Deux artistes de deux pays et deux générations très différentes, Ken Loach et Edouard Louis, échangent sur l'art, le cinéma, la littérature et leur rôle aujourd'hui. Comment l'art peut-il, notamment, poser et repenser la question de la violence de classe ? Comment représenter les classes populaires comme ont tenté de le faire les deux auteurs du présent livre dans leur travail ? Et quel est le rôle de l'art dans un contexte politique mondial où les plus précaires se tournent vers l'extrême-droite ? Comment repenser la gauche pour défaire cette tendance, palpable tant dans la montée du Front National, que dans l'ascension de Trump, ou encore de Bolsonaro ? En confrontant leurs réflexions, et à partir de leurs oeuvres, Loach et Louis tentent de répondre à ces questions.
Et s'il y avait, dans la richesse universelle des oeuvres d'art, matière à repenser le monde et l'écologie?? Et si une telle invitation tenait de la vocation originelle du musée ramenée à aujourd'hui?? Le musée monde traverse les styles, les époques, les disciplines. Il accouche d'une attitude, d'un regard mettant au jour des dimensions de l'art encore trop peu sollicitées. Il amène à réfléchir autrement à notre appartenance à la Terre. Il suscite de nouvelles perspectives et de nouveaux émerveillements à une heure de l'histoire où le besoin d'horizons n'a peut-être jamais été aussi fort. Le musée monde rassemble des artistes célèbres aussi bien que plus confidentiels. La voix de la poésie, indispensable, ne cesse de résonner dans ses salles. À la diversité des cultures et des aires géographiques répond celle des arts, de la préhistoire à nos jours. On y trouve de la peinture, de la sculpture, du cinéma, du bio-art, des jardins, de la musique... et même de la musique en provenance des étoiles. En contrepoint, toujours, les lumières de la philosophie et des sciences. Le musée monde n'impose rien au lecteur, tout au contraire?: il lui propose de s'approprier sa méthode et, à son tour, de s'interroger sur les rapports au monde que l'art met en forme et sur ce qu'ils peuvent nous apprendre.
Partant de l'expérience d'un jeune enseignant dans une des nouvelles écoles d'architecture créées après mai 68, à un moment où les architectes français formés aux Beaux-arts redécouvrent la ville, l'ouvrage s'interroge sur les changements et réorientations qui doivent aujourd'hui guider notre réflexion et notre pratique d'urbaniste. Après une première période marquée symboliquement par la parution du livre d'Henri Lefebvre, Le droit à la ville en mars 1968, la réflexion sur la ville et l'urbain est reprise cinquante ans plus tard par échelles successives dans cet ouvrage qui explore tout d'abord comment faire de tout logement un chez-soi appropriable et évolutif avant de plaider pour le rassemblement des tissus urbains diversifiés, à l'inverse des logiques séparatrices et pour l'unification de la ville fragmentée. Enfin, Philippe Panerai donne une place centrale aux « chemins de l'eau » pour accorder la ville et le territoire.
Des scientifiques qui testent l'effet d'une sonate de Mozart sur la productivité des vaches, des médecins qui utilisent la musique pour résoudre les problèmes d'éjaculation précoce... Le jour caricatural sous lequel les bienfaits de la musique sont souvent présentés dresse un portrait réducteur des recherches médicales qui entendent exploiter les vertus thérapeutiques de la musique. Et la sagesse populaire ne s'y trompe pas, puisque la croyance est effectivement répandue que la musique peut avoir de grands effets sur l'humeur et sur l'état général de tout un chacun. S'il semble raisonnable d'aller chercher réconfort dans les musiques douces, il paraît plus insidieux de confier son bien-être à certaines pseudosciences édictées sur le compte de musiques bienfaisantes. David Christoffel propose un tour d'horizon des théories en circulation sur la question et s'interroge sur les risques à médicaliser son rapport à la musique.
À travers le monde, les villes sont le théâtre d'une explosion des inégalités et des processus d'exclusion : gentrification, éviction des populations précaires, envol des valeurs immobilières, ghettoïsation des populations à la fois les plus riches et les plus pauvres. Elles sont aussi impliquées dans des politiques de plus en plus agressives visant à attirer les capitaux et les populations censés être au coeur de la nouvelle économie. Pour de nombreux observateurs, ces bouleversements s'expliquent par l'imposition depuis les années 1980 d'un nouvel ordre idéologique, politique et économique : le néolibéralisme. L'objectif de cet ouvrage est à la fois de présenter leurs travaux, de donner des illustrations de leurs principales thèses mais aussi d'ouvrir un dialogue critique avec ces théories de la ville néolibérale.
Nouvel édition augmentée.Le design est l'art d'enchanter l'existence quotidienne par les formes. Mais cet enchantement n'a rien de magique, ni même d'artistique : il est l'effet concret d'un certain nombre d'opérations techniques spécifiques au projet poursuivi par chaque designer. Car le designer est un projeteur. Et parce qu'il est un projeteur, l'effet qu'il cherche à produire ne se limite pas à concevoir des objets. Il implique aussi une vision complète du monde, incluant jusqu'au rêve de son futur. De ce rêve, chaque création d'un designer est la réalisation anticipée. Il ne reste plus au monde qu'à suivre. Ou pas ?
À rebours des annonces prophétiques d'une mort de l'art, la lente période de son agonie aux ères modernes et postmodernes a surtout consacré sa métamorphose qu'attestent au premier chef la série ininterrompue, jusqu'à ce jour, de nouvelles formes d'oeuvre, toute étranges, provocatrices ou fades qu'elles apparaissent. Simultanément, les conditions de l'avènement de ces oeuvres (ou de ce qui en tient lieu) et les consignes dictant la pratique de leur réception se sont considérablement diversifiées. D'où l'incessant élargissement de la palette des attitudes du spectateur et/ou visiteur : invité à sortir des frontières institutionnelles, à parcourir de vastes dispositifs qui sont l'oeuvre même, à marcher dans des oeuvres censément résilientes, à profiter d'espaces ludiques, etc. L'autrement qu'art s'est ainsi introduit dans l'art par l'octroi de toutes sortes de permissions nouvelles qui l'ont régénéré.
Alors que rien ne semblait pouvoir arrêter l'insolente métropolisation du monde, la pandémie a révélé les failles des grands systèmes urbains. Pourtant, la plupart des grandes métropoles dans le monde vivent sous la menace permanente d'aléas naturels ou technologiques : explosion à Beyrouth, séisme à San Francisco, Mexico, Istanbul ou Tokyo, crue centennale en Île-de-France en sont autant d'exemples. D'autres enjeux de vulnérabilité se dessinent : dérèglement climatique, crise d'approvisionnement énergétique, crise économique mondiale... Densité extrême, bétonisation des sols, dépendance énergétique : ces fragilités nous interpellent sur la capacité des métropoles à se développer dans le futur. Croisant les regards d'historiens, d'urbanistes, de politistes ou d'anthropologues, cet ouvrage s'interroge sur ce moment inédit que nous venons de vivre où l'histoire nous a traversés. Il tire ainsi des premiers enseignements pour renforcer la capacité des grandes villes à faire face aux enjeux sociaux, sanitaires, économiques et écologiques.
D'un côté méprisé et taxé de toutes les fainéantises, de l'autre intellectualisé à l'extrême, l'art du siècle dernier a modifié tous les paradigmes : les codes ont éclaté, les artistes se sont multipliés et les oeuvres d'art elles-mêmes semblent avoir parfois disparu. Carole Talon-Hugon nous fait évoluer pas à pas dans une période plus ou moins mouvementée. De l'avant-garde dadaïste aux industries culturelles d'Adorno, les arts du XXe siècle marquent probablement l'un des moments les plus riches et les plus prolifiques de l'histoire de l'art.
Le 18 mars 1950, dans la respectable salle de l'École normale de musique, eut lieu un « premier concert de musique concrète ». Les auditeurs allaient, les tout premiers, subir une privation essentielle : l'absence de musiciens, et subir l'épreuve de l'inouï : non seulement des sons jamais entendus, mais des assemblages de sons dont il était impossible de dire s'ils obéissaient à des lois prévues par les auteurs, ou s'ils tenaient simplement du hasard. Même envoûtant, ce nouveau langage était étrange, quasi étranger. S'agissait-il même encore d'un langage ? La révolution technique apporte-t-elle de nouveaux moyens de « faire de la musique », ou bien nous mène-t-elle à la découverte de nouvelles musiques, que nous ne savons pas encore faire, et encore moins entendre ? L'esprit de la musique est-il préexistant aux sons ? Ou bien, au contraire, est-ce à partir d'une pratique des sons que le musical peut apparaître, s'élaborer, et se renouveler ?
Au grand siècle, le développement des académies des arts signifie non seulement une reconfiguration des mondes de l'art et du statut de ses acteurs, mais aussi un développement remarquable de la réflexion théorique sur les arts. Les artistes discutent de leur valeur respective, de leurs rapprochements possibles (doctrine de l'Ut pictura poesis), de leurs finalités (movere, docere, placere), de leurs moyens propres et de leurs problèmes spécifiques. Le XVIIIe siècle est marqué par l'invention décisive de la catégorie moderne de beaux-arts, qui rassemble dans un sous-ensemble inédit les arts visant le beau. Par ailleurs, sous l'effet de la nouvelle science et de l'épistémé qu'elle suppose, à la métaphysique du beau des anciens succède une manière moderne et toute sensible de penser la beauté, qui délie celle-ci du bien comme du vrai. L'invention du goût comme sens du beau en est la conséquence directe, et celle du sublime - qui accueille toute la transcendance perdue par la beauté -, sa conséquence indirecte. L'idée de génie possède aussi une place importante dans cette constellation neuve. À l'apparition des beaux-arts est liée celle de disciplines satellites : la critique d'art (Diderot), l'histoire de l'art (Winckelmann), et l'esthétique (Baumgarten).
Huit ans après la parution de son dernier livre, Nicolas Bourriaud brise son silence avec L'Exforme, une méditation étonnante sur notre condition à l'âge de la multiplication des déchets - déchets du capitalisme, de la consommation, de l'industrialisation, des rêves nucléaires. Comment apprendre à vivre dans un monde de déchets ? Pour Nicolas Bourriaud, la réponse est claire : un tel apprentissage ne peut se penser sans le secours des oeuvres de l'art d'aujourd'hui - oeuvres qui ont fait du déchet leur préoccupation, leur constitution ou leur forme même. Ce dont nous avons besoin, c'est d'inventer des formes de vie qui soient des « exformes », qui acceptent de se confronter au fait qu'elles sont elles-mêmes en train de se transformer en déchets. Inspiré par les écrits de Karl Marx, Walter Benjamin et surtout Louis Althusser, Nicolas Bourriaud propose donc une ronde à l'intérieur d'une nouvelle « fantasmagorie du capital » : la ronde de ce qui est rejeté, et qui, d'être rejeté, ne cesse de faire retour et de réclamer sa place. À la fois panorama remarquable de l'art contemporain, méditation puissante sur la condition politique d'aujourd'hui, et essai de définir les coordonnées existentielles du présent, L'Exforme est un livre majeur.
La notion de site trouve sa place à mi-chemin de la notion de paysage et de celle d'un espace dit "virtuel". Une de ses acceptions concerne l'espace territorial (le site d'une ville) l'autre se réfère à l'espace électronique (les sites du réseau). Ambiguïtés du vocabulaire, chevauchement des usages, élargissement, voire même effacement des frontières entre les différents champs d'application, telles sont les difficultés qui à la fois font obstacle à l'analyse et en même temps la rende nécessaire. Depuis 5 ans (date de la première édition) les mêmes ambiguïtés subsistent, l'espace du numérique en est encore à sa phase d'exploration, et la pertinence de cette analyse n'a guère vieillie.
Comprendre l'histoire de l'art, c'est comprendre le monde des idées avec lequel elle est intimement liée. Certains individus y ont occupé une place décisive. C'est à eux qu'est consacré ce dictionnaire. Ces théoriciens sont des philosophes (Aristote, Hutcheson ou Dewey...), des historiens de l'art et de la culture (Pline, Vasari, Burckhardt...), des sociologues et des psychanalystes (Kracauer, Simmel, Freud...), des théoriciens d'arts particuliers (Jauss, Hanslick, Brecht, Semper...), mais aussi des critiques (La Font de Saint-Yenne, Diderot, Greenberg...) et des artistes-théoriciens (Alberti, Coleridge, Tolstoï, Artaud...). Réunissant des auteurs venus d'horizons historiques et disciplinaires différents, cet ouvrage permet à tous ceux qui s'intéressent à l'art de partir d'un point de vue particulier, que ce soit celui d'une discipline académique, d'une spécialisation par période, ou d'un art singulier, pour embrasser un point de vue plus large et avoir une compréhension plus claire, plus complète et plus approfondie de l'art.
Au Moyen Âge, les arts se déploient dans un univers mental très différent du nôtre, et selon des catégories (celles d'« arts mécaniques » et d'« arts libéraux », par exemple) et des formes (pensons aux genres théâtraux des « mystères » et des « miracles », ou bien au genre littéraire de l'hagiographie) qui pour nous sont insolites. La production picturale et sa réception sont marquée par les écrits de Plotin puis par la synthèse du néo-platonisme et de la pensée des Pères de l'Église. La querelle des images qui agite le monde byzantin au VIIIe siècle montre l'incidence des réflexions théologiques sur la production picturale et permet de comprendre les contraintes stylistiques de la peinture d'icônes. La Renaissance est non seulement marquée par des nouveautés stylistiques remarquables, mais aussi par des changements considérables dans la manière de penser ces pratiques (qui cessent d'être vues comme des arts mécaniques), leur enseignement (création des Académies), leurs acteurs (invention du mot « artiste »), et la production artistique de l'Antiquité (apparition des premières collections et débuts de l'histoire de l'art).
Une Renaissance est amorcée. Elle apparaît comme une réponse aux problématiques environnementales, sociétales et éthiques brûlantes qui posent à notre époque la question de la survie de l'espèce humaine. Artistique, philosophique, politique, elle prend acte des révolutions scientifiques des dernières décennies et se positionne face aux promesses technoscientifiques et transhumanistes. La Renaissance sauvage répond à l'urgence des problématiques environnementales et sociétales actuelles, et aux aspirations de plus en plus fortes à l'adoption de nouveaux modes de vie sur Terre. L'homme ne se comporte plus en maître et possesseur, imposant ses volontés à une nature passive et sans finalité. Il se met à l'écoute d'un nouveau partenaire : le monde qui l'entoure. Il découvre le potentiel de ses forces, le sollicite, s'y implique et les conjugue avec les siennes. Une nouvelle ère se dessine, rendant l'homme à sa dignité « sauvage » et donnant sens, joie et ambition à son existence. L'art d'aujourd'hui sert d'esquisse à ce nouveau projet de société.
L'art ce ne sont pas que des oeuvres ; ce sont aussi des concepts pour les catégoriser, des catégories mentales pour les appréhender, des valeurs pour les juger. Aussi, l'« histoire de l'art » qu'on trouvera ici n'est pas une histoire des styles, mais l'histoire de cet ensemble indivis fait des oeuvres et des discours qui les accompagnent, et, plus globalement, de la vision du monde dans laquelle ceux-ci s'insèrent. Consacré à l'Antiquité grecque, cet ouvrage met au jour tout ce qui sépare notre manière contemporaine de penser l'art de celle des anciens, mais aussi tout ce qui les relie. En ressort un écart considérable entre une vision moderne qui conçoit l'art comme une activité autonome, dotée d'une valeur intrinsèque et constituant une fin en soi, et la conception antique d'un art fonctionnel, largement lié à la religion et soumis aux exigences de la cité. Il montre aussi comment cette très riche période contient des germes de critique et d'histoire de l'art, des réflexions philosophiques sur des sujets qui continuent à nous concerner (la nature du beau, le pouvoir des images, la censure, etc.) et nous a légué des concepts clés de l'esthétique (mimésis, catharsis, contemplation, etc.).1er volume d'une série de 4.
Pourquoi le XIXe siècle a-t-il défendu « L'art pour l'art » ? Pourquoi la musique, la littérature ou la peinture furent-elles si soucieuses de formalisme ? Que signifia la création en 1863 du « Salon des refusés » ? Comment évolua le régime économique des arts plastiques ? Telles sont quelques-unes des questions dont traite cet ouvrage et auxquelles on ne peut répondre sans convoquer à la fois l'histoire des oeuvres, des artistes et des courants et celle des concepts mêmes d'« art » et d'« artiste ». Il analyse donc la production et la réception des oeuvres de la modernité en relation avec l'atmosphère théorique dans laquelle elles se déploient, et étudie notamment l'importance considérable qu'eurent sur le devenir de l'art le Romantisme allemand, la philosophie de Hegel et celle de Schopenhaueur.
Quel est le rapport entre une carafe et une carafe de Chardin ? Entre un arbre et un arbre de Claude Lorrain ? N'est-ce pas là le grand mystère de l'art ? Par la magie de la ressemblance, l'artiste figuratif n'offre pas une reproduction du visible mais un aperçu de l'invisible, d'un monde à la fois reconnaissable et profondément différent. La plus exacte ressemblance transforme ainsi la réalité en une fiction provisoire, attirante et inatteignable. Michael Edwards étudie cette aspiration des artistes à une transcendance, non pas dans une réalité imaginaire mais dans la réalité connue, dans l'oeuvre d'artistes célèbres : Claude Lorrain, Chardin, Blake, Turner, mais présente aussi au lecteur le peintre anglais Stanley Spencer, le sculpteur américain Greg Wyatt, ainsi que deux artistes contemporains insuffisamment reconnus, Claude Garache et Pascale Hémery.
Et si le cinéma était d'abord un art chorégraphique ? Depuis toujours, sa préoccupation principale était l'invention de nouveaux agencements de corps - et la recherche de nouveaux montages de mouvements. Mais l'idéologie de la mise en scène, venue du théâtre, a rendu cette préoccupation invisible. Pour la rendre à nouveau vivante, c'est toute l'histoire du cinéma qu'il faut relire à l'aune de la chorégraphie : passer du Kino-Glaz (« Ciné-OEil ») de Vertov à un nouveau Kino-Tanz (« Ciné-Corps » ou « Ciné-Danse »). De Fernand Léger à Michel Gondry, de Georges Méliès à David Lynch, de Pinocchio à Gene Kelly ou de Norman McLaren à Quentin Tarantino, le cinéma n'a jamais cessé de danser. C'est ce que démontre Dick Tomasovic, le plus original des théoriciens du cinéma d'aujourd'hui, en onze chapitres qui sont eux-mêmes onze pas de deux, à la fois sidérants et aériens, où s'expérimentent tous les passages de l'idéologie de la mise en scène à l'idéal de la chorégraphie. Il y propose un vocabulaire inouï, bouleversant la manière que nous avions de regarder les films : un vocabulaire qui met au premier plan le rythme et la cadence, le flux et la fluidité, la reprise et la répétition, la mémoire musculaire, la transe et l'extase, le solo et le spectateur, etc.
Pourquoi devient-il de plus en plus difficile de s'en remettre à une ontologie de l'oeuvre classique pour saisir ce qui se passe sur la scène contemporaine ? Qu'est-ce qu'engage la notion de spectacle hybride revendiquée récemment par plusieurs artistes ? En s'appuyant sur de nombreuses descriptions d'oeuvres chorégraphiques de ces dix dernières années, l'ouvrage cherche aussi ce que peut vouloir dire être contemporain et si cela peut trouver sa place dans un ordre axiologique, et donc aussi politique, au sens le plus inactuel possible de ce concept. Ce court essai se conclut par quatre portraits de figures importantes de la scène contemporaine, reconnues ainsi comme exemplaires de l'intention d'être contemporain comme forme d'engagement.
Cet ouvrage propose une alternative à l'idée traditionnelle d'histoire de l'art sous la forme d'une histoire de l'exposition. C'est un domaine à la fois hétérogène de par sa nature, et en chantier permanent selon les nouvelles expositions et nouveaux scénographes. L'époque contemporaine parle d'ailleurs beaucoup d'expositions et moins d'art ou d'oeuvres d'art. Parler d'exposition permet ainsi de changer de perspective : on désigne par là des moments et des événements singuliers, des choix assumés et défendables, et l'art n'est plus en position première. On renonce à savoir si les objets présentés sont de l'art ou non, au profit de la question : que fait-on avec ces objets ? On cherche alors à savoir ce que l'on souhaite transmettre à tel public, à tel moment avec tel objet ou telle oeuvre. Ce qui devient important est le sens que l'on attribue à des objets dans un contexte précis, ce que l'on essaie de transmettre par les expositions. C'est ainsi qu'une oeuvre devient une création institutionnelle, témoin d'un pouvoir symbolique, intellectuel, politique, voire financier... Établir une histoire de l'exposition revient alors à identifier tous ces éléments et à les replacer dans le contexte socio-historique susceptible d'en rendre compte.
L'invention de la photographie est aussi la naissance d'une idée à la fois logique et politique : celle d'une image exacte et naturelle ou a-technique (un art sans art) et pour cette raison accessible à tous, un art pour tous. Depuis la loi française de 1839 sur le daguerréotype, cette idée n'a cessé de se développer dans la culture européenne et nord-américaine. Il ne s'agit pas ici de proposer une histoire des idées sur la photographie, ni de condamner l'idéologie bourgeoise, mais plutôt de montrer comment le développement des techniques et des usages se lie à cette idée de photographie. C'est la généalogie de cette idée, plutôt que sa critique, qui permet d'en comprendre la radicalité et la productivité, dont on retrouve de nombreuses traces dans les débats actuels sur la technologie, la philosophie et l'esthétique de l'image.
Un livre sur le mouvement, l'acte de danser, est rare pour être défendu d'autant que celui-ci est une analyse très convaincante d'un "système d'écriture" artistique. Une tentative de comprendre cette transcription du mouvement qui s'opère dans la danse en particulier la danse contemporaine. "Il s'agira donc, en nous attelant à la tâche de faire comprendre aussi exactement que possible comment opèrent les systèmes de transcription du mouvement, quelles logiques spécifiques ils mettent en oeuvre, d'ouvrir les chemins d'un travail au sens où Foucault en définit les effets ("Travail : ce qui est susceptible d'introduire une différence significative dans le champ du savoir, au prix d'une certaine peine pour l'auteur et le lecteur et avec l'éventuelle récompense d'un certain plaisir, c'est-à-dire d'un accès à une autre figure de la vérité"). Un travail pour chacun devant et avec la danse, à travers elle."