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Hermann
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Si, il y a deux mille ans, nous eussions pu constater le long transport du limon dont les fleuves troublés polluaient la mer, comment eussions-nous deviné que les lois qui forçaient à s'étendre ces tristes bancs de sable sans culture étaient la seule préparation possible à la fondation d 'une ville qui allait écrire son histoire sur les blancs parchemins des flots, la raconter au bruit de leur tonnerre et répandre la gloire de l'Occident et de l'Orient sortant du brûlant foyer de sa grandeur d 'âme et de sa splendeur ?
Pour l'anglican austère et moraliste qu'était John Ruskin, Venise fut une révélation : il reconstruisait la cité pierre par pierre et y retrouvait les traces de Dieu, de l'art et des hommes. Il fut le compagnon de voyage, le confident, l'éveilleur d'impressions, qui séduisit Marcel Proust par la primauté absolue accordée à l'art.
Promenade splendide dans la cité des Doges, l'oeuvre de Ruskin n'est pas seulement un traité d'esthétique passionné, mais plus encore : le merveilleux guide d'une ville. -
Le colloque « Venise et le rêve » fut, en 2011, le fruit du désir de quelques psychanalystes d'Espace analytique de célébrer à la fois leur intérêt fondamental pour le rêve en psychanalyse et leur amour pour la ville de Venise, dont l'allure elle-même est celle d'un rêve. Mettant en commun leurs réflexions avec leurs collègues italiens, ils organisèrent cette rencontre comme une promenade dans Venise au mois de juin de psychanalystes discutant sur la question du rêve. Aussi est-il logique de retrouver dans ces travaux aussi bien leurs observations concernant quelques grands peintres ou musiciens de Venise que les réflexions de ceux qui font le point sur la fonction essentielle du rêve en psychanalyse. On y sent partout l'émotion particulière que cette ville seule suscite, à côtoyer sans cesse la création de la beauté et de l'intelligence comme le risque de l'engloutissement.