer.
Adam Leong, détective à Chinatown, mène son enquête, asticoté par un moustique tenace...
Alfred zizaillait encore mais sa chanson moustiquante sciait le cerveau. Le détective était affalé sous des étoiles bon marché. Une tentative pour se relever. Energie, odeur, entité inhumaines, ses côtes servirent de punching-ball à un démon de l'Enfer. Il demanda grâce à une paire de jambes excitées, se prit un pied botté dans le bas-ventre. Un éclair lui déchira les tempes. Le démon braillait en chinois. Résumé : il ne fallait plus s'intéresser à la famille Lin ou ça se terminerait dans le sang. Pour faire bonne mesure, un dernier but dans le crâne. Leong reflua dans une contrée boueuse.
Dominique Sylvain
, avec le talent inimitable qu'on apprécie dans ses romans publiés chez Viviane Hamy, nous propose cette chinoiserie et, litchi sur le gâteau de riz gluant, elle y fait vrombir un sacré personnage : un moustique. Une première dans le bestiaire des polars.
Si seulement Tom King avait pu manger un bon steak avant de monter sur le ring...
Il éprouva de nouveau une sensation de faim non satisfaite.
- Bon sang ! Ce que je mangerais volontiers un morceau de bifteck ! murmura-t-il avec un juron étouffé et en serrant ses poings énormes.
- J'ai essayé chez Burke et chez Sawley, dit sa femme en manière d'excuse.
- Et ils n'ont pas voulu te faire crédit ?
- Pas d'un centime, a déclaré Burke.
Elle hésita.
- Continue. Qu'a-t-il dit ?
- II m'a dit qu'à son avis Sandel te battrait ce soir, et que nous lui devions déjà une somme rondelette.
Tom King grogna, mais ne répondit point.
Cette nouvelle de Jack London, parmi les plus célèbres de cet écrivain, est sans doute l'un des textes le plus important, presque fondateur, de cette littérature dite de « ring ». London s'appuie sur sa longue expérience de praticien et d'observateur de la boxe. Au sortir du ring, Tom King n'a plus rien, que son corps usé, battu, douloureux et la faim qui le taraude toujours, comme la honte de rentrer sans le sou dans son foyer. Si seulement : « Ah, that piece of steak would have done it ! He had lacked just that for the decisive blow, and he had lost. »
La dinguerie littéraire à son sommet ! L'invraisemblable élevé au niveau du génie par un adepte du délirium très gros. Un régal ! Abus recommandé !
GRINGALET CROYAIT REVER.
Messa poursuivit, en soulevant un peu son emplâtre pour respirer plus commodément l'air de la nuit :
- Total général soixante-treize ! c'est notre compte.
Les deux autres firent écho, répétant :
- Soixante-treize ! c'est notre compte.
Et Messa avec une gaieté farouche ajouta :
- M. le duc sera content, je lui en apporte un petit par-dessus le marché.
En même temps, il frappa le cercueil d'enfant, qui rendit un son lugubre. Gringalet comprenait vaguement.
La moelle de ses os se figeait dans ses veines !
- C'est donc bien vrai ! ce que disent les romans à un sou, pensa-t-il. Paris contient d'épouvantables mystères !
Ces inconnus sont peut-être les trois Pieuvres mâles de l'impasse Guéménée.
Sa voix s'arrêta dans son gosier, tout son corps trembla.
Que dire d'un chapitre parmi d'autres de cet « affreux » roman qui s'intitule ? « Adultère, Inceste et Bigamie » Quel programme... qui de pirouettes en rebondissement va tenir en quinze pages. Que dire des moyens baroques de faire passer de vie à trépas des quidams condamnés à fournir soixante-treize victimes par chapitre ? Masque de poix ou chatouillis des plantes de pieds, jusqu'à l'explosion de gaz merdique, font partie de la panoplie.
Poussez la porte de la Fabrique pour laquelle seuls les superlatifs seraient adaptés, et encore. Alors riez, ronchonnez, amusez-vous à essayer d'imaginer avec Féval les crimes les plus fous des « pieuvres mâles de l'impasse Guéménée ».
Les amants saignants sont bourrés de vitamines. Et elle a la manière de les assaisoner !
Au ball-trap on s'entraîneà trucider les pigeons d'argile... et les salauds.
La vague du chômage dépose des bombes sur la grève.
Finie la rigolade quand on présente l'addition du destin. Les histoires de Colize sont jubilatoires dans la noirceur.