La route des thés oscille entre nomadisme et sédentarité, elle est faite d'étapes, comme autant de points d'attache dans un mouvement perpétuel. Elle symbolise le voyage. Les buveurs de thé sont une confrérie dont fait partie la grande voyageuse Lucie Azema.
L'autrice parcourt l'histoire de ce breuvage millénaire, des premières caravanes aux colonisations, de ses usages à ses significations. Elle explore cette tension entre arrêt et mouvement, qui nous incite à embrasser nos propres errances et nos ancrages, à approcher une philosophie du voyage par étapes, à naviguer en suivant les aléas des chemins et des rencontres, à emprunter des routes aussi bien physiques qu'imaginaires.
De la mort de Louis XIV à la convocation des États généraux, la France des Lumières est un laboratoire où des administrateurs dévoués au roi comme à l'État inaugurent des chantiers aussi ambitieux que risqués, de la refonte fiscale à la réorganisation de la monarchie administrative. Les gens de lettres animent l'espace public et bousculent les frontières du secret du roi. Jamais un appareil d'État n'a reçu autant de projets de réformes. Pourtant, lorsqu'il s'agit de passer de l'expérimentation à l'application, roi et ministres hésitent et souvent trébuchent.
Louis XV rompt avec la représentation traditionnelle du souverain de guerre pour se poser en roi de paix et en roi citoyen, serviteur du bien public, rendant perceptible le processus de désacralisation de l'autorité monarchique. Mais la croissance économique inégalement répartie met la société sous tension. Hors des frontières nationales, l'heure est aux expériences audacieuses, de l'alliance franco-anglaise défendue par le régent Philippe d'Orléans à l'intervention armée aux côtés des Insurgents américains en lutte contre leur souverain.
1559-1629 est une séquence dramatique pour le royaume de France, profondément divisé par la question religieuse. Les protestants constituent environ 10% de la population française au début des années 1560. Les monarques sont de jeunes hommes incapables de gouverner par eux-mêmes ou des princes déconsidérés aux yeux de leurs sujets. En dépit des efforts de Catherine de Médicis et du chancelier Michel de L'Hospital, qui accordent aux protestants la liberté de culte, le royaume sombre dans le chaos : exactions et batailles se succèdent et les violences culminent en 1572 avec la Saint-Barthélemy. On assiste même à deux régicides (Henri III en 1589 et Henri IV en 1610).
Temps de crise sans précédent, les guerres de Religion constituent le creuset de la monarchie absolue d'Ancien Régime. Henri IV parvient à reconstituer l'unité du royaume autour de l'idéal d'obéissance à la figure royale et son fils Louis XIII bénéficie de ses succès pour achever de créer une monarchie puissante capable de s'imposer sur la scène européenne.
16 mai 1770. Marie-Antoinette épouse à Versailles celui qui deviendra Louis XVI. D'abord émerveillée par les fastes de la cour, la jeune dauphine se lasse rapidement des devoirs de sa charge. Pour fuir les contraintes imposées par l'étiquette, elle se retire dès qu'elle le peut en compagnie de quelques privilégiés, le cercle des favoris de la reine.
Alors que nul n'ignore ses déboires conjugaux, la reine est vue à Paris au bal de l'Opéra avec le comte d'Artois, à Versailles avec le beau Lauzun, volage et inconstant, avec le médisant baron de Besenval, le capricieux comte de Vaudreuil, le docile comte Esterhazy, ou encore le ténébreux comte de Fersen.
Loin de garder la réserve habituelle des reines de France, Marie-Antoinette entend vivre comme bon lui semble, malgré les fréquentes remontrances de l'impératrice Marie-Thérèse. Elle goûte par-dessus tout la joie de retrouver ses amis en des lieux fermés au reste de la cour, voués à l'intimité et au délassement : « Ici je ne suis pas la reine, je suis moi. »
À la cour comme à la ville, les rapports de Marie-Antoinette aux hommes font beaucoup jaser - ce qui n'empêche pas nombre de courtisans de briguer la place de favori dans son coeur. De Versailles à Trianon, les intrigues se nouent et se défont entre les candidats et leurs soutiens, au gré des caprices de la reine.
16 mai 1770. Marie-Antoinette épouse à Versailles celui qui deviendra Louis XVI. D'abord émerveillée par les fastes de la cour, la jeune dauphine se lasse rapidement des devoirs de sa charge. Pour fuir les contraintes imposées par l'étiquette, elle se retire dès qu'elle le peut en compagnie de quelques privilégiés, le cercle des favoris de la reine.
Alors que nul n'ignore ses déboires conjugaux, la reine est vue à Paris au bal de l'Opéra avec le comte d'Artois, à Versailles avec le beau Lauzun, volage et inconstant, avec le médisant baron de Besenval, le capricieux comte de Vaudreuil, le docile comte Esterhazy, ou encore le ténébreux comte de Fersen.
Loin de garder la réserve habituelle des reines de France, Marie-Antoinette entend vivre comme bon lui semble, malgré les fréquentes remontrances de l'impératrice Marie-Thérèse. Elle goûte par-dessus tout la joie de retrouver ses amis en des lieux fermés au reste de la cour, voués à l'intimité et au délassement : « Ici je ne suis pas la reine, je suis moi. »
À la cour comme à la ville, les rapports de Marie-Antoinette aux hommes font beaucoup jaser - ce qui n'empêche pas nombre de courtisans de briguer la place de favori dans son coeur. De Versailles à Trianon, les intrigues se nouent et se défont entre les candidats et leurs soutiens, au gré des caprices de la reine.
De la chute de l'Ancien Régime à celle de Napoléon, ce volume aborde l'une des périodes clefs de l'histoire de France, fondamentale pour comprendre le fonctionnement de notre démocratie. Le plan mêle une approche thématique et un récit des événements. La moitié des chapitres est ainsi ordonnée autour des grandes ruptures : 1789, ' année sans pareille ', bien sûr, mais aussi la naissance de la République en 1792, la Terreur, les années du Directoire, puis celles du Consulat et de l'Empire, aujourd'hui au centre des nouvelles recherches des historiens. Les chapitres thématiques abordent les questions économiques et sociales, les religions, l'histoire culturelle, la Contre-Révolution et l'émigration, les relations internationales et les problèmes coloniaux, les questions militaires.
Dans ' l'atelier de l'historien ', un aperçu de l'historiographie de la période rappelle à quel point la Révolution, le Consulat et l'Empire ont été, deux siècles durant, un enjeu dans les querelles entre historiens, tant que l'idée même de révolution déclenchait des oppositions partisanes, aujourd'hui en grande partie apaisées. C'est une période centrale de l'histoire de France qui se trouve ici revisitée.
Les femmes font aujourd'hui du bruit ? C'est en regard du silence dans lequel les a tenues la société pendant des siècles. Silence des exploits guerriers ou techniques, silence des livres et des images, silence surtout du récit historique qu'interroge justement l'historienne. Car derrière les murs des couvents ou des maisons bourgeoises, dans l'intimité de leurs journaux ou dans leurs confidences distraites, dans les murmures de l'atelier ou du marché, dans les interstices d'un espace public peu à peu investi, les femmes ont agi, vécu, souffert et travaillé à changer leurs destinées.
Qui mieux que Michelle Perrot pouvait nous le montrer ? Historienne des grèves ouvrières, du monde du travail et des prisons, Michelle Perrot s'est attachée très tôt à l'histoire des femmes. Elle les a suivies au long du XIXe et du XXe siècles, traquant les silences de l'histoire et les moments où ils se dissipaient. Ce sont quelques-unes de ces étapes que nous restitue ce livre.
11 novembre 1630 : à l'issue d'une journée mouvementée, Louis XIII choisit de maintenir sa confiance en Richelieu pour s'engager, à ses côtés, dans une politique dominée par les préceptes de la raison d'État. 1er septembre 1715 : Louis XIV meurt au terme du règne le plus long et le plus brillant de l'histoire de France. D'une date à l'autre, ce siècle fut le temps des rois absolus, qui portèrent à son comble la sacralité du pouvoir monarchique en mobilisant toutes les ressources littéraires et artistiques. Les fastes de la religion royale furent mis au service d'une autorité inouïe. Pour en rendre compte, les contemporains regroupèrent sous le terme générique d'"Extraordinaire" les impôts nouveaux, les tribunaux exceptionnels, les pouvoirs confiés aux intendants, etc.
La guerre, avec son cortège de malheurs et de nécessités impérieuses, fut la manifestation la plus sensible de l'autorité royale. Elle exigea une mobilisation toujours croissante de la société et de l'État, dont elle fut la matrice. Pour la financer, le recours au crédit et à la vente d'offices modifia profondément les structures sociales du royaume. Les élites investirent massivement dans ces charges vénales qui, parfois, les anoblissaient en entretenant la confusion entre dignité sociale et service du Roi. Ainsi débutait la longue histoire d'une relation singulière entre la société française et l'État.
La reine des biographes. Un grand récit qui offre une histoire inégalée du grand et tragique XVI e siècle.
En six volumes d'exceptions, publiés entre 1994 et 2002 aux éditions de Fallois, Simone Bertière a raconté l'histoire des reines, célèbres ou oubliées, qui ont fait la France de la Renaissance à la fin de la monarchie. Voici l'édition définitive - en un beau et fort volume - des deux premiers consacrés au XVIe siècle qui ont vu s'épanouir comme jamais le pouvoir des femmes avant que les tragédies des guerres de religion n'engagent une éclipse accentuée par l'application de plus en plus rigide de la loi salique. Sous la plume élégante et inspirée de l'auteur entrent notamment et successivement en Majesté Anne de Bretagne, Jeanne de France, Marie d'Angleterre, Claude de France, Eléonore d'Autriche, Marie Stuart, Marguerite de Valois, Louise de Lorraine et naturellement Catherine de Médicis.
Pour cette nouvelle édition de luxe, illustrée de deux forts cahiers hors-texte, la grande historienne a entièrement revu, corrigé et actualisé son texte qui fait, rare en histoire, a été unanimement salué par la critique tout en racontant un très large succès public.
Un maître-ouvrage qui conjugue au plus point la rigueur historique avec l'art du récit.
La Révolution française, mère du complotisme.À la faveur de la démultiplication prodigieuse de l'information, le monde connaît aujourd'hui une obsession conspirationniste d'une ampleur inédite. Cette propension à interpréter les faits à l'aide d'une grille de lecture faisant fi de la réalité n'a cependant pas attendu notre temps pour prendre forme. Les grands traits du complotisme contemporain prennent en réalité naissance pendant la Révolution française, époque d'une richesse remarquable en matière d'intrigues avérées mais aussi, et surtout, imaginaires. Dès les premiers mois de 1789, ont surgi plusieurs explications alternatives des événements. Pour certains témoins, qu'ils soient favorables ou non à la Révolution, les faits observables à l'oeil nu sont un leurre. Les vraies causes du grand bouleversement politique sont à trouver ailleurs. Sur le banc des accusés figurent les philosophes, les protestants, les francs-maçons, les illuminés de Bavière ou encore l'Angleterre.
La première partie du livre est consacrée aux multiples facettes de cette fièvre complotiste, dont l'incarnation littéraire prend la forme fascinante d'un roman d'aventures ayant pour principaux héros le duc d'Orléans, Jacques Necker, Adam Weishaupt, Voltaire et William Pitt. Dans la seconde partie, l'auteur propose un éclairage particulièrement brillant de cette obsession de la main cachée. Pour ce faire, il nous entraîne dans les tréfonds de l'imaginaire politique de l'Ancien Régime et des années révolutionnaires jusqu'à son inquiétant avatar du XXIe siècle. Un sujet plus actuel que jamais traité par un de nos meilleurs historiens actuels.
De quoi était donc fait l'esprit de la Révolution pour que plus de deux siècles après il nous éclaire encore ? Scruter l'événement pour en découvrir les ressorts mythographiques, se frayer un chemin de connaissance par-delà interprétations et idéologies, tel est le projet. L'exploration opère en trois temps. L'enquête remonte d'abord aux sources médiévales du débat philosophique qui, au milieu du xviiie siècle, investit la souveraineté d'un nouveau principe de légitimité. Elle retrace ensuite les jeunes années des principaux acteurs du drame en vue de saisir leur personnalité profonde et de donner la mesure des bouleversements subjectifs induits par l'événement lui-même. Vient alors le moment d'aborder le grand récit, de revivre pas à pas, et au plus près des protagonistes, la construction des mythes fondateurs de la France contemporaine, fruit de cette singulière et imprévisible rencontre entre le mouvement des idées, les contradictions sociales du temps et la personnalité des acteurs. Alors s'éclaire le mystère de l'exception française et de sa permanence, cette culture politique que le monde entier nous envie autant qu'il s'en agace. Trop française, cette culture, à l'heure de la globalisation du monde ? Trop national, l'esprit qui en émane ? L'interrogation traverse de part en part le récit.
Olivier Bétourné est historien et éditeur. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, élève d'Albert Soboul (1914-1982) alors titulaire de la chaire d'histoire de la Révolution française à la Sorbonne, il est notamment l'auteur (avec Aglaia I. Hartig) de Penser l'histoire de la Révolution. Deux siècles de passion française (La Découverte, 1989). Il est, par ailleurs, cofondateur et président de l'Institut Histoire et Lumières de la pensée.
Au temps de la voile, le métier de marin est le plus complexe de tous, celui pour lequel l'erreur pardonne le moins. Aussi le jour où l'on franchit pour la première fois l'échelle de coupée est-il déterminant. C'est bien plus qu'un milieu naturel qu'il s'agit de dominer désormais : une langue qui est celle de la navigation, une manière de voir et de réfléchir, un rythme de travail et de veille, l'étroitesse encombrée du bord sous l'immensité du ciel et des flots, la violence des hommes en plus de celle des éléments. Tout le monde n'y résiste pas, mais l'attraction de la mer demeure.
L'historien Olivier Chaline nous raconte comment, dans la France des XVII et XVIII siècles qui se lance plus que jamais sur les océans, tant d'enfants et de très jeunes hommes ont appris la mer.
Fin août 1572. À Paris, des notaires dressent des inventaires après décès, enregistrent des actes, règlent des héritages. Avec minutie, ils transcrivent l'ordinaire des vies au milieu d'une colossale hécatombe. Mais ils livrent aussi des noms, des adresses, des liens.
Puisant dans ces archives notariales, Jérémie Foa tisse une micro-histoire de la Saint-Barthélemy soucieuse de nommer les anonymes, les obscurs jetés au fleuve ou mêlés à la fosse, à jamais engloutis. Pour élucider des crimes dont on ignorait jusqu'à l'existence, il abandonne les palais pour les pavés, exhumant les indices d'un massacre de proximité, commis par des voisins sur leurs voisins. Car à descendre dans la rue, on croise ceux qui ont du sang sur les mains, on observe le savoir-faire de la poignée d'hommes responsables de la plupart des meurtres. Sans avoir été prémédité, le massacre était préparé de longue date - les assassins n'ont pas surgi tout armés dans la folie d'un soir d'été.
Au fil de vingt-cinq enquêtes haletantes, l'historien retrouve les victimes et les tueurs, simples passants ou ardents massacreurs, dans leur humaine trivialité : épingliers, menuisiers, rôtisseurs de la Vallée de Misère, tanneurs d'Aubusson et taverniers de Maubert,
vies minuscules emportées par l'événement.
Un homme à la démesure de son règne (1509-1547).
Au début du XVIe siècle, quatre jeunes princes hors du commun montent sur les principaux trônes d'Europe. Henri VIII en Angleterre, en 1509 ; François Ier en France, en 1515 ; Charles Quint en Espagne puis dans l'Empire, en 1516 et 1519 ; Soliman le Magnifique dans l'empire ottoman, en 1520. Cette nouvelle génération qui prend le pouvoir a la tranquille arrogance de la jeunesse, mais Henri VIII se distingue de ses contemporains. Car le roi pénètre bientôt dans des territoires où aucun de ses prédécesseurs n'a jamais osé s'aventurer. Si c'est un jeune roi pieux au coeur de l'Europe catholique qui monte sur le trône, c'est un prince schismatique, qui a créé une Église nationale et une nouvelle manière de régner, qui meurt en 1547. Pendant ces trente ans, il aura fait sauter les unes après les autres de multiples digues séculaires : rupture avec la papauté ; exécution de sa seconde épouse, de son principal ministre, de son chancelier, d'un cardinal, de sa cinquième épouse ; tour de vis fiscal sans précédent ; suppression de tous les monastères du royaume ; confiscation de dizaines de palais, de châteaux et de demeures nobles.
Henri VIII est aussi le monarque anglais le plus célèbre parce que son histoire demeure l'une des meilleures que l'on puisse raconter. Tout y est. La violence et le sexe. L'amour et la haine. Le pouvoir et la démesure. L'amitié et la trahison. Le fils écrasé par son père ; le père écrasant ses enfants. Le casting, ensuite, est absolument exceptionnel. Si l'on s'arrête un instant sur le personnage principal, au moment où il monte sur le trône, force est de reconnaître que rarement un roi d'Angleterre aura à ce point incarné la royauté. L'homme est un colosse de près d'un mètre quatre-vingt-dix. Il est jeune - il n'a pas encore 18 ans -, en bonne santé, beau et cultivé, riche et athlétique. Mais, progressivement, cette incarnation parfaite du prince de la Renaissance se mue en tyran sanguinaire ; de jeune premier, il se transforme en vieux-beau, puis en débris. Les premiers rôles féminins n'ont rien à lui envier, qui, pour s'en limiter aux épouses, incarnent différents stéréotypes: la sainte, l'intrigante, la discrète, le laideron, l'allumeuse, le bas-bleu. Les seconds rôles masculins sont également remarquables, du flamboyant et indispensable Thomas Wolsey à l'impénétrable Thomas Cromwell, en passant par le veule et arrogant Thomas Howard ou Thomas More, l'inflexible et souriant martyr. On se promène dans des châteaux tendus de tapisseries de fil d'or ; on poursuit des cerfs à bride abattue ; on voit des chevaliers en armure briser leurs lances en se percutant à pleine vitesse ; des hérétiques sont brûlés, puis écartelés, pendant que les plus brillants esprits du temps débattent sur la paix et l'harmonie ; le roi tente de réitérer les exploits d'Henri V en envahissant la France ; le peuple se soulève contre les réformes religieuses du souverain. Mais le règne est en même temps une tragédie intemporelle et universelle sur l'amour, la famille, la guerre, la liberté de l'esprit, et le pouvoir. Et dans cette histoire, tout est vrai !
" La traite et l'esclavage furent le premier système économique organisé autour de la transportation forcée de populations et de l'assassinat légal pour motif de liberté, pour marronnage. Ce système a perduré pour l'Europe durant plus de quatre siècles, pour la France durant plus de deux siècles. Il ne s'agit pas de se morfondre ni de se mortifier, mais d'apprendre à connaître et respecter l'histoire forgée dans la souffrance. D'appréhender les pulsions de vie qui ont permis à ces millions de personnes réduites à l'état de bêtes de somme de résister ou simplement de survivre. Il s'agit de comprendre cette première mondialisation qui a généré des relations durables entre trois puis quatre continents. Ces événements doivent être enseignés, que l'on sache qu'il y eut, dès les premiers temps, résistance sur place et solidarité transcontinentale. Interrogeons cette histoire afin que les jeunes générations détectent les liens entre le racisme ordinaire et ses sources dans le temps, et qu'elles comprennent que la République a besoin de leur vigilance et de leur exigence. Choisissons une éducation qui prépare à l'altérité et qui porte l'empreinte de la vérité, de la justice, de la fraternité. " Traite et exploitation des êtres humains, colonisation, luttes pour la liberté, réflexion sur la notion de crime contre l'humanité, formes contemporaines de l'esclavage : une mère engagée répond aux nombreuses questions de sa fille. De ce dialogue s'est construit, au fil des étonnements, indignations et admirations, un livre aussi passionnant que nécessaire.
«Terreur », guerres de Vendée, impossible représentation du peuple, abandon des idéaux d'égalité : la Révolution française était-elle vouée à l'échec ? La Révolution est exemplaire dans l'histoire de France, par les espoirs qu'elle a suscités et les déceptions qu'elle a provoquées. Qui n'a loué l'enthousiasme de ses débuts et la grandeur de son projet ? Qui ne connaît les désenchantements causés par les violences, les massacres de Vendée, l'exclusion des opposants ou des femmes de la vie politique, l'ambiguïté des promesses abandonnées ? Ce livre expose et étudie les contradictions de la période révolutionnaire hors des polémiques ou des plaidoyers. Il ne s'agit ni de justifier les violences au nom d'idéaux parfois illusoires, ni de rejeter tout en bloc. Dans un essai incisif qui tire parti de décennies de recherches, Jean-Clément Martin fait l'histoire de ce qui a échoué dans le but de répondre aux débats encore vifs et de mieux penser les enjeux politiques et sociaux contemporains.
Il a fallu à la Révolution trois jours et deux nuits, du 14 au 16 octobre 1793, pour juger et exécuter Marie-Antoinette. Elle était condamnée d'avance. Ce face-à-face dramatique entre l'ancienne reine de France et ses juges dans la salle de la Liberté du Tribunal révolutionnaire de Paris tient tout à la fois du huis clos, du dialogue de sourds et de l'épreuve de force. C'est bien sûr le procès d'une reine, c'est aussi celui d'une étrangère, c'est enfin celui d'une femme et c'est celui d'une mère.
Emmanuel de Waresquiel le raconte, à la lumière de sources jusqu'alors inédites, en montrant tour à tour l'accusée et ses accusateurs, leurs peurs, leurs courages et leurs certitudes, leurs fantasmes et leurs haines. Il en fait à la fois un tournant de la Révolution et l'un des moments paroxystiques de la Terreur. Un miroir aussi, comme si tout était dessiné en noir et blanc : les hommes et les femmes, la vertu et la trahison, l'égalité et le privilège, la nation et l'Europe, la République et la monarchie. Les grandes fractures françaises ont en commun d'avoir été des tragédies. Elles font de ceux qui s'y débattent des personnages de la 25e heure. Victimes et bourreaux n'ont plus de prise sur leur destin.
Entre 1494 et 1559, la péninsule italienne fut le théâtre de plusieurs guerres d'une intensité encore jamais atteinte. Souvent présentées comme un affrontement voulu par des souverains français aux ambitions chimériques, de Charles VIII à Henri II, les guerres d'Italie ont pourtant une réalité globale, toutes les puissances du moment étant impliquées. Outre la France, l'Espagne, le Saint Empire, la Suisse ou encore l'Empire ottoman participent au ravage des terres italiennes au cours de ce premier conflit entre les nations européennes naissantes. Par ailleurs, toutes les entités politiques italiennes furent les acteurs de ces conflits, Naples, Milan, Rome, Florence, Venise ou Gênes menant des actions autonomes et tentant de maintenir leurs existences politiques face aux léviathans des XVe et XVIe siècles. C'est pourquoi ce livre, où les meilleurs historiens de chaque État synthétisent les connaissances les plus actuelles, permet de repenser les guerres d'Italie en sortant d'une perception francocentrée et en donnant à lire toute la diversité de ce chapelet de guerres sur plus de soixante ans. Ce faisant, il invite à repenser bien des événements - la bataille de Pavie, le sac de Rome - ou des parcours - Machiavel, Charles Quint, le pape Jules II - et offre une lecture aussi originale que captivante.
L'histoire de la fondation des États-Unis telle que vous ne l'avez jamais lue. Un savoureux mélange d' OSS 117, du Bureau des légendes, de The Patriot et de Ridicule !
Lorsque les Treize Colonies proclament leur indépendance en 1776, l'Amérique s'enlise dans un conflit qui oppose les révolutionnaires à la Grande-Bretagne jusqu'à la fondation des États-Unis en 1783. L'histoire nous enseigne que c'est Benjamin Franklin qui en est l'instigateur. Premier émissaire à la cour de Louis XVI, il obtient en 1778 le soutien de la France, qui accepte alors de fournir des armes aux insurgés. Mais le père fondateur n'a en réalité joué qu'un rôle secondaire dans cette affaire, et ce n'est pas son histoire qui est racontée ici.
C'est celle de trois improbables alliés qui, dès 1776, s'unissent pour soutenir la Révolution américaine : Beaumarchais, le célèbre auteur du
Barbier de Séville ; le chevalier d'Éon, l'excentrique et ambigu agent secret français ; et Silas Deane, un commerçant du Connecticut. Ensemble, entre actes d'espionnage au détriment des Anglais, diplomatie clandestine au profit de l'armée continentale et tractations secrètes avec la France, ils parviennent à armer les rebelles. Mais si nos protagonistes font montre d'intelligence, de ruse et de courage pour parvenir à leurs fins, ils se posent aussi en véritables anti-héros. En effet, vaniteux, hypocrites, menteurs et égoïstes, les trois comploteurs évoluent vers un chemin semé d'embuches où les quiproquos et les intrigues sentimentales et sexuelles dignes des meilleurs Vaudeville s'enchaînent.
Ce sont leurs aventures rocambolesques mais véritables qui ont permis aux États-Unis de voir le jour, et que nous découvrons dans ce récit à la fois vivant, étonnant et amusant. Un vrai plaisir de lecture !
"
Unlikely Allies est un récit de non-fiction, mais il se lit comme on regarde un film des Monty Python [...]. Follement divertissant ! "
The Washington Post Book World" Le récit engageant et divertissant de trois des personnages les plus colorés impliqués dans la Révolution américaine. Il est difficile de croire que leur histoire est vraie, mais elle l'est. "
Gordon S. Wood, historien et lauréat du Prix Pulitzer (1993)
La fin d'un monde.
L'année 1789 est une succession d'épisodes d'une densité et d'un rythme sans précédents. Le 17 juin, le roi perd son pouvoir au profit de l'Assemblée nationale. Cette révolution politique et institutionnelle est suivie d'une révolution populaire le 14 juillet, d'une révolution sociétale le 4 août, d'une révolution idéologique le 26 août, d'une révolution sociale les 5 et 6 octobre. En moins de quatre mois, un système plus que millénaire est abattu.
Alexandre Maral restitue l'enchaînement, serré, des événements à la lumière de la perception qu'en ont eue les habitants du lieu - souverains, courtisans, députés, citadins.
S'appuyant sur des archives, des périodiques, des témoignages personnels et des dépositions inédites, il revient avec maestria sur un processus qui contient en germe la proclamation de la République et la condamnation à mort du souverain.
Oublions les westerns. Entre le XVI et le XIX siècle, l'Amérique du Nord a été sillonnée par des aventuriers de langue française. Coureurs de bois, trappeurs, interprètes, ces hommes, en quête de fourrures, se sont constamment mêlés aux Amérindiens.
En partant sur la piste de dix voyageurs, originaires de la France ou du Canada, Gilles Havard fait surgir des scènes saisissantes : adoption d'un jeune Français par des Iroquois, pirogues chargées de peaux de castor descendant la rivière Missouri, retrouvailles lors des grandes haltes de caravanes dans les Rocheuses... À travers ces destins hors du commun se dessine une autre histoire de la colonisation européenne, occultée par le récit américain de la conquête de l'Ouest : une histoire d'échanges et de métissages, dont les têtes d'affiche sont des Français et des Amérindiens.
S'appuyant sur des récits de voyage, des archives et des témoignages de descendants, enrichi de cartes et d'images inédites, cet ouvrage donne vie à un monde jusqu'ici invisible.
Né des amours d'un riche colon et d'une esclave de la Guadeloupe, Joseph de Bologne de Saint-George (1745-1799), violoniste et compositeur talentueux, escrimeur redouté et cavalier inimitable, accède enfin à une légitime notoriété après avoir été injustement oublié.
Officier de la Maison du roi, agent secret initié aux plus hauts degrés de la franc-maçonnerie, colonel d'un régiment de l'an II, bretteur hors pair et surtout brillant musicien, il a mené une vie digne d'un film de cape et d'épée.
De la Guadeloupe à Paris et à la Cour, ce grand séducteur devient l'intime de Marie-Antoinette, croise Laclos, le chevalier d'Éon, le général Dumas, Haydn, Philippe Égalité, Mirabeau et les plus belles femmes de son temps.
Mais Saint-George était né esclave. Cette révélation, qui met en lumière un tabou de l'histoire de France, amène aussi à reconsidérer un siècle dont on croyait tout savoir.
La seule biographie véritable du maître de la Renaissance.Lorsque l'on aborde la vie de Léonard de Vinci, deux écueils sont à éviter : placer l'artiste au-dessus de la condition humaine et en faire une sorte de génie aussi énigmatique qu'impénétrable ou, au contraire, réduire son existence à quelques épisodes incertains voire fantasmés de sa vie privée - comme sa prétendue sexualité débridée.
Loin des idées reçues et légendes tenaces, cet ouvrage nous invite à emprunter le véritable parcours de Léonard, du petit village toscan de Vinci dans lequel il naît en 1452, à Amboise, en France, où il s'éteint en 1519. Tout en suivant ses progrès dans les nombreuses disciplines auxquelles il s'essaye (dessin, peinture, bronze, architecture, mathématiques, etc.), nous voyageons au coeur de l'Italie renaissante : nous découvrons l'atelier de Verrocchio, à Florence, dans lequel le jeune peintre fait ses armes ; nous visitons Milan, où il se met au service de la puissante famille Sforza ; à Rome, nous rencontrons les Médicis (le pape Léon X et le duc de Nemours) qui admirent et protègent ce polymathe hors du commun ; enfin, dans la vallée de la Loire, à la cour de François Ier, nous revivons les dernières années du maître.
S'appuyant principalement sur des sources primaires - notamment les foisonnants Carnets du peintre -, Jean-Yves Boriaud se place ici en historien de l'art et analyse finement les conditions de réalisation des oeuvres magistrales de Léonard (
Cène, Joconde, Saint Jean-Baptiste, etc.), mais aussi l'histoire de ses nombreuses productions inachevées (cheval des Sforza, portrait d'Isabelle d'Este...). Ainsi, il parvient à nous offrir le premier portrait fidèle et authentique de cette figure emblématique de la Renaissance.
À partir de 1750, on a peu à peu cessé, en Occident, de tolérer la proximité de l'excrément ou de l'ordure, et d'apprécier les lourdes senteurs du musc.Une sensibilité nouvelle est apparue, qui a poussé les élites, affolées par les miasmes urbains, à chercher une atmosphère plus pure dans les parcs et sur les flancs des montagnes. C'est le début d'une fascinante entreprise de désodorisation : le bourgeois du XIXe siècle fuit le contact du pauvre, puant comme la mort, comme le péché, et entreprend de purifier l'haleine de sa demeure ; imposant leur délicatesse, les odeurs végétales donnent naissance à un nouvel érotisme. Le terme de cette entreprise, c'est le silence olfactif de notre environnement actuel.Chef-d'oeuvre de l'histoire des sensibilités, Le Miasme et la Jonquille a été traduit dans une dizaine de langues.
L'univers est gouverné par une loi générale de la putréfaction. Dieu, les anges et toutes les créatures naissent du chaos, comme les vers apparaissent à la surface du fromage. Nous sommes des dieux, et tout est Dieu : le ciel, la terre, l'air, la mer, les abîmes et l'enfer...
Tel est le credo qu'un certain Menocchio, meunier du Frioul dans l'Italie du XVIe siècle, eut à défendre devant le Saint-Office avant de périr sur le bûcher. Lecteur infatigable, exégète à ses heures, hérétique malgré lui, il s'était constitué une bibliothèque au hasard des rencontres, hors de toute discipline culturelle, prélevant librement dans les textes, élaborant sa propre vision du monde.
Avec cette étude magistrale, devenue un classique de l'historiographie, Carlo Ginzburg inventait la micro-histoire et renouvelait la connaissance d'un monde resté longtemps mystérieux, celui de la culture populaire.