«?Ça commence parfois par une inquiétude ou un malaise. On se sent en décalage, on craint d'agir de manière déplacée. On a le sentiment de ne pas "être à sa place". Mais qu'est-ce qu'être à sa place, dans sa famille, son couple, son travail ? Quels sont les espaces, réels ou symboliques, qui nous accueillent ou nous rejettent ? Faut-il tenter de conquérir les places qui nous sont interdites, à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique ou sociale ? Peut-être faut-il transformer ces lieux de l'intérieur et s'y créer une place à soi ??» Dans cet ouvrage aussi passionnant que sensible, la philosophe Claire Marin explore toutes les places que nous occupons - quotidiennement, volontairement ou contre notre gré, celles que nous avons perdues, celles que nous redoutons de perdre - et interroge ce qui est à la fois la formulation d'un désir personnel et un nouvel impératif social. Encore reste-t-il à savoir si l'on finit tous par trouver une place, ou si le propre d'une place n'est pas plutôt de sans cesse se déplacer, ou de déplacer celui qui croit pouvoir s'y installer...
Guy Marchant a réfléchi, c'est lui, l'homme providentiel. Il veut offrir à la France le meilleur. Il est prêt à négocier, au plus haut sommet du monde, avec ses homologues internationaux. Il est prêt à se battre pour relever les défis de toutes les crises : sanitaires, économiques, sociales, environnementales et culturelles. En un mot, il est prêt à entrer dans l'Histoire. Mais avant, il y a cette épreuve majeure qu'est la campagne électorale. Un passage ultime en démocratie, un temps à part avant les grandes affaires. Affiches, meetings, annonces, porte-à-porte, communiqués de presse, discours, poignées de main, slogans... Pour mettre toutes les chances de son côté, notre homme et son équipe vont suivre, tant bien que mal, mais à la lettre, les codes décalés d'une partie de campagne. Votez Guy Marchant !
Rien ne va plus à Krasnaïa depuis qu'un incendie volontaire a ravagé le Bois Rouge. Le cheval prudent que les animaux se sont donné pour Régent sera-t-il à la hauteur du crime ? Ou faudra-t-il le remplacer, lors des Dragatiques, par un animal moins mou ? Et qui alors, de l'ânon furieux, de l'ourse animaliste ou du jeune loup, recevra l'onction de la horde ? Comment se conduiront les albinos ? Les femellistes ? Les enragés (si tant est qu'ils existent) ? Et les inordinaires ? Mystère. Les renards tenteront-ils de se soustraire à la loi commune ? Les hirondelles feront-elles basculer l'opinion vers la haine ? L'art de la discussion suffira-t-il à contenir la violence ? Nées trop tard dans un monde trop juste, les bêtes parviendront-elles à supporter la paix, ou céderont-elles, de nouveau, à la tentation de se faire la guerre ?
Un soupçon s'est insidieusement levé, un matin : que la vie pourrait être tout autre que la vie qu'on vit. Que cette vie qu'on vit n'est plus peut-être qu'une apparence ou un semblant de vie. Que nous sommes peut-être en train de passer, sans même nous en apercevoir, à côté de la « vraie vie ».
Car nos vies se résignent par rétractation des possibles. Elles s'enlisent sous l'entassement des jours. Elles s'aliènent sous l'emprise du marché et de la technicisation forcée. Elles se réifient, enfin, ou deviennent « chose », sous tant de recouvrements.
Or, qu'est-ce que la « vraie vie » ? La formule, à travers les âges, a vibré comme une invocation suprême. De Platon à Rimbaud, à Proust, à Adorno.
La « vraie vie » n'est pas la vie belle, ou la vie bonne, ou la vie heureuse, telle que l'a vantée la sagesse.
Elle n'est surtout pas dans les boniments du « Bonheur » et du développement personnel qui font aujourd'hui un commerce de leur pseudo-pensée.
La vraie vie ne projette aucun contenu idéal. Ce ne serait toujours qu'une redite du paradis. Elle ne verse pas non plus dans quelque vitalisme auto-célébrant la vie.
Mais elle est le refus têtu de la vie perdue ; dans le non à la pseudo-vie.
La vraie vie, c'est tenter de résister à la non-vie comme penser est résister à la non-pensée.
En quoi elle est bien l'enjeu crucial - mais si souvent délaissé - de la philosophie.
Combien vaut une vie détruite par le terrorisme en France ?
Dans un document inédit et bouleversant, le journaliste Mathieu Delahousse dévoile les dessous de l'indemnisation des victimes d'attentats terroristes.
Depuis 2015, 225 millions d'euros ont été versés à 6 324 personnes frappées par des attentats sur le sol français. Les enveloppes accordées suivent des cheminements méconnus et soulèvent des tabous douloureux. Combien pour la perte d'un proche ? Combien pour des crises d'angoisse et des nuits pleines de cauchemars ? Ou pour un traumatisme qui empêche de reprendre le travail ?
Durant deux ans, Mathieu Delahousse a exploré la façon dont se jaugent les vies brisées par les attentats. Seul à suivre, pour la première fois, les audiences du nouveau « juge de l'indemnisation des victimes d'attentats terroristes » et en recueillant la parole de dizaines de rescapés, il nous fait découvrir le roman noir de ces procédures toujours insatisfaisantes. Des comptes d'apothicaires engendrent des malaises infinis. Des malentendus terribles s'exacerbent. Des courages insoupçonnés s'éveillent, tandis que des profiteurs n'hésitent plus à se glisser parmi les réelles victimes... Heureusement que des juges, figures rassurantes de Marianne trop longtemps absentes auprès des endeuillés, viennent remettre un peu d'ordre dans des procédures qui semblent inspirées à la fois de Kafka et de Courteline.
« Dans un néant sans limites et dans un temps infini, on ne saura jamais pourquoi, lecteur, tu es en train d'exister, ni pourquoi, à cet instant même, tu tiens ce livre entre tes mains, à cet endroit précis de l'univers. Dans cette énigme, il y a de quoi cultiver notre curiosité jusqu'à la rendre insatiable, ce que je souhaite à tous. Je crois en effet que puiser sans cesse dans la rivière inépuisable du savoir, ne jamais cesser de cheminer pour faire reculer l'horizon de l'ignorance, c'est cela, réussir sa vie. La philosophie d'un monde sans Dieu incite à rebâtir entièrement sa propre vie, puisque personne d'autre ne s'en charge. » Philippe Val
Face à l'urgence écologique, institutions et citoyens entreprennent des politiques de ville durable, d'agriculture urbaine, de consommation locale... Autant d'efforts aussi louables et nécessaires qu'inéluctablement limités. Un élément fondamental est oublié?: le lieu de vie de la population. Dans cet essai militant, Henri Landes démontre la nécessité d'une meilleure répartition de la population sur le territoire français et propose des solutions concrètes pour amorcer ce changement. Ce nouvel exode pourra s'accomplir grâce à une prise de conscience individuelle et à une volonté d'accompagnement par les pouvoirs publics et les entreprises?: investir dans l'économie rurale, créer des microsociétés plus autonomes, reconnecter les citoyens-consommateurs au monde agricole, sensibiliser les nouvelles générations aux richesses de la ruralité pour, en somme, faire revivre ces territoires plus aptes à s'adapter aux conséquences du changement climatique. La véritable transition écologique est à notre portée. Repeuplons les campagnes !
La directrice de l'iFRAP nous livre ce constat édifiant : les chiffres réels de la situation économique de la France sont partiellement passés sous silence. La Cour des comptes se révèle timide concernant les finances publiques, et les rapports publics se montrent trop frileux. Les dispositifs d'alerte semblent se désactiver un à un. Pourtant, les données sont là : la France est un pays en déclassement. Savez-vous qu'elle se situe en réalité au 29e rang mondial en PIB par habitant ? Que nous avons atteint 1400 milliards de dépenses publiques ? Que nous payons 483 taxes, impôts et cotisations ? Que 1 jeune sur 20 est illettré ? Étouffée par une bureaucratie envahissante, contrainte par des lois repoussoir pour l'investissement, gangrénée par des taux d'inactivité, de pauvreté et d'insécurité de plus en plus élevés, la France est en proie à de nombreux maux dont la population devrait être informée. Loin de chercher à créer la polémique, Agnès Verdier-Molinié se fait un devoir d'avertir justement les Français sur le véritable état de la France en 2022 et de leur proposer des solutions de sortie de crise.
Au lendemain de l'élection présidentielle, le journaliste Renaud Dély analyse la manière dont la gauche a trahi le projet des Lumières et les idéaux du progrès. Quand Emmanuel Macron a moqué le "modèle amish" à propos de ceux qui refusaient le déploiement de la 5G, était-il si éloigné de la réalité ? La gauche n'aurait-elle pas bel et bien trahi le progrès, si cher à ses pères fondateurs ? Au fil de l'ouvrage, Renaud Dély dissèque la métamorphose d'un camp qui se détourne de ses idéaux et se fourvoie dans des combats hermétiques. Entre dérives identitaires, repli communautaire, rejet du patriotisme et conversion au catastrophisme, cette famille politique fondatrice de la République tourne le dos à l'avenir et se referme sur des certitudes désuètes, déconnectées du réel et de l'époque. L'indignation lui tient lieu de réflexion. Privilégiant l'invective et le sectarisme au dialogue et à la nuance, cette gauche de l'entre-soi exclut aujourd'hui tout, jusqu'à elle-même.
La gauche en France n'est plus. Au lendemain de l'élection, il y a urgence à en mener l'autopsie, dans l'espoir de la voir un jour opérer son indispensable résurrection.
Si le féminisme s'est constitué en mouvement politique au XIXe siècle en Europe, des idées féministes, implicites ou explicites, se sont exprimées depuis l'Antiquité et dans le monde entier, contredisant les moeurs et le discours misogyne dominants.
Pourquoi, comment et où de telles idées apparaissent-elles ? Font-elles véritablement Histoire, dans un processus de développement cumulatif ? Ou sont-elles seulement des bouffées aléatoires, sans synthèse ni somme ? Le féminisme politique en est-il l'aboutissement historique ?
Alternant portraits, récits et analyses, Séverine Auffret retrace l'évolution des idées féministes depuis leurs premières manifestations jusqu'aux problématiques les plus contemporaines dans une somme inédite et vivante où l'on croise les Amazones, Simone de Beauvoir, Sapphô ou Diderot, et qui nous transporte de l'Égypte ancienne jusqu'en Amérique précolombienne.
La journaliste propose une analyse de ce qu'elle nomme l'insurrection culturelle occidentale, incarnée par D. Trump, V. Orban, M. Salvini, le Brexit, les nationalistes scandinaves ou encore E. Zemmour.
Les démocraties monoculturelles et monoethniques disparaissent petit à petit au profit de sociétés plus « diverses ». Pour beaucoup, à droite mais aussi à gauche, les risques sont là : échec de l'intégration, baisse de la croissance économique, montée des populismes, de la discrimi-nation... Comment préserver dans ce cas la stabilité de nos démo-craties ? Laisser les minorités à la marge, comme le prônent les uns ? Patienter et attendre une homogénéisation culturelle - qui n'adviendra jamais -, comme le fantasment les autres ? Pour Yascha Mounk, une seule solution est envisageable : réussir l'intégration des diversités dans nos démocraties, selon lui la « grande expérience », le grand défi politique de notre époque. S'appuyant sur des exemples concrets issus de ses recherches sur le terrain, des États-Unis au Brésil, en passant par le Japon et la Hongrie, le politologue montre que l'optimisme peut être de mise : implication citoyenne et politique, empathie, solidarité, patriotisme... permettent, partout dans le monde, des avancées démocratiques salutaires. Dans la ligne de son best-seller Le Peuple contre la démocratie, Yascha Mounk, alliant rigueur universitaire et talent narratif, pose ici les jalons de ce qu'il considère comme l'enjeu du XXIe siècle à ne pas manquer.
« Jadis, les rois de France étaient souvent affublés d'un surnom. Tantôt flatteurs, Philippe le Bel ou Louis XV le Bien-Aimé, tantôt moins agréables, Louis le Bègue ou Charles le Chauve. Il est tentant d'accoler aux présidents si monarchiques de la Ve République un tel surnom. Le général de Gaulle n'aura pas dédaigné de se voir honorer d'un Charles le Grand ; François Mitterrand aurait pu prétendre à François le Hutin à l'instar de Louis X ou encore Nicolas Sarkozy à Nicolas le Batailleur. Pour le président actuel, Emmanuel le Hardi semble le plus approprié. On aurait pu envisager aussi bien un Emmanuel le Téméraire, tant son élection relevait d'une audace presque impudente, tant son mandat se déroule sous le signe du risque perpétuel et des tensions permanentes. Mais qualifier le jeune président de « hardi » semble plus juste, puisque après tout la partie n'est pas jouée, l'échec n'est pas avéré, l'impasse n'est pas inévitable. Macron chevauche la stratégie du risque extrême mais aussi longtemps qu'il n'a pas renoncé, qu'il se bat, il subsiste une part de chance ; hardi plus que téméraire, même si la distance tient parfois à un fil. Car la France reste ce grand pays enviable aux orages non désirés. Y être président, c'est être impopulaire et être impopulaire, c'est être entravé. Voilà la malédiction présidentielle qu'Emmanuel Macron a la prétention d'affronter et de vaincre. Avec son courage et son énergie. Avec ses fautes et ses bourdes. Déterminé à réformer, donc en sursis perpétuel. Hardi. » A.D.
Phénomène universel et pourtant peu traité par les grands écrivains et philosophes, la fatigue est le démon mesquin de la quotidienneté. Comment vivre avec elle, qui rend parfois si difficile la vie ?
Est-il possible de pratiquer les vertus d'Aristote (le courage, la tempérance, l'altruisme) quand nous sommes épuisés ? La fatigue n'élargit-elle pas l'écart qui toujours existe entre ce que nous sommes et ce que nous devrions, ou voudrions être, nous qui ne sommes ni des héros ni des saints ?
Pour Éric Fiat, ce n'est pas en luttant contre elle, mais en composant avec elle qu'il est possible de nous en faire une amie. Car s'il existe de mauvaises fatigues (dont le burn out est la plus méchante des formes), ne désespérons pas d'en vivre aussi de bonnes. Le philosophe montre alors qu'il n'est pas impossible à un homme fatigué un mardi après-midi pluvieux de novembre d'aimer encore la vie. Et entonne une ode à la fatigue pleine de musique et d'humour : distinguée de la paresse (qui est une sorte de fatigue par anticipation ou une anticipation de la fatigue), la fatigue a une puissance de décantation qui peut révéler la beauté des visages que le temps a altérés...
Emmanuel Kessler nous révèle l'extrême modernité de l'oeuvre d'Henri Bergson, l'un des plus grands philosophes du XXè siècle, penseur de l'esprit injustement oublié.
On connaît les symptômes du sentiment d'insécurité (angoisse, repli, violence) et ses objets (santé, argent, amour). Mais on comprend mal sa nature : comment se forme-t-il, comment se manifeste-t-il, comment se propage-t-il ? Et pourquoi cette émotion protectrice et vitale est-elle dévalorisée, jugée illégitime ? Faire de son insécurité une force, la considérer comme un signal d'alerte des limites à ne pas dépasser, est désormais reconnu comme une sagesse. Tant mieux : apprivoiser cette insécurité est la meilleure façon de ne pas la faire payer aux autres. Isabelle Siac propose de renouer le fil entre la psychologie individuelle et les phénomènes sociaux. C'est en effet dans l'interaction constante et étroite avec l'environnement que se noue pour chacun ce ressenti d'inconfort que les années 1970 ont appelé "sentiment d'insécurité" et que les psychologues ont curieusement laissé aux spécialistes du développement personnel et aux criminologues. Alors que la guerre, après la maladie, nous réveille violemment d'une tranquillité qu'on croyait acquise, cet essai, nourri de situations concrètes, permet de comprendre les rouages du sentiment d'insécurité et de vulnérabilité, et comment il peut dégénérer en paranoïa ou, au contraire, s'apaiser.
Marylin Maeso revisite La Peste de Camus pour saisir, à la racine, les rouages de la déshumanisation. « Inhumain » ne se prononce pas à la légère. Dans l'imaginaire collectif, ce mot convoque les images sidérantes que charrient la guerre, la torture, le terrorisme et toutes les horreurs qui sèment ruines et charniers dans le sillage de l'Histoire. On le réserve ainsi à des phénomènes suffisamment anormaux pour revêtir à nos yeux l'apparence d'un scandale absolu. Et d'une anomalie provisoire. Est-il pour autant l'exception ? À la fin de La Peste, Camus nous mettait en garde contre le fléau éponyme qui « ne meurt ni ne disparaît jamais ». En proposant une autre lecture de ce roman et une galerie de portraits des petits pestiférés de notre époque - l'« identitaire », le « corporatiste », le « confusionniste » -, Marylin Maeso nous invite à repenser l'inhumanité non comme une calamité tombée du ciel à la manière d'une malédiction, mais comme une partie de nous-mêmes. Pour elle, l'inhumain est ce poison que nous distillons quotidiennement sans le moindre soupçon, jusque dans nos discours et nos modes de pensée. Et la vraie maladie, notre incapacité à le percevoir en-deçà de ses manifestations spectaculaires.
« Ma chère génération, tu es venue au monde avec le droit d'être absolument qui tu veux, de faire l'amour avec qui tu veux, de lire et d'écrire ce que tu veux, de boire et manger ce dont tu as envie, de t'habiller librement et d'emmerder Dieu ou de croire en lui comme bon te semble. Bref, tu es ce qu'on appelle un bien né. Pourtant, cette liberté, tu ne l'aimes pas. » Dans cette lettre en forme de manifeste, Louise El Yafi, jeune trentenaire, binationale, engagée, analyse les grands sujets de société pour les jeunes de sa génération qui s'affirment progressistes ou ultra-patriotes tout en reproduisant des comportements dangereusement réactionnaires. Cette génération, qui vote extrême droite et extrême gauche, se laisse séduire par un certain puritanisme, par les représentants d'un islamisme totalitaire ou les courants de pensée les plus xénophobes. Les valeurs, transfor-mées en simples mots, sont instrumentalisées pour mieux voiler, à peine, les idéologies funèbres de jadis. C'est ainsi que, sans hésitation, cette jeunesse préfère suivre les prédicateurs qui mènent vers l'abîme. Au lieu d'entretenir la liberté, de la chérir, cette génération la détruit à petit feu. Un manifeste implacable pour tenter d'ouvrir les yeux d'une jeunesse si difficile à comprendre.
"Elles étaient journalistes, médecins, avocates, magistrats, artistes, traductrices, diplomates. Il y a quelques mois encore, elles étaient femmes, filles, soeurs, épouses, camarades, amies, collègues. Depuis le retour des talibans et l'instauration de la charia, elles sont devenues des biens meubles, des ventres, des fantômes sans paroles et sans droits. Leur vie ne leur appartient plus, et c'est l'humanité tout entière qui saigne. Jamais ces silhouettes indéfinies ne nous laisseront indifférentes.
Les femmes afghanes supplient le monde de ne pas les oublier. Nous ne sommes pas le monde, mais nous ne les oublions pas."
De grands noms de la littérature, du journalisme, de la diplomatie rendent hommage aux femmes afghanes dans ce recueil de textes dont les droits sont reversés à l'association Afghanistan Libre.
La physique et la philosophie sont-elles deux genres de pensée différents ? Oui, mais...
Est-il si certain que la physique et la philosophie ne se percutent jamais ? Elles partagent en tout cas une même ambition, celle d'augmenter et de perfectionner, chacune à sa façon, la « connaissance » au sens large. Cela ne suffit-il pas pour qu'elles aient matière à conversations ?
Dès lors qu'on la prend au sérieux, la physique nous écarte de nos pensées les plus ordinaires, secoue nos idées pourtant les plus évidentes et inquiète nos certitudes. Certains de ses résultats modifient même les termes en lesquels certaines questions philosophiques se posent, par exemple à propos du temps, du vide, de la causalité, de la matière, du statut du réel.
Dans cet essai de « philo-physique », Étienne Klein nous entraîne dans une aventure intellectuelle qui invite à « reconstruire la raison ».
Le plaisir est-il une valeur de gauche ? Qu'est-ce que le peuple ? Peut-on être communiste et défendre les petits patrons ? Faut-il autoriser ceux qui le souhaitent à travailler au-delà de 60 ans ? Le voile islamique est-il un problème en République ? Vaut-il mieux parler de « violences dans la police » que de « violences policières » ? Comment lutter contre les antivax sans imposer de vaccin ? Est-on encore révolutionnaire quand on considère que les personnes l'emportent sur les idées ? Toutes ces questions, et bien d'autres, sont abordées dans des entretiens sans filtre, que Fabien Roussel a bien voulu ac-corder à Raphaël Enthoven. Il en résulte un dialogue vivant, un livre étonnant où s'entremêlent politique et philosophie. Un livre précieux où se dessine, peut-être, le meilleur portrait du candidat communiste à l'élection présidentielle.
L'écologie a gagné la bataille des esprits, c'est incontestable. Mais telle qu'elle s'incarne aujourd'hui, dans Europe Écologie les Verts, chez Anne Hidalgo ou dans les mouvements associatifs et militants (animaliste, antispéciste, végan, zaddiste), elle est engagée dans une vaste, furieuse et abstraite entreprise de déconstruction de nos sociétés. Plus occupée à « changer les comportements et les mentalités », à convertir les âmes, à remodeler nos imaginaires et nos rêves, qu'à préserver ce qui peut, et doit l'être. Nous voilà une fois encore entraînés dans l'ivresse de la table rase et de la régénération de l'humanité ! Désoccidentaliser nos civilisations serait pour ces écolos la voie du salut. D'où la porosité et les alliances avec le féminisme identitaire, le décolonialisme, l'islam politique, le wokisme, la « cancel culture »... Analysant les « laboratoires de transition » des écolos que sont devenus Paris, Grenoble, Lyon, Bordeaux..., ainsi que le sujet - ô combien idéologique - des éoliennes, Bérénice Levet dénonce ce grand règlement de compte civilisationnel, et milite pour une autre écologie, une écologie des sens qui s'appuie sur les hommes, sur leurs expériences, sur leurs attachements à un lieu, leur besoin de continuité et de stabilité - autant de dispositions conspuées par les écologistes officiels. Et pourtant, la Terre n'a pas de meilleur allié !
Portraits, anecdotes et choses vues : Éric Roussel nous fait entrer dans l'intimité des monstres politiques du monde d'avant. Depuis plus de quarante ans, Éric Roussel tente de décrypter l'histoire contemporaine, notamment à travers les biographies des principaux hommes d'État du xxe siècle : de Gaulle, Mitterrand, Pompidou, Mendès France, Giscard d'Estaing... Soit le monde d'avant, bousculé par les réseaux sociaux et l'irruption de nouvelles figures. C'est l'envers du décor qu'il évoque ici, tout ce qui n'a pas pu prendre place dans ses précédents livres : des rencontres parfois insolites, des choses vues, étonnantes ou cocasses, des impressions prises sur le vif. Les grands acteurs d'hier ressurgissent ; mais vus sous un angle inédit, avec la liberté que permet le recul. En contrepoint se dessinent les contours d'un pays qui n'en finit pas de chercher sa voie depuis la grande épreuve de 1940, et depuis cet autre choc révélateur que fut la décolonisation. Un pays qui brûle souvent ce qu'il vient d'adorer, qui rêve d'un passé glorieux, et qui entretient le culte des grands hommes qu'il a souvent congédiés, mais qu'il ne supporterait plus. Éric Roussel est écrivain, journaliste, membre de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques). Auteur notamment de Charles de Gaulle (prix Renaudot poche 2020), Georges Pompidou, Jean Monnet (prix de l'essai de l'Académie française) et Valéry Giscard d'Estaing.
Il y a trente ans, l'Union soviétique s'écroulait. À présent, que faire de tant de ruines ? Andreï Gratchev a été le dernier porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev. C'est lui qui a annoncé le 25 décembre 1991 à la presse internationale et au monde incrédule la fin de l'Union soviétique. Dans ce livre de souvenirs et d'analyse, il revient sur ce moment unique dans l'Histoire, qui fut à la fois une débâcle et un renouveau. Pourquoi la perestroïka de Gorbatchev - la tentative de sauver cet État historique en le modernisant - s'est-elle soldée par un échec cuisant et l'éclatement spectaculaire de l'Empire rouge ? Et Gorbatchev lui-même ne serait-il pas le grand responsable de cette « catastrophe géopolitique », comme l'a qualifié un jour Vladimir Poutine ? Trente ans ont passé : le moment est venu d'enterrer définitivement l'Union soviétique, et de regarder les nouvelles configurations géopolitiques qui s'annoncent. Sans peur, mais sans naïveté non plus.